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Nicolas Bérard (Autre)
EAN : 9782369352389
224 pages
Le Passager Clandestin (09/06/2020)
4.89/5   9 notes
Résumé :
La France compte plus de cartes SIM en circulation que d'habitant·es, et demain, avec l'arrivée de la 5G, ce seront tous les objets du quotidien qui seront connectés. Les voitures seront autonomes. Les foyers communicants. Les villes « intelligentes ». Mais est-on vraiment sûr que l'utilisation tous azimuts d'ondes électromagnétiques ne présente aucun risque ? Absolument pas, répond Nicolas Bérard au terme d'une enquête sur l'envers de cette « révolution technologiq... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
RESUMÉ

Passé l'introduction, le livre s'ouvre sur un ajout de dernière minute avant le départ en impression intitulé « 5G et Covid-19 » et daté du 13 avril 2020. Nicolas Bérard nous apprend que profitant de l'état d'urgence sanitaire, l'une des première mesure prise par le gouvernement, donc sans vote du parlement, a consisté à faire sauter les derniers contrôles entourant l'implantation des antennes relais. le décor est planté dès les premières pages préparant psychologiquement le lecteur aux nombreuses révélations et scandales démocratiques à venir.

Dans une première partie (environ 1/3 du livre), l'auteur explique comment, preuves à l'appui, les lobbies industriels et surtout celui des ondes et de l'électricité se sont infiltrés dans toutes les sphères de décision des politiques publiques. Ce-dernier plonge lecteur au coeur des arcanes d'un pouvoir corrompu où politiques et industriels ne sont que les deux faces de la même pièce passant de décisionnaire à influenceur, et vice-versa sans aucune vergogne.

Les deux-tiers restant de l'ouvrage, plus facile à appréhender, se focalisent sur la technologie 5G et ses impacts négatifs tant sur les enjeux sanitaires, sécuritaires qu'environnementaux

LES POINTS FORTS DE L'OUVRAGE

Un style percutant et incisif

"5G mon amour" est livre d'enquêtes de type "caméra au poing". le parti prit n'est pas de vanter les effets bénéfiques de la 5G déjà connus par le grand publique, mais au contraire de mettre en lumière les nombreuses zones d'ombres entourant cette nouvelle technologie. Pari réussi avec brillot et talent. Nicolas Bérard nous emmène sur les sentiers perdus d'un monde sans foi ni lois où les grands lobbies de l'énergie et des ondes se confondent avec les décisionnaires politiques et où aucun contre-pouvoir n'existe. Un monde d'argent, de corruption et de pouvoir allant à l'encontre des intérêts de la population quitte à sacrifier les libertés publiques et la santé des citoyens sur l'autel du profit et du pouvoir. le style d'écriture est percutant, incisif et engagé. L'auteur s'adresse au lecteur à la seconde personne du singulier, renforçant l'aspect immersif de l'ouvrage.

Des propos étayés et très bien documentés

« 5G mon amour », n'est pas un livre démagogique que l'on pourrait qualifier de « complotiste », mot valise servant contenir toute pensée critique opposée au système médiatico-polique en place. En effet, les propos et arguments de l'auteur reposent sur un travail de sourçage ne laissant aucun doute quant à un éventuel parti prit subjectif. Nicolas Bérard, offre un véritable travail d'enquête, au sens noble du terme, et toutes les informations sont facilement accessibles et vérifiables. La fin de l'ouvrage propose également un grand nombre de références sitographies ou encore bibliographiques pour aller plus loin dans la réflexion. On y retrouve également un référencement des principales associations pour avoir un engagement militant ainsi qu'un lexique des acronymes afin de faciliter la compréhension.

Les limites de l'ouvrage

Une première partie trop technique

La première partie du livre racontant les conflits d'intérêts et la collusion entre les politiques et les lobbys bien qu'intéressante sur le fond reste relativement compliquer à appréhender dans sa globalité pour des personnes non-initiées.
L'auteur choisis d'être concis et précis (avec de nombreuses entités aux acronymes complexes) là où cela ne semblait pas forcément nécessaire sur autant de pages puisque que les mécanismes sont déjà bien connus par tout citoyen lucide et ce, dans de nombreux domaines.

