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3,58

sur 782 notes
Au début je suis allée au feeling, je trouvais la couverture du livre magnifique et intrigante,
Une histoire hors norme des personnages haut en couleurs mais j'ai eu du mal à rentrer dans l'univers littéraire de l'auteure, que je ne connaissais pas, Je me suis demandée si j 'abandonnais ou pas ce roman. Je n'aime pas trop rester sur un mauvais ressenti au commencement, j'ai choisi de continuer et j'ai eu bien raison, je me suis laissée embarquer dans cette histoire Nous connaissons dés le début le meurtrier et le compte a rebours et commencé, Étienne décide de tuer sa femme, Vive, nous passons aux choses sérieuses, Un couple qui parait normal au début, tout pour mener une heureuse A partir de là nous allons entrer dans l'intimité ,la routine de vie d'un couple,
Pour ViVe 10 ans de vie commune, au
et avec moult réflexion, elle décide de se libérer ,et partir,
Nous assistons a la chute vertigineuse, chute dans les méandres de la folie avec un point de noms retour pour Gabriel, entre sa femme et son métier, sa vie ne tient qu'à un fil, un cheveu,
La psychologie de Gabriel est travaillé en profondeur, cela fait peur, plus il avance, plus la folie le gagne, il devient totalement schizophrène, rien ni personne ne pourront l'aider, Pour lui un seule moyen tuer sa femme, sa devient une obsession, tout est programmer dans sa tête, ce cheveu qui le reliait dans la normalité se brise, Un questionnement notre vie ne tient qu'à un cheveu, la couverture relate le contenu du roman,
La plume de l'auteure est fluide, agréable, percutante, subtile, arrosée d'une point d'humour, malgré la noirceur du roman,
La lecture est glaçante, terrifiante . Nous ressentons impuissant face à ce drame, la réalité prend la place de la fiction. Nous laissant dans le questionnement
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Séduit par la superbe quatrième de couverture, je me suis plongé dans ce drame dont le dénouement est révélé dès la première page « trois jours plus tard, dans la nuit de jeudi à vendredi, Etienne tuerait sa femme ».

Pour quelle raison Etienne Lechevalier va-t-il envoyer ad patres Violette Jonquier, sa légitime épouse, que chacun prénomme Vive ?

En disséquant ces trois journées, en autopsiant les dits et les non dits du couple, en les insérant dans leur cadre social et professionnel, Claire Berest nous immerge parmi les Bobos qui hantent le Paris culturel et médiatique et adorent Greta Thunberg.

Elle est photographe, il est correcteur chez l'éditeur « L'instant fou ». C'est la quatrième enfant d'une famille provinciale aisée, il est fils unique d'une mère célibataire qui lui a légué, en décédant, un appartement et des biens. Ils y vivent, au milieu du quartier branché des Quinze-Vingt. Extravertie, elle boit, elle fume, elle aime « le pôle nord » ; introspectif, psychorigide, il ne boit pas, ne fume pas, ne drague pas, mais il dissèque les mots, les phrases et les expressions.

Leur vie sociale est d'autant plus active qu'ils n'ont pas de progéniture. Ils courent de cocktails en vernissages, et sont abonnés à un concert hebdomadaire de musique classique. En apparence, un couple sans histoire.

Mais Etienne classe sa bibliothèque par ordre alphabétique des titres des ouvrages !
Signe manifeste de folie … qui justifierait son internement immédiat en asile psychiatrique !
Voici la preuve qu'il est déséquilibré ; que le pire est à redouter !

Et le pire arrive, évidemment, dans l'indifférence des voisins qui se contentent de tapoter le plafond d'un coup de balai quand la folie ravage bruyamment et nuitament l'appartement du couple.

Ce roman m'a emporté. Moins « perché » que les textes de Hélène Gestern, il nous plonge dans la spirale de séparation décortiquée dans « Un vertige » et dans un microcosme parisien qui n'a rien de commun avec « Les pyromanes » et le fin fond de la normandie. Mais il est tout aussi passionnant.

Claire Berest jongle avec les mots et éblouit le lecteur avec un découpage de l'intrigue très cinématographique. Ses phrases, par leur articulation, créent une atmosphère parfois étouffante, voire irrespirable. Elle se singularise en innovant une mise en page déconcertante en passant à la ligne après une virgule. Dommage qu'Etienne Lechevalier n'ait pas relu ce manuscrit, je parie qu'il aurait collé un post it rouge à chaque bizarreté. Espérons que, après les délires de l'écriture inclusive, nous échappions à une épidémie d'écriture dégoulinante.

