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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voici un livre important et fort. Un livre qui compte. Avec son co-auteur, Ouissem Belgacem nous parle avec son coeur et avec ses tripes. Il illustre de belle manière que "l'enfer c'est les autres" et qu'"ailleurs, l'herbe est plus verte", valeurs de la jeunesse qui peut réussir l'impossible. En l'occurrence se libérer du poids du milieu social, familial et religieux incompatible avec son projet de vie. Pas de pathos (misérabilisme, victimisation, "syndrome de Calimero") dans ce livre. Pour vivre sa différence et remporter une victoire sur la honte, ses choix douloureux et courageux l'emmènent à quitter le football pour lequel il a tant sacrifié mais aussi son pays, pour s'accepter tel qu'il est et mettre un terme au rejet de soi et au rejet par les autres. Alors, adieu, la honte? Elle est enracinée si profondément que je sens que tôt ou tard elle ressortira - à l'instar de l'envie de fumer qui passe en un millième de seconde pour un ex-fumeur jusqu'au jour où...- par le biais de la vieillesse, de la maladie, d'un énième rejet dont nous sommes tous victimes puisque nous sommes tous le (la)... ou le(la) ... de quelqu'un. Et là, M. Ouissem Belgacem saura à nouveau puiser au fond de lui-même, dans le tréfonds de sa douleur, pour attendre une fois de plus l'universel en appuyant vraiment là où ça fait mal et nous livrer un autre document de valeur. Je repenserai longtemps à cet ouvrage et je trouverais dommage que les lecteurs intéressés par une si grande haute de vue et une dimension si profonde passent à côté de ce livre.
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Je découvre Adieu ma honte via un tweet. Une vidéo d'interview de Ouissem Belgacem et son livre ; le thème est clair : l'homophobie dans le football professionnel (français surtout mais de façon plus générale aussi). La parole est rare, fait figure d'exception même. Très peu, voir trop peu, de professionnels (les joueurs surtout) du milieu la prenne, la dernière en date que j'ai en mémoire est celle de Yoann Lemaire qui date de 2004. Ou, plus antérieur encore Olivier Rouyer. Quant est-il aujourd'hui ? En 2021 ?
Je fais deux librairies de quartier : rupture. Tant mieux pour le soutient des petits commerces, tant mieux pour l'auteur et la conscience collective. Plan B classique : La Fnac. La pile d'exemplaire est déjà bien entamée par rapport aux autres sorties actuelles. le succès semble prometteur pour le livre. Aussi je suis très surpris de ne pas voir beaucoup d'avis sur le livre, Babelio compris. Alors allons-y.


Pour la forme. le livre fait quelques 240 pages et se lit très bien, le style n'a pas l'arrogance d'être alambiqué, au contraire. La modestie du caractère simple de la narration est diaboliquement efficace d'autant plus que le parcours de Ouissem Belgacem se fait de façon chronologique : de sa petite enfance à l'homme qu'il est aujourd'hui, le ballon entre les pattes ou à l'esprit. Les pages et les étapes de sa vie se succèdent sans réel temps mort, c'est croissant à l'image de son évolution et de son parcours. On oscille entre sourire bienveillant et compatissant, on assiste impuissant à ses déceptions et ses échecs, on ressent l'envie de hurler face aux injustices auxquelles il est confronté. Plus d'une fois on interrompt la lecture avec la seule envie de prendre cet être dans ses bras. C'est lu en quelques heures mais je lit très vite. Donc comptez quelques jours si vous êtes assidus et que vous aimez prendre votre temps mais je met quiconque au défit de faire des pauses longues tellement on est embarqué dans le récit. Il est difficile de décrocher au point ou on garde l'oeuvre ouverte même lorsqu'on est « occupé » à d'autres activités. Rares sont les livres que je lis en mangeant, buvant ou fumant. Il est très difficile de décrocher tant l'immersion est intense. le pari est gagné. Chapeau bas à Ouissem Belgacem et à Éléonore Gurrey qu'il remercie très chaleureusement. Les personnes qui aident à la rédaction restent parfois dans l'ombre alors que la plume a été façonnée grâce à elles.
Le livre n'aborde pas uniquement l'homophobie. Il dénonce toute les discriminations et leurs hiérarchisations.


