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4,3

sur 2503 notes
Le narrateur, 19 ans, vient de recevoir un un appel téléphonique de sa soeur Léa, 13 ans, lui annonçant que leur père vient de tuer leur mère. Lui est danseur stagiaire à l'Opéra de Paris, il va bientôt monter en grade. Léa, elle, est collégienne dans leur petit village de la banlieue bordelaise. Elle vit avec leurs parents. Et d'un coup, tout vole en éclats.

Philippe Besson, dans ce roman qui aborde l'effroyable thème du féminicide, part du point de vue des enfants pour nous livrer une histoire à la fois personnelle et universelle. le narrateur, fils aîné et grand-frère, revient deux ans après les faits sur cette tragédie qui a bouleversé à jamais sa vie et celle de sa soeur afin de livrer le récit le plus clair de ce qu'ils ont vécu.

Des petits détails qui restent en mémoire lors de l'annonce du drame aux conséquences matérielles en passant par la froideur de la procédure judiciaire, le narrateur nous offre une description réaliste des suites du drame. En parallèle, tout on long du récit, il déroule le fil de ses souvenirs pour dresser le tableau de sa famille, du couple que formaient sa mère et son père, leur personnalité et les relations qu'il entretenait avec chacun.
Dans cette narration descriptive, toute en pudeur, se glissent les moments de prise de conscience, ces signes précurseurs que l'on a vus, forcément, mais desquels on s'est détourné. La culpabilité et le remord tenaillent le fils au souvenir de sa mère qui changeait physiquement, qui ne riait plus plus, qui s'étiolait peu à peu... La colère l'emporte quand il pense aux défaillances des gendarmes et surtout, à l'unique responsable de tout cela. Et pourtant, même légère, l'ambivalence de ses sentiments demeure parfois car cet homme, c'est son père.
Enfin, Philippe Besson dans "Ceci n'est pas un fait divers", nous parle de vies broyées, anéanties, traumatisées à jamais avec le personnage de la petite Léa, et qui prennent définitivement un virage que l'on n'aurait pas imaginé.
L'auteur utilise un style très sobre, presque clinique, évitant ainsi de tomber dans un voyeurisme malsain. Par là même, il rend compte en même temps de toute la violence de ce crime dont les déflagrations sont catastrophiques pour les enfants.
Leur père a tué leur mère. Comment survivre à ça ?
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La claque ! Voilà le mot qui m'est venu quand j'ai finis ce livre ... en larmes !

Ils ont dix-neuf et treize ans, et sont frère et soeur quand l'histoire commence. La cadette, témoin malgré elle, prononce en tremblant : "Papa vient de tuer maman." Passé la sidération, ces enfants brisés vont devoir se débrouiller avec le chagrin, la colère, la culpabilité. Et remonter le cours du temps pour tenter de comprendre la redoutable mécanique qui a conduit à cet acte.

Un roman inspiré de faits réels qui a été magnifiquement bien écrit par l'auteur. Il a réussi à mettre en avant un sujet de société effroyable, parfois tabou et trop souvent peu considéré. C'est mon premier livre de l'auteur et il est certain que ça ne sera pas le dernier. J'ai mis quelques pages à m'habituer à sa plume qui est vraiment propre à lui et qui s'est révélée être par la suite d'une incroyable justesse.

Une histoire qui ce lit en apnée, le souffle court et le coeur battant ! J'ai ressenti tellement de tristesse et de haine durant cette lecture, qui représente à merveille ce que vivent les femmes en tant qu'épouse, maman et surtout victime lorsqu'elles subissent les coups. Nous y voyons également toute l'indifférence dont fait parfois preuve la police quand l'une d'elles veut porter plainte ou quand un ami ou un membre de la famille doute mais garde le silence et ne dénonce rien ...

L'auteur nous maintient hors du temps parce qu'il parvient, seconde par seconde, à retranscrire les émotions de ces deux enfants d'une manière tellement réaliste, que nous avons l'impression de vivre l'impensable à leurs côtés. Et c'est grâce à ça que je suis moi-même passée par des émotions d'un extrême à l'autre.

Si je devais définir ce fabuleux roman en trois mots, ce serait : difficile, juste et nécessaire.

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Ceci n'est pas un fait divers. C'est un drame qui concerne ce qui arrive beaucoup trop souvent : les violences conjugales et le féminicide. Mais Philippe Besson a pris le parti de le présenter du point de vue des victimes collatérales : les enfants.

