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3,75

sur 467 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voici un roman de Tonino Benacquista qui s' éloigne de ses précédents livres et affronte le réel. C' est en effet l' histoire de sa famille venue d Italie et de son intégration plus ou moins bien reussie en France .Mais celle- ci nous est contée pour une fois un peu differemment puisque l 'auteur nous raconte sa propre histoire et surtout comment l' ecriture et la littérature lui ont permis de se construire et ainsi faciliter son integration, de devenir français même si parfois les origines italiennes refont surface, par exemple à l 'occasion d une demi finale de football!
Ce très beau texte, est superbement bien ecrit , empli d émotion et de tendresse pour sa famille et ne cache pas les failles et difficultés du narrateur dans la construction de son identité. Un roman très touchant.
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Je suis une lectrice assidue et fidèle de Tonino Benacquista pour la simple raison que je l'ai connu dans la vraie vie qu'il décrit dans ce livre et qu'il est apparenté à ma famille (sa belle-soeur est la soeur de ma mère). Ainsi, dès que j'ai appris, par la bande, qu'il sortait ENFIN son autobiographie, je n'ai pas résisté à la tentation et je m'en suis gavée jusqu'à plus soif.
Lue en quelques heures, je suis encore sous le choc de ce qu'il ose : ne plus se cacher sous les traits et les actes de ses personnages fictifs (dont certains étaient pour moi reconnaissables) et enfin, se dévoiler. Lui, le sauvageon, le secret, l'agoraphobe... lui qui a tant de mal à dire les mots qu'il sait si bien écrire ! En prenant ainsi un risque immense, celui-ci d'être jugé, critiqué, voire dénigré.
Eh bien, moi, je lui dit chapeau Tonino !
Peu d'écrivains connus prendraient le même risque. Et pour moi qui ai lu quasiment tous ses livres (sauf les BD), je dis que c'est l'un des meilleurs, sinon le meilleur. Car il met en mots, avec une incroyable maestria, toute la difficulté de vivre et d'exister avec une double culture, pour mieux s'en affranchir. Tout l'impact d'une mauvaise décision prise au mauvais moment, pour sans doute de mauvaises raisons, et le poids qu'une immigration, certes choisie, mais surtout subie, fait porter - consciemment ou inconsciemment - à toute une famille. le père qui passe à côté de sa vie d'homme et s'oublie dans le vin ; la mère, qui croyant vivre un conte de fée romantique (être enlevée par son prétendant, c'est pas rien quand même !) se retrouve dans un enfer quotidien et fait le choix de s'effacer de la vie ; les enfants qui, d'une façon ou d'une autre, portent la culpabilité à la place de leurs parents et n'osent aller vers les vies d'homme et de femmes qu'ils auraient voulu se choisir. Sauf peut-être l'auteur, Tonino (mais à quel prix ?) qui, malgré les questions sans réponse, malgré l'indifférence et l'absence d'amour, malgré la misère sociale et la honte de vivre là, malgré son absence d'accès à la culture, saura se démarquer de ce melting-pot de cris et de silences, d'odeurs, d'images, de décors, d'intonations de langue italienne et française pour se construire un imaginaire salutaire qui le délivrera du réel pour mieux le nourrir et lui permettre de survivre à un destin écrit d'avance.
Résilient (concept cher à Cyrulnik), Tonino Benacquista l'a été dès qu'il a mis les pieds sur la terre française, car, de fait, son statut de natif l'exonérait d'une loyauté pesante. Il n'avait pas, contrairement à d'autres, à choisir. Il était Français. Mais, dans son contexte, être Français ne lui suffisait pas pour exister pleinement. Malgré son air de dilettante assumé, il s'est battu pour ne pas être "comme eux", ses parents, son frère, ses soeurs qui n'ont pas eu le choix, ses potes qui n'avaient comme seul horizon le chantier naval Rocca ou le garage du coin. La résilience est souvent histoire de rencontres. En cas de parents défaillants, les tuteurs de résilience peuvent être des enseignants, un prêtre communiste, des amis engagés, des employeurs bienveillants. Manifestement, il les a trouvés sur son chemin et c'est tant mieux car il ne serait pas devenu l'excellent auteur qu'il est devenu.
J'ai tellement aimé ce Tonino qui se dévoile et qui donne à voir la palette de ses goûts (je connaissais sa passion pour le cinéma) et de ses dégoûts (j'ignorais son aversion pour les livres qu'il a finalement découverts sur le tard). J'ai aimé redécouvrir les membres de sa famille sous son regard. J'ai tellement compris son ressenti pour l'avoir vécu moi-même (en tant qu'aînée d'un père immigré Italien arrivé en France en 1958 et qui ne savait que signer son nom). J'ai aimé son récit des vacances italiennes avec les paquets de café dans les bagages (mon père, lui, jouait l'américain avec sa Ford Taunus verte métallisée et offrait des barbecues géants à tout le pâté de maisons. J'ai compris son dédain pour le ciociaro et son respect pour la vraie langue italienne (notamment celle qu'on apprend à la lumière des textes des grands auteurs). J'ai regretté d'apprendre son isolement (mais je peux tellement le comprendre) et je me suis amusée à lire les potentiels destins américain et italien de sa famille si... son père avait pris la bonne décision au bon moment. Petite pirouette pour dire que se dévoiler n'a qu'un temps, et que seule la fiction est la seule qui vaille !
Bref, si vous connaissez l'auteur, vous aimerez découvrir au travers de Porca Miseria l'homme fragile, mais aussi déterminé qu'il est.
Et je ne doute pas un seul instant que si vous découvrez, pour la première fois, Tonino Benacquista à travers son autobiographie, vous aurez à coeur de découvrir, très vite, ses nombreuses et très célèbres fictions dont certaines lui ont valu de nombreuses récompenses.