Pour le fond. Ouissem Belgacem est l'archétype du héros de n'importe quelle histoire. Il grandit dans une famille (très) modeste, vit dans un quartier populaire d'Aix (en gros une cité, il le dit lui même) et porte une triple peine innée : d'origine maghrébine, musulman pratiquant, gay. Comme si ça ne suffisait pas il portera aussi la pancarte « français/européen » au dessus de sa tête. Mais il trouve très vite une parade. le ballon le sauvera et, paroxysme absolu, le consumera. Comment faire plus accrocheur ? On est si loin des autobiographies parfois pompeuses et mégalo-maniaques qu'on a l'impression de lire un roman tant on s'attache à lui. Pourtant la couverture porte la mention « Récit ».
On s'éloigne également des clichés consternants sur les cités et la vie des familles qui y vivent. Certes le chant des sirènes de la délinquance précoce, voir très précoce, est séduisant. Certes il faut jouer aux durs et ne pas se laisser marcher sur les pieds. Certes le sport le plus populaire de France tient une place très importante dans ce microcosme et est porteur d'espoirs. Mais le narrateur met en lumière l'amour qu'il a reçu de sa mère, de ses grandes soeurs qui l'ont protégés pendant toute sa petite enfance et même une fois adulte, de la solidarité intrinsèque qui fait la force du lieu de vie. Dehors les idées qui partent du principe que dans toutes les cités les gens sont au chômage ou touchent le RSA, que les enfants vendent de la drogue dès l'âge de six ans parce que leurs parents sont totalement dépassés et/ou désengagés. O.B livre sans concessions les raclés qu'il a reçues suite à des erreurs classiques d'enfants qu'il n'a jamais re-commises par la suite . Comme tout un chacun.
le football tient très vite une place prédominante dans sa vie. C'est « son ADN » pour le citer. En plus d'avoir de bon résultats à l'école (et oui les rebeus ne sont pas nécessairement les cancres de la classe) son talent est très vite repéré. Il rejoint des clubs, est inscrit dans une école avec l'option sport étude à l'autre bout de la ville qui lui impose un temps de trajet démesuré pour son âge et finit par incorporer un centre de formation spécialisé de jeunes espoirs du football pour le dire simplement. C'est le début du rêve. Mais il ne s'agit pas seulement de perfectionner son talent pour le sport, c'est aussi un incroyable voyage formateur, de la vie. Au fil des années il accède à des centres de plus en plus prestigieux, la compétition gagne en intensité, elle est à la fois saine et commune à tous les sports mais parfois aussi emprunte d'un certain favoritisme surtout de la part des coaches. Coaches avec qui il entretiendra des relations telles qu'il projettera une idée et une représentation paternel. Relations souvent saines, parfois décevantes, d'un côté comme de l'autre.
Ses efforts payent au point ou il intègre le Toulouse Football Club (TFC), le « Tef » dans le milieu. Club de formation dont la finalité, à travers des sélections de plus en plus rudes, un rythme quotidien calculé à la second prêt, des entraînements aux enjeux de plus en plus importants, est de décrocher le graal du graal : devenir joueur professionnel. On est seulement à la page 53 et on est déjà sous l'effet hypnotique de la tension. O.B ne manque pas de détermination, il s'entraîne dur, parfois bien plus que les autres. Les autres jeunes sont à la fois ses alliés et ses adversaires. Seuls les meilleurs peuvent rester, les autres rentrent chez eux avec la honte au ventre et dans l'âme. La sélection est implacable et sans appels. Pourtant le livre est une ode à l'amitié et à la « fraternité ». Il s'entoure d'amis, de camarades, de frères : Cheikh, Oumar, Kevin et Ouissem forment un quatuor fort, exemplaire.
