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EAN : 9782848769103
251 pages
Philippe Rey (06/01/2022)
3.94/5   56 notes
Résumé :
Roman autobiographique de science-fiction aux accents cyber-punk, Valide défie les genres de plus d'une façon. Chris Bergeron nous propose avec ce premier livre une oeuvre de fiction qui revisite son passé, son propre parcours de transition, tout en tournant un regard vers l'avenir et ses potentialités. En résulte l'histoire d'une femme trans montréalaise qui, un soir de 2050, se fait révolution.
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Un « roman autobiographique de science-fiction » : le sous-titre a de quoi intriguer… et il est très fidèle au contenu de ce superbe roman.

En 2045, Christelle a 75 ans et vit dans une résidence pour personnes âgées, sous la surveillance d'une IA totalitaire, David. Christelle est là pour lui confier ses souvenirs, ce qu'elle va faire… mais certaines vérités ne sont pas bonnes à entendre pour David, notamment le fait que Christelle est une femme transgenre qui a été forcée de détransitionner et de se remettre à vivre sous son dead name et son genre assigné à la naissance.

Le roman est presque entièrement constitué d'un dialogue entre Christelle et David, la première ayant la parole la majorité du temps. La première moitié du récit se rapproche fortement d'une autofiction classique, alors que Christelle relate son enfance en France dans les années 70 (à l'époque où elle était encore perçue comme un garçon), son arrivée au Québec, son parcours de vie chaotique et sa transition de genre… Puis, sans qu'on y prenne garde, le récit dépasse le temps présent pour nous conter un futur dystopique où catastrophes climatiques s'enchaînent et où la seule solution viable semble l'avènement de David. Mais avec David, mieux vaut ne pas dépasser des cases…

Par cette forme atypique, le roman fait un pont étonnant entre littérature blanche et littérature de science-fiction. Et c'est tellement réussi que je le conseille tant aux amateur·ices de pure SF qu'aux lecteur·ices de littérature générale qui voudraient s'essayer à la SF – ou même à celleux pour qui la SF n'est pas spécialement leur tasse de thé. Point bonus si vous souhaitez également découvrir la littérature québécoise…

(Je n'avais encore jamais pris la peine de critiquer ce roman que j'ai pourtant adoré, lacune que je répare à l'occasion de la sortie de la suite, Vandales – suite apparemment non prévue par l'autrice au moment de l'écriture de Valide, mais qui n'a rien à lui envier en termes de qualité.)
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Un soir de déprime (seulement ? suspense…), Christian se confie à la plateforme numérique qui gère sa vie et celle des citoyens de cette dystopie où les écarts de comportement sont proscrits. On comprend que le monde a changé, qu'un vent rétrograde a soufflé sur la société, que la rébellion est y réprimée.
Ce roman raconte la transition et la transformation de Christian en Christelle (beaux passages aux pages 85-87, 91 et 133-135). Je ne suis pas une militante de l'écriture inclusive et pourtant, je dois avouer qu'après lecture de ce récit où l'auteure explique sa lutte, l'abolition du genre et l'usage de ciel (quel joli mot) ne m'indisposaient plus. On aurait tort de réduire ce roman autobiographique à un coming-out, au cheminement d'un homme devenu femme, à une quête de reconnaissance et de « validation ».
Il y a une autre dimension dans ce livre, une interrogation puissante sur un monde géré par des calculs numériques et qui s'évertue, par ses renoncements et ses raccourcis, à nous simplifier, jusqu'à nous faire oublier nos différences et nos aspérités. En cela, la parole du transgenre est symbolique. D'ailleurs, entre l'assistant vocal (David) et Chris, c'est un dialogue de sourds (« Pour devenir celle que je sentais être, il fallait que je me déprogramme. Heureusement, un jour, mon système s'est emballé »).
Cet affrontement pose, en creux, une question fondamentale : que se passe-t-il quand on confie sa vie à un algorithme ? On perd trois choses essentielles : la connaissance, la propriété de sa mémoire et son esprit critique. On égare surtout son identité.
Ce livre est à placer au panthéon des témoignages transgenre, aux côtés de l'extraordinaire discours de Lana Wachowski (Matrix, Sense8) aux HRC Visibility Award de 2012.
Bilan : 🌹🌹
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Merci à Babelio et aux éditions Philippe Rey pour l'envoi en Masse Critique.

