Mon esprit rebelle m’a poussée à inverser l’ordre des convenances et à ouvrir ce livre par « amour », qui représente un sixième sens sans lequel les cinq autres – la vue, l’odorat, l’ouïe, le goût et le toucher – manqueraient de l’indispensable. L’essence de la vie n’est-elle pas dans l’amour ? Que serait « voir » sans « vibrer », « sentir » sans « frémir », « entendre » sans « s’abandonner », « goûter » sans « chanceler », « toucher » sans « défaillir » ?
Quel plus bel acte d’amour que de donner la vie ?
Le théâtre est une histoire d’amour, amour entre le public et le comédien, mais avant tout du comédien vers le public. Il faut pour cela que l’artiste aille chercher au plus profond de lui la vérité qu’il va exprimer de façon intense et passionnelle, et tirer le meilleur de lui-même pour se donner. Oui, se donner. Jouer, pour un comédien, est un don de soi.
Ces êtres à part, de Nelson ancien clochard efflanqué et long comme un fil, au petit Bobo, tous en osmose ne forment qu’une seule énergie, mue par l’amour. Cet amour qui les habite, la chose la plus simple et la plus belle, transcende toutes les cultures. Qui que ce soit se retrouve dans cet échange, sans hiérarchie sociale.
Ce pourrait être une fable tant leur aventure est belle. Elle montre combien ces êtres ont surpassé les douleurs les plus dures et ont su les transformer en expression artistique brillante, par leur amour de l’autre, par leur amour des autres. Ils ont su transcender leurs souffrances pour en faire une œuvre humaine.
Formidable exemple de l’amour sans condition, le seul à mes yeux qui vaille.
L’abbé Pierre disait : « Plus j’avance en âge et plus je suis convaincu qu’il y a deux choses essentielles dans la vie : aimer et mourir. » Et pourtant, lui qui n’était qu’amour et humilité, a souhaité qu’on inscrive sur sa tombe, en épitaphe : « Il a essayé d’aimer ! »
Pour sa 4e édition, les 6 et 7 août 2010, L'ILE AUX LIVRES reçoit une centaine d'auteurs dans l'île de Ré dont David Foenkinos, Laurent Binet, Nicole Garcia ou encore Marisa Berenson.