La valeur de la science s'éprouve par le pouvoir qu'elle a de purifier et d'ennoblir la vie, et tous les étudiants sérieux désirent appliquer les connaissances théoriques acquises dans l'étude de la Théosophie, à perfectionner leur propre caractère et à aider leurs semblables. C'est pour ces étudiants qu'est écrit le présent petit livre, dans l'espoir qu'une connaissance plus exacte de leur propre nature intellectuelle les conduira à cultiver résolument ce qu'il y a de bon en elle et en extirper ce qu'il y a de mauvais. Le sentiment qui nous détermine à mener une vie droite perd la moitié de sa valeur, si la claire lumière de l'intellect n'illumine pas le sentier de la conduite ; car, de même que l'aveugle dans son ignorance s'écarte du chemin jusqu'à ce qu'il tombe dans le fossé, de même l'Ego, aveuglé par l'ignorance, s'écarte du chemin de la vie droite jusqu'à [4] ce qu'il tombe dans le fossé de la mauvaise action. Avidyâ – la privation de connaissance – est bien vraiment le premier pas hors de l'unité dans la séparativité et c'est seulement lorsqu'elle diminue que s'atténue la séparativité, jusqu'à ce que, celle-ci ayant disparu, l'Eternelle Paix soit rétablie.
Le Connaissant, le Connu et le Fait de connaître, voilà les trois choses en une seule, qu’il est nécessaire de bien comprendre si l’on veut utiliser la puissance de la pensée pour la fin qui lui est propre et qui consiste à aider le monde. D’après la terminologie occidentale, le Mental est le sujet connaissant ; l’Objet est ce qui est connu ; la Relation qui les unit est la connaissance. Nous avons à comprendre la nature du Connaissant, celle du Connu, et celle de leur Rapport, enfin la façon dont se constitue ce Rapport. Ces choses une fois bien comprises, nous aurons fait un grand pas vers cette Connaissance de soi-même qui constitue la Sagesse.
Pour que le Moi puisse être le sujet connaissant et le Non-Moi l’objet connu, il faut qu’une relation définie soit établie entre eux. Le Non-Moi doit affecter le Moi et celui-ci doit, à son tour, affecter le Non-Moi. Il doit y avoir une réciprocité d’action entre eux. La connaissance est une relation entre le Moi et le Non-Moi et la nature de cette relation nous fournira le sujet du prochain chapitre, mais il est bon, auparavant, de comprendre clairement le fait que la connaissance est une relation. File implique une dualité, la conscience d’un Mei et la reconnaissance d'un Non-Moi, et la présence des deux facteurs mis aux prises l’un avec l’autre est nécessaire à la connaissance.
Le Moi, dont la « nature est de savoir » trouve, reflété au dedans de lui, un grand nombre de formes et apprend, par expérience, qu’il ne peut pas connaître, agir et vouloir à travers elles et par elles. Il découvre que ces formes ne sont pas soumises à son autorité comme celle dont, tout d’abord, il devient conscient et qu’il apprend (par erreur, mais nécessairement) à identifier avec lui-même. Il connaît, et ces formes ne pensent pas ; il veut, et elles ne manifestent aucun désir ; il déploie de l’énergie et aucun mouvement ne se produit, en réponse, chez elles.
C'est à ce point de vue superficiel que l'esprit est appelé le "Créateur d'illusion". Il ne nous apporte que des images déformées, combinaisons de lui-même et des objets extérieurs. En un sens beaucoup plus profond, d'ailleurs, il est encore "Créateur d'illusion", à savoir en ce sens, que ces images déformées elles-mêmes ne sont que les images d'apparences, non de réalités ; des ombres d'ombres ; voilà tout ce que le mental nous fournit. Mais il nous suffira, actuellement, de considérer les illusions dues à sa nature propre.