Philippe Besson raconte comment un frère et sa jeune soeur, désormais presque seuls au monde, subissent de plein fouet ce drame. La police et ses obligations parfois maladroites. Les scellés sur la maison privant les enfants de leur toit et de leurs affaires. Les obsèques et leur lot de choix. Les confrontations avec cet homme qui restera à jamais à la fois un père et un meurtrier. le procès, sa rudesse, la violence des détails. La culpabilité et la colère qui ne s'apaisent pas. L'après muet mais qui hurle encore sa douleur à l'intérieur du coeur et de la tête.

Comment se reconstruire quand on a été témoin de la descente aux enfers qui a coûté la vie de sa propre mère ? Et quand son père est devenu un ennemi et un être haïssable ?

Si le thème et le traitement choisis pour ce roman m'ont vivement intéressée, je n'ai pas retrouvé l'écriture de Besson que j'aime tant d'habitude. Je pense qu'il a cherché à ne pas surjouer, ne pas trop en faire, au point que cela m'a semblé un peu clinique là où justement j'attends Besson sur la justesse des sentiments et des émotions (comme dans le dernier enfant où Arrête avec tes mensonges).

Un court roman nécessaire.
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« Papa vient de tuer maman. »
C'est avec ces mots que l'on entre dans ce livre, inspiré de faits malheureusement encore trop souvent réels.

Bien que ce livre soit court, j'ai mis du temps à le lire car il est éprouvant et ... peut-être l'envie de ne pas avaler les mots, mais plutôt de leur laisser à chacun leur place, leur donner le temps de se reconstruire avant de tourner un autre chapitre.

Aborder le thème des violences conjugales, des féminicides n'est pas nouveau mais comme à son habitude Besson y met toujours sa subtilité, sa sensibilité : comprendre, expliquer sans être dans le voyeurisme.

L'accès est mis sur ceux qui restent, ceux qui ont vu et n'ont rien fait ou n'ont rien pu faire. Là aussi, l'angle pris par l'auteur est important et voir le chemin parcouru par les proches pour accepter et se reconstruire est long et délicat.

Roman délicat pour un thème qui l'est tout autant, de la douceur dans un geste violent, de l'empathie face à la culpabilité, la fuite et l'acceptation.
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Chronique d'une serial lectrice : le petit avis de Kris
Philippe Besson a une approche du féminicide bien à lui. Il a choisi d'aborder ce triste sujet en se penchant sur les dommages collatéraux, c'est à dire les enfants qui subissent de fait le plus grand choc de leurs jeunes existences.
Léa, 13 ans, vit chez ses parents à Blanquefort, en Gironde, tandis que son frère, 19 ans, est parti à Paris étudier la danse. Un jour, ce dernier reçoit un appel de sa soeur affolée qui lui apprend que leur mère a succombé sous les coups de leur père. Il saute aussitôt dans un train et découvre, sur place, l'effroyable réalité : le cadavre de sa mère, sa soeur mutique et son père en fuite.
Avec une écriture toute en finesse et délicatesse il décrit le ressenti de ces deux enfants qui, tout au long de leur vie se diront « Mon père à tué ma mère ».
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C'est une lecture choc dont le thème est malheureusement et depuis bien trop longtemps d'actualité, en effet chaque année le nombre de féminicides donne la nausée, Philippe Besson aborde le sujet avec une justesse incroyable. En abordant le point de vue des enfants, il refuse de donner la parole au meurtrier dont il parle au final très peu, il met davantage en oeuvre un hommage à cette mère de 2 enfants dont l'univers vient d'imploser. Les difficultés du deuil, de la reconstruction et surtout celui de grandir lorsque maman a été assassiné par papa, chaque étape devient un traumatisme, chaque décision une montagne infranchissable. Comment peut-on encore aimer un père qui a commis le pire? Comment ne plus aimer celui qui est votre père?

L'auteur zoome sur ce qui n'aurait pu être qu'un fait divers parmi d'autre, pourtant une identité est donnée à cette victime ainsi qu'à sa famille et ce n'est soudain plus un fait divers, mais cela devient un drame, un séisme dévastateur. Un roman qui dérange par sa vérité et sa justesse, difficile de trouver son souffle à la lecture des mots de ce jeune de 19 ans qui se retrouve en quelques secondes dans une vie bien trop adulte pour son jeune âge.
Lien : http://livresque78.com/2023/..
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Le narrateur est le fils de la victime. Il est aussi le fils de l'assassin. Il a 19 ans, sa soeur en a 13. Elle a assisté à la scène :

la victime a été poignardée 17 fois par Franck, son mari.

