Les jours fragiles

Je n'ai pas été convaincue par ce roman de Philippe Besson qui a tenté de faire parler Isabelle, la soeur d'Arthur Rimbaud. Si le roman repose sur un travail minutieux de documentation et peut en apprendre sur les derniers moments de Rimbaud à travers le prisme du journal hypothétique de sa soeur, le style m'a semblé ennuyeux, voire ampoulé. Philippe Besson nous peint une femme en disgrâce, culpabilisée, étouffée par une mère omnipotente, mais cette voix féminine est souvent trop théâtrale pour accrocher. Une déception de plus avec Philippe Besson dont le souvenir excellent de "Son frère" me rend les autres romans assez ternes.

L'idée de départ est excellente : la soeur de Rimbaud tient un journal des derniers jours de son frère. Philippe Besson, par ses descriptions, nous montre qu'il connait bien le monde paysan ainsi que la vie de Rimbaud. du bout des doigts. Cependant, le ton à la longue devient un peu trop pathétique et recherché pour être l'écriture de la soeur de Rimbaud.

J'adore Philippe Besson, il a écrit l'un de mes livres préférés (Un certain Paul Darrigrand) et j'admire tellement son talent. Ses textes exhalent la fluidité, la sensibilité et la simplicité. Même ses livres les plus complexes et les plus ambitieux se concentrent généralement sur des émotions simples, ce qui confère à ses histoires une capacité d'immersion très unique. “Les jours fragiles” est pourtant une exception. Ici, sa capacité à transmettre des émotions échoue, malgré une écriture techniquement parfaite (le texte évoque même le rythme poétique de manière très puissante). Il reste des passages fréquents où la narratrice écrit sur beaucoup de sentiments qui nous sont inaccessibles en raison de la distance entre le lecteur et l'histoire.