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En 1449, Charles VII était venu à Rouen pour assister à la proclamation de l'arrêt annulant la condamnation de Jeanne d'Arc au bûcher quelques années plus tôt. A cette époque, quelques hommes se sont mis à chercher des preuves de son innocence, quitte à s'opposer au pouvoir de l'Eglise triomphante. Réhabiliter la Pucelle a été un combat opiniâtre qu'on imagine mal aujourd'hui, alors qu'on a fait d'elle un des nombreux symboles de la France et de la liberté. Michel Bernard revient sur cette partie brutale de l'histoire en s'emparant des articles d'accusation et en les remettant en situation. Tout le monde l'a oublié, mais au moment du procès en révision, le monarque avait répondu aux commissaires comme les plus humbles de ses sujets. Un récit romancé, mais richement documenté, qui prend son temps, s'appuie sur des détours et évoque la guerre contre les Anglais.
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Au-delà de tout ce qu'on peut penser de Jeanne d'Arc, ce livre nous plonge dans une époque de violence, de superstition et de manipulation où la raison d'Etat domine autant que la suprématie du clergé. Comme on le sait, l'existence de cette jeune femme morte très jeune repose sur quelques secrets que tentent toujours de saisir les historiens. Une bataille pour la vérité menée ici avec un vrai souffle littéraire et un sens du rythme qui fait qu'on épouse chaque phrase. Il vient d'être réédité en format Poche. Beaucoup moins cher que le prix que j'ai payé.
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Lenteur et poésie sont les deux mots qui me viennent à l'esprit pour qualifier cette lecture.

Il y a peu de dialogues, ce qui renforce cette impression de lenteur.
Les descriptions des paysages sont très belles, tout comme les parties concernant le peintre (ses craintes, ses réflexions sur sa peinture).

L'action est diluée dans la lenteur du récit et sa poésie jusqu'à devenir quasiment inexistante, transparente. Ce n'est pas désagréable mais, ça m'interpelle sur le rythme de ma vie, de notre monde actuel.

Quelques jours après avoir refermé le livre, je repense avec tendresse à ce peintre et ce prêtre archiviste, à leur questionnement sur la vie, sur leur travail.
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Court roman sur un passage important de l'histoire de France, la révision du procés de la Pucelle. Condamnée à être brûlée vive, les démarches ayant débouchées à cette conclusion ne furent pas exempt de vices … Il fut donc demandé une révision de ce procès pour tenter de réhabiliter Jeanne d'Arc en tant que Catholique.

Le bon sens de revenir sur une décision de justice qui aura coûté bien plus que la vie d'une jeune fille. Son image, son souvenir, sa mémoire. Alors que tout ce qu'elle défendait était la sainte parole, la vérité sur une tête déchue qui devait être couronnée, elle était devenue officiellement une hérétique.

Si le roman est très intéressant quand à la façon dont les parties vont se pencher sur le procès de 1431 et l'étude des méthodes de prises de notes de l'époque, je suis profondément déçue sur un point. La réévaluation n'est qu'en arrière plan du roman. Un peu comme un prétexte pour écrire sur la période, l'époque, ce qu'il s'est passé en 1451 en France et avec qui. J'ai alors appris énormément sur cette partie de l'histoire. le nom des généraux, les proches du roi, sa maîtresse, ses enfants, toute l'équipée ecclésiastique, mais le second procès en lui-même est presque absent.

Sans doute car même décédée depuis près de 20 ans, Jeanne continue de réveiller les choses, et donne un coup dans la fourmilière. L'église est rongée, pourrie par des hommes carriéristes qui ont oubliés leur foi première. Sauf quelques uns, ceux qui vont défendre sa mémoire et sa parole, donnant un second souffle à cette femme que le roi a déjà quasiment oublié. Une jeune paysanne Lorraine sans qui il ne serait pourtant toujours personne.
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"L'automne du Moyen-Age" de Johan Huizinga figure parmi les ouvrages de référence dont le romancier s'est servi, et qu'il mentionne à la fin de son volume. Michel Bernard situe au milieu du XV°s l'intrigue de son livre, qui est la révision du procès de Jeanne d'Arc, et sa réhabilitation, après la victoire finale de Charles VII sur les Anglais chassés de France. L'auteur ne décrit pas cette fin de guerre de Cent Ans sous forme de batailles, mais par ses effets sur les campagnes normandes, qu'il évoque magnifiquement, avec celles du Bar ou de Touraine. En revanche, il sait raconter en détail tous les problèmes politiques posés par la victoire finale du roi de France : Paris, la Sorbonne, l'Eglise dans une grande partie, ont collaboré avec les Anglais ; que faire des collaborateurs, que faire de ceux qui ont fait brûler Jeanne à l'issue d'un procès inique ? Au-delà de la question historique, le lecteur d'aujourd'hui saura reconnaître des préoccupations très contemporaines et très modernes, puisque notre passé proche et même notre présent sont pleins de trahisons et de collusions avec l'ennemi, quel que soit son visage.

