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EAN : 9782020530552
247 pages
Seuil (31/01/2002)
4.25/5   181 notes
Résumé :
Les prisonniers de Tazmamart sont oubliés du monde : après l'attentat manqué de Skhirate en 1971, le roi Hassan II a condamné ses assaillants à la réclusion la plus sophistiquée. Dans un cachot privé de toute lumière, où se tenir debout n'est pas possible, ils doivent lutter contre les scorpions, le froid et la folie. Loin du jour, du temps et des hommes, ils résistent dix-huit années durant...
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L'horreur de vivre dans un bagne ignoble dans le désert marocain, un roman à partir du témoignage d'un détenu.

Il n'était pas un innocent ni un prisonnier d'opinion, car il avait participé à l'attentat de juillet 1971 contre le roi. Il a passé deux ans dans une prison normale avant d'être transféré à Tazmamart.

Des cellules minuscules, trop petites pour pouvoir s'y tenir debout. L'absence de lumière. La nourriture minimale, le froid, la maladie et la mort. L'horreur.

Et puis, il y a ces hommes, chacun dans leur trou, mais qui gardent un peu d'humanité en se racontant des histoires ou récitant le Coran. Certains survivent, d'autres meurent et les oiseaux chantent…

Une histoire terrible que celle de cet homme enfermé pendant dix-huit ans dans l'enfer de ce bagne inavouable.
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Je continue ma découverte de l'écriture de Ben Jelloun, une écriture forte, violente, courageuse, et vraie. "Partir", le 1er livre que j'ai lu de cet auteur, heureusement m'avait préparée à une telle lecture. Ben Jelloun choisit des sujets graves et difficiles. Dans ce roman il raconte (d'après le témoignage d'un ancien détenu) la captivité d'une poignée d'hommes oubliés pendant 18 ans au fond d'un "trou" à Tazmamart où seuls les rats, les scorpions, mais aussi la peur, la folie et la mort rodent. Les conditions de vie ou plutôt de survie sont inhumaines et insoutenables. Et là par la seule force de la foi et des livres (souvenirs d'anciennes lectures) le narrateur s'engage dans un combat inégal et désespéré contre le temps et la mort! Ames sensibles s'abstenir ou alors vous préparer psychologiquement à lire un livre à la fois bouleversant et très dur! Mais quel livre merveilleux!! bravo à Tahar Ben Jelloun pour cette performance!
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« Cette lumière, c'était l'esprit qui me guidait. J'étais prêt à leur abandonner mon corps, pourvu qu'ils ne s'emparant pas de mon âme, de mon souffle, de ma volonté. »

« Nos corps pourrissaient membre par membre. L'unique élément que je possédais, c'était ma tête, ma raison. »

Le bagne de Tazmamart a durant 20 ans" hébergé " les prisonniers politiques du Royaume du Maroc .Il aura fallu la publication par Gille Perrault de Notre ami le roi, pour faire connaitre au grand public ce lieu dont les autorités ont toujours l'existence L'endroit fut fermé , sous la pression internationale en 1991.

C'est à partir du témoignage d'un ancien détenu, (après l'attentat manqué de Skhirate en 1971 contre le Roi Hassan II du Maroc) que Tahar Ben Jelloun a écrit ce roman. le narrateur en est ce détenu, sorti vivant du bagne, mais profondément brisé.
Les prisonniers sont parqués dans des cachots où ils sont abandonnés à des conditions bestiales, au milieu des scorpions et cafards. Ils tombent les uns après les autres rongés par la maladie, la gangrène, ou la folie. Ils sont l'objet d'humiliations, réduits à être des numéros ; condamnés à attendre que la mort vienne les chercher.
L'auteur n'a pas connu ce calvaire ; et cela se sent par un certain détachement dans ses écrits. Mais, il n'en est pas moins poignant, avec des passages à la limite du soutenable. Dans cet océan d'horreur, il parvient à faire ressortir l'humanité des prisonniers, et leur sens aigu de la solidarité.
Confrontés à ce long travail d'anéantissement de l'humain, seuls les plus forts survivent. le narrateur fait partie de ceux- là. Tahar Be Jelloun montre son long travail sur lui pour supporter l'insupportable, supporter les autres et surtout se supporter soi-même. Toutes les stratégies sont bonnes ; la spiritualité en est une parmi d'autres.

« La mort pouvait venir ; quant à la souffrance j'essayais de la considérer comme une affaire mineure, quelque chose à dépasser. Inébranlable, puissante, telle était ma foi. Elle était isolée, je veux dire pure. Elle me donnait une force et une volonté que je ne réclamais pas. »

Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Trois mètres de longueur, un mètre cinquante de hauteur et autant de largueur, et l'obscurité totale. Non, çà n'est pas un caveau, c'est l'antichambre de la mort, une cellule type du bagne de Tazmamart, qu'on appela l'Alcatraz du Maroc, perdu au milieu du désert, à cinquante kilomètres de la première ville. Il fut construit en 1971 pour "accueillir" les soldats, qui la plupart ne suivirent que l'ordre de leurs supérieurs, qu'une mort plus clémente et rapide attendait, ayant participé à l'attentat manqué de Skhirat, et fut fermé à l'élargissement des très rares survivants, vingt ans plus tard, sous la pression de la communauté internationale. Cette aveuglante absence de lumière est un roman inspiré par le témoignage d'un de ces rescapés de l'enfer. le traitement qui attendait les prisonniers ne visait qu'a une seule chose, la mort la plus lente et la plus douloureuse possible. Point de lumière donc, le béton comme couche, les rigueurs du climat, un régime volontairement pauvre en calorie, aucun traitement médical à espérer, le corps déformé par l'exiguïté du cachot; et toute la kyrielle de cruautés que l'imagination et la lâcheté humaine peut concevoir. le narrateur rend compte de ce qui l'a maintenu en vie : principalement la préservation de la conscience par l'imagination, la foi; l'oubli du corps; le refus de céder aux tortures du souvenir et de l'espérance; le rejet catégorique de la délétère haine, et le recours à la fraternité de ses compagnons d'infortune.