A cette petite réserve près, je recommande vivement cet ouvrage, que je range dans ma bibliothèque juste après « La carte Postale » de sa soeur Anne Berest … comme imposé par un classement par ordre alphabétique d'auteur.

PS : ma lecture de « La carte Postale »
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Out of control

L'épaisseur d'un cheveu. Ce n'est pas grand chose.
Ce n'est presque rien.
Presque.
Mais quand tout ne tient qu'à un fil, le presque devient tout. Celui qui fait basculer l'équilibre fragile d'un univers, d'une vie.
Trois jours plus tôt, rien ne laissait présager qu'Etienne tuerait Vive, sa pétulante et pétillante Violette.
Enfin presque.

Étienne est correcteur pour l'Instant Fou, une maison d'édition au nom prémonitoire. Il a un grand projet. Il va enfin cesser de paraître incolore et fade aux yeux des autres. Vive, son épouse, a elle aussi un projet artistique et surtout des envies d'indépendance.
Il faut dire qu'Etienne n'est pas toujours facile à vivre.
Psychorigide au quotidien, il impose sa routine. Ses concerts de musique classique le mardi. Ses voyages aux accents de pèlerinage en Italie chaque année.
Mais Vive veut vivre. Autrement. Vive veut s'épanouir.
Alors quand elle annonce à Étienne que ce mardi elle n'assistera pas au concert avec lui, la routine de ce couple ordinaire avec ses hauts et ses bas va progressivement se désintégrer pour laisser place à un véritable cauchemar..

Claire Berest, dans un style qui n'hésite pas à puiser dans les ressources du chaos, restitue ici de manière troublante l'indicible. La chute vertigineuse d'un homme dans la folie.
Nous assistons, spectateurs impuissants, au flux d'une marée ténébreuse qui n'en finit plus d'engloutir ce couple dans ses abîmes.
Chaque page tournée nous interroge sur les ravages provoqués par la perte de contrôle de cette part d'ombre qui se terre en chacun de nous et qui ne demande qu'à s'étendre jusqu'à profiter d'une faiblesse de l'infime.




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Depuis quelques années, les féminicides ont le vent en poupe chez les romanciers et c'est tant mieux si cela peut dénoncer des situations dramatiques. Les chiffres sont éloquents : 118 femmes tuées par leur compagnon ou leur ex en 2022. Alors, il peut sembler intéressant, par le truchement d'un roman, de suivre l'histoire d'un couple pour essayer de comprendre le passage à l'acte de l'homme.

Étienne Lechevallier, homme angoissé et obsessionnel, est marié à Vive, photographe à l'esprit bohème qui réfrène souvent ses envies pour ne pas déclencher de crise chez son mari. Elle le trouve psychorigide tandis que lui se sent incompris et la trouve ingrate et inconséquente. Même sa façon de s'exprimer lui déplait. Jusque dans son travail de correcteur, Étienne se croit missionné de la lourde tâche de veiller sur une littérature et une langue irréprochable au point de réécrire à sa façon les manuscrits qui lui sont confiés.
On sait, dès les premières pages, que l'histoire se terminera trois jours plus tard avec la mort de Vive tuée par son mari. Pas de suspense donc si ce n'est de savoir quand Étienne portera les 37 coups de couteaux sur sa femme.
Rien ne laisse deviner cette violence soudaine chez un homme qui n'est pas brutal, mais immature, un homme qui a peur de passer inaperçu ou de n'être pas suffisamment aimé. Il souffre aussi de synesthésie, il a donc des perceptions anormales qui se traduisent par des couleurs. Sa jalousie maladive provoque un malaise dans son couple ou sa femme tente de garder un équilibre précaire en faisant des concessions. Et puis, un jour, elle n'en peut plus de cette vie étouffante et étriquée.
Et dire que ce couple est ensemble depuis une dizaine d'année ! Difficile à croire avec la vision qu'Étienne a de sa femme dont il déteste pratiquement tout, à commencer par ses talents artistiques qu'il met en doute. le grand génie, c'est lui, et elle devrait l'aider plutôt que de s'intéresser aux autres qui sont sans intérêt à ses yeux. A part la musique de Mahler qu'il adore et qu'elle ne comprend pas.
Claire Berest se plait à nous déballer la personnalité toxique de son personnage principal, à le fouiller jusque dans ses moindres pensées. Ce qui nous le rend particulièrement antipathique.
On aimerait y croire mais il m'a été difficile d'entrer dans la vie de ce couple de bobos parisiens manifestement pas heureux. Je n'ai ressenti aucune complicité avec ces personnages fabriqués pour illustrer un thème. Certes, il s'agit d'un féminicide, ce qui est à prendre au sérieux, mais on s'ennuie ferme dans ce roman qui manque cruellement de tension narrative.
Quant au style, je l'ai trouvé affecté et sans envergure.
Roman aussi vite oublié que lu !

