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EAN : 9782848762425
187 pages
Philippe Rey (03/01/2013)
3.54/5   12 notes
Résumé :
« Maintenant que j'accompagne leur dernière nuit, je me sens travaillé de remords pour mes reproches, mes irritations, mes duretés. Si j'avais su, je me serais efforcé d'adoucir simplement leur fin de vie, je me serais appliqué à en faire ce qu'aurait dû en faire l'imagination d'une affection bien sentie. Si j'avais su? Mais justement, je savais ! Là se concentre la cruauté infligée à celui qui, contre nature, connaît le jour et l'heure. »

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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
S'il y a un livre qui a su me sortir de ma zone de confort ces derniers mois, c'est bien celui-là ! En ouvrant ces pages, je n'avais pas imaginé que ces lignes auraient sur moi l'effet d'un ouragan introspectif dense, profond, perturbant mais – heureusement - peu destructeur.
C'est comme si j'avais vécu en suspens ces quelques jours, mes pensées complètement tournées vers ce coin de pays genevois où un couple âgé a décidé de demander l'assistance d'Exit (Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité) pour mettre fin à ses jours.
J'ai cru que ce roman serait un simple témoignage d'une famille éloignée de moi géographiquement, socialement, humainement. C'était certainement ma manière de me protéger et de m'éviter trop d'émotions et de questions sur ma propre fin et sur ma relation avec mes parents vieillissants.
En vain. La plume talentueuse de Pierre Béguin et surtout sa générosité à partager son chemin, ses doutes, ses questionnements et ceux de ses parents face à ce « choix » de mourir, m'ont embarquée totalement.
Je me suis identifiée au narrateur. Nos histoires se sont mêlées. J'ai été, à ses côtés, le témoin privilégié des jours douloureux qui entourent la mort de ceux qu'on aime. J'ai fait le chemin de la réflexion et de la compréhension du lien qui nous soude avec l'histoire, les valeurs et les terres familiales.
J'ai osé observer et questionner les relations avec ceux qui nous ont donné la vie, critiquer nos manières de communiquer verbalement ou non avec eux. J'ai tenté de me mettre à leur place, de comprendre leurs raisonnements, leurs peurs, leurs joies, leur amour, leur choix ou non-choix.
Dans ce livre se mêlent l'expérience personnelle de l'auteur et la question éthique autour du suicide assisté, vif débat au coeur de la société occidentale du 21ème siècle.
Pierre Béguin nous invite à la réflexion. Il ne cherche pas à nous convaincre du bien fondé de l'une ou de l'autre position. Ses mots sont plutôt une invitation au respect et au non-jugement.
Et, avant tout, ce livre est une incitation à affronter nos peurs pour oser la parole. Avant qu'il ne soit trop tard. Afin d'éviter d'éventuels remords et une culpabilité sournoise et envahissante.
Je referme ce livre aux mille émotions, sereine du bout de chemin parcouru, heureuse d'avoir afronté quelques questions existentielles et surtout motivée à prendre du temps pour les choses essentielles.
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Un homme et une femme vont mourir. le narrateur, leur fils, passe la dernière nuit avec eux la veille de l'euthanasie. Ses parent sont gravement malades, son père refuse de payer pour végéter dans une maison de retraite car son éducation, son rapport au l'argent lui fait dire que ce serait du gaspillage. Et ils veulent mourir dignement. C'est lui qui en a parlé en premier, son épouse commence à perdre la tête. Partir dignement après une vie simple menée sur des principes.

Durant cette ultime dernièr nuit, le narrateur revient non seulement sur le choix suicide assisté en fin de vie (nous sommes en Suisse) mais également sur son enfance et adolescence. Ecrire tout ce qui n'a pas été dit : les blessures, les failles , la manque d'amour paternel, sa mère obéissant sans discuter aux choix de son père, avec "cet espoir qu'un jour le dialogue serait rétabli". "
"Ses parents sont avant tout le produit d'une époque, d'une empreinte sociale et morale qui relègue toute dimension psychologique à l'arrière-plan". Pas communication et le mot phare "travailler" a été le leitmotiv de son père. le fils a enfreint cette règle en entamant des études supérieures sans aucune reconnaissance de son père.
"Il y a entre eux une telle somme de non-dits, de malentendus, de rancoeurs, d'incompréhension". Et dans ces dernières heures qui vont le séparer définitivement de ses parents, il mène une réflexion sur l'euthanasie. Complice désigné de cette mort, il s'interroge. Sa mère a-t'elle prise sa décision en toute liberté ou obéi à son mari ?

Ses parents ne sont plus et d'autre questions le hantent sur ce droit à mourir, sur la liberté de vivre, sur ce qu'il est désormais.