Ce problème politique met en évidence la personne du roi Charles VII, à la fois grand et sage roi, et pauvre homme esclave de ses passions et de ses peurs. Autour de lui, comme dans tout bon roman historique, on rencontre de hauts fonctionnaires et maints hommes d'église, et aussi Dunois, compagnon de Jeanne et grand guerrier. La grande réussite du roman, toutefois, c'est le personnage du peintre Jean Fouquet, auteur du portrait cruel, réaliste et extraordinaire, du roi Charles, mais aussi de celui d'Agnès Sorel, sous sa première forme de favorite du roi, puis sous les traits de la Vierge allaitante. Michel Bernard, dans ses pages sur la peinture, est réellement très inspiré, et l'on retrouve les accents qu'il avait pour Rodin ou Monet dans d'autres ouvrages.

Mais bien sûr, la figure centrale du roman, c'est Jeanne. Elle est morte, brûlée, ses cendres dispersées. Privée de forme physique, elle est partout présente dans les esprits : dans celui de Fouquet, qui ne peut évidemment la peindre, mais aussi dans celui de ses compagnons qui en vingt ans ont oublié son visage, et en celui des ecclésiastiques qui ont participé à son procès ou à sa réhabilitation : le notaire Manchon, Thomas de Courcelles, qui demanda qu'on la torture, le cardinal d'Estouteville attaché à sa réhabilitation, tous les complices de la parodie de justice, et les exécutants. Jeanne survit sous forme de livre, dans les archives et les minutes françaises et latines de son procès, scrupuleusement notées par Guillaume Manchon qui s'en trouve marqué à son tour. Tous les lecteurs qui enquêtent dans ce gros livre, surtout des ecclésiastiques, entendent clairement sa voix, ses réponses pleines de bon sens et d'humour, son accent. On pourrait avancer que le personnage principal du roman, c'est le livre où sont consignées ses paroles. Vers la fin du récit, on se rend compte qu'elle est, proprement, la voix de la France qui continuerait de résonner même après la destruction de son corps.

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En posant comme titre "Le Bon Sens", Michel Bernard mettait l'accent avec une certaine ironie, sur la rigueur qui doit gouverner toute action publique.
Le tout début de ce livre exprime de façon formelle les méthodes précises avec lesquelles le prêtre attaché à la rédaction des actes et des registres s'acquitte de ses missions. Guillaume Manchon avait naturellement toutes les qualités requises pour couvrir scrupuleusement un procès, le plus explosif du règne de Charles VII, sous l'autorité de l'évêque Pierre Cauchon.

Unanimement reconnue par la Sorbonne Xavier de Courcelles ne pouvait entraver le travail du greffier. le procès devait se dérouler avec une rapidité et une précision qui ont pu donner l'impression que le jeu des conclusions était déjà établi. Cependant restait à définir les motifs théologiques de la sentence, Xavier de Courcelles n'hésita pas à voter la torture.

Les débats furent entendus en français, les comptes rendus écrits en latin. La puissance de travail du théologien de Courcelles et son aisance à formuler de façon intelligible les débats en latin puis son expertise théologique firent autorité. Son vote, Xavier de Courcelles le simplifia en glissant une feuille blanchie des noms ayant suggéré la torture.

Les attendus du procès sont effarants, un tel déchaînement de haine pour une femme de 19 ans est une indignité qui explique aussi la symbolique d'un procès souvent perçu comme la défense de notre souveraineté.

On doit à Guillaume d'Estouteville la première démarche qui a conduit au procès en réhabilitation. Il avait 50 ans, il était cardinal et sa vie se déroulait au sein d'une belle-famille. " le cardinal détestait l'hypocrisie autant que le mensonge", page 116 . A Rome dont il aimait l'antique patine et l'humanisme, il avait laissé sa maîtresse, une belle italienne et leurs enfants installés dans le palais. "Cette situation matrimoniale de notoriété publique ne l'empêchait pas de défendre l'église et la chrétienté avec talent, pour le reste Dieu jugerait", page 116.

