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Qui est cette petite fille nue, mais en pleine santé, trouvée par un randonneur, dans une grotte, à proximité de la maison de l'Ours et de sa mère ? Et pourquoi l'Ours a-t-il agressé le randonneur après cette découverte ? C'est ce que nous décrit ce roman choral, en donnant la parole, pendant la garde à vue de celui qui a été surnommé ainsi dès son enfance – tant en raison de sa carrure et de sa force impressionnantes, que du fait de s'exprimer uniquement par grognements foncièrement ursidés – à tous ceux qui ont leur mot à dire sur cette étrange affaire ayant lieu au fin fond d'un petit village des Pyrénées.

Ainsi, les avis, et sur l'Ours, et sur sa mère, et par prolongement sur la présence de cette petite fille dans la grotte, elle-même surnommée la Grotte aux Fées – s'exprimant d'ailleurs via des passages poétiques, eux-mêmes choeur des fées, qui alternent avec les divers témoignages -, se multiplient, se confirment, se contredisent aussi, mais dans tous les cas mettent magistralement en évidence toute la résonance que peuvent avoir les on-dit sur un village et ses villageois, que ces on-dit soient d'explication surnaturelle ou non, ancestraux ou au contraire tout récents. Ils mettent aussi en évidence, avec beaucoup de justesse, la violence, physique ou verbale, faite à la différence, choisie ou subie, lorsque l'on ne rentre pas dans les cases socialement préconçues par notre monde – bien qu'heureusement, cette violence ne soit pas le fait de tous, comme le prouvent certains témoignages bienveillants parce qu'objectifs. Et le titre, vient, je trouve, parfaire le sens que l'on peut donner à ce roman intense et émouvant, bien que bref : les bêtes, – et le pluriel insiste bien dessus -, ce n'est pas l'Ours, justement, qui est, finalement, le plus humain de tous, mais les autres, ceux qui le qualifient de bête parce qu'il s'est permis de vivre différemment, en harmonie avec la nature, qui l'a, elle, accepté sans sourciller.

Une belle découverte que ce roman de Violaine Bérot, qui me donne envie de lire, et ses autres ouvrages prévus après celui-ci (qui formeront une trilogie si j'ai bien compris), et ses ouvrages précédents. Je remercie les éditions Buchet-Chastel et NetGalley de m'avoir permis cette lecture.
Lien : http://lartetletreblog.com/2..
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Suivant depuis de nombreuses années le travail de cette autrice, j'ai été interpellé par les retours sur Babelio au sujet de cet ouvrage. Je me le suis procuré avec plaisir. le livre court se dévore, tellement sa structure nous happe dans cet univers immersif. La structure est simple. Un soliloque d'un personnage témoignant face à la police sur "l'affaire" et un poème des fées. En montagne, l'ours (un enfant différent devenu adulte) a fait un pas de côté. Un touriste mal mené. On retrouve une enfant. Cette "affaire", qui n'est sans doute qu'un concours de circonstances, devient une psychose. La chasse à l'homme (à l'ours) se met en place à coup d'hélicoptères, de presse et de rumeurs, d'interrogatoires, qui font juste l'impasse sur le dialogue. Certes, l'ours ne parle pas, mais sa mère, oui. La brutalité de l'autorité policière, campée sur sa supériorité soi-disant sécuritaire, obstrue la situation et ne peut provoquer rien d'autre que de la colère. le fil de l'histoire est très bien mené à travers ces paroles. On découvre l'enfance de l'ours, la violence et la cruauté vis-à-vis de cet enfant. La rigidité du système scolaire, puis l'ignorance de cette "famille" vivant autrement. On apprend par bribes que les préjugés sont infondés et qu'il n'est pas de bon ton de fonctionner différemment que suivant l'ordre établi. le retour à la nature, au lien animal, à la simplicité sont au coeur du roman. La violence des hommes est omniprésente, par l'institution et par les pulsions. Pourquoi une mère irait abandonner son bébé aux fées ? La chute est brutale, forte, puissante. Ce livre est très fort.
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Une époustouflante histoire de différence et de liberté, un roman choral remarquablement construit et qui vous prend aux tripes . On est au bord du gouffre pendant tout le temps de la lecture.

Les témoignages des protagonistes se succèdent et on assiste à l'enchaînement des événements.

C'est puissant,

A lire !
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Je me suis déjà frottée à la plume de Violaine Bérot avec Tombée des nues que j'avais beaucoup aimé pour l'originalité de la construction de son récit mais également pour la restitution qu'elle faisait des différents protagonistes d'un village. Je connais donc son talent, son univers et je les ai retrouvés ici, sous une autre forme mais en utilisant une manière différente d'aborder un événement, au sein d'un village ou seuls les habitants ou intervenants parlent, racontent.