Mais voilà. Comme dans toutes les histoires il y a un problème et de taille. O.B est attiré par les garçons. Il le sait et l'a rejeté d'emblée. Car ça ne colle ni avec ses valeurs, sa foi, sa famille et est tout bonnement incompatible avec ses ambitions. Un footballeur professionnel homosexuel ? On n'a jamais vu ça ! Impensable ! Carton rouge direct ! Exclusion ! Opprobre dans les règles !
Et alors quoi ? Renoncer ? C'est mal connaître le bonhomme ! Arrêter le foot c'est comme lui dire d'arrêter de respirer. Il entreprend alors, comme il le dit, de « s'hétérosxualiser ». C'est dire si le fait de « simplement » s'assumer et vivre son orientation sexuelle au grand jour est inacceptable dans le milieu. Pour se faire tout y passe. Prières, séances auprès de thérapeutes, jeun, abstinence. Révoltantes sont toutes ces thérapies de conversations forcées, comme elles sont décrites dans Boy Erased de Garrard Conley. Accablante lorsque l'on se l'impose à soi même. O.B va même jusqu'à sortir avec des filles, il couche avec certaines d'entre elles et veille bien sur à ce que tout le monde le sache parce que oui il doit sauver les apparences, écarter tous soupçons qui planeraient au dessus de sa tête. Sans surprises, sans révéler quoi que ce soit à l'histoire, on sait que toutes ces tentatives sont vouées à l'échec. Si il suffisait de faire un « effort » pour rentrer dans la norme ça se saurait. O.B n'a pas fait qu'essayer ; il s'est acharné.
Et c'est là que le concept « esprit sain dans un corps sain » lui fait défaut. Car le sport de haut niveau, quel qu'il soit, ne repose pas uniquement sur des performances physiques. le mental apporte sa pierre à l'édifice. Et celui d'O.B le bloque littéralement dans ses progrès et son ascension. L'adolescence fait son oeuvre, les hormones sont en ébullition. Son désir pour les garçons le hante, ses tentatives d'exorcisations le plonge dans un état de fatigue exponentielle. Cela l'accule, l'érode, le consume. Et coups du destin, alors que ses compétences physiques étaient jusqu'alors ses meilleurs (et presque seules) alliés, elles le trahissent, le privent de quelques millimètres pour prétendre au poste ou il excelle. Les défenseurs centraux font au moins 1m80. Sa croissance le fait stagner à 1m79,5.
Je ne vais pas aller plus loin dans la narration, je pense que vous savez ce qu'il vous reste à faire. Je compléterais cette partie en évoquant le combat terrible d'O.B dans sa lutte incessante entre sa conscience et son inconscient. Il ne lâche rien, redouble d'effort. C'est un sportif dans l'âme. Il traverse des moments d'une noirceur rarement livrée à corps et âme. L'idée la plus sombre de toute ne luit vient pas à l'esprit (tout du moins il ne la cite pas explicitement) alors que beaucoup, hélas, rendent les armes. On ne rappellera jamais assez que le taux de suicide chez les jeunes LGBTQ+ est dramatiquement plus élevés que chez les autres. Et à raisons. L'histoire d'O.B est révélatrice.