Ce roman, je ne ce comprends pas pourquoi ce livre est appelé ainsi, a été un coup de poing. Comme je le disais il y a quelques jours, l'enfance et l'adolescence du narrateur sont des calques des miennes. Encore que ma mère ne m' a jamais montré une marque d'amour. A travers la figure du père et de ses principes, j'ai retrouvé le mien. Et vous vous doutez bien que ce livre m'a plus que touchée.

Les questions sur l'euthanasie et le libre-arbitre abordées interpellent, font réfléchir. Un livre digne, sans pathos , douloureux et qui ne peut pas laisser indifférent...
Je conseille de lire également le roman Tout s'est bien passé d'Emmanuèle Bernheim qui traite du thème de l'euthanasie sous un autre angle.
http://fibromaman.blogspot.fr/2013/07/pierre-beguin-vous-ne-connaitrez-ni-le.html

Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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Vous ne connaîtrez ni le jour ni l'heure, Pierre Béguin si. Enfin pas la sienne, celle de ses parents qui ont pris la décision commune de se donner la mort. le compte à rebours à commencé et pour l'auteur c'est l'occasion de revenir sur ses rapports avec ses parents et des différentes phases mentales par lesquels il passe, entre incompréhension, colère et résignation.

Un sujet traité sans pudeur mais sans voyeurisme non plus. L'auteur arguments à l'appui donne son avis sur le sujet clivant de l'euthanasie sans voué aux gémonies le camps d'en face ce qui est à souligner. Une approche très Suisse du sujet résultant d'un haut degré de civilisation.
Il est écrit roman sur la couverture on ne sera donc pas la part d'autobiographie du texte.
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(Lecture partagée de 2014)

Prix Chronos de Littérature

Critique à venir
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critiques presse (1)
Lexpress
07 février 2013
Le suisse Pierre Béguin raconte la promesse, faite par ses parents atteints tous deux d'une lourde maladie, de mourir dans la dignité.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
Pourquoi cet amour, ces espoirs, ces sacrifices, si tout doit mourir ? Pourquoi ce désir de vivre si nous sommes d'emblée condamnés à mort ? La fin ne fait pas sens, la fin c'est la frontière de l'absurde. Je n'ai jamais supporté les choses qui se terminent, surtout les histoires d'amour. Au point que, le plus souvent , j'ai préféré ne pas les commencer ou les terminer à l'état embryonnaire. Juste y goûter pour ne pas regretter l'accasion. Y mettre fin aussitôt pour ne pas éprouver la nostalgie de leur parfum. Cette délirante soif de joie, de plaisir, d'ivresse devrait être l'apanage des seuls immortels.
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Je me suis construit en trahison forcée avec les références essentielles de mon cadre social, mais en pleine conformité avec les idées de mon temps. J’ai bourlingué partout dans le monde, ils n’ont pas quitté Genève et ses environs ; j’ai recherché les lieux culturels comme ils ont recherché les plaisirs humbles ; je me suis plongé dans des multitudes de livres dont ils ignoraient l’existence ; j’ai accumulé les conquêtes sans lendemain quand ils louaient la fidélité ; là où travailler ne pouvait se concevoir que par l’usage des mains, j’ai opté pour la cérébralité. De cette trahison, source de malaise, il m’est resté une sourde culpabilité et un sentiment d’absurdité devant l’insignifiance de mes préoccupations d’intellectuel et de ma quête d’esthétique. Dans ma course vaine, je n’ai pu bien respirer ni dans un monde ni dans l’autre.
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Etre fort, maîtriser sa vie éviter le honte absolue d'être à la charge de la société Autant d'influences, d'injonction sournoises, auxquelles mes parents n'ont pu échapper. Leur dignité n'était pas fluctuante mais inhérente à leur personne; elle ne dépendait pas de l'image donnée, elle n'était visible qu'avec le coeur. Le mien a-t-il suffisamment entendu, ressenti, parlé ?
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Ils avaient la fierté de ce que l’on fait ; on a maintenant celle de ce que l’on est, « parce qu’on le vaut bien » ; ils avaient le temps de l’équilibre entre la privation et la possession, le désir et sa réalisation ; on a maintenant la fureur du « tout tout de suite » et le crédit facile qui rendent le concept même de nouveauté périmé : « Le crédit responsable. Et tout devient facile… » Ils avaient par-dessus tout l’honneur de la parole donnée ; on n’a plus maintenant qu’une forme dégradée de fierté, celle d’appartenir à un groupe, un clan, une communauté, et d’en épouser à tout prix les codes les plus factices…
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Ecrire m’est davantage une réparation qu’une création, un devoir qu’un plaisir, une souffrance qu’une jubilation. Il en a toujours été ainsi. Et je crois comprendre les raisons pour lesquelles je n’ai ressenti que très parcimonieusement cette jouissance de l’écriture que revendiquent certains écrivains. La jouissance est dans la création, dans la réparation est la culpabilité…
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Video de Pierre Béguin (1) Voir plusAjouter une vidéo
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Payot - Marque Page - Pierre Béguin - Et le mort se mit à parler
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