Attention, OLNI ! le sous-titre annonce la couleur «roman autobiographique de science-fiction» et ce n'est pas tout rose.

Nous sommes en 2045, une hyper Intelligence Artificielle, David, contrôle les faits et gestes des habitants. Chris a 70 ans et fait le récit de sa vie et de ses émotions à David, semble-t-il, pour l'«humaniser». Elle revient sur son parcours de transgenre femme, quand «Christian» était encore autorisé à vivre dans la peau de Christelle. À l'aide de notes prises dans son Moleskine, elle balance ses souvenirs pèle-mêle à l'IA, sans chronologie, de sa petite enfance jusqu'à son présent.

On comprend toute la difficulté d'être une femme dans un corps d'homme, la lente transition, semée d'obstacles, les violences subies et l'intolérance totale dont les transsexuels font l'objet en 2045, à Montréal.

Parallèlement, on est dans un vrai récit d'anticipation, projeté dans un futur triste et sans saveur, ultra-protectionniste avec couvre-feu et quarantaines, drones, contrôle de la santé, absence complète de liberté. C'est une dictature.

Mais les 5%, les non assujettis au très puissant David, résistent en silence...

J'ai adoré ce texte à la croisée des genres, alliant émotions, psychologie et intimité à un univers de science-fiction tout a fait bien planté, high-tech et froid, façon «black mirror». C'est bluffant, inédit et parfaitement bien mené.

Un texte LGBTQIA engagé et d'une grande intelligence, servi par une très belle plume, qui m'a appris sur la transidentité.

Je recommande et l'ai commandé pour ma médiathèque. Hâte d'avoir le retour des lecteurs et lectrices !
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Je n'ai pas lu assez de littérature québécoise cette année, mais je suis certain que ce livre demeurerait mon coup de coeur même si j'en avais lu plus.

Ce roman est un alien. C'est l'autobiographie de l'autrice, une femme trans. Sauf que sa vie est racontée depuis un point dans le futur, et son public est une Intelligence Artificielle. La première moitié du livre est donc, en quelque sorte, une autobiographie classique, qui se transforme peu à peu en roman de science-fiction à mesure que l'on dépasse notre présent pour rejoindre celui de la narratrice.

Et, chose rare dans la littérature québécoise, les éléments de science-fiction sont pris au sérieux. Ils ne sont pas simplement saupoudrés par dessus un récit de littérature générale.

Big love!
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C'est d'abord intriguée que j'ai ouvert ce livre, attirée par le synopsis publié sur le Masse Critique de janvier (que je remercie d'ailleurs au passage, ainsi que Babelio et l'éditeur Philippe Rey pour leur envoi) : on y parlait d'un roman semi-autobiographique à tendance cyberpunk, si ce terme veut encore dire quelque chose à l'heure des dystopies et autres fictions futuristes actuelles. (Pour moi il est toujours Valide… c'est un subtil mélange de thriller futuriste et de pamphlet anticapitaliste et rebelle à l'autorité.)
Je plonge alors dans le monde de Chris Bergeron, dans un futur relativement proche, en 2045, où le personnage central de ce récit, Christian, 75 ans, vit dans un Montréal, et un monde sous tutelle : celle d'une intelligence artificielle qui régit et régente tout de votre vie, de A à Z. On est chez Orwel, Big Brother c'est David, cette entité immatérielle qui se nourrit de chacun des souvenirs des humains connectés, et qui, en échange, vous octroie le droit d'être logé, nourri, soigné dans un monde aseptisé où tout est sous contrôle, même vos sorties et déplacements, mêmes vos mots et vos pensées !
Christian, après des années de silence et d'obéissance se réveille enfin, et se rebelle contre cette douce et sombre prison qu'est devenue sa vie grâce/à cause de David. Cette nuit-là, il va tout lui dire de son passé, et même lui révéler qu'il est en réalité une femme, Christelle, et que celle-ci est de retour et que quelque chose de grand se prépare…
Ce livre a été une belle découverte et j'ai passé du temps en le lisant à penser à la complexité du genre, moi-même n'étant pas très clair-e avec le concept définitif. Je vais lire d'autres livres de cette autrice et je recommande chaudement Valide à tous ceux-celles-cielles qui se sentent de loin ou de près concerné-e-s par le sujet de la trans-identitée, et même aux autres, cela les éclairera.
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critiques presse (3)
Elle
23 mars 2022
Comment la littérature nous aide-t-elle à comprendre la transidentité ? Chris Bergeron répond dans « Valide », un roman superbe et bouleversant.
Lire la critique sur le site : Elle
LaPresse
09 janvier 2022
Entre autofiction et science-fiction, la vice-présidente chez Cossette offre un roman brillant et haletant, campé dans un futur dystopique contrôlé par l’intelligence artificielle et dans un Montréal transfiguré par les crises sanitaire et climatique.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LaPresse
29 mars 2021
Une plongée dans l’univers de Chris Bergeron, qui nous offre un thriller identitaire prenant où l’autofiction rencontre la science-fiction.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Quand on naît aussi souvent que moi, on ne meurt pas facilement. Naissance, renaissance, re-renaissance. J'ai rarement été longtemps la même personne. Je n'ai jamais non plus vraiment été quelqu'un.
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Le soir, je m'imaginais que je voulais être d'Artagnan; et puis juste avant de m'endormir, quand Christian baissait sa garde, je me rêvais en Milady. C'est en lisant que je fit l'apprentissage de la fluidité. Si Dumas pouvait inventé Milady, c'est qu'il avait une femme en lui, non?
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Sache d'abord qu'en tant qu'enfant du divorce je me suis toujours sentie dispensée de tout devoir matrimonial. Je n'ai jamais réussi à m'imaginer en train d'avancer, engoncée dans mes plus beaux habits, vers un prêtre censé me lier à tout jamais avec quelqu'un qui, inévitablement, ne voudrait plus de moi quelques années plus tard. Cette arnaque là, elle n'a jamais été pour moi.
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La colère de Vader, je l'ai reconnue chez mon père. Beaucoup plus tardivement, je la décèlerai chez moi aussi. Le coté sombre des males de ma lignée. [...]