L'obsession du Pape de conduire une nouvelle croisade faillit conduire à l'abandon de la procédure de réhabilitation.
Heureusement le roi de France Charles VII grâce notamment à l'un de ses officiers Dunois réussi à écarter définitivement les Anglais et à mettre fin à la guerre de 100 ans.

Cette victoire permit à Guillaume d' Estouteville de revenir à la charge et notamment sur le fait que Jeanne avait plaidé la défense de la chrétienté et la défense des Lieux saints.
S'ouvrit alors à Rouen un procès en réhabilitation, durant ce procès certains protagonistes avaient disparu. Quelques-uns furent interrogés. Leurs capacités intellectuelles alors florissantes comme celle du merveilleux universitaire Xavier de Courcelles, s'étaient comme assoupies.

La réhabilitation fut prononcée grâce à Calixte III successeur du Pape Nicolas V dans un arrêt du 12 juin 1455. Était-ce une réhabilitation formelle définitive ? On peut néanmoins penser que l'action publique est quelquefois hésitante à poser le point final.

La mémoire de Charles VII fut saluée par Louis XI, et Michel Bernard projeta nos regards vers les prouesses du peintre du royaume. Jean Fouquet recevait lui même l'admiration des membres du haut clergé pour le merveilleux tableau qu'il réalisa d'Agnès Sorel.
Une reconnaissance éternelle habille la fin de " le Bon sens" les mots de Villon qui illustrent la sainte Jeanne et notre Dame, dans un merveilleux texte parlant tout autant de sa mère que de la dame du ciel. La féminité était ainsi magnifiée.

Une vision de l'histoire au demeurant pleine de malice.
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Après « les Forêts de Ravel » , « Deux Remords de Claude Monet », « le Bon Coeur » voici donc la suite du procès de Jeanne d'Arc : la victoire de Charles VII sur les Anglais et la révision du procès de Jeanne d'Arc. Encore une fois, cet auteur a su m'intéresser à une période que je connais mal. L'angle qu'il a choisi est passionnant, le roi va de victoire en victoire et reconquiert son royaume. Il met fin à la guerre de cent ans. C'est un roi négociateur et au lieu de pourchasser tous ceux qui l'ont trahi en s'alliant aux Bourbons ou aux Anglais, il les accueille dans le royaume de France. les populations vont donc se rallier plus facilement au roi de France. Mais il reste une tâche sur son « CV », il a été couronné à Reims grâce à Jeanne d'Arc. Comment lui le roi si pieux, pouvait-il devoir son couronnement une femme jugée par l'église pour hérésie ? C'est pour cette raison qu'il poussera à la révision de son procès pour démontrer que celui-ci n'avait été instruit que pour plaire aux Anglais. Soit, mais les potentats de l'église sont encore en place, ils sont même encore plus importants et le roi ne veut pas d'épuration … Peu importe, ils se tairont et Jeanne d'Arc pourra être lavée de tout soupçon d'hérésie. Intéressant comme l'est aussi le travail du peintre du peintre Jean Fouquet à qui l'on doit ce portrait du roi et de sa maîtresse :
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En 1431, Jeanne d'Arc est condamnée pour hérésie et brûlée sur le bûcher à Rouen.
18 ans plus tard, en 1449, le roi Charles VII, ordonne une enquête sur ce procès.
La famille de la jeune fille, ses anciens compagnons d'armes ainsi que les habitants d'Orleans vont témoigner afin de rétablir son honneur, malgré la résistance d'une partie de l'Eglise et de l'Université.

Après «Le Bon Coeur » (2018), qui retraçait la vie de Jeanne d'Arc, Michel Bernard a écrit ce livre, sur la révision de son procès 18 ans après sa mort.
L'auteur nous conte cette quête de la vérité dans un style magnifique, impeccable.
Voici un très bon roman historique.
Un grand plaisir de lecture.
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Un véritable plaisir de lecture cette plongée à la fin de la Guerre de Cent ans. Michel Bernard fait revivre à merveille les personnages historiques, Jeanne d'Arc, Charles VII, Agnès Sorel, Dunois, Jean Fouquet... et nous livre un magnifique tableau de l'époque.
A partir de la révision du procès de Jeanne d'Arc puis de sa réhabilitation l'auteur nous parle de remords et de réparation.
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« Un jour de l'automne 1435 … comme pour lui même Guillaume Manchon murmura : « … ce qui est écrit ne meurt pas » ». Cette évidence concluait « Le bon coeur », publié en 2017.

