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EAN : 9782491517137
172 pages
Aethalides (07/10/2021)
3.8/5   5 notes
Résumé :
2017. Vincent, quadragénaire parisien en instance de divorce, dirige une agence de communication digitale. Marqué par le départ de sa femme, dépassé par les évolutions sociétales, il perd lentement ses repères. La dépression l’isole. À la fois connecté et obsolète, nostalgique et révolté, il est la proie d’un cynique orgueil ; celui qui pousse aux pires initiatives.

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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
C'est la magie des masses critiques littérature de nous faire découvrir ce type de petite pépite confidentielle. Chez la discrète maison d'édition Æthalidès, j'ai eu la chance de piocher le formidable premier roman de Frédéric Bécourt, Attrition.
Une épigraphe nous rappelle la définition de l'attrition : l'usure par frottement.
Vincent Sorgue, jeune quadra et patron d'une petite star-up de communication digitale, a a priori tout pour surfer sur la vague du succès. Mais sa femme l'a quitté peu de temps après leur mariage, il est sur le point de divorcer, il est encore traumatisé par les attentats parisiens de 2015. Il perd la motivation pour son travail, pour le sexe, pour la vie parisienne, bref il est soumis à une attrition, une déprime sourde et rampante, qui le fait dévisser progressivement. le regard du narrateur sur sa vie, sur son métier superficiel, sur l'individualisme et la bêtise de ses contemporains, ainsi que le ton du roman, sont très justes, fins, lucides. Frédéric Bécourt n'en fait pas des caisses, le héros ne dézingue pas gratuitement tous ceux qu'il croise, il reconnait sa part de responsabilité et fait des choix. Il est attachant. On trouve dans le texte quelques références littéraires de qualité (Camus, Sartre, Nietzsche), et un petit ressort dramatique tout à fait intéressant qu'il ne faut pas divulgâcher.
Alors peut-être certains trouveront-ils ce roman trop timide, pas suffisamment révolté ni rentre-dedans. Je trouve au contraire cette juste mesure tout à fait saine et salutaire. Tout en incitant l'auteur à nous livrer un roman encore plus riche et foisonnant, car le talent est indéniablement là...
Un mot sur les chapitres, calibrés à 9 à 10 pages exactement chacun, comme un métronome, c'est étonnant.
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Vincent, jeune quadra, avait en apparence tout pour être heureux : une femme, une entreprise, un bel appartement...
Déjà traumatisé par les attentats qui ont touché Charly hebdo, il va être une nouvelle fois atteint dans ses sentiments quand sa femme le quitte. Ce dernier évènement va d'ailleurs être le commencement d'une lente déconnexion de ce qui faisait sa vie jusqu'à présent. Peu à peu il se désintéresse des choses et s'isole, parfois il est même en prise avec une certaine paranoïa...

C'est assez étrange à dire, mais nous lecteurs, on se régale! Déjà c'est très très bien écrit et l'auteur a eu le bon ton de ne pas en faire des tonnes, la "descente" se fait tout en douceur, on suit le quotidien de Vincent, on est témoin de ses pensées, de ses doutes, des choses qu'il s'imagine... On pourrait penser que c'est ennuyant mais pas du tout! J'imagine mon sentiment à la lecture de son quotidien assez similaire à celui qu'avait Jeff à observer ses voisins dans "Fenêtre sur cour"... Difficile à expliquer, mais c'est l'idée ^^
Au final, on pourra se demander si cette "déconnexion" de sa vie parisienne n'est pas au final une chance de se reconnecter à des choses plus vraies ;)

Encore une belle proposition des éditions Aethalidès qui décidément me surprennent très agréablement à chaque fois.

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Attrition parle d'un chemin, d'une descente au fond de soi, d'une séparation d'avec tout ce qui ne semble plus avoir de sens.


Plusieurs éléments déclencheurs ont déjà eu lieu en amont de l'époque à laquelle commence le livre. Chacun de ces événements, comme autant de petits tremblements de terre, a ébranlé Vincent et, insidieusement, a commencé à semer le doute sur ce qui paraissait si évident avant.


Mais le tsunami qui marque le début de la vraie plongée, c'est son divorce, qu'il vit comme la perte d'un repère fondateur et dont il ne semble pas pouvoir se remettre. Alors, la remise en question et les interrogations existentielles, qui n'étaient jusque là qu'intérieures, vont se prolonger dans la réalité matérielle et dans les actes.


On pourrait dire que Vincent est en roue libre car à ses yeux il n'a plus rien à perdre.


Attrition est un chemin, oui. C'est un dépouillement, une sorte de purification, un recentrage total.


Je classe ce livre dans la catégorie des livres profonds, de ceux où la différence apparaît et s'assume, de ceux où l'apparence n'a plus de sens et où on ne suit plus que ses injonctions personnelles, de ceux où la personnalité s'exprime sans craindre l'opinion, juste parce qu'elle a besoin de s'exprimer et que l'à-côté parait désormais si fade et si inapproprié.