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Je pourrais…
… M'alarmer du lent pourrissement d'un microcosme littéraire qui recycle ses sauteries et ses états d'âme (encore un roman sur le milieu éditorial)…
… Déplorer l'énième version d'un couple parisien qui se désagrège, et regretter ainsi le manque d'imagination de l'auteure…
… Avouer que je n'ai pas cru à cette histoire (les lettrés sont lâches, ils passent rarement à l'acte ; ou alors c'est du plagiat de « Shining »), prétexte à de nombreux clichés et à de rares passages enthousiasmants (pages 87, 140, 158)…
… Citer ces références (ex : Cattelan, Mahler, himitsu, Shalimar, Arts Forains, Biolay…) qui marquent un territoire intello-socio-culturel plus qu'ils n'éclairent le lecteur…
- M'agacer de tous ces mots en majuscule pour nous expliquer que le ton MONTE…
… M'étonner du portrait de l'écrivaine en quatrième de couverture (ô vanité), comme si son minois suffisait à nous convaincre de son talent…
… Parler de posture plutôt que d'écriture…
… Mais l'essentiel n'est pas là.
L'essentiel, c'est que me suis ennuyée et que rien, selon moi, ne pourra justifer un intérêt excessif pour ce roman si ce n'est l'adoubement de ses pairs et l'indulgence coupable dont bénéficient les influents.
Bilan : 🔪
PS : ceci n'est pas un SP mais un prêt de ma libraire. Fidèle à mes principes, j'achèterai ce roman au moment de sa sortie officielle.
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Connaître le nom de l'assassin supprimerait tout effroi à la lecture de son crime, dit-on. C'est donc peu recommandé quand on écrit un roman noir.

Claire Berest‚ elle‚ annonce la couleur.

Un uxoricide aura lieu. Etienne‚ mari et tatillon professionnel - il est correcteur de manuscrits‚ poussant le perfectionnisme jusqu'à réécrire les livres qu'on lui fait corriger- frappé de synesthésie, - il voit les mots en couleur - ‚ exaspérant et un peu pathétique‚ va se muer‚ en quelques centaines de pages, en assassin- et, sauvagement, occire son épouse.

Pas de surprise, donc pas de peur?
Au contraire.

Sujet peu original, j'en conviens - comme le fait divers qu'il évoque‚ qui appartient au triste lot du quotidien dans notre doux pays- ‚ mais j'ai lu ce livre dans une sidération et un effroi assez étonnants. Mais explicables.

Parce que tous les ingrédients sont réunis pour une explosion meurtrière : les deux époux sont, comme le note Étienne lui-même‚ "fabriqués ensemble pour que chacun tombe parfaitement ajusté dans les gouffres de l'autre".

Parce que sans la fêlure d'Etienne qui vit l'altérité comme une déclaration de guerre‚ on serait dans l'histoire un peu caricaturale et très drôle d'un couple désassorti. Face à la menace d'un tiers inévitablement critique, Etienne a besoin de sa femme, Vive -surnom destiné à un démenti tragique- pour qu'elle le soutienne envers et contre tous, fût-ce en dépit du bon sens , et pas "pour qu'elle se prostitue à l'ennemi" car "un couple (doit) être un monde hermétique, impénétrable."

Parce que la paranoïa d'Etienne se nourrit des tentatives de Vive pour le ramener à une forme de rationalité et aussi des sursauts d'indépendance par lesquels celle-ci tente de compenser la docilité où la plonge sa peur panique des "pétages de plomb" d'Etienne. Plus elle le raisonne, plus il s'enfonce dans la folie. .

Parce que tout à coup l'histoire un peu drôle et grinçante devient noire et menaçante.

Et plus drôle du tout.

Bref je n'ai pas marché, j'ai couru..