Un simple exemple sur quelques pages aurait suffi à démontrer que l'argent et le pouvoir corrompent et que beaucoup de décisions prises dans nos sociétés le sont pour des raisons d'enrichissement d'une minorité toujours plus restreinte.
Finalement, ce que l'auteur s'acharne à dénoncer sur une centaine de pages n'est autre que les fondements du capitalisme sauvage dans lequel nous évoluons.

Il aurait certainement été plus judicieux de réserver ce travail sur la deuxième partie de l'ouvrage et notamment sur les aspects liés aux enjeux sécuritaires de la 5G et du contrôle sur la population finalement assez peu développée.

Un monde noir, sans espoir

Les fans du film Matrix se souviennent certainement du passage où "Morpheus" révèle l'existence du monde réel, donc hors de la Matrice, à "Néo" en lui expliquant que la matrice n'est qu'illusion pour son esprit. On y voit alors un monde désolation et de chaos où les machines maintiennent l'espèce humaine en esclavage et se nourrissent de son énergie. Suite à cela le réflexe de "Néo" est de nier les propos de "Morpheus" et de fuir la nouvelle réalité offerte par ce dernier.

Cette métaphore reflète bien le ressenti exprimé par le livre. Nicolas Bérard, tel "Morpheus", offre au lecteur la pilule rouge de la vérité. le constat est cruel et le réveille peut-être d'autant plus brutal pour un lecteur non-initié. "5G mon amour" est un livre sombre sans véritable lueur d'espoir où l'auteur lui-même semble avoir abdiqué face à la monstruosité de ce projet. A titre d'exemple, on y apprend à la fin du livre qu'Elon Musk, célèbre milliardaire américain, à la tête de l'entreprise de voiture "Tesla" et via sa société "SpaceX" a pour projet d'envoyer dans les vingt prochaines années plus de 40 000 satellites en basse orbite afin de couvrir chaque mètre carré de la planète en réseau 5G.


RECOMMANDATION : à lire absolument

On ne peut pas, à proprement parler de « 5G mon amour » comme d'un chef-d'oeuvre, car le sujet et le format ne s'y prêtent pas et l'esthétisme littéraire n'est pas recherché par l'auteur.
5G mon amour est avant tout un livre pour les citoyens fait par un citoyen engagé, lucide et sincère sur les enjeux liés à cette nouvelle technologie qui va révolutionner nos modes de communication et nous faire entrer dans nouveau paradigme de société.

Face à l'omerta généralisée, « 5G mon amour » doit être absolument lu pour comprendre et appréhender les enjeux du monde numérique de demain. Faire un choix éclairé sur un enjeu civilisationnel aussi majeur que celui-ci nécessite d'avoir accès à une information objective et documentée y compris sur l'ensemble des implications négatives que celle-ci impliquera. C'est ce que propose cet ouvrage avec force et détermination.

POUR ALLER PLUS LOIN DANS LA REFEXION

À l'heure de la pandémie de Covid-19, cet ouvrage résonne d'autant plus fort et semble corroborer les propos de l'auteur. Face à la crise sanitaire, la réponse d'une partie des pays du monde est de confiner la population au mépris des libertés individuelles les plus élémentaires. En France, à l'heure de l'écriture de cette critique, un troisième « confinement » vient d'être adopté et l'ensemble du pays tourne au ralenti.
Les restrictions mises en place dans le cadre d'un état d'urgence sanitaire et sans aucune consultation démocratique visent, pour une grande partie d'entre elles, à limiter les interactions physiques entre les individus. Cette situation semble inexorablement accélérer la mise en place du monde numérique de demain et un nombre croissant d'activités qui hier encore réunissaient les citoyens semblent désormais devoir se faire par écrans interposés.

La question que l'on est en droit de se poser est donc de savoir à qui profite réellement cette pandémie ? Les décisions prises par les pouvoir publics vont-elles réellement dans l'intérêt de la santé des citoyens où sont-elles motivées par des raisons plus sournoises afin de créer un monde de plus en plus numérique et sous contrôle ? Il est grand temps que chaque citoyen se positionne
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LE LIVRE QU'IL FAUT ABSOLUMENT LIRE !

Nicolas Bérard est journaliste et enquête depuis de nombreuses années sur les questions de l'énergie, des ondes et de la smart city. Il a déjà publié un livre, sexy, Linky?, qui dénonce les effets néfastes de ce compteur dit intelligent.

