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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Oh les beaux jours de Samuel Beckett est une pièce à voir plus qu'à lire...les didascalies sont omniprésentes et projettent sans cesse vers une mise en scène, plus signifiante que les dialogues...un objet d'étude plus qu'un réel plaisir de lecteur.
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Beckett s'inscrit avant tout dans un travail sur la forme : jusqu'où peut-on réduire le théâtre ? Toujours le même minimalisme dans les décors et l'action mais des milliers d'interprétations. Peut-être la pièce ne représente-t-elle rien d'autre que deux personnages dialoguant plus ou moins ? Elle pourrait aussi montrer les stratégies qu'utilisent les humains pour contourner la tyrannie du temps qui passe, les entraîne vers la mort.
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Le théâtre de Samuel Beckett, auteur avant-gardiste d'un théâtre de l'absurde, a de quoi dérouter. Il n'est pas aisé de comprendre où l'auteur veut en venir lors de la première lecture de cette pièce. Une analyse approfondie et une seconde relecture plus attentive est nécessaire pour dénicher les détails omis lors de la première rencontre avec le texte.

Cette pièce en deux actes ne met en scène que deux personnages, Winnie et Willie, dans un décor exceptionnellement étrange, qui semble clos, obscur, déserté par les êtres humains, étouffant et surprennant. Winnie est enterrée à demi jusqu'au buste dans le sol, sur un mamelon, tandis que Willie est caché à l'arrière de la scène, de façon à ce que Winnie et le spectateur ne puisse voir seulement que des bouts de son être, imprécis, camouflé (derrière un journal, par exemple). En survolant le texte, on peut décemment voir une multitude de didascalie, notamment la répétition incessante de "Un temps", didascalies qui servent à une représentation facilité de la pièce sur scène, pièce qui doit être lue et vue représentée pour être complètement appréciée.

Winnie, dans un monologue presque infini, essaie de meubler sa journée, de combattre le temps éternel, qui revient chaque jour, de la même manière. Elle essaie de casser cette monotonie, de déjouer le cours de sa vie... sans succès, comme le prouve les nombreuses répliques répétitives qu'elle récite et les actions identiques qu'elle effective (notamment au niveau de son sac). Ce personnage en devient tragique, douloureusement attendrissant pour le spectateur, qui s'émeut de l'énergie et de l'obstination dont fait preuve la vieille femme pour survivre. Mais sa perte de mémoire, combiné à la perte de ses jambes, à sa vue qui baisse et au peu de retour qu'elle obtient de son mari, mènent irrésistiblement vers la mort qui lui sera fatale.

Outre le tragique de la pièce, le lyrisme amoureux, très présent dans Oh les beaux jours, met en avant les sentiments décuplés et attendrissant de la vieille femme pour son mari. Prenant soin de lui sans cesse, s'inquiétant pour son état, lui parlant sans discontinuer, attendant des réponses qui ne viendront pas, elle ne se laisse pas décourager par ces retours silencieux et continuent à espérer le retour de son mari déchu, qui brille, si majestueux, dans le peu de souvenir qu'il lui reste. Ce genre de parallèle est également perspectible dans une autre pièce de Samuel Beckett dans Fin de Partie entre Nagg et Nell, vieux couple au destin identique, touchant dans leur situation et fou amoureux, malgré les difficultés de la vie.

Je ne fais qu'une courte chronique pour présenter brièvement les principaux thèmes qui recouvrent Oh les beaux jours, mais sachez qu'après des mois d'analyses et de travail sur cette pièce en cours de littérature française, je puis vous dire qu'il y a énormément de choses à déchiffrer à travers ces lignes. Samuel Beckett était un auteur bien mystérieux, qui a laissé l'entière responsabilité aux lecteurs de s'approprier ses textes pour en faire la conclusion qu'ils souhaitaient.

Au début de l'étude de cette oeuvre, j'avoue ne pas avoir été passionnée par ce livre (très original, je n'avais rien lu de tel jusqu'alors ; les didascalies très abondantes me dérangées, le style de l'auteur était énigmatique, aucune intrigue ne venait s'ajouter aux phrasés des personnages... tout cela me paraissait bien étrange). Néanmoins, après plusieurs relectures et une réflexion plus poussée sur le contenu d'Oh les beaux jours, je me suis prise à entrer dans le jeu de l'auteur, à trouver des significations aux personnages, à leurs paroles... et à aimer un temps soit peu ce récit.

