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Nos critiques sont comme des témoins de relais. Je ne connaissais pas Violaine Bérot. C'est en lisant la superbe critique de Hordeducontrevent que m'est venue l'idée de découvrir cette auteure. Elle-même avait été séduite par la critique enthousiaste de Christophe_bj, qui lui-même avait été attiré par cette lecture grâce au billet de zabeth55.
A mon tour de vous transmettre mon ressenti et peut-être vous donner l'envie de le lire et ainsi prolonger cette chaîne de lecteurs.

*
Un randonneur découvre dans la montagne une petite fille jouant, nue, avec un âne. Lorsqu'il s'approche d'elle, un homme s'interpose violemment.
L'homme est arrêté, la petite fille confiée aux services sociaux.

« Pourquoi je suis aussi en colère ? Mais vous vous foutez de moi ? Vous ne trouvez pas normal qu'une mère à qui on a aussi brutalement, aussi violemment enlevé son enfant soit en colère ? Vous êtes fiers de la façon dont vous avez procédé ? »

Il n'en faudra pas plus pour déchaîner les rumeurs, les commérages dans tout le village. Chacun a sa petite idée sur l'identité de la fillette, sur les raisons de sa présence dans la montagne auprès de cet homme.

Ce qui m'a dégoûtée lors de ma lecture, c'est cette ambiance délétère fondée sur les préjugés, l'ignorance, la méfiance, l'intransigeance. Mais il se dégage également de la bienveillance, du respect, de la tolérance, de l'amour.

« Cela nous console
nous
les fées
de savoir que certains
dans le monde d'en bas
certains normaux
anormalement normés
des égarés
n'ont pas peur
aux égarés
font confiance
certains. »

*
Chaque chapitre s'ouvre sur un nouveau témoin de l'affaire.
Nous devinons aisément leur identité et les questions des enquêteurs auxquelles ils doivent répondre. Mais l'auteure s'attache uniquement à leurs réponses, accordant un style d'écriture propre à chacun, et un regard différent sur l'affaire.

C'est par ce regard que les autres portent sur lui que nous faisons la connaissance de cet homme qui ne porte pas de nom. Surnommé l'ours en raison de son impressionnante carrure, de sa force extraordinaire et de son langage qui s'apparente au grognement de l'ursidé, il m'est apparu comme un homme simple, bon, sensible, mais apeuré, incompris des autres.

*
De tous les témoignages, celui qui m'a le plus touchée est sans aucun doute celui de la mère. Touchée par la force de son amour, sa colère désespérée, sa clairvoyance.

« Devant l'institutrice qui, je vous le répète, n'était pas une tendre, elle l'a embrassé, lui, son fils, notre idiot de l'école. Et elle ne l'a pas embrassé vite fait, sans y penser, par habitude, non, elle l'a embrassé avec une application et une lenteur incroyables. Ce baiser de mère, moi il m'a bouleversé. Vraiment. Un pareil amour entre une mère et son fils, je n'avais jamais vu ça. Je ne savais pas que c'était possible. »

Et je ne sais comment, d'observatrice, je suis devenue un personnage de l'histoire, réconfortant cette mère seule dans sa détresse, attendant mon tour pour défendre cet homme pour qui j'ai eu tout de suite de la sympathie.

*
Et puis, il y a la voix des fées qui, entre chaque chapitre, chuchote à notre oreille tout l'amour du géant pour cette petite fille, dénonçant la cruauté des hommes.

« Nous
les fées
le voyons
le monde d'en bas
entre quatre murs
enfermer
ceux qui vont de travers
les égarés.
Entre quatre murs
enfermer
les géants.
Loin des torrents
des forêts
des bêtes
loin des grottes. »

Car les fées sont là, présentes dans la montagne portant un regard sur le monde des hommes.
Certains villageois y croient, d'autres non. Les plus âgés s'accordent à dire que les fées sont des voleuses d'enfants et qu'il ne faut surtout pas les déranger en pénétrant dans leur grotte.
D'autres pensent qu'elles enveloppent les hommes de leur bienveillance protectrice.
D'autres, enfin, pensent que ce ne sont que des légendes, des histoires pour faire peur aux enfants.