Vite, pour sortir de l'histoire.
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Étienne et Vive forment depuis dix ans, un couple solide et amoureux. Étienne est correcteur dans une maison d'édition, tandis que Vive travaille dans le monde de l'art. Leur vie est rythmée par des vernissages et des concerts de musique classique.
Une belle entente règne entre eux, mais un petit grain de sable va venir s'en mêler, et ternir la vie de tout ce petit monde.
Ainsi, dès le début, on sait que Étienne a tué sa femme. Une chronique qui nous fait découvrir la vie de ce couple tout au long de leur dix ans. Sachant, que trois ans plutôt, leur couple a failli imploser, mais à l'époque, Étienne a mis son égo de côté, afin de sauver son couple.
Bien sûr, on a affaire à un féminicide.
Dans ce livre, on va vivre les trois derniers jours de ce drame. Pendant, tout le récit, c'est le point de vue d'Étienne qui est mis en avant, et jamais celui de Vive. Pendant, trois jours, on assiste à la descente dans la folie d'Étienne.
Que lui arrive-t-il ? Qu'est-ce qui le pousse à dénigrer tout le monde ?
Personne n'a grâce à ses yeux.
L'auteure va nous disséquer les trois jours où ce drame va se dérouler et où son personnage d'Étienne n'apparaît pas sympathique.
C'est un véritable engrenage qui se met en place et Claire Berest l'analyse très bien. Elle nous entraîne dans la vie de ce couple et dans l'interrogatoire d'Étienne par la police en alternance.
Un récit rythmé et dynamique qui nous donne envie de savoir ce qui se passe.
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"Il était alors impossible d'imaginer que trois jours plus tard, dans la nuit de jeudi à vendredi, Etienne tuerait sa femme..."
Voici une simple citation qui veut pourtant tant dire... En ouvrant le dernier livre de Claire Berest, voici ce que vous apprendrez... Que Vive, l'épouse d'Etienne perdra la vie sous les coups de son compagnon avec lequel elle vivait depuis plusieurs années.
Mais que s'est-il passé pour que cet homme semblant sans histoire et amoureux puisse commettre l'irréparable ? Qu'est-ce qui aurait permis que ce drame puisse être évité ?

En lisant ce récit, nous nous retrouvons spectateur impuissant d'une folie qui cause plus d'une centaine de victimes par an en France. Et pour cause, Claire Berest met en lumière dans "l'épaisseur d'un cheveu" un féminicide.En tournant les pages de cet ouvrage, j'ai découvert un récit extrêmement malaisant duquel il ressort beaucoup de noirceur. J'avoue que cette lecture m'a procuré deux sentiments contradictoires ; une gêne d'entrer dans l'intimité d'un couple qui se déchire et en même temps beaucoup de curiosité malsaine pour découvrir l'élément déclencheur à ce déchaînement de violence.

Derrière une très belle couverture où le coup de pinceau donné rappelle les autres oeuvres de Claire Berest où il est question d'art, j'ai trouvé la plume de l'auteure percutante tout en étant à la fois grinçante.

Finalement, le lecteur ne ressort lui non plus pas indemne de cette histoire, car, même s'il s'agit d'une fiction, la question de la violence domestique est une réalité...

Je tiens à remercier Version Femina pour la découverte du dernier roman de Claire Berest vers lequel je ne me serai pas forcément tourné, car, dès le début nous connaissons l'issue et pour lequel il n'y a plus d'espoir. Pourtant, je suis contente de lui avoir donné sa chance, car j'ai pu retrouver la plume d'une auteure que j'apprécie même si le sujet évoqué est moins lumineux que ceux que l'on découvre dans ses précédents écrits...
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Morte sous les coups de son mari

Étienne a tué son épouse Violette, dite Vive. En déroulant la chronique - ordinaire - de leur vie de couple, depuis leur rencontre dix ans plus tôt jusqu'à ces instants fatidiques, Claire Berest réussit un roman aussi brillant que glaçant sur un banal féminicide.

