Le Prêtre Jean

Ce roman a pour cadre le Portugal des années 1917-18. Mais, tout au long du récit, le lecteur est invité à revisiter l'histoire récente de ce pays.

Désirant mettre fin au désordre de la République, Sidónio Pais (authentique personnage) prend le pouvoir par coup d'Etat le 8 décembre 1917. Au départ admiré du peuple, ce dictateur se fera élire président le 8 avril 1918. C'est dans ce contexte qu'apparaît Guilherme de Dias de Penafiel. Importateur-exportateur de 42 ans, il réside à Gondar en Abyssinie (Empire d'Ethiopie, où une partie de sa famille, en opposition au régime en place, a décidé trois siècles auparavant de s'exiler). Il débarque ainsi au Portugal avec le secret projet de restaurer la monarchie et de réhabiliter la dynastie des Aviz. Pour cela, il est accompagné d'Alverde, qu'il a rencontré grâce aux dires d'un vieux moine à l'article de la mort. Personnage énigmatique, Alverde, serait la descendante de Sébastien Ier, dernier souverain de la dynastie ; et, preuve à l'appui, elle pourrait belle et bien remonter sur le trône. A moins que cela ne soit plus compliqué que prévu...

Ce roman très historique aura également comme toile de fond la légende du Prêtre Jean selon laquelle il existerait quelque part un mystérieux royaume chrétien que personne ne saurait situer (en Inde ? en Afrique ? ailleurs ?). Pourquoi la force de cette légende pour les Européens? Car ce supposé puissant royaume pourrait être un soutien potentiel à l'Europe contre les musulmans, puis par la suite contre l'empire ottoman. La recherche de ce royaume poussera les Européens à explorer chaque piste jusqu'aux Indes. Les Portugais, tout particulièrement, ne cesseront de le chercher et leurs missions atteindront finalement vers la fin du 15ème siècle l'Éthiopie ; pays où il estime avoir identifié le Négus, empereur de l'Ethiopie et effectivement chrétien, comme étant le fameux Prêtre Jean. Dans le roman, de l'arrivée au Portugal de Guilherme de Dias de Penafiel en provenance d'Ethiopie, nous en comprenons aisément la symbolique de la légende du Prêtre Jean.

Cette critique rend compte d'un roman qui fait une très large place à de nombreuses explications historiques. Mêlant réalité et fiction, le déroulé narratif est basé sur des événements historico-politiques où apparaîtront pléthore de noms d'hommes et de femmes, de lieux, de dates, de chiffres... Rédigé en 1952, ce n'est certainement pas le plus abordable des romans de Pierre Benoît, tant la profusion des informations est dense, tant celle-ci peut parfois même aller jusqu'à saturer le récit, heurter la fluidité de la lecture. Roman assez "cérébral" qui témoigne une fois de plus de la volonté de l'auteur à nous transmettre ses connaissances acquises lors de ses nombreux voyages (notamment sa rencontre en 1935 avec Haïlé Sélassié 1er, l'Empereur d'Ethiopie).

Au cours de ces nocturnes entretiens, il arrivait à Guilherme de constater que, tout d'un coup, elle n'était plus à la conversation. Il y avait des moments où il la surprenait en train de se regarder dans un des miroirs métalliques, à la dérobée.
– Il y a également une chose, disait-elle alors, dont je ne suis pas certaine que nous nous soyons assez préoccupés.
– Laquelle ?
– Eh bien, j'ai un peu honte à te l'avouer, mais il ne me déplairait point d'être sûre que, physiquement, mes futurs sujets me trouveront à peu près à leur goût. A quoi cela m'avancerait-il de réunir toutes les qualités politiques de mon grand-oncle, le roi João II, le Prince parfait, si ce fameux brouillard ne devait s'entrouvrir que pour, finalement, laisser apparaître un laideron ?
Guilherme souriait.
– Je crois que vous pouvez être pleinement rassurée à cet égard.

– Tu dis cela ! Tu dis cela ! Mais n'es-tu pas à la fois juge et partie ? Ce n'est point de mots dont j'ai besoin, mais de faits, d'exemples ! Essaie de m'en trouver. Là, voyons, en toute franchise, me juges-tu aussi belle que la reine Philippa de Lancastre ?
– Vous vous arrangez pour vous en tirer à bon compte. Cette grande reine était d'origine étrangère. Et, de ses innombrables vertus, il me semble que celle que l'on se soit le moins plu à vanter en elle était la beauté.
– Tâche d'être convenable pour mon aïeule, je te prie ! Et aussi belle, dis-moi, alors, que la belle Anne de Mendoza ?
– de ce côté-là non plus, je ne vois pas que vous ayez grand-chose à craindre.
– Et que Leonor Teles ?
– Ah ! Celle-là, tout le monde, hélas, sais qu'elle était ravissante ! Cependant, en ce qui me concerne… Et quelque chose me porte à croire que je ne serai point seul de mon avis.
– Et que Violante Gomes, la mère du prieur de Crato ?
– La Pélicane ? Ravissante aussi. Mais j'avoue ne pas avoir de renseignements bien précis.
– Et, dis-moi, dis-moi encore ! Après, je te jure que je ne te poserai plus une seule question ! Plus belle – tiens-toi bien ! – plus belle qu'Ines de Castro, peut-être ?
M. de Penafiel éclatait de rire et, mettant un genou à terre :
– Sans doute aussi ! Mais Votre Altesse royale n'a-t-elle tout de même pas l'impression qu'elle va finir par m'en demander un peu trop ?

Je ne savais pas que l'on pouvait attribuer strictement le même commentaire à des livres différents : Feux d'artifice à Zanzibar, Fort-de-France, le prêtre Jean … et peut-être d'autres? En tout cas, l'information fournie et inexistante et m'a amené à supprimer ces trois livres de mes intentions d'achat.