Ici il en rajoute une sacrée couche concernant le déploiement de la 5G et il n'y va pas par 4 chemins. Tout est fait pour que rien ne vienne entraver ce déploiement. Il nous révèlent que bons nombres de médias (papier et télévisé) sont entre les mains de ceux qui possèdent SFR, Bouygue Telecom, Free, Orange, et que bons nombres de millirdaires y ont aussi de grosses parts. Tout est noyauté et un immense réseau agit en sous-mains pour "influencer" et faire capoter toute tentative de démontrer que les ondes sont nocives pour tout les être vivants. Même certains scientifiques sont achetés et ceux qui ne le sont pas sont vite écartés.

En bref, nous vivons dans un monde corrompus à tous les niveaux et jusqu'au plus haut du gouvernement. Les lobbies ont la main mise sur tout et il est donc quasiment impossible aux associations écologiques qui tentent de dénoncer le danger de se faire entendre.

C'est effrayant mais ça nous démontre que les infos sont manipulées sans vergogne, que des études sont biaisées et qu'ils enterrent tous les rapports qui pourraient nuire à leur extension non seulement nationale mais mondiale. Et si après ça vous croyez qu'on vous veut du bien, vous vous trompez gravement, ou alors vous avez choisi de rester sourd et aveugle. Édifiant!

Merci à Masse critique Babelio et aux éditions le passager clandestin pour m'avoir permis de découvrir ce livre passionnant.

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Par qui et comment sont établies les normes ? Quels sont les liens entre les opérateurs téléphoniques, les médias et les gouvernements ? Quels sont les effets des ondes électromagnétiques sur la santé humaine et le vivant ? Autant de questions que Nicolas Bérard, journaliste à L'âge de faire, prend le temps de se poser et d'en trouver les réponses, avant que tous nos objets du quotidien ne soient connectés avec le déploiement de la 5G.
(...)
Nous nous plongeâmes dans ces pages, avide d'y dénicher quelques arguments de ceux dont on emplit la colonne « contre » avant de trancher. Non seulement nous en trouvâmes des tombereaux mais plus encore, pas le moindre soupçon de bonne raison de croire en la nécessité de la 5G, tant sont flagrants les faisceaux de collusions, de mensonges et de manipulations. Un réquisitoire sans le moindre bénéfice du doute contre « le dernier rejeton du vieux monde industriel ». le tutoiement et l'apostrophe régulière du lecteur pourront déranger certains, mais cette liberté de ton rend certainement plus digeste la haute technicité des informations exposées ici. Vulgarisation réussie.

Article complet sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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« 5 G MON AMOUR » de Nicolas Bérard est un livre au format poche, facile à lire ; une sorte de complément d'enquête qui nous ouvre les yeux sur la face cachée des réseaux mobiles.

Après la 3G en 2001 et le déploiement de la 4G en 2012, la mise en place de la 5G est inéluctable à l'horizon 2020. Pour rappel la 5 G est la 5ème génération de technologie réseau mobile qui nous vante un débit ultra-rapide, une très bonne connexion pour nos mobiles mais aussi pour tous les objets connectés de nos maisons, la fin des zones non couvertes en France, dites "blanches". C'est certain, cela fait rêver. Je suis étonnée de voir qu'un certain nombre d'enquêtes et de commissions ont pourtant été menées. On se noie d'ailleurs dans tous les acronymes de ces services. L'impression qu'elles n'ont mené nulle part, ou bien qu'elles sont contre-carrées par les opérateurs, on parle alors d'industrie du doute. J'imagine volontiers, comme à une autre époque où l'on a découvert les méfaits du tabac et de l'amiante, que l'on découvrira sans doute d'ici quelques années les méfaits liés à ces ondes omniprésentes.