Étienne Lechevallier «était parti pédalant en direction du Petit Brazil l'humeur joviale, car une seconde journée débutait pour lui, dévolue à son projet personnel qu'il jouissait encore de tenir en toute clandestinité, habillant l'escapade d'un charme secret; il était alors impossible d'imaginer que trois jours plus tard, dans la nuit de jeudi à vendredi, Étienne tuerait sa femme.»
Dès les premières pages, le lecteur connait l'épilogue de ce roman, mais il n'en reste pas moins passionnant. Parce que sa construction, par des sortes d'ondes de choc successives, vont nous permettre de remonter le temps, de découvrir comment Étienne et Violette se sont rencontrés, comme leur couple a pris son envol puis comment l'usure du couple a failli causer leur séparation trois ans avant l'issue fatale.
Mais Étienne avait alors choisi de taire ses griefs, de faire profil bas parce qu'il ne concevait pas sa vie sans son épouse.
Alors pourquoi est-il cette fois passé à l'acte? C'est ce que le déroulement des jours précédant le féminicide vont nous apprendre. Et c'est la partie la plus réussie d'un roman implacable. Car il raconte comment des détails à priori sans importance prennent soudain une folle importance, comment un esprit déstabilisé construit son scénario diabolique pierre après pierre. Un rendez-vous pour un concert de musique classique qui n'est pas honoré, une alliance qui n'est plus portée, les traditionnelles vacances en Italie remises en cause jusqu'à cette scène de ménage en public avant LA soirée annuelle organisée par la maison d'édition d'Étienne et où il espère que son épouse lui apportera son entier soutien. Car, après son rachat par un grand groupe, son poste de correcteur est désormais sur la sellette, même s'il "faisait partie des murs". Il avait du reste été convoqué le matin même par l'éditrice pour être "recadré". Pour lui qui "traquait en limier les répétitions, les incohérences, redondances, et toute rupture de rythme ou de registre non justifiée", le coup est rude.
Claire Berest montre parfaitement comment la mécanique infernale se met en route dans un esprit très cartésien, comment il construit la trahison, l'humiliation. Et le déni.
Parsemant son roman de procès-verbaux d'audition par la police criminelle, la romancière réussit un roman percutant et glaçant. Car en le refermant, on se dit que le temps des féminicides est malheureusement loin d'être éradiqué.
On pense bien entendu à Ceci n'est pas un fait divers de Patrick Besson, autre chronique d'un féminicide, raconté cette fois du point de vue des enfants de la victime et à Une simple histoire de famille d'Andrea Bescond qui souligne elle aussi la banalité de ce mal trop ordinaire. Un peu comme dans Hommes d'Emmanuelle Richard, même si dans ce cas son «héroïne» a réussi à échapper à la mort pour pouvoir raconter sa relation, son emprise. Trois romans qui éclairent, chacun à leur manière, celui de Claire Berest qui confirme ici tout son talent.


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Etienne, Etienne, Etienne, ho  tiens toi bien !!!

Une plume exquise esquisse un toxique personnage dont on sait dès le chapitre un (celui qu'on retient) qu'il va assassiner sa femme.

Le ton est rapidement donné, le roman est très court, ne perdons pas de temps en circonvolutions inutiles.

Etienne est correcteur, correcteur de manuscrits. Est-ce une raison pour ‘corriger' sa femme ?

Il ronge son frein de réaliser enfin son grand projet connu de lui seul et se perd en écumant les mondanités planifiées pas Vive, sa photographe d'épouse depuis dix ans mais avec qui il forme déjà un vieux couple, sans enfant.

L'ennui conjugal semble installé,  trompé occasionnellement par des présences amicales de circonstance. Tout semble prétexte à accrochage, surtout le vernissage où ils se rendent, différemment intéressés, c'est peu dire.

Tout l'irrite, Etienne, l'agresse.

Personne n'arrive à sa hauteur, hauteur reconnue par personne, semble-t-il par ailleurs.

Il boue, fulmine, s'agace, se constipe (au propre, si j'ose dire) et, du coup, perd un temps précieux qu'il aurait pu (du) consacrer à son grand projet.

Sa femme aussi semble mener un projet nouveau qu'il ignore, alors cela l'énerve, le contrarie et tout part en jus de boudin (normal, pour un constipé).

Nous sommes dans la tête d'Etienne.
Drôle d'intérieur.
Sombre, aigre, rance, ça sent le renfermé, l'ordre obstiné du maniaque.
Fantaisie :zéro.

Une place y a été faite pour Vive, mais au forceps, parce qu'elle fait bien dans son paysage à lui, à la condition qu'elle suive les règles par lui établies…quoique…

Puis, patratrack, tout craque et se détraque !

Une contrariété, un pet de travers et explose le chat qui dort, toutes griffes dehors.

L'ordre établi était un leurre, l'expression de la crainte qu'il inspire à son insu.

Une jolie exploration psychologique du drame qui couve sous un crane sans rides qui semblait le reflet d'une quiétude intérieure.
Une personnalité feinte, fabriquée minutieusement pièce par pièce, lisse comme le siphon à Chantilly qui n'attend que la petite impulsion pour laisser échapper la pression trop longtemps retenue.

Par flashback ou au gré de l'enquête criminelle menée après la découverte du corps de l'épouse, l'histoire du couple nous est narrée, forcément tragique, une tragédie lente à se déclarer mais indubitablement liée au cerveau troublé d'un mari perturbé depuis l'enfance.

Très belle écriture, très belle lecture, la chronique d'un féminicide annoncé.
 
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