Ecrire, c'est être présent de tout son être dans l'opaque. Et tant pis pour le reste.
Je ne cesserai pas d'écrire, de lire.
C'est ma façon d'aimer.
Notre âge est sans limite. Et personne ne peut dater l'origine de mes larmes.
Nous sommes libres d'éprouver dans le même élan le soupir de l'enfant et celui du vieillard.
Nous respirons
c'est notre souffle qui est le temps.
J'ai entendu la musique de mon père. J'ai entendu la musique de ma mère. C'étaient musiques étrangères l'une à l'autre. Ils se mêlent en moi. C'est cela être la fille de. Je suis leur fille.
Je marche.
Exilés tous les deux. Et juchés sur les mots, cherchant petite place où vivre. J'avance
J'habite le vent mieux que les maisons.
C'est vous qui choisissez aussi lorsque vous lisez. Celui qui lit s'aventure avec celui qui écrit. Il se risque.
Mes mots disent que nous sommes semblables.
Dans ma tête, sous ma peau, les mots. Je parle tout bas en ramassant des cailloux. Je remplis mes poches. Je suis sur terre. Je fais partie.
J'ai temps de mal à accepter.
C'est avec les mots que j'ai ramassés sous ma langue que je suis devenue cette femme aujourd'hui qui peut dire sa colère, son amour.
Les armées n'ont jamais protégé personne du malheur.
Elles protègent les pays.
Elles protègent les intérêts.
Elles protègent les frontières.
Mais notre frontière à nous,qui la protège? Qui nous permet de rester humain,à l'intérieur de nous ?
J'ai appris un jour que pour faire un pas, l'être humain met en déséquilibre nombre de muscles et rétablit l'équilibre en posant le pied par terre. A chaque fois. C'est au prix de la chute possible. Bien sûr. Mais c'est ainsi qu'un être humain marche.
Alors je marche.
J'écris pour moi, pour eux. J'écris pour tous ceux qui veulent tenir une promesse de vie.
Comptons sur nos doigts les émotions qui nous tiennent éveillés. Ce sont les mêmes pour tous. Vous, moi, nous les avons connues très tôt. L'enfance n'ignore rien. Nous avons éprouvé très tôt. Continuons.Et puisque nous avons grandi, continuons. Nous n'en finirons pas.
Il n'y a pas d'autre moyen d'être entier. Et nous ne vivrons pas au détail.
A l'heure où l'on nous parle partout d'assurance à prendre, de prévisions et de protection, je dis qu'aimer c'est risquer. je dis que vivre c'est risquer.
Je revendique le risque.