Pour aller plus loin. le livre ne m'a pas seulement plu, il m'a marqué. Sa portée et son message sont indéniables. Je ne peux que recommander la lecture de Adieu ma honte.
de la même manière je ne peux pas ne pas m'exprimer sur un défaut qui n'a en rien gâché ma lecture et dont je ne tiens pas rigueur à O;B mais qui, selon moi et seulement moi, manque. Les phrases qui suivent révèlent des moments importants. SPOILERS ALERTE, si on peut parler de spoiler dans une autobiographie, mais comme dit plus haut le livre a parfois des allures de roman. Bref vous êtes prévenus.

Ouissem Belgacem a connu une traversée du désert qui l'a privé de sa chance de réaliser son rêve : devenir footballeur professionnel. le livre prend fin par une phrase de son ancien coach qui lui dit qu'il a bien fait de taire son homosexualité car le moindre prétexte aurait été bon pour se débarrasser de lui. Avant cela on suit son abandon pour le foot et sa réorientation professionnelle qui le conduit à fonder sa propre start-up dont le but est d'accompagner d'anciens athlètes, surtout des footballeurs, après leurs carrières. Car il explique que pour beaucoup, à ce moment de leurs vies, connaissent une descente aux enfers. La « première mort » qu'il cite sur la quatrième de couverture. Mais force est de constater que même avec cette casquette auto-entrepreneur il vaut mieux ne rien dire sur son orientation sexuelle. Sinon quoi c'est le suicide financier. le livre s'achève sur une sorte de« la boucle est bouclée » dans le sens négatif du terme. En somme c'est le goût amer et fade de la fatalité. Et dans une certaine mesure à raisons.
Personne, pas même O.B n'est en mesure de vaincre l'homophobie dans le foot. le travail est colossal. Tout est à faire. Néanmoins, au vue du tempérament du narrateur, c'est un guerrier mais qui ne lutte pas à armes égales, citer quelques exemples d'ouvertures et de possibilités aurait amener quelques lueurs d'espoirs là ou il semble n'y en avoir aucune. le message de Antoine Griezmann en est une illustration. Certes ce n'est pas aussi fort que le coming-out d'un footballeur professionnel en activité. Mais c'est une étape. Et toutes les luttes contre une discrimination commence par là.
Dans le même soucis d'espoirs et d'optimisme on peut citer le coming-out de sportifs de haut niveau tel que :


Daniel Arcos, joueur de basket-ball, chilien
Denis del Valle, joueur de volley-ball, suisse
Sebastian Vega, joueur de basket-ball, argentin
Zach Sullivan, joueur de hockey sur glace, britannique
Curdin Orlik, lutte, suisse


Ce ne sont pas des footballeurs. Ils sont étrangers. le lot de consolation est peut-être amer, voir mesquin. Mais avant tout ce sont des sportifs. le football est un sport et il est effectivement grand temps qu'il cesse d'être une exception dans ce domaine.
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Bonjour, bonjour,

C'est dans le cadre d'une Masse Critique de Babelio que j'ai sélectionné "Adieu ma honte", de Ouissem Belgacem avec Eléonore Gurrey, aux Éditions Harper Collins pour le format Poche et aux Éditions Fayard initialement.

J'ai lu ce livre de 187 pages en 24h. J'ai été cueilli par ce texte dont l'écriture est belle et simple à la fois. Les premières pages sont consacrées à l'enfance du footballeur, né dans une cité d'Aix. J'ai dès lors été captivé par le récit de cette vie à la fois banale et exceptionnelle. La banalité est celle de jeunes garçons découvrant leur orientation sexuelle dans un contexte qui n'y est pas toujours propice. L'exception vient du parcours hors norme de Ouissem Belgacem. Cet homme est doué d'une volonté exceptionnelle qui lui a permis de se battre pour gagner sa liberté.

Ce livre mérite d'être aux côtés de ceux qui témoignent de leur temps et de l'homosexualité. C'est un livre marquant comme peuvent l'être "En finir avec Eddy Bellegueule" d'Edouard Louis ou "Fairyland" d'Alysia Abbott. J'ai aussi perçu un peu d'Armistaed Maupin, non pas dans l'écriture mais dans l'esprit, celui de la famille logique que l'on se construit et dans les difficultés rencontrées dans le cercle familial. La force de ce livre est de présenter un rebond après chaque difficulté. Je suis sorti de cette lecture avec un sentiment de respect pour cet homme, tant pour son parcours que pour ce qu'il permet avec ce livre. Au-delà de dénoncer l'homophobie dans le foot, il donne de l'espoir aux jeunes qui y seront confrontés. Pour ça, je veux le remercier.

Je vous invite chaleureusement à lire "Adieu ma honte". Bonne lecture !
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Ce livre a été écrit en collaboration avec Eléonore Gurrey.

On m'a demandé d'animer une rencontre littéraire à Lisbonne, parce que je suis gay et écrivain. Comme lui, j'ai écrit un récit autobiographique, Namaste Sirji ! Un prof en Inde, et mon dernier livre, Comme il faut, traite notamment de l'homosexualité d'un Français issu d'une famille maghrébine.

