Arthur était brillant, poète de génie, fructueux homme d'affaires en Afrique. Mais la maladie le contraint à revenir près des siens, notamment d'Isabelle, sa soeur, restée au pays. Elle redoute le retour de ce frère aussi brillant qu'instable et accepte de veiller sur lui, quel qu'en soit le prix.
«
Les jours fragiles » est un roman écrit par
Philippe Besson en 2004. Il se présente sous la forme d'un journal intime écrit par
Isabelle Rimbaud, la soeur cadette d'
Arthur Rimbaud, alors que le célèbre poète parcourt le crépuscule de son existence. C'est un homme diminué qui revient d'Afrique, amputé d'une jambe tandis que la gangrène progresse, ignoré de tous, considéré comme une bête curieuse et décrépie.
Arthur a très tôt trouvé dans la fuite la joie de son existence. Instable, créatif, avide d'expériences extrêmes, à même de nourrir son art, il n'a eu de cesse de courir le monde. La maladie l'a fauché en plein vol, lui ôtant par là même toute sa raison d'être. Isabelle, de son côté, n'a jamais aimé que la quiétude et la stabilité, trouvant dans le fait de partir « un arrachement, une manière d'amputation » (p. 116). Depuis toujours, elle est restée la même, inamovible, dans la maison d'enfance aux côtés d'une mère économe de paroles et d'affects.
Alors quand Arthur revient, sa soeur se dévoue entièrement à lui, corps et âme, malgré la déchéance qu'il lui impose, malgré les propos blessants et cruels à son encontre. Face à l'imprévisibilité d'Arthur, l'oscillation de son humeur, elle s'efforce de demeurer stable et aimante. Faut-il y voir un sacrifice sans retour ? Ne puise-t-elle pas dans l'accompagnement de ce mourant quelque matière à vivre, se sentant utile à un autre ?
L'écriture de ce journal intime est d'une bouleversante beauté, le style incisif rendant compte à merveille des mouvements d'âmes qui traversent Isabelle, ses doutes, sa culpabilité, ses emportements, remords, sa dévotion infinie, en toile de fond. Mais l'ensemble est marqué par la déchéance d'Arthur et le contenu reste lourd et morbide. Partout, la grisaille, l'humidité et la mort plombent l'atmosphère, reléguant au second plan l'amour fraternel qui relie les deux protagonistes. Une oeuvre lourde, âpre, portée par une écriture sublime.