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Sammeler est un collectionneur qui ressent mieux que quiconque les émotions et désirs des autres, donc la souffrance des individus de plus en plus soumis à la frustration, maladie moderne. Les désirs des autres le fatiguent et le sens du déclin est aussi celui des États-Unis dont la vision est très pessimiste. Tout au long du roman il est aussi question des Juifs, ainsi que de l'expérience initiale de l'holocauste. Un roman riche, lu il y a longtemps, dont je garde un très bon souvenir.
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LA PLANÈTE de M. SAMMLER de SAUL BELLOW
Monsieur Sammler a plus de 70 ans, vit à New York après avoir passé 20 ans à Londres, sa jeunesse en Pologne. Où qu'il se tourne, ce sont des morts auxquels il pense. Il est désormais à moitié aveugle. Il avait vu le monde s'écrouler une fois et craignait que cela ne se reproduise. Il a une fille, Shula. Certains étudiants lui font la lecture, des chevelus qui ne respectent plus l'autorité, il s'en inquiète, les trouve incultes et doit souvent leur expliquer l'étymologie des mots, d'ailleurs il restreint ses lectures aux auteurs du 18 ème siècle et à la bible ou maître Eckhart. Un jour dans le bus il est confronté à un pickpocket noir, énorme, qui le menace ouvertement, il ne compren plus ce monde, il en est resté à sa foi dans l'humanisme, la recherche pour aller dans la lune l'étonne, l'indiffère, seule la capacité à devenir un être humain lui paraît un but acceptable. Il a une nièce et un neveu, elle nymphomane, lui paumé, ils lui demandent souvent d'intervenir zuores de leur père, le prennent à témoin mais Sammler est un survivant improbable, ce qu'il a vécu l'a transformé, ils ne peuvent pas le comprendre tout comme lui ne comprend plus ce monde. Son histoire est à peine croyable…
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Un auteur juif face à un personnage échappé de l'holocauste qui dresse un portrait assez acerbe de la société américaine, avec ses enfants gâtés qui ne respectent plus leurs parents, ses voleurs surpris dans le bus qui le suivent jusque chez lui, tout ce monde qui explique tout sans rien comprendre. Une vision de la décadence, comment dire, picaresque, ou du moins avec des motifs picaresques sans véritable picaro. Nous suivons les divagations intellectuelles du principal personnage, souvent même assez drôles, malgré le pessimisme du propos.
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Mr. Artur Sammler, confident des excentriques new-yorkais ; vicaire de fous et géniteur d'une folle ; chef d'une clinique d'aliénés.

Après l'apprentissage de l'adolescent Augie March, après la perdition bavarde et conjuratrice des pensées dix-neuvièmistes de Moishe Herzog, Saul Bellow lâche un autre Bildungsroman à tendance picaresque. le Picaro en question est un vieux Juif de plus de soixante-dix ans, Artur Sammler.

Polonais rescapé de la Shoah (après avoir creusé sa propre tombe et s'être miraculeusement échappé du tas de cadavre incluant sa femme - son ex-femme, forcément), Mr Sammler est un intellectuel New-Yorkais qui se pose un certains nombre de questions à la fin des années 1960. Sur le programme Apollo 11, sur sa nièce qui s'habille comme une salope, sur un pickpocket noir aux allures de prince qui assoit sa domination en exhibant son schlong, sur sa fille mythomane, pas très maligne et kleptomane.
Il essaie régulièrement de visiter son neveu Elya, médecin, très légèrement plus jeune que lui, qui se meurt à l'hôpital. Ce dernier loge Mr Sammler, sa fille et la fille de Sammler, qui vivent ensemble dans un vieil appartement de Manhattan. Il semblerait que tout le monde en veuille à son argent caché dans sa maison de New Rochelle. Voilà pour le high-concept.

Seulement, si on s'en tient à la définition du juif selon Isaac Bashevis Singer, Mr Sammler est du genre à ne pas arriver à dormir et à empêcher tous le monde de dormir.
Or, tout le monde adore Mr Sammler. C'est un sage. Il a bien connu H.G. Wells, le Bloomsbury Club, a voyagé en Israël (tout en en gardant un goût amer)...

Pourquoi tout le monde l'aime, il ne le sait pas. Il se fait juge des temps modernes, de la peur panique du sublime qui a engendré une génération de dépravés, drogués, voleurs, étudiants irrespectueux qui se laissent pousser les pattes, exaltent une forme de néo-virilisme... Une forme de jeunisme décadent que ne cherche pas à comprendre Sammler. Il sait ce qu'il ne va pas. Il y pense beaucoup. Il digresse en permanence.

Moïshe Herzog (Herzog, publié en 1964, son magnum opus), en pleine déliquescence morale, se demandait pourquoi vivre, en interrogeant les grands de se monde dans des lettres qu'il n'envoyait pas (et pour cause, un grand nombre de destinataires étaient morts : Spinoza, JFK, Nieztsche), et finissait par ne plus rien avoir à dire, épuisé.
Pour Artur Sammler, la question est Comment mourir ? La situation de son neveu le préoccupe par procuration. Il est plus âgé que lui. Sammler, lui, a survécu à la machine de mort la plus impitoyable du XXe siècle. Peut-être est-ce pour ça que tout le monde le respecte, derrière sa dégaine de juif errant. Comment mourir ? ou comment finir sa vie, en fait. Accepter le monde tel qu'il est devenu ? Accepter d'être un excentrique, ne pas juger ses nièces, neveux, sa fille, les amis de son neveu, les étudiants qui le huent lors d'une conférence ; on n'en saura guère plus. Vous n'en saurez guère plus.