J'ai mangé du Ouissem Belgacem pendant trois jours : le livre, interviews et le premier épisode d'une série télévisée sur Canal +.

Il existe des personnes qui ont des destins extraordinaires. Fils de parents tunisiens, Ouissem grandit dans une cité d'Aix-en-Provence. Une mère aimante et lettrée, un père complexe qui décède jeune. L'enfant Ouissem a tout pour lui : mignon, intelligent, sympathique, il aime son quartier et se retrouve choyé par ses 4 soeurs et sa mère. L'argent manque mais ni les valeurs ni l'amour. Doué à l'école, il l'est tout autant au football. Repéré, il intègre adolescent un centre de formation à Toulouse. Comme tout homosexuel qui se découvre, il subit l'homophobie, une homophobie exacerbée dans ce milieu. Il va tout faire pour ne pas céder à la tentation, comme si c'était un péché.

Comment s'épanouir en étant maghrébin, musulman, désargenté et homosexuel dans une France qui ne laisse pas de chance à tout le monde ? le football, à condition d'être hétérosexuel.

Ouissem Belgacem nous livre un témoignage remarquable, courageux, sensé, clair et percutant.
Ce fut un plaisir pour moi, né en 1982, de lire le témoignage d'un homme de ma génération qui a vécu comme moi à Toulouse. Steevy, Gérard des filles à côté, le Shanghai, Édouard Louis…
Ce livre est fluide, à chaque fois que je me posais une question, la page d'après y répondait. Ce livre est écrit justement comme dans une série et les épisodes s'enchaînent. La force de l'auteur est son intelligence qui le fait douter.

D'une manière surprenante, j'ai été davantage touché et même intéressé par… les chapitres de sa carrière de footballeur !
Pourquoi ? Parce qu'il y met plus d'émotion. Quand la thématique concerne son homosexualité, par pudeur, par souci de protéger les siens, Ouissem Belgacem se délivre moins. Lisez la page quand il quitte le centre de formation et vous verrez plus d'émotion. On m'a fait le même reproche pour mon premier livre, Namaste Sirji ! Un prof en Inde : un « manque d'émotion ». Pourtant, j'en ai raconté des moments intimes.

Vous allez vous moquer, mais j'ai pensé dès les premiers chapitres « L'auteur est Capricorne ». J'ai vérifié et bingo ! Un livre à l'image de son auteur : ambitieux, maîtrisé, sérieux, pudique et froid. Est-ce la meilleure stratégie pour transmettre son message ? Je ne sais pas. Ce qui m'a manqué, et je rejoins certains bémols : et l'amour dans tout cela ? Que l'auteur ne nous raconte pas ses ébats, cela peut se comprendre. Mais l'amour, une des plus belles aventures humaines ? C'est justement le moteur qui permet à bien des homosexuels de s'affirmer, quand ils ont quelqu'un. Que peut-on reprocher à deux êtres qui s'aiment ? le chapitre inédit aurait pu corriger ceci.

Je suis ravi d'avoir lu Adieu ma honte et encore plus de rencontrer l'auteur le 19 avril à l'Institut français de Lisbonne. J'ai beaucoup de questions à lui poser, sans complaisance : sur son rapport à la masculinité, sur sa vision des homosexuels, sur ses relations avec la fédération française de football, sur l'homophobie en général.

Un livre à mettre entre toutes les mains, qui permet d'ouvrir le débat dans d'infinies directions.

Lien : https://benjaminaudoye.com/2..
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Le milieu du football masculin est profondément homophobe. Ce n'est sans doute pas la révélation du siècle mais pour un Olivier Ménard qui a attendu sa retraite pour faire son coming-out, un Yoann Lemaire dans le football amateur, un Justin Fashuanu qui s'est suicidé suite à la vague d'homophobie qu'il a subie ou un Antoine Griezmann qui fait partir des rares professionnels à s'exprimer sur le sujet, combien de jeunes restent encore enfermés dans leur silence pour ne pas détruire leur carrière ?
Ouissem Belgacem a été un de ceux-là, un garçon musulman doué pour le foot qui a grandi dans une cité d'Aix en Provence, entouré par l'amour de sa mère et de ses soeurs et qui a eu la chance d'intégrer le centre de formation du TFC.
Un garçon plein d'avenir donc mais dont le mental ne suit pas parce qu'il est bouffé par son secret, celui de vouloir à tout prix cacher son homosexualité. Jusqu'à ce qu'il finisse par comprendre qu'il n'y arrivera pas et qu'il choisisse d'abandonner le sport.