Je remercie Babelio et sa masse critique ainsi que les "Editions du passager clandestin - l'âge de faire" de m'avoir fait découvrir ce livre passionnant,
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A l'aube du déploiement de la 5G, Nicolas Bérard, journaliste indépendant, nous livre dans 5G mon amour une enquête très documentée sur la face cachée de ces ondes électromagnétiques qui n'oeuvrent pas qu'à notre confort et à notre bonheur… Un déploiement savamment orchestré par quelques grands groupes industriels, sous le silence et la caution de politiques et même de médias, chacun plus prompt que l'autre à récupérer les parts du gâteau empoisonné.
Un ouvrage riche, mais très facile d'accès, qui donne les clés pour comprendre la 5G et, pourquoi pas, rejoindre une association pour militer contre (citées en annexe).
A qui profite la 5G ? Comment les structures censées contrôler son déploiement ont-elles été noyautées ? Quelles conséquences sanitaires et écologiques sont à prévoir ? Autant de questions qui trouvent réponses pertinentes et terrifiantes dans ce petit ouvrage très complet, dans une collection (« L'Age de faire), aux Editions le Passager Clandestin, que je ne peux que vous conseiller car elle participe à l'éveil des consciences, en toute indépendance, et propose des alternatives citoyennes aux dérives technologiques qui menacent l'équilibre de la planète et de ses habitants, « dans un monde qui compte plus de cartes SIM en circulation que d'habitant-es ».
Merci à Masse Critique et au Passager clandestin pour la découverte de cet ouvrage qui m'a beaucoup marquée.
Bonne lecture.
Lisa.



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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
L’arrivée d’un réseau sans-fil de 5e génération est imminente, promet le gouvernement français. Mais comment fonctionnera ce nouvel équipement, censé marquer une «révolution» dans le domaine des communications mobiles ? Extrait de l’ouvrage à paraître 5G Mon Amour, enquête sur la face cachée des réseaux mobiles, co-édité par Le Passager clandestin et L’âge de faire.
Après le tout premier réseau sans-fil mis en place en 1981, puis celui de deuxième génération (2G) en 1992, la 3G en 2001 et la 4G en 2012, l’heure de la 5G a sonné. Il s’agit, jurent ses promoteurs, d’une «innovation de rupture», qui va permettre de multiplier les débits par dix, de diviser le temps de latence (durée entre le moment où tu cliques sur un bouton et où ton appareil reçoit l’information demandée) par autant et d’assurer les conversations des milliards d’objets connectés dont nous sommes censés nous équiper dans les années à venir.

En outre, cette nouvelle technologie va permettre de désengorger le réseau 4G, qui a parfois du mal à supporter tout le trafic actuel : dans un stade de football, au moment où ton équipe préférée marque un but et que tous les spectateurs veulent appeler leurs copains pour les prévenir de la bonne nouvelle, il arrive qu’ils n’aient pas accès au réseau. Un désagrément insupportable, assurément. Il était donc urgent de mettre en place un réseau supplémentaire. Car il faut préciser que la 5G ne va pas remplacer ses aînées, mais s’y ajouter. En termes d’ondes, cela se traduira donc par une couche supplémentaire de champs électromagnétiques dans l’environnement.

Techniquement, de quelle manière les opérateurs comptent-ils réaliser cette «prouesse»? Eux-mêmes ne sont pas totalement au point. Ils vont le faire, ils en sont certains, mais ne savent pas encore exactement comment. Nous connaissons tout de même les grandes lignes de ce qui devrait constituer ce réseau de nouvelle génération.

Une révolution en plusieurs étapes
Dans un premier temps, la «révolution» portera assez mal son nom. Il s’agira plutôt d’une évolution, du même type que celles qui nous ont fait passer de la 2G à la 3G puis à la 4G. Pour mailler le territoire, les opérateurs ont virtuellement découpé le pays en milliers de petites «cellules» – d’où le nom de réseau «cellulaire» –, à l’image des alvéoles d’une ruche. À chaque cellule, ses antennes. Le débit offert dépend ensuite du nombre d’utilisateurs présents dans une même cellule. Ce qui explique qu’il y ait beaucoup plus d’antennes dans les zones très peuplées – typiquement, les zones urbaines – que dans les régions à faible densité de population.

La technique de base pour augmenter les débits proposés est donc assez simple: multiplier le nombre d’antennes-relais, du même type que celles qui existent aujourd’hui, c’est-à-dire accrochées à des pylônes, installées sur des toits d’immeubles, camouflées dans de fausses cheminées, grossièrement déguisées en arbres, postées dans des clochers d ’églises, etc. C’est, dans un premier temps, ce à quoi vont s’atteler les opérateurs. De 200.000 «antennes hauteur» implantées en France pour faire fonctionner les trois réseaux existants (2G, 3G et 4G), on devrait passer à plus du double, ainsi augmenter les débits disponibles… et par la même occasion l’exposition du public aux champs électromagnétiques. Ces antennes 5G utiliseront des fréquences de 700 MHz à 6 GHz, sans toutefois dépasser cette limite.