*
Violaine Bérot revisite les thèmes de l'enfant sauvage, le poids de la norme qui renie le droit à la différence, le rapport de l'homme à son environnement.

*
Je pense que ma critique rejoint la majorité des commentaires. Je remercie HordeduContrevent pour son billet qui m'a donné envie de lire cette histoire.

Ce roman choral est tout simplement une magnifique surprise. Je ne m'attendais pas à avoir un aussi beau coup de coeur pour ce roman.
En une toute petite centaine de pages, Violaine Bérot tisse, au fil des témoignages, un récit bouleversant. J'ai été touchée. Je vous le recommande très sincèrement. Quel beau roman !
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Pioché chez Christophe_bj après sa critique enthousiaste. Un petit roman fort sur la différence avec l'homme qu'on appelle l'ours. Tout bascule le jour où un hélicoptère se rend au flan d'une falaise dans la grotte aux fées pour récupérer la fillette avec qui il vit. L'histoire va se dévoiler au fur et à mesure des témoignages. La nature, les aprioris. le tout sur une belle construction qui va à l'essentiel et quelle plume !
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Ce court récit est un exercice de virtuose. L'auteur nous convie dans un coin reculé des Pyrénées au coeur d'une véritable tragédie grecque. A chaque révélation nouvelle par un protagoniste local va répondre un choeur, le choeur des fées.

de par le contenu des différents témoignages, ce drame remet en perspective la personnalité même de chacun des protagonistes. Il nous rappelle surtout notre capacité à accepter l'altérité dans un environnement normalisé.


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Des hommes...ou des bêtes ?
L'homme n'est-il pas la bête la plus féroce ? Celui qui prend sans demander, qui enferme sans justifier, qui juge sans écouter ?
C'est ce que dénonce avec beaucoup de puissance ce roman, où un homme muet et incapable d'interactions sociales, est jeté en prison pour avoir été vu en compagnie d'une petite fille inconnue, nue, à proximité d'une grotte.
Que s'est-il réellement passé ?
Composé de témoignages et d'extraits poétiques, un récit choral fort et émouvant, presque un conte, avec un ours, un âne, des fées et une enfant.
Un texte court, mais d'une belle délicatesse et d'une grande charge émotionnelle, porté par une plume superbe ! Une lecture intense.
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Si ce roman n'avait pas été édité par Buchet-Chastel, dont j'apprécie particulièrement la ligne éditoriale, il est fort probable que je serais passée à côté et c'eut été fort dommage.
En effet, je ressors totalement conquise par ce court roman qui aborde de nombreux et douloureux sujets, tels le handicap, le regard des autres, le qu'en dira-t-on, l'acceptation de la différence, la solitude, l'amour maternel.

Tout commence lorsqu'un touriste aperçoit une fillette nue riant et dansant en compagnie d'un âne.
Qui est-elle ? le garçon différent que l'on a surnommé l'ours l'aurait-il enlevée ? A moins qu'il ne soit son père.
Les supputations vont bon train. Chacun est persuadé d'avoir une explication et au fil des interrogatoires des gendarmes, nous découvrons Mariette qui vit retirée dans une pauvre maison à l'abri des curieux pour protéger l'ours son enfant déscolarisé, handicapé, muet.

Au fil des récits, les croyances et légendes se dévoilent. Les fées autrefois enlevaient les enfants et les gardaient dans une grotte. Et si la fillette en faisait partie ?
J'ai lu ce livre d'une traite, comme happée par l'histoire et l'écriture addictive, précise et magnifique de Violaine Bérot.

J'ai aimé Mariett pour son courage. L'ours est un magnifique personnage capable de soulager les animaux.
Merci à NetGallet et aux Editions Buchet-Chastel.
#Commedesbêtes #NetGalleyFrance


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Un roman dense, puissant, vibrant d'émotion porté par une plume alerte, dépouillée et incisive.