Je craignais, à la lecture du quatrième de couverture, de faire face à des excès qui m'auraient dépassée, mais non. le livre parle d'une vie, c'est tout.


Je l'ai dévoré, son style vivant réel décrit bien les prises de têtes intérieures et les idées farfelues impossibles à repousser.


Quant à la fin, en tout cas mon interprétation de la fin parce qu'elle fait écho à une réflexion de Vincent un peu plus tôt, elle me semble le juste aboutissement du chemin et elle me laisse sans voix. C'est une très belle fin.
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Tout d'abord, un grand merci à masse critique et aux éditions AEthalidès, pour l'envoi de cet ouvrage !
Tout d'abord, j'ai beaucoup aimé le format et la qualité du papier ;-) Je ne connaissais pas cette maison et la ligne éditoriale a l'air plutôt intéressante (merci pour la présentation, Florence, glissée dans le livre).
Pour le roman je suis plus mitigée. Il se lit vite, les chapitres sont relativement courts et très réguliers. L'auteur est cultivé, il manie aussi bien la syntaxe que les références littéraires ou les débats de fond sur la politique/l'émergence des starts up technologiques/les réseaux sociaux/les luttes sociales et j'en passe. Oui, il connait tout ça et on le sent bien. Trop à mon gout, à vrai dire. J'ai regretté de ne pas plonger plus avant dans la détresse dépressionnaire du personnage principal, Vincent, qui ne se remet ni de son divorce ni des attentats du bataclan. En fait, certaines situations ne m'ont pas semblé sonner "vrai" alors que d'autres au contraire, si. Un exemple ? Il marche dans la rue et se met soudain à flipper en voyant un homme louche avec un sac à dos. Ca ça me parle. Sa sidération immobile et tue face à sa femme, son absence de réaction, y compris son absence de sentiments aussi à la fin du roman, alors que dans le même temps il est capable de ressentir (fort!!!) de la colère, voire de la haine, ceci ne me semble pas "juste". Il me semble que s'il doit y avoir abandon de soi-même, retranchements et exil, dépression donc, elle doit se faire à tout niveau. il ne peut pas y avoir soudain des envies de vengeance qui surgissent d'on ne sait où.
Hormis cela, il y a eu des passages où je me suis ennuyée (descriptifs qui n'apportent pas de vrai "plus" à l'histoire).
Mais la thématique est intéressante et a le mérite d'être très actuelle. D'autre part, l'auteur n'est pas tombé dans les pièges de l'attendu (du genre une relation amoureuse qui viendrait le sauver, genre avec sa secrétaire qui n'attend que ça) et parvient à nous surprendre très agréablement à la fin avec un joli coup de maître dans l'intrigue ;-)
Merci encore !
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Un soir que nous étions seuls au bureau, elle m'avait pris la main. Dans ses yeux brillaient une compassion naïve et la promesse de larmes. J'y avais perçu l'opportunité d'un nouvel échec, la perspective rassurante qu'il restait encore quelqu'un à décevoir. Je me souviens que je l'avais embrassée avec la certitude honteuse de tout gâcher.
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Comment comprendre la solitude dans la foule, l'isolement connecté, quand on a vécu heureux toute sa vie entouré de sa famille et d'une poignée de proches ? Comment se figurer la peur du déclassement, le sentiment permanent de compétition, quand on a connu très tôt la garantie d'un emploi à vie ? Comment enfin admettre l'affliction de son enfant quand on est soi-même obsédé par la mort ? Je mesurais l'indécence de mes questionnements alors que mon père paralysé luttait contre la maladie.
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Je vais vous dire, Vincent, il ne s'agit pas seulement de Bobigny ou des banlieues. La France aujourd'hui, c'est une rame de métro dans laquelle s'entassent toutes sortes de communautés, ethniques, religieuses, culturelles ou politiques. On se frôle, on s'observe, mais on ne se regarde pas. c'est chacun sa merde. Il n'y a pas de place pour un projet collectif. On n'a pas le temps de se demander où on va, ni ce qu'on fait là. On défend simplement sa place, on s'accroche à la barre.
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Les Social Justice Warriors - ou SJW pour les malheureux habitués - avaient envahi les réseaux sociaux depuis une dizaine d'années et tentaient d'y exercer une forme de terreur intellectuelle. Ils avaient un avis sur tout, mais ils avaient surtout le même avis. Un avis de cons.
[...] les SJW étaient généralement des hommes - ou plutôt des individus de sexe masculin, la nuance me paraît ici appropriée - assez médiocres et dont le seul moyen de tolérer un quotidien lugubre consistait à projeter en permanence des giclées de fiente sur leurs contemporains.
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Midi et quart, l'heure de décès d'une nouvelle matinée oiseuse. Qu'est-ce que j'avais pu faire jusque-là ? Aucune idée. Aucune importance. Lorsqu'on s'obstine à vouloir tuer le temps, c'est bien souvent qu'il est déjà mort.
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