Ce livre est un témoignage à mettre entre toutes les mains de personnes gravitant dans le milieu du football. Pas pour son style, qui n'a rien de particulièrement fabuleux, avec en plus une gestion du temps assez aléatoire, à tel point qu'il est parfois compliqué de savoir quel âge a Ouissem dans certaines parties.
Mais il est important pour ce qu'il dit sur les difficultés d'un jeune qui est obligé de cacher ce qu'il est pour pouvoir continuer à avancer dans son sport. D'autant plus quand celui-ci cumule aussi avec le fait d'être arabe, musulman et issu d'une cité.
J'ai beaucoup aimé aussi que les auteurs se penchent sur les difficultés de l'après carrière des sportifs de haut niveau. C'est quelque chose de peu connu et c'est intéressant que Ouissem Belgacem se soit lancé dans cette voie pour pouvoir apporter une solution à ce problème.
Et puis, j'ai aussi beaucoup appris sur le fonctionnement des centres de formation. Je n'y connaissais absolument rien et sur ce point là le livre est particulièrement didactique et explique très bien les choses.

L'homophobie dans le football masculin n'est pas une nouveauté, il est surtout triste qu'elle perdure encore de nos jours à tel point qu'en France on a assisté à des coming-out dans le rugby mais toujours pas dans ce sport pourtant si fédérateur.
Le travail à faire est énorme. Mais il mérite d'être fait.
Lien : https://yodabor.wordpress.co..
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Très difficile de donner un avis sur une autobiographie. Je pense que l'exercice était d'autant plus dur pour cet ancien footballeur. Dans son livre, co-ecrit avec Éléonore Gurrey, Ouissem Belgacem nous montre l'envers du décors du milieu du foot et aussi les traumatismes liés à l'homosexualité et comment faire de son histoire un tremplin pour l'avenir. On y découvre un homme tout aussi fort que blessé par les préjugés d'une société encore trop fermée sur le sujet de la sexualité, de la religion et du sport.

En un mot (ou plutôt quelques mots) : Une biographie que j'aurais aimé lire à 15 ans. Je ne suis ni footeux, ni musulman ni même né dans une cité et j'ai pourtant retrouvé beaucoup de « moi » dans ce livre. Je ne peux que recommander à celles et ceux qui souhaitent découvrir le témoignage d'un homosexuel dans une société qui met encore trop de cases sur certains sujets.
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Footballeur, Musulman et homosexuel. Ce livre est une autobiographie qui raconte l'enfant, l'adolescent et le jeune adulte qui tente de vivre sereinement dans ces trois "mondes" parallèles. Ouissem Belgacem explique ses efforts, ses combats et son espoir de voir changer les mentalités, de l'école au monde professionnel en passant par le centre de formation.

Un très beau récit qui nous apprend beaucoup de choses sur ces mondes sans entrer dans des détails inutiles.
Même si le sujet principal est l'homosexualité, les parties traitant le football et les différents lieux de vie sont fortes intéressantes.

Que ce livre soit une renaissance pour Ouissem !
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Un récit touchant et poignant du début à la fin. Je ne m'intéresse pas beaucoup au foot donc j'étais loin de connaître Ouissem Belgacem. Mais grâce à ce livre je suis content d'avoir connu ce personnage fort et bienveillant. Son témoignage sur l'homophobie est bouleversant sans être dramatique pour autant. Merci à lui pour ce récit, il a sans doute ouvert les yeux à beaucoup de personnes.
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J'ai découvert ce livre juste avant sa sortie, en voyant Ouissem dans une interview et en étant directement touché par cet homme ! Je n'aime pas le foot, pourtant j'étais à la librairie le jour de sa sortie !