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Magnifique livre dans lequel l'auteur retrace le parcours de ses parents immigrés italiens. Tonino Benacquista interroge son rapport à la langue, son appartenance, et c'est passionnant. Gros coup de coeur pour cet ouvrage riche. J'en recommande la lecture
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Tonino Benacquista est surtout connu mondialement pour ses « policiers », mais dans Porca Miseria il raconte son enfance, ses souvenirs, son parcours de fils d'émigrés italiens, ses parents « mal assortis ». Les Benacquista sont des paysans têtus et endurcis alors que les Polsinelli, la branche maternelle, sont issus de la petite bourgeoisie et ont des manières et de l'éducation. le jeune Tonino déteste l'école et la lecture, mais il aime écrire. Ce récit est une déclaration d'amour à la langue française même si l'auteur résiste très longtemps à la littérature, c'est une déclaration d'amour à son père même s'il déteste son addiction à l'alcool, c'est une déclaration d'amour à sa mère qui souffre de « mélancolie ». Vraiment un excellent livre. YR
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Porca Miseria ou comment un fils d'émigrés italiens analphabètes devient écrivain . Tonino, né en France, est le petit dernier de 5 enfants . Il se retrouve vite seul avec ses parents dans un immeuble de Vitry- sur- Seine avec son père Cesare alcoolique et sa mère dépressive qui n'a jamais supporté l'exil . Dans de courts chapitres, il raconte la famille, l'école et son entrée dans l'écriture alors qu'il n'aime pas lire. Vivant, émouvant et très agréable à lire, de quoi redonner espoir à ceux qui ont été malmenés dans l'enfance.
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Roman extraordinaire lu dans le cadre d'un jury littéraire (prix trophée Elle). L'auteur maîtrise son style qui est fin, fluide et orignal. Malgré quelques passages qui peuvent apparaître comme lourds, le roman demeure tout de même bon, agréable et permet de véritablement cerner les rouages de la stigmatisation envers ceux qui ne nous ressemblent pas. A lire!
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L'auteur nous raconte son enfance avec émotions, pudeur, humour aussi et il m'a conquise.
Tonino, son frère, ses trois grandes soeurs et leurs parents immigrés italiens, vivent en banlieue parisienne. Tonino est le seul né en France.
Cohabitent avec eux deux autres « personnages » : l'alcoolisme du père, et la dépression de la mère (tous deux engendrés par la nostalgie du pays doublée de la fierté de ne pas y retourner). Malgré cela, les enfants ne manquent de rien, à part d'un peu plus d'attention de leurs parents.
On suit Tonino à l'école, on le voit apprendre, se confronter aux professeurs, passer du temps avec ses camarades de jeu.
Et le petit garçon qui n'aimait pas lire, se met soudain à aimer écrire.
Au départ, n'ayant pas envie de rendre copie blanche, il écrit des petits textes à la place de répondre à ses interrogations de mathématiques ou de sciences. Certains profs l'ignorent, une autre l'encourage. La créativité et l'audace ne le quittent plus.
Jusqu'au jour où il osera pousser les portes d'une maison d'édition.
Si ce roman m'a tellement plu c'est probablement parce que l'on y parle d'enfance (ce que nous vivons et qui détermine ce que nous serons plus tard).
Une autre explication serait que, comme j'ai lu plusieurs livres de cet auteur, j'ai été intéressée par les passages où il évoque la genèse de ses futures publications.
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Envie de lecture instantanée de ce récit personnel de l'auteur, de son désir d'aborder sa vraie histoire.
L'homme me touche dans sa sincérité, sa bonhomie, son franc-parler et son humour décalé.
"Porca miseria" est une expression qui claque, c'est un juron qui lie à la fois
misère, pauvreté et fatalité.
On connait tous aujourd'hui l'ampleur de la diaspora italienne, peut-être la plus grande du 20° siècle.
Ce besoin de survie des Italiens et leur envie de quitter leur pays pauvre et sans ressources a accompagné mon enfance dans le pays de Liège, bassin des mines et de la sidérurgie comme en France, proche de nos frontières.
Ces exilés arrivés en masse pour compenser un manque de main- d'oeuvre
dans nos années de prospérité après guerre.
L'époque de Benacquista, c'est les années 50 et 60, d'autres immigrations sont survenues plus tôt.
Ces dépaysés avaient déjà des précurseurs et cette nouvelle génération était mieux accueillie sur la terre de France.
Plus trop d'insultes genre "sales macaronis"...
La famille de l'auteur reste malgré tout figée dans leur douleur d'un déracinement profond, on en découvrira plus en lisant ce récit.
Ici le propos est magnifique, c'est celui de l'écriture et de la lecture.
C'est l'histoire d'une conquête, celle de la langue française avec des parents repliés dans leur italien comme pour ne pas perdre tout à fait leurs racines.
Les frères et soeurs de Benacquista ont dépassé cette peur pour mieux s'intégrer et ouvrir leurs voix (voies).
L'auteur nait dans ce pays d'accueil et apprend cette langue à la naissance, le parler des rues.
Instruit dans ce nouveau pays, la lecture lui est difficile, il préfère aux livres
le droit de ne rien faire et jouer aux billes avec ses copains.
Heureusement pour nous, l'écriture lui sera plus spontanée et naturelle.
Après des romans de fiction inventée, il éprouvera le besoin de trouver les mots pour raconter ses apprentissages.
Il ne quitte pas le romanesque, il écrit pour se venger de son vécu pour trouver un sens à son parcours déroutant.
Sincère, drôle, émouvant agréablement.
Bijou littéraire.










