Attrition parle d'un chemin, d'une descente au fond de soi, d'une séparation d'avec tout ce qui ne semble plus avoir de sens.
Plusieurs éléments déclencheurs ont déjà eu lieu en amont de l'époque à laquelle commence le livre. Chacun de ces événements, comme autant de petits tremblements de terre, a ébranlé Vincent et, insidieusement, a commencé à semer le doute sur ce qui paraissait si évident avant.
Mais le tsunami qui marque le début de la vraie plongée, c'est son divorce, qu'il vit comme la perte d'un repère fondateur et dont il ne semble pas pouvoir se remettre. Alors, la remise en question et les interrogations existentielles, qui n'étaient jusque là qu'intérieures, vont se prolonger dans la réalité matérielle et dans les actes.
On pourrait dire que Vincent est en roue libre car à ses yeux il n'a plus rien à perdre.
Attrition est un chemin, oui. C'est un dépouillement, une sorte de purification, un recentrage total.
Je classe ce livre dans la catégorie des livres profonds, de ceux où la différence apparaît et s'assume, de ceux où l'apparence n'a plus de sens et où on ne suit plus que ses injonctions personnelles, de ceux où la personnalité s'exprime sans craindre l'opinion, juste parce qu'elle a besoin de s'exprimer et que l'à-côté parait désormais si fade et si inapproprié.
Je craignais, à la lecture du quatrième de couverture, de faire face à des excès qui m'auraient dépassée, mais non. le livre parle d'une vie, c'est tout.
Je l'ai dévoré, son style vivant réel décrit bien les prises de têtes intérieures et les idées farfelues impossibles à repousser.
Quant à la fin, en tout cas mon interprétation de la fin parce qu'elle fait écho à une réflexion de Vincent un peu plus tôt, elle me semble le juste aboutissement du chemin et elle me laisse sans voix. C'est une très belle fin.