La fameuse «rupture technologique» se situe dans un second temps, avec l’utilisation parallèle d’ondes millimétriques, autrement dit de micro-ondes, via des fréquences beaucoup plus élevées, comprises entre 26 et 35 GHz. Le réseau 5G est prévu pour être hiérarchique : les antennes en hauteur dont nous venons de parler arroseront les zones alentour pour assurer une couverture globale, mais communiqueront aussi avec de plus petites antennes, qui propageront pour leur part des ondes de très hautes fréquences. Pourquoi utiliser des fréquences si élevées?

Notamment parce que le spectre est déjà quasiment saturé dans la gamme de fréquences inférieures à 6 GHz, alors que la 5G a besoin d’une large bande passante – un «tuyau» d’un diamètre important – pour tenir toutes ses promesses : au minimum 400 MHz, et plutôt 1 GHz si possible. Pour trouver autant d’espace disponible ou pouvant être libéré par ses utilisateurs actuels, les autorités compétentes se sont donc orientées vers les ondes à très hautes fréquences.

Le problème, c’est que plus on monte en fréquence, plus la capacité de propagation d’une onde est faible. Au fond d’une grotte, tu captes plus facilement la radio FM que le réseau mobile, la première utilisant des ondes plus longues que le second. Pourtant, les portables actuels utilisent encore des fréquences beaucoup plus basses que celles de ces petites antennes, également appelées «petites cellules» 5G – ou encore «small cells» dans le jargon technique toujours friand d’anglicismes. Les champs électromagnétiques émis pour la 5G passeront donc difficilement à travers les murs. Ils ne traverseront pas les êtres humains (ce qui ne signifie pas que ce soit mieux pour leur santé, nous y viendrons). Pour les plus courtes, une simple feuille traversant le faisceau en tombant d’un arbre pourrait suffire à interrompre la connexion.

Le casse-tête des ondes courtes
Cela pose une évidente difficulté, puisque le réseau est notamment pensé pour faire rouler les voitures autonomes, qui ne doivent jamais perdre leur connexion, sous peine d’inévitables accidents. Alors, comment faire pour que l’automne – période à laquelle les arbres s’entêtent à se débarrasser de leurs feuilles – ne devienne pas la saison des collisions? Plus globalement, comment assurer la continuité des connexions avec des ondes stoppées par le moindre obstacle?

L’idée est de démultiplier le nombre d’antennes, et donc les possibilités de se relier au réseau. Si une voiture autonome est reliée simultanément à dix antennes, elle peut se permettre de perdre l’un des signaux. Lorsqu’il y avait 8 antennes pour la 2G, la 3G et la 4G réunies (le système de première génération n’existe plus), on en promet 64 pour la seule 5G. Et cela dans un premier temps, car les opérateurs prévoient ensuite, du moins en milieu urbain, d’en installer 256 !

Ces « small cells » doivent donc fleurir à tous les coins de rue. Les promoteurs parlent d ’une antenne tous les 100 mètres. Dans cette optique, l’État a déjà prévu de faciliter l’accès des opérateurs au mobilier urbain. Demain, lampadaires et panneaux de signalisation pourraient devenir autant de petites antennes. À Annecy , Montreuil, et au Kremlin-Bicêtre, où ont eu lieu des expérimentations en 2018, un accord avait ainsi été passé avec l’entreprise JCDecaux pour utiliser son mobilier : des antennes ont été installées dans ses panneaux publicitaires (petits et grands), ses abribus, ses colonnes Morris (1).

En outre, toute sorte d’objets connectés pourraient également servir d’antennes. C’est ce qui est notamment prévu pour les voitures autonomes. En roulant, un véhicule de ce type communiquera directement avec ceux qui l’entoureront afin d’éviter les carambolages: la voiture de devant freine, elle prévient celle du milieu, qui ralentit aussi, et envoie le signal à la bagnole de derrière pour qu’elle fasse de même. Quels seront les effets de ces milliers d’antennes sur l’exposition du public aux champs électromagnétiques ? C’est toute la question.