Nous sommes placés en tant que témoin d'un interrogatoire où seules apparaissent les réponses mais sans que cela ne soit gênant car on arrive parfaitement à identifier chacun : son rôle, pourquoi il est là à répondre aux questions des enquêteurs mais aussi la question à laquelle il doit répondre. Il s'agit de savoir qui est cette fillette vivant nue, loin de la civilisation et des codes habituels, dont tout le monde (ou presque) ignorait l'existence et surtout l'origine. Qui est sa mère, son père et pourquoi vit-elle dans une grotte auprès de l'Ours, un homme d'une quarantaine d'années, fils de Mariette, un "simple" comme on le nomme souvent, une "Bête" dirons d'autres....  Mais qui sont les Humains et qui sont les Bêtes ? Et d'ailleurs de qui s'agit-il ? de Bêtes humaines ou d'Humains revenus à l'état de Bêtes ?

Alors des questions sont posées : qui est-elle, d'où vient-elle, pourquoi vit-elle près de ce géant muet ou ne connaissant que les rugissements, un inculte, mais qui possède des mains guérisseuses et pourquoi vivent-ils dans la Grotte aux Fées, cet endroit  sur lequel courent des légendes selon lesquelles des fées y recueillent les enfants fruits de violences ? Et pourquoi ne faudrait-il pas une Bête comme gardien du lieu ?

Tour à tour chacun va apporter une pierre à l'édifice, donnant son sentiment, son avis et peu à peu, au fil des interrogatoires, les portraits de l'Ours et de sa mère se dessinent peu à peu mais sans jamais vraiment y apporter une réponse, une vérité. Mais d'autres portraits se dessinent également, ceux de toute cette communauté car à travers leurs réponses ils parlent également d'eux. On le sait bien, dans ces villages où tout le monde se connaît, chacun a son mot à dire, son opinion mais finalement ne sait rien. du facteur, au randonneur, de l'éleveur à l'institutrice chacun apporte son témoignage, avec son franc-parler, ce qu'il sait et ce qu'il imagine et sans avoir besoin de les nommer Violaine Bérot réussit à les situer, à leur donner personnalité et existence.

Elle fait d'un village un microcosme d'humanité, avec ce qu'elle peut avoir de plus violent mais également de plus humain et c'est un dénominateur commun de ses deux romans lus. Et puis elle y incorpore d'autres voix, celles des fées, elles qui détiennent des secrets, qui ont leurs vérités et parfois certaines sont tues car il n'y a pas parfois de mots pour les exprimer car trop humiliantes, trop dures, trop incomprises.

J'ai ressenti les mêmes émotions que lors de la lecture de Simple de Julie Estève qui évoque également l'attitude d'une communauté face à la différence, à l'Autre, si terrifiant parce qu'autre et surtout à ceux qui gardent leurs mystères, qui peuvent susciter l'incompréhension, la répulsion, la violence mais chez qui d'autres ont su voir la beauté.

Alors Bêtes ou Hommes et si finalement il s'agissait des deux.... Comment réagirions-nous car il est toujours facile de prendre position à distance, mais si cela nous touchait de plus près, si nous étions concernés, si nous avions un avis ? L'homme est une bête, dite civilisée, mais jusqu'où et les Bêtes ne seraient-elles pas plus civilisés, plus humaines que les Hommes.....

J'ai beaucoup aimé.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Mariette et son fils vivent dans la montagne, à l'orée du village. Un fils sans père, vite surnommé l'Ours par les enfants du village. Puisque dans ce coin reculé de montagne, c'est bien connu, les enfants sans père sont les enfants de l'ours. S'il est allé un temps à l'école, l'Ours n'a jamais réussi à s'intégrer ni à s'habituer aux contraintes. Lui qui ne s'exprime que par gestes ou grognements a besoin de l'espace et de la sérénité de la nature et des animaux pour vivre.

La mère et ce fils que d'aucuns trouvent différent, vivent en paix depuis des années près du village, au flanc de cette montagne sauvage et isolée. Jusqu'au jour où un randonneur plus curieux que les autres dénonce ce qu'il a découvert, et qui jusqu'alors ne faisait de mal à personne, une enfant qui vit nue dans la montagne, auprès d'un âne et de l'Ours. .

Le lecteur entre dans leur histoire à travers les interrogatoires de divers villageois, l'institutrice, le facteur, la pharmacienne, un voisin, Luc le coureur, et quelques autres. Mais aussi Mariette qui tente de faire comprendre à cette maréchaussée obtuse et bornée que les différences et un handicap ne sont pas forcément synonymes de dangerosité. Que son fils est un homme bon qui a eu peur du déploiement de force de ceux qui sont venus l'arrêter, qu'il ne peut pas s'exprimer ni comprendre. Mais surtout, tente de montrer que l'on peut accepter les différences, que le bonheur et la justice ne sont pas toujours où on croit.

