L'historien
Georges Bensoussan, connu pour avoir coordonné Les Territoires perdus de la République, nous livre le récit désolant des épreuves judiciaires qu'il a affrontées à la suite d'une déclaration faite lors d'une émission sur
France Culture.
De quoi l'accusait-on ? En 2015, Bensoussan a eu le courage de dénoncer la recrudescence d'un antisémitisme arabo-musulman dans notre pays. Lors d'un débat, il a cité
Smaïn Laacher, un sociologue d'origine algérienne, lequel a déclaré : « (…) cet antisémitisme, il est déjà déposé dans l'espace domestique. (…) et il est quasi naturellement déposé sur la langue, déposé dans la langue. Une des insultes des parents à leurs enfants quand ils veulent les réprimander, il suffit de les traiter de juifs. Mais ça, toutes les familles arabes le savent. » Bensoussan reproduit de mémoire cette déclaration : « (…) dans les familles arabes en France, et tout le monde le sait mais personne ne veut le dire, l'antisémitisme on le tète avec le lait de la mère. » En réponse à son contradicteur, le politologue
Patrick Weil, Bensoussan prend soin de préciser que ses propos ne visent pas « l'ensemble » des familles arabo-musulmanes, mais seulement « une partie ».
C'est le début des ennuis. Quelques jours plus tard, une certaine
Laurence de Cock, professeur d'histoire engagée à gauche et notoirement proche du courant de la pensée « décoloniale », présente une pétition signée par 23 personnes dénonçant « ces paroles haineuses, juridiquement condamnables, politiquement et moralement insupportables, et surtout totalement indéfendables ». Elle demande « une condamnation ferme du CSA ». Ses accusations sont relayées par Libération et le Monde. Ismaïn Laacher, sollicité par de Cock, proteste contre l'utilisation de ses propos par Bensoussan, obtient une « mise au point » lue au micro de
France Culture et porte plainte. Il retire sa plainte quelques semaines plus tard.
Cinq mois après l'émission,
Le Collectif contre l'Islamophobie en France (CCIF) fait un signalement au parquet contre
Georges Bensoussan. le Parquet donne suite et poursuit l'historien pour « provocation publique à la discrimination, à la haine et à la violence à l'égard des musulmans ». La Licra, le Mrap, SOS Racisme, la Ldh notamment s'associent au CCIF de triste mémoire (il sera dissous après l'assassinat de Georges Paty). S'ensuit un marathon judiciaire de quatre ans. L'historien est relaxé en première instance, en appel et en cassation. Les associations qui l'ont attaqué sont condamnées à lui verser 2.500 € au titre des frais de procédure.
Comme l'écrit
Georges Bensoussan, cette épreuve met en lumière le champ de plus en plus restreint d'une liberté d'expression qui, sous ouvert d'un antiracisme dévoyé, se voit bridée, voire étouffée. Elle met également en évidence "un processus de soumission devant l'avancée d'un islam politique dont toute critique est d'emblée bloquée par l'injonction de ne pas faire le jeu de l'adversaire". On reste pantois devant l'acharnement du Parquet à faire condamner
Georges Bensoussan, surtout en regard de l'encombrement des tribunaux.