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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Très beau livre, très intime, très personnel. le père de Maïssa Bey, instituteur, a été arrêté pendant la guerre d'indépendance, et est mort, vraisemblablement sous la torture. De cette immense soufrance de petite fille, Maissa Bey, le jour où elle a enfin réussi à en parler, tire un livre étrange et généreux : trois personnages se retrouvent dans un compartiment de train : une femme qui ressemble à la narratrice, une jeune fille qui voudrait savoir comment c'était, ce qui se passait à cette époque dans l'Algérie de ses grands parents et un homme âgé, qui l'a faite comme appelé, cette sale guerre.
L'homme et la femme racontent leur Algérie à la jeune fille et, ce faisant, la femme revient sur son passé, revit et évoque cette mort enfouie au fond de sa souffrance. A la fin, on comprend, et le viel homme comprend, qu'il a été, à son corps défendant, bien sûr, et parce que c'était comme ça, l'un des tortionnaires du jeune instituteur.
Un livre lumineux et pudique d'humanité et de pardon
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En peu de mots, l'auteur décrit avec beaucoup de pertinence les comportements humains en temps de guerre et les traumatismes qu'elle génère. Elle n'oublie pas de préciser que le temps efface tout puisque, fille de résistant durant la guerre d'Algérie, elle doit trouver asile en France suite aux massacres perpétrés en Algérie durant la période post annulation du premier tour des élections municipales.
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La voix des hommes libres s'est élevée
Elle clame l'indépendance
De la patrie
Je te donne tout ce que j'aime
Je te donne ma vie
O mon pays... ô mon pays”
L'origine du propos
1957. Maïssa Bey a six ans. Son père succombe sous les “interrogatoires” des soldats français. On ne rendra pas le corps à la famille.
2002. Maïssa Bey devenue écrivain achève un impensable travail de mise au jour de sa mémoire. Elle ose écrire la mort inacceptable, la confrontation avec la figure de l'assassin. Avec sérénité, hauteur, lucidité, elle enterre le corps disparu de son père. A notre tour, nous voici orphelins.
Une femme est assise dans un train. Un homme prend place en face d'elle. L'homme a vu l'étiquette de sa valise. Elle vient d'Algérie. Lui... C'est un Français qui a connu l'Algérie. Autrefois. Il a l'âge qu'aurait le père de la femme. Elle se laisse entraîner dans un dialogue qu'elle ne préméditait pas. Ce Cet échange est une enquête, menée le coeur battant. Prise d'une envie irrépressible d'affronter son passé, la femme ira au bout de son désir de clarté.
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Trois personnes dans un compartiment de train à destination de Marseille. Trois générations : un sexagénaire prénommé Jean, une femme sans âge et sans identité et, enfin, Marie, à peine 20 ans. Trois destins, tous liés, du fait d'un cruel hasard, par l'Algérie des années 50 et 60. Une période aux noms et aux cicatrices variables, dépendant de la nationalité et de l'âge de chacun et chacune.
Jean a été envoyé en Algérie comme appelé. le père de la femme sans nom, Algérienne exilée en France, combattait pour l'indépendance de son pays. le grand-père de Marie, installé lui aussi au sud d'Alger à l'époque, ne lui a jamais rien raconté sur les "événements".
Maissa Bey esquisse et fait croitre parfaitement la tension, née initialement de quelques mots, puis peu à peu matérialisée dans ce compartiment, soit en phrases hésitantes, incomplètes, soit en déclarations péremptoires, soit en silences, dressés comme des fantômes d'aveux.
Et elle sait rendre compte des douleurs de chaque protagoniste, femme algérienne, homme français, l'une à qui la guerre a pris son père, l'autre qui y a perdu son âme. Sans oublier Marie, prisonnière du silence imposé par son grand-père, et qui porte une autre forme de blessure. Et veut savoir pour tenter de la refermer.
Ce récit, solidement construit et mis en scène, puise aussi sa force dans une écriture subtile et une finesse extrême dans l'évocation des luttes intérieures et des questionnements de chaque personnage.
Une première découverte très convaincante de cette autrice.
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Après Daesh dans « le français » de Julien Suaudeau et la guerre en Irak dans « Chronique des jours de cendre » de Louise Caron, voici « Entendez-vous dans les montagnes… » de Maïssa Bey sur la guerre d'Algérie.

Ce livre est une auto-fiction : Maïssa Bey y raconte à travers un personnage fictif la mort de son père, torturé puis assassiné par des militaires français en 1957. Par le truchement de cette mise en scène à huis clos dans le compartiment d'un train, enécrivaznt à la troisième personne du singulier, Maïssa Bey essaye d'introduire un peu de distance par rapport à son histoire pour en rendre compte de façon, non pas détachée, cela serait impossible et oterait tout sa puissance au livre, mais objective. Elle n'en est que plus poignante.