Erudit ou non de pièces de théâtre, aux curieux qui souhaitent bouleverser leurs genres de lectures habituelles, aux originaux qui veulent découvrir une plume hors du commun, ou à tous ceux dont j'ai donné l'envie de découvrir ce récit... n'hésitez pas. Laissez-vous plonger dans l'univers oppressant de Samuel Beckett et laissez grand ouvert votre imagination, sans quoi la pièce se retrouverait sans saveur.
Lien : http://addictbooks.skyrock.c..
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Expérience de lecture plus que surprenante et qui interpelle, tant sur le fond allégorique et absurde que sur la forme, avec ces innombrables didascalies qui "parlent" autant que Winnie.
Curieusement, ces éléments, de nature à mettre le lecteur (et le spectateur je suppose) à distance des personnages, finissent par créer un étrange sentiment de proximité, voire une sensation dérangeante d'identification, un effet miroir qui ramène chacun à sa propre condition.
Et encore ne s'agit-il là que de perceptions à chaud suite à une première lecture. M'est avis que voir le spectacle et étudier de plus près le texte seraient à même de faire remonter en moi de perturbantes scories, au-delà du malaise que je ressens au contact de l'absurde.
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Chef d'oeuvre de Samuel Beckett « Oh! les beaux jours » est une pièce qui a été créée pour et par Madeleine Renaud en 1963. Je l'ai vu jouer par Catherine Frot au théâtre de la Madeleine à Paris en 2012, dans une mise en scène de Marc Paquien.

Je m'étais dit qu'il fallait absolument lire ce texte et c'est chose faite. Même si les textes de Beckett ne sont pas toujours faciles à aborder, il faut se laisser aller dans son univers. Cette pièce est vraiment intéressante car elle reprend tous les grands thèmes beckettiens : l'enfermement sur soi-même et le temps qui passe inexorablement.

Winnie est une femme prise dans les sables (un mamelon). Une femme qui s'enfonce vers le néant et qui, pour patienter, ne dispose à portée de main que d'un sac, rempli de mille petites choses. Une brosse à dents, un miroir, un rouge à lèvre, une boîte à musique, un pistolet browning. Ses seules richesses, qu'elle s'échine à sortir, palper, puis ranger, tout au long d'une journée qui n'en finit pas.

Ce long monologue (enfin presque) laisse pantois car il ne se passe rien. Et c'est normal puisque tout le sujet de la pièce, justement, c'est ce rien, ce vide final qui nous attend, et ce vide partout. Alors en attendant avec Winnie, il s'est passé des tas de choses dans ma tête.


Challenge Nobel illimité
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C'est là une pièce de théâtre déroutante et absurde, tout à fait conforme à la volonté de son auteur (et qui représente bien tout son univers!). L'occasion pour le lecteur de se rendre compte de l'absurdité du monde, de la douleur du temps qui passe .... Une lecture intéressante et enrichissante, à coup sûr!
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Un chef-d'oeuvre d'immobilité. Deux personnages, Winnie et Willie, sont tous deux ensevelis à demi puis jusqu'au cou dans des mamelons, petites collines de terre. Un drôle de couple. Winnie parle tout du long et Willie n'éructe que quelques mots. Elle parle, mais de quoi ? Pas grand-chose. du contenu de son sac, du passage dans leur champ de vision d'un autre couple, de quelques souvenirs épars et du jour présent. Winnie est une optimiste sans faille, tous les jours sont magnifiques, même enterrée vivante. La mise en scène est totalement absurde mais permet de ne parler que du temps qui tourne en rond, de la mort qui arrêtera ce cycle et du sens de tout ça, de la vie. Au niveau texte, c'est une vraie prouesse théâtrale pour l'actrice qui joue Winnie et finalement aussi pour l'acteur qui joue Willie. Pas évident à lire car très détaillé au niveau des gestes et des postures des acteurs.
Lien : https://redheadwithabrain.ch..
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En lisant les premières pages (Un temps.), j'ai cru partir pour un voyage en Absurdie et que Beckett allait m'infliger un logorrhée récité par une alcoolique notoire (Un temps.). Mais au-delà des mots, il y a la gestuelle de la vie courante et la notion (Un temps.)... inexorable du temps qui passe. Winnie est (déjà) à moitié enterrée, la vieillesse la talonne et elle commence à voir (Un temps.).. sa mobilité se réduire. Petit à petit, ses repères disparaissent ; alors... (Un temps.), elle se raccroche à Willie, ce compagnon d'infortune qu'elle ne voit plus parce qu'il se cache derrière son journal ou dans son... terrier. Parmi les objets de son quotidien, Winnie possède celui (le révolver) qui peut apporter la solution radicale à la déchéance programmée qu'elle subit. (Un temps.) même si elle envisage ce recours extrême les efforts de Willie pour escalader ce monticule de sable qui symbolise l'enlisement et la difficulté de s'arrimer (Un temps.)... solidement dans un paysage fluctuant lui font malgré tout espérer de beaux jours...
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