***


" Leur vie a toujours été un mystère. On n'y a jamais rien compris."


Sur les hauteurs d'Ourdouch, un village reculé de haute montagne,  vivent Mariette et son fils dit l'Ours. Là-bas, il est coutume d'appeler ainsi les enfants sans père. En plus, ce garçon "simple d'esprit" à la carrure imposante ne parle pas mais grogne tel que le font certaines bêtes. Alors, "c'était évident comme surnom" pour les habitants.


Lorsqu'en primaire, l'institutrice a évoqué l'intérêt d'un placement en institut spécialisé, sa mère l'a descolarisé. Il n'est plus jamais redescendu dans la vallée. Depuis plus de vingt ans, tous deux évoluent en marge de la société des Hommes et personne n'ose véritablement les approcher. 


L'Ours a grandi en contact étroit avec la nature, loin du bruit, de l'agitation et de la civilisation qui l'effraient. Pourvu d'un incroyable don, il entretient un lien particulier avec les animaux qu'il soigne, soulage, comprend. Une existence paisible sans heurt semble-t-il,  jusqu'au jour où une fillette est retrouvée nue près de la "grotte aux fées ".


Il a été arrêté par la police. La nouvelle se transmet, se propage, les rumeurs grondent, enflent, les langues se délient, s'opposent et le duo mère-fils devient le centre de toutes les attentions. 


Qui est cette petite fille? D'où vient- elle? Quel est son lien avec l'Ours? Qu'a-t-elle subi? 


*


Comme des bêtes de Violaine Bérot...


C'est une construction remarquable doublée d'une tension parfaitement maîtrisée vous prenant au piège et aux tripes une fois les premières pages tournées.


C'est la rencontre d'un hameau pyrénéen isolé vivant au rythme des naissances, des nouvelles arrivées. Un endroit peuplé de légendes, de superstitions, riche d'us et coutumes profondément enracinés. Un microcosme recélant le plus beau mais aussi le plus cruel de l'humanité. Une terre qui ne vous livrera jamais tous ses secrets.


C'est la parole donnée à ses habitants au cours d'un interrogatoire. Des ressentis, des avis convergents ou contradictoires. Chaque témoin entendu est passeur, conteur de cette histoire. 


C'est le choeur des fées qui résonne à l'infini. Un chant poétique, enchanteur mêlant merveilleux et tragédie. Êtres magnifiés ou redoutés, spectatrices immuables, détentrices de vérités inavouables, saurez-vous entendre leur voix chuchoter l'impensable?


C'est le portrait flou, mouvant, impalpable d'un jeune homme insaisissable. Sujet de curiosité, d'admiration, de méfiance ou de mépris  jugé suspect parce qu'incompris. 


Sa singularité serait-elle aveu de culpabilité?


C'est la colère et le cri d'amour déchirant d'une mère courage qui jaillit. Un appel au discernement,  à la tolérance et à l'oubli. 


C'est la violence des Hommes qui s'exprime, présente ou passée. Dans les mots, les gestes, les pensées. Derrière les apparences, les non-dits et les faits.  


C'est le miroir implacable de notre société qui nous est tendu. Reflet impitoyable, justice sera-t-elle rendue ?


***


Violaine Bérot nous offre un roman à la fois percutant et foisonnant qui interroge avec acuité notre rapport à la différence, le lien entre l'être humain et son environnement, le retour au sauvage mais aussi la condition féminine. 


Comme vous devez le deviner, j'ai été emportée, profondément bouleversée par cette lecture qui sans conteste laissera une empreinte indélébile dans mon coeur de lectrice. En un mot, magistral! 





Lu en janvier 2022 - Récupération des quelques retours partagés sur mon ancien compte avant sa fermeture définitive.

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Au dessus du hameau des Jousses, on a découvert une fillette de 6 ans, élevée en cachette dans la Grotte aux Fées par le fils de Mariette, l'Ours, Le Sauvage, le Grand Muet, celui qui a le don avec les animaux, celui qu'on a ensuite brutalement emprisonné.

