L'Auberge des pauvres

Rêver, c'est peut être la chose la plus nécessaire qui soit. Plus nécessaire encore que de voir.
Si un jour on me disait : Tu es obligé de choisir entre rêver et voir, je choisirais sans doute rêver. Je pense qu'avec l'imagination et le rêve on supporte mieux la cécité.

C'est l'heure de mon feuilleton préféré. Tu peux regarder avec moi. Ce sont les Mémoires du vagin qui a reçu le plus grand nombre de bites, c'est passionnant un sexe qui se souvient, il raconte tout, sans honte, sans pudeur. C'est ça ce que tu devrais écrire. Ne sois pas timide, un peu d'épices, même beaucoup d'épices, c'est bon... T'es choqué? On ne parle pas de ça chez toi? Je sais, tu penses que je suis vulgaire, mais, p'tit mec, la vulgarité n'est pas là où tu crois.

Un mari silencieux et pas très vivant se met tout d'un coup à se livrer par correspondance. Après tout, nous n'avons jamais eu la chance de nous parler. Des mots circulaient entre nous sans jamais se rencontrer. Là, avec la distance et le changement de vie, j'ai du plaisir à t'écrire. Tu peux ne pas me lire, jeter cette missive à la poubelle ou ne pas l'ouvrir. Ce serait bien dommage. C'est ton droit. Moi, je ferai comme si tu lisais mes lettres et même comme si tu me répondais.

Je ne vais pas passer mon existence avec une femme dont je ne suis plus amoureux depuis belle lurette et qui se bourre de chocolat chaque fois que mon sexe débande dès qu'il rentre en elle......

Non, l'embellie était la femme de l'amour, celle dont j'ai toujours rêvé. J'étais avec elle, au milieu de cette nuit étrange. J'entendais sa voix, son rire, ses sanglots lents de l'amour heureux. Je ne recherchais pas de logique à cette histoire.

J'avais une curieuse impression : je marchais dans la rue et je ne sentais plus mon corps. Une mue se réalisait en moi et j'avançais sans me poser trop de questions. Les gens me bousculaient ; je ne les voyais pas. J'avais les yeux rivés sur un horizon imaginaire. Mes pas me menaient vers un lieu que je ne connaissais pas, mais j'étais persuadée qu'ils ne me trompaient pas.

Après tout, une forte passion, même quand ça se termine mal, c'est pas mal, ça fout un peu de désordre et beaucoup de vie dans les veines.

Elle se leva en s’appuyant sur sa canne, se pencha un peu et libéra un pet tonitruant, passa sa main sur la fente de ses fesses, la ramena vers son nez pour la sentir :
- T’as rien à craindre, ça pue pas, c’est juste de l’air qui sort, ça fait un boucan mais ça sent pas les tripes de cheval…

On parle d'amour quand on souffre ; le manque, l'absence, l'attente attisent la souffrance et on appelle ça de l'amour.

Trop de raison dans les sentiments, ça les abîme souvent.