AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Un homme accidentel (83)

Et puis, le manque est arrivé, dans le moment où je m'y attendais le moins, il est arrivé alors que j'avais presque fini par croire à mon amnésie. C'est terrible, la morsure du manque.
Commenter  J’apprécie          450
Le motif secret de nos actes, et j'entends: des plus décisifs, nous échappe; non seulement dans le souvenir que nous en gardons, mais bien au moment même. Sur le seuil de ce que j'appelle: péché, hésitais-je encore? Non.
André Gide, Si le grain ne meurt.
Commenter  J’apprécie          280
Il y a des choses qu'on ne décide pas. Des événements qu'on ne voit pas venir. Et quand ils se produisent ou sont sur le bord de se produire, c'est déjà trop tard. Il y a des chemins qu'on emprunte sans se douter du danger, tout a l'air calme autour, pourquoi on se méfierait, pourquoi on serait sur ses gardes ? Il y a des gens vers qui on va, sans les craindre, sans rien attendre d'eux, on est persuadé qu'on ne croisera plus jamais leur chemin et puis un jour, ils sont là, à nouveau, devant nous, et on est surpris mais pas inquiet, on leur tend la main, on accepte de boire un verre, ou d'échanger une cigarette, ou de parler du temps qu'il fait, de la vie qu'on voudrait et voilà, on est mort sans s'en apercevoir. Il y a des moments de presque rien, des minutes ordinaires, on en a traversé des tas comme ça avant, mais un beau matin, c'est une fraction de temps pendant laquelle tout bascule. Des silences qui paraissent anodins, on n'éprouve pas le besoin de les remplir, on y est bien mais on appuie le regard un peu trop, on accroche ses yeux à l'autre une seconde de plus qu'il ne faudrait et ça remplit le silence d'un coup, on fait loger un destin dans ce silence. Non, je n'aurais rien pu empêcher.
Commenter  J’apprécie          280
Pour tout dire, je menais une existence tranquille. J'ai attendu d'avoir trente ans pour que la foudre me tombe dessus. Vu ce qui s'est passé par la suite, on pourrait imaginer que je regrette cette tranquillité, le calme plat d'avant la tempête. On se tromperait. Pour sûr je n'étais pas taillé pour les turbulences, mais aujourd'hui je me mettrais à genoux et j'implorerais d'être foudroyé à nouveau.
Commenter  J’apprécie          170
J'essaie d'apprendre à vivre sans lui. Chaque jour, j'essaie.
Je vous jure que j'essaie. Je n'y arrive pas.
Commenter  J’apprécie          160
A la fin du mois d'août, un magazine à sensation a fait son apparition dans les kiosques, avec en une, une photo volée de Jack portant un bonnet, des lunettes, un jogging; une photo floue, granuleuse, prise au téléobjectif. La légende évoquait "la grande solitude de la star". En pages intérieures, on apprenait que la rousse interminable l'avait quitté. Elle se répandait en méchancetés sur son compte, dans une interview qu'elle avait dû monnayer avantageusement. Je me remémorais la nymphe laissant négligemment glisser son peignoir de bain, au bord d'une piscine. La laideur était partout. Et surtout sous le masque de la beauté.
Commenter  J’apprécie          150
J'essaie d'apprendre à vivre sans lui. Chaque jour, j'essaie, j'essaie. Je vous jure que j'essaie. Je n'y arrive pas.
Commenter  J’apprécie          130
Depuis j'ai acquis la certitude qu'il advient toujours un moment dans une vie où on est confronté à sa part d'ombre.
Commenter  J’apprécie          100
Et puis, une petit fille est morte; ma sœur. Et tout s'est déréglé. Le chagrin s'est abattu sur nous, il a eu la peau de notre famille. Mon père s'est étiolé, consumé comme une bougie. Parfois, ce sont les hommes, les plus fragiles. Ma mère a essayé de s'en sortir comme elle a pu. Un jour, elle s'est rendu compte que son mari ne faisait rien d'autre que l'entrainer par le fond avec lui. Après avoir tenu sa main pendant des années pour qu'il ne disparaisse pas, engloutie par la tristesse, elle s'est résolue à la lâcher.
Commenter  J’apprécie          100
Et puis, le manque est arrivé, dans le moment où je m'y attendais le moins, il est arrivé alors que j'avais presque fini par croire à mon amnésie. C'est terrible, la morsure du manque.
ca frappe sans prévenir, l'attaque est sournoise tout d'abord, on ressent juste un vive douleur qui disparaît presque dans la foulée, c'est bref, fugace, ça nous plie en deux mais on se redresse aussitôt, on considère que l'attaque est passée, on n'est même pas capable de nommer cette effraction, et pourquoi on la nommerait, on n'a pas eu le temps de s'inquiéter, c'est parti si vite, on se sent déjà beaucoup mieux, on se sent même parfaitement bien, tout de même on garde un souvenir désagréablede cette fraction de seconde, on tente de chasser le souvenir, et on y réussit, la vie continue, le monde nous appelle, l'urgence commande.
Et puis, ça revient le jour d'après, l'attaque est plus longue ou plus violente, on ploie les genoux et on a un méchant rictus, onse dit: quelque chose est à l'oeuvre à l'intérieur, on pense à ses transports au cerveau qui annoncent les tumeurs, qui sont le signal enfin visible de cancers généralisés jusque-là insoupçonnables, on éprouve un sale frayeur, un mauvais pressentiment (...)
Commenter  J’apprécie          100






    Lecteurs (1081) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Philippe BESSON

    Quel est son tout premier roman ?

    Un instant d'abandon
    Se résoudre aux adieux
    Un homme accidentel
    En l'absence des hommes

    12 questions
    146 lecteurs ont répondu
    Thème : Philippe BessonCréer un quiz sur ce livre

    {* *}