“Nous ne devions pas parler d'un meurtre, mais de la volonté d'un homme d'affirmer son pouvoir, d'asseoir sa domination. Et de l'aveuglement de la société. Et de la peur de nommer.”
Comme des coups de couteau, les mots de Philippe Besson nous atteignent en plein coeur.

Car CECI N'EST PAS UN FAIT DIVERS. C'est ce que vivent des milliers de victimes muettes, muselées par la violence d'un conjoint, le risque de ne pas être entendue ou prise au sérieux, la crainte de représailles, un quotidien à préserver pour les enfants.

Alors oui, le sujet est terrible. Oui, de nombreux romans traitent d'emprise psychologique, de maltraitance, de violences conjugales.
Je me permets de vous partager mes autres lectures sur le sujet :
- Tu, de Ève Chambrot
- L'amour et les forêts, d'Éric Reinhardt
- Trancher, d'Amélie Cordonnier
- La femme muette, de Mathieu Albaizeta

Il ne s'agit pas de se mettre à espionner ses voisins, ni d'encourager une curiosité de mauvais aloi. Mais observer, dire, agir, intervenir sont des actes essentiels lorsque l'on se retrouve témoin de tels agissements. Avant que l'inéluctable ne soit commis.

Le roman est court (un peu plus de 200 pages) ; je l'ai lu d'une traite, en apnée, non en attente d'un dénouement, mais tenue par l'écriture brillante, poignante de l'auteur, et l'angle « un peu différent » qu'il a choisi pour dire l'indicible.
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Bonjour amis lecteurs,
Aujourd'hui je vous propose le nouveau livre de Philippe Besson: « Ceci n'est pas un fait divers ». Un roman bouleversant sur le féminicide inspiré d'un fait réel. Nous suivons le parcours d'un frère et d'une soeur confrontés au meurtre abominable et révoltant de leur mère par leur père. Face à l'indicible, la reconstruction de ces victimes invisibles sera-t- elle possible ? L'auteur use d'une écriture subtile et envoûtante empreinte de pudeur et de sobriété dans un récit poignant et terrifiant où le désespoir s'invite à chaque page. Un livre magistral, dramatique, terriblement d'actualité sur la violence conjugale et ses conséquences inéluctables.

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Brrr comment dire ...
Avec la précision du chirurgien -il paraît que Philippe Besson est fort dans cet exercice, mais là je le découvre pour la première fois-.

Et donc, avec cette précision-là, Philippe Besson entre tel un microscope laser et dissèque chaque vécu, émotion, ressenti de son protagoniste.

On y découvre l'intérieur de ce "fait divers" que vous comprenez vite, pas tant "divers" que ça.

Fan de true crime, et compatissante, jamais je n'avais imaginé les faits sous cet angle.

Un fait divers, c'est dérangeant oui : ça nous sensibilise, nous émotionne, nous interroge et nous bouleverse.

On pourrait ici, s'y reconnaître, comme ça, sans y prêter garde parce que PB n'en fait pas de trop, il reste sobre. Bien comme il faut.

Au coeur de ce crime des premières pages - ce peu nommé féminicide - il est question des effluves de l'amour, des liens familiaux d'apparence, mais de rêves chamboulés et d'espoir déçu bien entendu. Et puis, le dérapage est inévitable.

De ce livre, on pourrait commencer un essai -il existe peut-être-.

En tout cas après ça, moi, je reste là exsangue, dégoûtée et sans voix ... comme devant un fait divers, un de ceux qu'on nomme à demi-voix.

Bien peu humble, celle/celui qui sait déjà comment il réagirait.

Ps: je m'en vais de ce pas lire d'autres PB !
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Bonjour les babeliophiles petit retour sur ma lecture de 173 pages.
Et quelle lecture!!! autant j'ai eu du mal avec Paris-Briancon de l'auteur autant la j'ai eu vraiment un coup de ♥♥. J'ai dévoré ce témoignage, Un livre difficile poignant triste et plein d'amour de la part de la maman bien sûr c'était beau fort intense, des souvenirs des larmes aux yeux (et oui j'ai pas honte de le dire)un livre qui m'a touché d'autant plus qu'un passage du livre m'a fait pense à notre fille (voir citation).
Comme je dis toujours ceci n'est que personnel
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