Moi, j'ai eu droit à une voie d'évitement qui m'a éloigner pour de bon de l'emprise de mon côté sombre: devenir Leia.
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Ce qui nous distingue des hommes, je crois plus que jamais que c'est le fait sue noud n'avons pas le droit de prendre congé de la perception de nos corps. Si on nous regarde, si on nous désire ou si on nous rejette, si on nous violente ou si l'on croit à notre parole, c'est toujours en relation à notre enveloppe et à la valeur qu'on lui attribue.
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Videos de Chris Bergeron (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Chris Bergeron
Nombreuses sont les fictions décrivant ces temps-ci un futur totalitaire de moins en moins inimaginable… Ainsi le premier roman de l'autrice québécoise Chris Bergeron, Valide, et celui de l'écrivaine, féministe et performeuse Wendy Delorme, Viendra le temps du feu, qui ont en commun l'esprit de révolte et l'émancipation du corps féminin. Valide s'affiche comme une «autobiographie de science-fiction» aux accents cyber-punk, un mélange de thriller identitaire et de pamphlet anticapitaliste, qui raconte le parcours de double transition d'une femme, née homme devenu femme et contrainte de redevenir homme. Un combat intime contre une intelligence artificielle liberticide… Wendy Delorme nous plonge dans un monde qui n'est pas sans rappeler 1984 : les livres sont interdits, les frontières fermées et les femmes réduites à la procréation. Sauf de l'autre côté du fleuve où survit une communauté de résistantes qui existent ensemble «comme un grand corps frémissant.» Deux romans dystopiques qui font germer en nous les graines vitales de la résistance et de l'imaginaire.
__ Une rencontre avec Chris Bergeron (https://ohlesbeauxjours.fr/programme/les-invites/chris-bergeron/) et Wendy Delorme (https://ohlesbeauxjours.fr/programme/les-invites/wendy-delorme/),  animée par Marie Hermann (https://ohlesbeauxjours.fr/programme/les-invites/marie-hermann/) et enregistrée en public au conservatoire Pierre Barbizet à Marseille, lors de la 6e édition du festival Oh les beaux jours !.
__ À lire Chris Bergeron, Valide, Philippe Rey, 2022. Wendy Delorme, Viendra le temps du feu, Cambourakis, 2021. __ Montage : Clément Lemariey Voix : Nicolas Lafitte Musique : The Unreal Story of Lou Reed by Fred Nevché & French 79 Un podcast produit par Des livres comme des idées (http://deslivrescommedesidees.com/).
__ La 7e édition du festival Oh les beaux jours ! (https://ohlesbeauxjours.fr/) aura lieu à Marseille du 24 au 29 mai 2023.
+ Lire la suite
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