Moins prodigieux que Herzog, moins drôle aussi, malgré quelques formulations bien senties. Un peu un roman de vieux con très gentil, mais qui valait la peine d'être lu à l'époque de sa publication (1970). Aujourd'hui, après la remise en place du lecteur dans le contexte, ça reste un très bon roman, ce qui est déjà beaucoup, même pour Bellow
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Artur Sammler est un miraculé de l'histoire, cette machine à forger des empires et à broyer les cadavres. Polonais de naissance, anglophile, et américain d'adoption, c'est un septuagénaire quelque peu dépassé par les moeurs New-Yorkaises. Tout d'abord sa vie aurait dû connaître la même fin abrupte que celle de sa femme aux côtés de laquelle on l'a obligé à creuser la fosse qui devait se refermer sur son corps criblé de balle. le sort ou la chance en a décidé autrement. Toujours est-il que le survivant de l'apocalypse nazie, assiste circonspect à un phénomène, certes moins mortifère, mais qui relève tout de même de la dégénérescence : le spectacle fascinant d'une société où l'abondance des biens et le droit inaliénable à la quête du bonheur ne semblent guère contribuer au bien-être et à l'équilibre psychique de ses ressortissants. Pour preuve la famille américanisée du vieil homme qui présente un éventail assez édifiant de comportements déviants qui vont de l'innocente fouille compulsive des poubelles, à la sympathique nymphomanie en passant par la très courante mise en danger perpétuelle de soi-même.

La Planète de Mr. Sammler relève comme Herzog de la partie un peu plus pessimiste de la production de l'auteur, en contraste avec l'humeur humoristique et burlesque à l'oeuvre dans le Faiseur de pluie ou le Don de Humboldt. C'est aussi un roman avec un contenu sociologique et philosophique non négligeable. L'auteur dresse un constat acerbe sur la société américaine et son individualisme forcené, et, ce qui fait son actualité, illustre les affres et les dérives qui en résultent.
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Saul Bellow (1915-2005) est un écrivain canadien-américain fils d'immigrés juifs-russes, élevé à l'école de la rue mais universitaire de carrière, notamment à Chicago. Saul Bellow a obtenu trois fois le National Book Award, pour Les Aventures d'Augie March (1953), Herzog (1964) et La Planète de M. Sammler (1969). Il reçut le prix international de littérature en 1965 et le prix Nobel de littérature en 1976. Cinq fois divorcé, l'écrivain vivait entre le Vermont et Boston, remarié à une ex-étudiante de trente ans sa cadette, lorsqu'il décède en 2005.
New York, fin des années soixante, l'homme se prépare à mettre le pied sur la lune. Artur Sammler, soixante-dix ans, borgne et veuf, habite la Grosse Pomme depuis 1947 rescapé par miracle des horreurs du nazisme et du racisme polonais, « Ces choses-là arrivent, c'est tout. Et elles étaient arrivées à Sammler, à sa femme et à d'autres qui, par une journée limpide, avaient dû se mettre nus. Dans l'attente d'être abattus au bord d'une fosse commune. » Sammler vit des largesses d'un membre de sa famille par alliance sur le point de décéder, coincé entre ce dont il est redevable et l'extravagance désarmante de ses proches. Entre une vie difficile et les problèmes psychologiques des siens, le vieil homme tente de s'adapter, que ce soit Shula sa fille qui volera un manuscrit précieux pour son auteur, Angela sa nièce lui confessant ses gros besoins sexuels (« - Une partie carrée ? – Oui. Tu sais, ça se fait maintenant, mon oncle. ») ou Wallace son frère fantasque. Et à l'extérieur ce n'est pas mieux, il sera hué par des étudiants contestataires lors d'une conférence et, carrément extravagant, menacé dans le hall de son immeuble par un individu lui exhibant son sexe énorme sous le nez !
Saul Bellow alternent les souvenirs du passé tragique du septuagénaire (un peu) et le présent, passant d'un personnage à l'autre, dans un texte assez dense fait de longs chapitres. Un roman qui se prêterait mal à une lecture trop fractionnée, au risque d'en perdre le fil. On trouve chez Saul Bellow ce qui fera Philippe Roth plus tard (dans le désordre, les juifs américains d'origine européenne et les traces du nazisme, les problèmes psychologiques et sexuels, la famille prégnante, les intellectuels etc.) avec, pour moi, une préférence pour Roth. J'aime mieux la construction des romans du second, plus simples ( ?) à lire avec un début et une fin plus évidente.
Le roman ne manque pas d'humour discret, même s'il est étonné ou déconcerté Artur Sammler cherche à comprendre ce monde, s'interrogeant sur la vision qu'il en a, lui le borgne « Bien sûr, dit-il, le monde te paraît différent. Au sens littéral. A cause de tes yeux. » Sans oublier quelques réflexions visionnaires ou très modernes, « L'humanité a perdu sa patience atavique. Elle exige une accélération de l'exaltation, n'accepte aucun instant qui ne soit pas lourd de sens… » ou encore « L'Antiquité acceptait les modèles (…) mais l'homme moderne, peut-être à cause de la collectivisation, a le démon de l'originalité. »
Artur Sammler ayant fait le bilan de ce monde étrange devenu, n'a plus qu'un espoir « … peut-être, peut-être ! que des colonies sur la Lune parviendront à atténuer la fièvre et l'effervescence qui règnent ici, et que l'amour pour l'illimité et pour le tout trouvera un apaisement matériel. L'humanité, ivre de terreur, se calmera, se dégrisera. »
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