En aout 1449, Guillaume Manchon, ses archives et son chat Grigri introduisent « Le bons sens », suite attendue de l'histoire de Jeanne dont le centenaire de la canonisation devait être célébré le dimanche 31 mai 2020. Un diabolique virus contrarie cette commémoration, mais Michel BERNARD reprend le flambeau de Jules MICHELET proclamant « Elle […] eut une action par la vive lumière qu'elle jeta sur une situation obscure, par une force singulière de bon sens et de bon coeur. » et mêne une enquête passionnante sur la réhabilitation de Jeanne d'Arc.

Comme dans son précédent opus, l'auteur débute chaque chapitre par le nom du personnage dont il narre un épisode historique en le plaçant dans une chronologie et une géographie très pédagogique.

Entrent successivement en scène :
- Charles VII, lors de la libération de Rouen, en novembre 1449, proclame une amnistie générale … mais est informé par Guillaume Manchon qu'une réouverture du procès de 1430 se justifierait.
- Agnès Sorel, prématurément décédée le 9 février 1450, brise de chagrin son royal amant, qui décide le 15 février une enquête sur le procès de celle qui le fit couronner.
- Jean d'Orléans, Comte de Dunois, compagnon d'armes de la pucelle, devenu Lieutenant Général, reprend Harfleur, puis Honfleur et boute les anglais hors de Normandie puis d'Aquitaine.
- Guillaume Bouillé, Dominicain chargé de l'enquête avec le grand Inquisiteur Brehal et le juge Jean Jouvenel des Ursins, dont la puissante famille assiège le trône.
- Guillaume d'Estouteville, légat d'un Pape, préoccupé par la chute de Constantinople le 29 mai 1453 et le rêve de mobiliser le Roi de France et le Roi d'Angleterre dans une croisade pour protéger la chrétienté.
- Jean Fouquet, le peintre officiel de la cour chargé d'immortaliser Agnès Sorel et « Le très victorieux Roi de France, Charles septième du nom », dans un contexte troublé par l'arrestation de Jacques Coeur, le Grand Argentier du Royaume.
- Isabelle Romée, la mère de Jeanne, accompagnée de deux de ses fils vient demander que Justice soit rendue.

Michel Bernard, préfet en disponibilité, a l'expérience du pouvoir et sait qu'en France l'administration et la justice sont infaillibles, mais qu'il peut (très exceptionnellement) arriver que l'état souffre d'une information incomplète voire déficiente. Dans ce cas, une commission d'enquête se distingue en désignant un responsable, idéalement décédé, ou, plus prudemment, dote ses membres de munitions pour l'avenir en constituant des dossiers riches en pièces à conviction …

Ici l'Evèque Pierre Cauchon est le mort idéal (collaborateur de la perfide Albion au nom prédestiné) et l'ambitieux Thomas de Courcelles, juge au procès de 1431, avant de se rapprocher du Roi en 1435, réalise une carrière exceptionnelle achevée en apothéose en prononçant l'éloge funèbre du Roi le 8 aout 1461 … après réussi à écarter les documents compromettants pour sa réputation et sa réussite. Ceci nous offre des pages croustillantes rédigées de main de maitre par un écrivain aussi politique que talentueux et parfaitement lucide sur les arcanes gouvernementales.

Assurément « Le bon sens » est un ouvrage passionnant, sur un épisode judiciaire et historique peu traité par les historiens.

Mais, il n'est pas parfait … car il occulte le fait que lacérer en place publique l'acte d'accusation de 1430 n'est qu'une réhabilitation partielle de l'accusée qui confortait la légitimité du Roi mais n'innocentait pas totalement la bergère. Michel Bernard ne semble pas avoir pris connaissance de la thèse du Colonel Charles Boulanger « 7 juillet 1456, enterrement de l'affaire Jeanne d'Arc : Triomphe de l'université de Paris ». La prétendue abjuration de Jeanne est réaffirmée par le verdict de 1456, et des prières publiques ordonnées, pour le salut de son âme !

Il faudra plus de quatre siècles et le procès canonique ouvert par Pie X pour établir la vérité.

Espérons donc que notre auteur, qui préparerait une suite centrée sur Jean de Dunois, se replongera dans l'examen des procès successifs de Jeanne et la réhabilitera dans la plénitude de sa gloire.
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