Violaine Bérot donne la parole aux habitants, aux témoins, comme si la police les questionnait et le ton est tellement juste que c'en est bouleversant.

Bouleversant aussi quand les fées prennent la parole, évoquant la détresse des maternités non désirées.
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Je n'ai jamais lu histoire pareille.
Ce livre me touche, me coule.
Ce récit choral parle du racontar, du supposé, de la légende, de l'impalpable ,de la norme et de la méchante peur que provoque la différence.

Durant cette très courte lecture, j'ai entendu Brassens chanter " les braves gens qui n'aiment pas que l'on suive une autre route qu'eux..

A lire absolument, pour la puissance de ce texte et la surprise qu'il provoque .
Petit chef d'oeuvre !
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*****

Mariette et son fils vivent au dessus d'Ourdouch, un petit village de montagne. Isolés, à l'écart de tous, Mariette a choisit de vivre dans une ancienne bergerie pour offrir à son enfant une vie de liberté et d'espace. ce garçon que tout le monde surnomme "l'Ours" est différent. Il a peur des hommes, ne parle pas, est terrifié par les bruits de la ville. Seuls comptent sa montagne, les animaux qu'il comprend et qu'il soigne. Mais cette tranquillité durement gagnée vole soudain en éclats quand un promeneur découvre une petite fille. Qui est-elle ? Pourquoi vit-elle nue ? Qu'a donc bien pu faire ce garçon que tout le monde montre du doigt...

Je découvre Violaine Bérot avec ce roman, Comme des bêtes. Quel coup de coeur !!

Ce roman, très court, nous offre à la fois une écriture parfaitement maîtrisé, aux mots justes et forts, aux personnages bouleversants et une forme de narration originale et addictive.
C'est en effet en spectateur que l'auteur a souhaité nous placer. Nous sommes l'oreille qui recueille les témoignages des habitants du village, des passants, des témoins. Chacun a son idée sur ce qu'il s'est passé, bienveillante ou malsaine. Personne n'a les réponses à toutes les questions que soulèvent le choix de vie de Mariette et son fils.

C'est bien de cette différence dont il est question dans ce roman. Ce regard qu'on pose sur cet autre qui ne nous ressemble pas. Si certains en ont peur, d'autres jugent qu'ils n'ont rien à en dire, que ce n'est ni leur rôle ni leur place.
Mais c'est rarement les indulgents, les compréhensifs qui ont le dernier mot. Ils ne crient pas assez forts, respectent trop la liberté de chacun pour imposer un quelconque point de vue...

Mariette et son fils, épaulés par ceux qui les ont côtoyé, se retrouvent bien seuls dans cette vallée. Trop de questions, trop de mystères, trop de légendes... Et cette peur à travers laquelle ne naissent que les ombres et les mensonges.

Espérons simplement et chaleureusement que les fées protègeront leurs enfants fragiles et abandonnés...
Lien : https://lire-et-vous.fr/2021..
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Comment un livre peut-il être aussi beau et aussi triste.
C'est toute la magie d'un écrivain talentueux.
Je découvre Violaine Bérot, dont j'ignorais les écrits et je ne peux que me hâter de combler cette lacune en lisant ses autres livres.
« L'ours », c'est un enfant certainement autiste, élevé seul par sa mère dans une maison isolée dans les montagnes au-dessus de la vallée.
Il n'a jamais parlé.
Il est très grand et très fort.
Il a très peur des hommes mais aime et soigne les animaux.
Un jour, une fillette est découverte près de la grotte aux fées, non loin de chez lui.
L'histoire est racontée par les habitants du village, donnant chacun leur perception de cet étrange enfant devenu homme.
C'est une magnifique histoire menée par une splendide écriture.
La construction de récit est très originale
Humanité, poésie, cruauté, peur de la différence.......
J'ai vraiment adoré ce livre.
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