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Citations sur Un homme accidentel (83)

Maintenant qu’il est parti, il y a deux ou trois choses que j’ai réussi à établir avec certitude.
Nous n’aurions jamais dû nous rencontrer. Qu’on me comprenne : je ne regrette pas notre rencontre, c’est même très exactement l’inverse.
Ce que je veux dire, c’est : nous étions programmés pour ne jamais nous rencontrer.
Nos mondes étaient sans intersection. Tout nous séparait. Tout nous maintenait à distance.
Seul un accident extravagant était susceptible de nous mettre en présence.
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Alors quoi? Alors s’aimer. Pour le temps qui nous était imparti, et dont nous ignorions le terme. S’aimer en connaissant l’issue mais pas l’échéance. Ces quarante-huit heures, à leur manière, ont été les plus belles de ma vie.
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"J’ai saisi les clés dans un geste parfaitement naturel et je me suis installé à la place du conducteur. J’aurais pu être effrayé par ce geste machinal, le genre de détail qui raconte une vie de couple mieux que n’importe quoi d’autre. Je ne l’ai pas été."
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Et comment dire la douceur de ça ? Comment dire la délicatesse et la douceur ? Il faudrait sans doute des mots que je ne possède pas, des expressions qui m’échappent, des images que je suis incapable de former des adjectifs savants qui visent juste. Il faudrait surtout des silences, des aveux sans paroles, ces presque rien qui signifient tout. Il faudrait abdiquer toute intelligence, toute intention pour être seulement dans l’émotion, dans ce qui se ressent, ce qui s’éprouve. Il faudrait aussi ne pas redouter l’impudeur, ou bien inventer une manière de se dévoiler, de se livrer qui ne soit pas indécente.
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Ce devait être un sourire un peu misérable, le mien. Je n'étais pas très adroit avec les filles. Je ne comprenais pas comment elles fonctionnaient. Je n'ai toujours pas compris.
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A l'instant précis de notre rencontre, je veux dire : lorsqu'il a été là, devant moi, dans le matin du monde, avec sa beauté fracassante et ensommeillée, et son air de survivant, il ne s'est produit aucun déclic, je le jure. Il est tentant, je suppose, d'imaginer que tout s'est joué en une fraction de seconde, que tout a basculé sur un premier regard, ou sur une poignée de main, mais non.
Evidemment, tout commence à ce moment exact, le processus s'enclenche, celui que nous n'arrêterons pas mais comprenez que nous sommes dans l'ignorance de cet enclenchement, dans une parfaite innocence; l'ingénuité. Nous ne savons pas que nous venons de mettre la main dans l'engrenage qui va nous dévorer. Il est trop facile de réécrire l'histoire après coup. Moi, je m'en tiens à la vérité, elle n'a pas besoin de surenchère.
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Et puis, le manque est arrivé, dans le moment où je m’y attendais le moins, il est arrivé alors que j’avais presque fini par croire à mon amnésie.

C’est terrible, la morsure du manque. Ça frappe sans prévenir, l’attaque est sournoise tout d’abord, on ressent juste une vive douleur qui disparaît presque dans la foulée, c’est bref, fugace, ça nous plie en deux mais on se redresse aussitôt, on considère que l’attaque est passée, on n’est même pas capable de nommer cette effraction, et pourquoi on la nommerait, on n’a pas eu le temps de s’inquiéter, c’est parti si vite, on se sent déjà beaucoup mieux, on se sent même parfaitement bien, tout de même on garde un souvenir désagréable de cette fraction de seconde, on tente de chasser le souvenir, et on y réussit, la vie continue, le monde nous appelle, l’urgence commande.

Et puis, ça revient, le jour d’après, l’attaque est plus longue ou plus violente, on ploie les genoux, on a un méchant rictus, on se dit : quelque chose est à l'œuvre à l’intérieur, on pense à ces transports au cerveau qui annoncent les tumeurs, qui sont le signal enfin visible de cancers généralisés jusque-là insoupçonnables, on éprouve une sale frayeur, un mauvais pressentiment.

Et puis, le mal devient lancinant, il s’installe comme un intrus qu’on n’est pas capable de chasser, il est moins mordant et plus profond, on comprend qu’on ne s’en débarrassera pas, qu’on est foutu.

Oui, un jour, le manque est arrivé. Le manque de lui.

Au début, j’ai fait comme si je ne m’en rendais pas compte, le traitant par l’indifférence, par le mépris, je me savais plus fort que lui, j’étais en mesure de le dominer, de l’éliminer, c’était juste une question de volonté ou de temps, je n’étais pas le genre à me laisser abattre par quelque chose d’aussi ténu, d’aussi risible.

Et puis, il m’a fallu me rendre à l’évidence : ce match, je n’étais pas en train de le gagner, j’allais peut-être même le perdre, et je ne possédais pas le moyen d’échapper à cette déroute et plus je luttais, plus je cédais du terrain ; plus je niais la réalité, plus elle me sautait au visage. Autant le reconnaître : j’étais dévoré par ça, le manque de lui.
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Notre perversité, souvent, on ne la mesure pas, elle nous échappe. (Un homme accidentel; Philippe Besson)
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"IL y a des choses qu’on ne décide pas. Des événements qu’on ne voit pas venir. Et quand ils se produisent ou sont au bord de se produire, c’est déjà trop tard" (Un homme accidentel, Philippe Besson).
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Nous nous sommes percutés à la manière de deux trains roulant à pleine allure l'un vers l'autre sur la même voie. Voilà, nous avons été lancés l'un contre l'autre. Le choc a été spectaculaire. Il ne pouvait qu'être meurtrier. Le problème, c'est que, moi, j'ai survécu.
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