De quoi ça parle ? « On dit toujours qu'un sportif meurt deux fois : à la fin de sa carrière et à la fin de sa vie. Moi, je mourrai trois fois : à la fin de ma carrière, à la fin de ma vie et à la fin de ce livre. Adieu ma honte. »

Ouissem a grandi dans une cité au soleil, à Aix-en-Provence. Espoir de la génération dorée du centre de formation du Toulouse Football Club, il gravit tous les échelons, jusqu'à disputer la Coupe d'Afrique des nations sous les couleurs de la Tunisie. Mais son homosexualité, contraire à sa religion et à son sport, le privera de la carrière professionnelle à laquelle il était destiné.
Ce livre est celui que personne n'a jamais osé écrire.

Dans un récit aussi intime que puissant, Ouissem Belgacem est le premier joueur à raconter de l'intérieur l'homophobie qui gangrène le football et à s'attaquer à l'un des derniers tabous de notre société.»


La Je viens de passer quasiment un mois sans lire, frappée par un drame je n'arrivais plus à plonger dans la lecture ! Pour ce beau mois de juin, mois des fiertés, au moment où le manque se fait sentir je décide de plonger dans ce récit. Quelle bonne idée !
J'ai trouvé le récit de Ouissem passionnant, la détermination et la force qu'il met dans sa passion dès son plus jeune âge est incroyable ! Ouissem a tout fait pour réaliser son rêve, il a donné beaucoup de lui, et a fait preuve je trouve d'une détermination exemplaire ! Malheureusement en grandissant le secret qu'il portait a mis à mal tout ce qu'il avait accompli avec tant d'acharnement ! C'est évident que si on passe sa vie à tenter d'ignorer qui on est, à se cacher et à jouer un rôle un jour on se fissure de l'intérieur !
Je ne connais pas le milieu du foot, je ne sais pas si il est plus homophobe que d'autres sport co masculin … Je connais un peu plus le milieu du hockey sur glace, là où dans les équipes féminine il est presque normal de s'afficher lesbienne, où les gens sont surpris quand une joueuse se revendique hétéro ( les gens quoi … ), je ne suis pas certaine qu'il soit tout aussi « normal » et bien vu d'être un homme gay. Je peux me tromper, au final il y a peu de joueurs out ! Mais je m'interroge beaucoup, surtout en ce mois de juin où la NHL affiche de belles couleurs arc en ciel et un slogan merveilleux qui fait rêver : HOCKEY IS FOR EVERYONE …
Bref revenons au sujet, Ouissem nous livre ici avec beaucoup de douceur son histoire, celle d'un jeune maghrébin, issu d'une cité d'Aix, musulman, orphelin de père trop jeune, passionné de foot, doué à l'école et gay. Cette lutte en permanence contre lui-même, son parcours de jeune joueur de foot, sa fuite et enfin le chemin de l'acceptation. Il ose parler du poids du silence, de sa souffrance, des choses qu'il a faites pour assoir son hétérosexualité aux yeux de tous et de ses coming out.
Aucun jeune ne devrait porter tant de souffrance en lui, le silence tue, l'homophobie ordinaire tue ! Personne ne vous demande votre avis, je dirais même que personne ne vous demande d'être « fan du concept », mais juste gardez vos avis pour vous et laissez les gens vivre la vie qu'ils ont choisi ! Et sérieux les mecs arrêtaient de penser que vous êtes en danger face un homo comme si les mecs gays étaient des animaux en rut incapables de se contrôler … Personne ne veut vous faire changer de bord !
Merci Ouissem pour ce livre malheureusement nécessaire et qui devrait être lu dans tous les clubs sportifs ! Aujourd'hui en 2021 ça ne devrait plus être un acte courageux de parler, de s'aimer et d'assumer qui on est !
Note 10/10 COUP DE COeUR
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Très touchant et sincère, sur les problématiques d'un jeune à s'accepter dans des environnements à priori défavorables. Beaucoup d'informations sur le processus de formation des futurs footballeurs pro, monde qui m'étais inconnu et qui permet de bien poser le cadre. Je l'ai lu avec beaucoup de fluidité.
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