Nicolas Bérard

Ce texte est un extrait du livre
5G mon amour,
enquête sur la face cachée des réseaux mobiles,
de Nicolas Bérard, co-édité par
L’âge de faire et Le passager clandestin.
240 pages, 14 euros.
Disponible en librairie à partir du 06 juin.
L'âge de faire est un journal que l'on trouve en magasin bio et dans des lieux associatifs.
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La sécurité est également mise en avant par les chantres du tout connecté. La 5G rendrait possible le développement à très grande échelle de la vidéosurveillance et, comme la technique le permet, d’associer celle-ci à la reconnaissance faciale. La Chine, qui a déjà développé quelques milliers de sites en 5G, nous montre ce que cela peut donner: là-bas, en fonction de leurs attitudes, les citoyen•nes obtiennent une « note sociale ». Tu traverses la route alors que le petit bonhomme est rouge? Les caméras détectent la scène, scannent ton visage, l’associent à ta carte d’identité et font baisser ta note. Idem, si tu critiques le gouvernement sur un réseau « social ». Et si ta note baisse trop, tu perds certains droits, par exemple celui d’emprunter les transports en commun.
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De nombreuses expérimentations techniques ont déjà eu lieu en 2019, et se poursuivront en 2020 et 2021. À Lyon et Bordeaux, Bouygues Telecom va tester un réseau 5G grâce à des ondes millimétriques de 3,6 GHz. À Belfort et Châtillon, c’est Orange qui aura ce privilège. À Nantes et Toulouse, ce sera SFR. Free fera des essais à Paris, ainsi que ses trois concurrents. Les quatre opérateurs téléphoniques ne sont pas les seuls à procéder à des expérimentations. Le constructeur Nokia a obtenu des fréquences 5G dans plusieurs villes, tout comme le Laboratoire d’électronique et de technologie de l’information (Leti), une branche du commissariat à l’énergie atomique (CEA). On trouve également dans la liste des expérimentateurs des entreprises comme la SNCF, EDF, France TV, Airbus ou aéroports de Lyon.
Les industriels ont dans le même temps été autorisés à utiliser des fréquences beaucoup plus élevées. Dans les gare de Rennes et de Lyon Part-Dieu, au port du Havre, à la Défense à Paris, ce sont des ondes de 26 GHz qui seront testées. Cela avant que la moindre étude sur les risques sanitaires de ces ondes à très hautes fréquences n’ait été réalisée, et sans prévenir les habitant•es et les usager•es des lieux. Sache-le: en fonction de là où tu te trouves, tu sers peut-être de cobaye humain à l’industrie du sans-fil.
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Peut-être ce « gouvernement invisible » a-t-il connu des ratés? Il est en tout cas indéniable qu’il est souvent parvenu à ses fins. Un exemple frappant de sa puissance: les Étatsunien.nes doivent à Edward Bernays leur célèbre petit-déjeuner à base d’œufs et de bacon! Notre bonhomme comptait en effet, parmi ses clients, une société qui souhaitait augmenter ses ventes de charcuterie. Il s’est donc rapproché d’un médecin qui estimait que le petit-déjeuner devait être riche en protéines, par exemple avec des œufs et du Bacon. « Bernays lui fait consigner son opinion par écrit, l’envoie à 5 000 médecins pour avis. Presque tous apposent leur paragraphe. Le stratège fait parvenir l’ensemble à la presse, qui se hâte de s’en faire l’écho comme si il s’agissait de résultats d’une étude scientifique ». Les ventes de bacon ont explosé et font désormais partie intégrante de la culture culinaire étatsunienne.
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Connais-tu le site radiofrequence.gouv.fr? Non? C’est normal : en gros, personne ne connaît son existence à part ceux et celles qui l’ont créé. Ce site gouvernemental nous apprend six règles élémentaires permettant d’utiliser son téléphone portable en limitant les risques sanitaires. Évidemment, c’est à n’y plus rien comprendre, puisque ceux et celles qui l’ont créé nous assurent justement qu’il n’y a pas de risque! Les associations voient dans cette contradiction l’effet d’une « opération parapluie » : au cas où un scandale sanitaire lié aux ondes venait à éclater, le gouvernement pourrait « ouvrir le parapluie » pour se protéger des retombées, en prétextant qu’il nous avait prévenu.es.
En attendant, il ne fait surtout aucune publicité à ce site.
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Vidéo de Nicolas Bérard
La 5G, avatar du monde d'après ? C'est la question qu'on pose au journaliste Nicolas Bérard, auteur de 5G mon amour, enquête sur la face cachée des réseaux mobiles. La 5G serait le révélateur d'un monde énergivore que nous prépare les industriels. Elle interroge notre rapport à la consommation et questionne notre modèle de développement.
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