)
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Les auteurs ne m'ont jamais intéressé.

Je me moque de mettre un visage sur un nom. C'est toujours une horrible découverte.

Mon inconscient refuse de voir le géniteur de l'oeuvre qui m'a séduite.

La vie privée de l'auteur a-t-elle une importance ?

Or, Porca Miseria est l'histoire du romancier !

Et là, ô surprise ! Je découvre qu'un romancier n'est pas forcément un grand lecteur. Jusqu'à là, je prenais les romanciers pour des saumons : ils remontaient à leur source des récits.

Et encore mon coeur de midinette bondit et fond dans un seul mouvement quand je lis que les parents de Tonino Benacquista sont originaires respectivement de Sora et d'Arpino (qui est, soit dit en passant aussi la cité natale de Cicéron - le monde est petit, mais pas aussi petit qu'Arpino)

Mais bon, passons …

Porca Miseria est d'abord l'“histoire de comment un enfant devient un romancier”, je ne m'avance à dire “autobiogaphie” car, rapide vérification faite, la couverture de ne le mentionne pas. Alors, est-ce une des nombreuses niches de ce qu'on appelle maintenant l'auto-fiction ? Je préfère au moment où j'arrive aux épisodes de l'agoraphobie et de l'alcool, parler de “confessions”.

Ce récit est-il une uchronie ? M. Traube, mme foux, mme Bruissert, mme Maréchal, mme Delorme, tous ces professeurs de français que le bachelier Benacquista confesse avoir grugé pendant toute sa scolarité reconnaitront-ils leurs noms avec ébahissement ?

C'est un livre touchant d'humanité, qui sonne juste.

Le passage qui m'a le plus plu est la description d'Une vieDe Maupassant. J'ai eu une pensée pour mes enfants qui en ce début du XXIème siècle n'y échappèrent pas, tout comme leurs prédécesseurs quarante ans auparavant. A l'Education Nationale, certaines choses sont immuables...

Porca Miseria est sans conteste un des meilleurs livres de cette année. Pour preuve : je n'ai pas vu venir la dernière page qui m'a prise par surprise. J'ai fait “oh !” et j'ai failli protester. Dis, monsieur Benacquista, pourquoi tu les fais pas plus longs tes livres ?
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Accéder à la lecture, ce n'était pas gagné pour ce fils de migrants italiens. La faute peut-être à ce que les programmes officiels imposaient aux enfants, des textes dans une langue inaccessible souvent aux classes populaires...
Réfractaire donc, puis un jour ,avec Maupassant, ce fut la révélation:" Et me voilà devant le pont levis de cette citadelle. On m'invite à entrer: viens, on t'a fait une place[...]
Je suis accueilli par une joyeuse communauté d'initiés, d'esprits éclairés, et aggranchis, qui tous ont pour point commun d'avoir lu Une vie.Je suis des leurs. "
Cette dernière phrase reprend celle d'année Ernaux, dans La place, lorsqu'elle prend conscience qu'elle ,fille de modestes épiciers, devenue professeur agrégé, elle côtoie les membres de la bourgeoisie, elle aussi dit : je suis des
leurs"
Merci Monsieur Benacquista pour cet ouvrage rétrospectif, et les précédents, qui m'ont souvent amusée, ou fait réfléchir.
Au plaisir de vous lire encore.
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