C'est vraiment un texte poignant qui nous ai donné de lire ici. Rarement traitement plus cruel n'a été infligé à des êtres humains. Au vu du miracle de la survie d'une poignée de quelques-uns, on hésite à en tirer une leçon de vie, celui de la primauté des forces de l'esprit sur la matérialité du corps, c'est pourtant cela qui a permis à quelques-uns de tenir pour dire l'indicible. Une grande oeuvre romanesque de témoignage, qui mérite de figurer dans la liste des grands récits concentrationnaires.
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Dans ce roman le narrateur raconte le supplice interminable vécu pendant dix-huit ans par les rescapés du bagne de Tazmamart, au Maroc. Ayant participé à un attentat contre le roi Hassan II en 1971, les cadets de l'école militaire d' Ahermoumou seront incarcérés dans des cachots minuscules, sans lumière, sans soins, nourris de féculents et d'eau, jusqu'à ce que la mort, la folie fassent leur oeuvre. Tahar Ben Jelloun se glisse dans la personne d'un prisonnier, imaginant, à partir du témoignage d'Aziz Binebine (un rescapé dont le nom n'est cité à aucun moment), l'évolution morale et spirituelle de celui qui saura résister à l'horreur, à la déchéance physique et à la mort.
Cette démarche irrite prodigieusement le lecteur : de quel droit dire « je » et construire une fiction autour du drame indicible vécu par un autre ? Il s'agit d'un chef-d'oeuvre de malhonnêteté intellectuelle, d'une véritable imposture. Pourtant, au fur et à mesure de la lecture, la beauté du texte transparaît.
Ce livre, aux antipodes d'un témoignage authentique, est bien une totale fiction, s'appuyant malheureusement sur des faits réels et risquant donc, de façon regrettable, de les trahir
On conseillera plutôt de lire Tazmamart, cellule 10, d'Ahmed Marzouki (Editions Paris-Méditerranée), dépourvu certes de qualités littéraires, mais parfaitement authentique.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Se souvenir, c’est mourir. J’ai mis du temps avant de comprendre que le souvenir était l’ennemi. Celui qui convoquait ses souvenirs mourait juste après. C’était comme s’il avalait du cyanure. Comment savoir qu’en ce lieu la nostalgie donnait la mort. Nous étions sous terre, éloignés définitivement de la vie et de nos souvenirs. Malgré les remparts tout autour, les murs ne devaient pas être assez épais, rien ne pouvait empêcher l’infiltration des effluves de la mémoire la tentation était grande de se laisser aller à une rêverie où le passé défilait en images souvent embellies,tantôt floues, tantôt précises. Elles arrivaient en ordre dispersé, agitant le spectre du retour à la vie, trempées dans des parfums de fête, ou, pire encore, dans des odeurs du bonheur simple: ah! l’odeur du café et celle du pain grillé le matin; ah! la douceur des draps chauds et la chevelure d’une femme qui se rhabille…Ah! les cris des enfants dans une cour de recréation, le ballet des moineaux dans un ciel limpide, une fin d’après-midi! Ah! Que les choses simples de la vie sont belles et terribles quand elles ne sont plus là, rendues impossibles à jamais !
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La foi n'est pas la peur. Le suicide n'est pas une solution. L'épreuve est un défi. La résistance est un devoir, pas une obligation. Garder sa dignité est un impératif absolu. C'est ça : la dignité, c'est ce qui me reste, ce qui nous reste. Chacun fait ce qu'il peut pour que sa dignité ne soit pas atteinte. Voilà ma mission. Rester debout, être un homme, jamais une loque, une serpillère, une erreur.
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Je n’avais plus à penser à la beauté émue des êtres et des choses, ni à la douceur d’une nuit d’été, ni à la transparence d’un rêve caressant les yeux mi-clos d’une enfant.

Je ne disais plus rien, persuadé d’être devenu un livre que personne n’ouvrirait.

(Seuil, p. 142)
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À quoi pense un homme quand le sang des autres coule sur sa figure? À une fleur, à l’âne sur la colline, à un enfant jouant au mousquetaire avec un bâton pour épée. Peut-être qu’il ne pense plus. Il essaie de quitter son corps, de ne pas être là, de croire qu’il dort et qu’il fait un très mauvais rêve.
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La tombe était une cellule de trois mètres de long sur un mètre et demi de large. Elle était surtout basse, entre un mètre cinquante et un mètre soixante. Je ne pouvait pas me mettre debout. Un trou pour pisser et chier. Un trou de dix centimètres de diamètre. Le trou faisait partie de notre corps. Il fallait très vite oublier son existence, ne plus sentir les odeurs de merde et d'urine, ne plus sentir du tout. Pas question de boucher le nez, non, il fallait garder le nez ouvert et ne plus rien sentir. Au début, c'était difficile. C'était un apprentissage, une folie nécessaire, une épreuve à réussir absolument. Être là sans être là. Fermer ses sens, les diriger ailleurs, leur donner une autre vie, comme si j'avais été dedans cette fosse sans mes cinq sens. C'était cela: faire comme si je les avais déposés dans une consigne de gare, rangés dans une petite valise, bien enveloppés dans du coton ou de la soie, et puis mis de côté à l'insu des tortionnaires, à l'insu de tout le monde. Un pari sur l'avenir
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