Lire la chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2021/04/14/comme-des-betes-violaine-berot/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Ce récit à plusieurs voix est très ingénieusement construit : il est fondé sur le témoignage des gens d'un village qui connaissent tous sous un angle différent une famille isolée dans la montagne, composée d'une mère, de son fils mutique et d'une petite fille dont personne ne connaît l'identité : est-elle l'enfant du muet, surnommé "l'Ours" pour la rugosité de ses manières ?

Une enquête de gendarmerie est diligentée à la suite de la plainte d'un randonneur agressé par "l'Ours". Ce dernier est arrêté et la petite fille risque fort d'être placée en famille d'accueil.

Entre chaque témoignage on entend la voix des fées, sous forme de poème : ces fées ont un rôle central dans le récit, même si elles n'en sont pas les protagonistes actives. Elles ont pour mission de s'occuper des enfants nés d'un viol et abandonnés par leur mère.

On se pose très vite la question : l'Ours est-il une fée ? Il semble bien que oui, même s'il en diffère par l'aspect physique.

Le roman tourne autour du thème de la différence et du droit pour les parents de retirer un enfant de la société pour l'élever selon des règles plus proches de l'exigence de la nature, certes, mais dans des conditions rudimentaires, quasiment inaccessibles aux secours médicaux, sans école, sans camarades, sans eau, sans électricité, sans téléphone pour joindre la civilisation extérieure en cas de danger : leur statut de parents les autorise-il à «préserver» leur progéniture de l'affligeante "normalité", au risque de leur transmettre leur propre déficit social et de les condamner à une vie marginale ? Ces enfants seront-ils un jour capables de rejoindre, s'ils le désirent, le monde des hommes ou resteront-ils isolés dans la «différence" transmise par leurs parents ?

Le choix de les isoler évoque certaines thèses survivalistes actuelles, parfois mises en pratique par des pères (ou des grand-pères, plus rarement des mères) claniques et autoritaires (ce qui n'est pas le cas ici, Violaine Bérot nous présentant ce père comme frustre, mais aimant et doué pour le soin aux êtres malades ou blessés).

A qui appartient l'enfant ? Aux parents ou à la société ? Un enfant s'appartient d'abord à lui-même, mais cela reste tout théorique, puisque l'être humain est un être social qui dépend toujours d'un groupe. Quelle est le groupe le plus légitime à décider en cas de désaccord sur l'éducation d'un enfant ? les parents ont-ils un pouvoir absolu ? Les représentants de la société ont-ils moralement celui de retirer l'enfant de son milieu pour le placer dans un établissement public ou une famille d'accueil ?

Au final, ce qui ressort, c'est que les enfants ne choisissent jamais.

Le roman allie rythme, empathie, poésie et muscle à un degré rare.

Je préfère le considérer sur un plan allégorique : son sens s'en trouve enrichi.

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Comme souvent face au handicap, l'environnement réagit avec peur, bêtise, violence ou bien indifférence.
Ici celui que tous appellent " L'ours" est grand, fort, et muet. Il n'aime pas qu'on l'approche et sa mère fait tout pour le garder avec elle, refusant de le confier à une institution.
Dans la montagne où ils vivent, certains découvrent qu'il possède le don de soulager les animaux qui souffrent.
Et puis un jour un touriste découvre une petite fille là-haut, près de la grotte de "l'ours".
Violaine Bérot fait alors parler tour à tour les "témoins" et la mère du garçon.
Chacun donne sa version des faits, Mariette parle de son fils avec colère, elle le défend avec toute la violence d'une mère blessée.
C'est un livre splendide et tellement triste.
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Une pépite.
Alors que son enfant “ simple d'esprit” vit difficilement sa vie entre 4 murs en ville, une maman décide d'aller vivre au grand air à la montagne, loin de la civilisation, loin de toute agitation. Dès lors, le garçon guérit, s'épanouit et développe même des dons.
Un incident viendra perturber cet équilibre et interroge sur notre rapport à la normalité de notre société.
Superbe roman à la plume singulière, sans artifice
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Une petite fille de 6 ans est découverte par un promeneur , là haut vers la grotte aux fées .
L'homme qui s'occupait d'elle fût un enfant élevé par sa mère en marge d'un village où il était rejeté parce que différent .
Il avait été surnommé l'ours parce qu'il était impressionnant et grognait comme l'animal.
L'enquête menée sur cette découverte donnera la parole à ceux qui l'ont connu. Chacun a son opinion. Était-il violent, sauvage, doux , avait-il un don ? Et les fées dans tout ça, celles qui recueillaient les enfants que des femmes ne pouvaient pas garder ? D'où venait cette petite ? Lisez c'est beau .
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Un roman choral émouvant sur la différence et une belle ode à la nature. L'écriture est simple ce qui en fait un livre facile à lire.
Les habitants de la plaine sont dépassés par les événements et les légendes concernant l'Ours et les fées. La fin du livre m'a surpris car inattendue.
Je vous laisse le plaisir de découvrir ce petit bijou littéraire signée Violaine Bérot.
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