Une femme prend le train, en France. Elle est d'origne algérienne. Elle partage son compartiment avec un homme et une jeune femme. La part de fiction que Maïssa Bey projette dans son livre lui permet de faire de ce huis clos une rencontre improbable entre elle-même, fille de fellaga, un ancien militaire français en poste dans son village pendant la guerre et une petit-fille de pied noir : trois protagonistes de la guerre à travers trois générations et trois antagonismes.

A partir de l'instant où la scène est définitivement plantée et claire pour le lecteur, Maïssa Bey ne lâche plus le lecteur. Avec des phrases souvent inachevées, avec des allers-retours entre présent et souvenirs, elle prend le lecteur par les tripes et ne lui laisse aucun répit, aucun repos et l'emmène avec ses personnages sur les chemins de la mémoire, de l'expiation, de la compréhension mais jamais ceux du pardon ou de l'excuse.

La guerre d'Algérie devient sou la plume de Maïssa Bey une affaire de convictions pour les uns, d'obéissance aveugle pour les autres et de fantômes du passé pour les derniers. En convoquant ces trois visions de la guerre d'Algérie, aucune ne cherchant vraiment à légitimer les actes qu'elle a induit, Maïssa Bey rend avant tout l'être humain responsable de ce qui s'est passé : culpabilité, remords, passivité, soumission, dédain, autant de faiblesses qui mises bout à bout conduisent aux pires atrocités.

A coup de conversations dans lesquelles les personnages ne finissent que rarement leurs phrases, Maïssa Bey fait passer autant de choses dans ses mots que dans ses silences, que dans les non-dits, mélangeant souvenirs, angoisses, peurs de ses protagonistes. C'est un livre touchant sans être larmoyant, dur sans oublier la part d'humanité en chacun de nous…

Lien : http://wp.me/p2X8E2-yT
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Depuis L'art de perdre (2017) d'Alice Zeniter, j'ai lu avec beaucoup d'intérêt plusieurs romans et récits autour de l'histoire de l'Algérie du XXème siècle. Mon intérêt pour ce pan d'Histoire n'étant de loin pas encore satisfait, je suis toujours ravie de découvrir de nouvelles voix sur le sujet.

Maïssa Bey (1950), de son vrai nom Samia Benameur, est l'autrice de neuf romans, de trois recueils de nouvelles et de poésie, de pièces de théâtres et d'un essai. Elle est l'une des figures du féminisme algérien.

La récente réédition au format poche de Entendez-vous dans les montagnes (2002), son troisième roman, a été enrichie d'un petit texte écrit pour le Monde et publié en mars 2022. Dans Pour moi, la guerre d'Algérie a commencé dans un long cri strident, Maïssa Bey explique comment la guerre d'Algérie, que ses parents n'avaient jamais évoquée devant les enfants pour les préserver, est entrée brutalement dans sa vie à travers un cri qui est venu « se fracasser contre l'insouciance de l'enfance ». Ce long cri strident, c'était celui d'une mère qui hurlait à sa fille de sept ans « ils ont tué ton père« .

Entendez-vous dans les montagnes est un roman très court et personnel inspiré de l'histoire familiale de Maïssa Bey, une histoire marquée par l'assassinat de son père en 1957. Si elle n'a gardé que très peu de souvenirs de ce dernier en raison de son jeune âge, le silence qui a entouré sa disparition a marqué sa vie.

Entendez-vous dans les montagnes est un huis-clos dans lequel trois destins s'entrecroisent le temps d'un voyage en train de nuit. En partageant un compartiment, une Algérienne réfugiée en France, un médecin français à la retraite ayant servi en Algérie pendant la Guerre d'Indépendance et une petite-fille de « pieds-noirs » échangent sur les horreurs de la Guerre et ses conséquences sur leur vie.

Un texte tout en pudeur qui m'a donné envie de lire d'autres romans de Maïssa Bey.

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Lien : https://livrescapades.com/20..
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Nous sommes à bord d'un train avec une femme Algérienne (La narratrice) un Français qui a vécu un certain temps en Algérie, et une jeune fille dont le grand père est pied noir. Nos trois personnages voyagent dans le même wagon à destination De Marseille

Pendant que la femme lit un livre, l'homme l'interpelle et commence à cheminer un bout de conversation avec elle, une conversation qui finit par éveiller en lui des souvenirs marquants et même pesants (présence de flash blacks). Des souvenirs qui sont en rapport direct avec la vie de cette femme inconnue, cette femme assise en face de lui et qui a peine quelques minutes avant ne connaissait rien de son existence

Sans jugement ni blâme, la femme essaie de fuir la discussion , car pour elle aussi, il s'agit d'un sujet bien plus pesant. Il s'agit d'une vie qu'elle voulait oublier, laisser derrière elle. Mais l'insistance de l'homme (et de la fille peu après qui finit par rejoindre leur conversation) finit par éveiller en elle toute cette souffrance qu'elle a refoulé depuis ce temps.

Maïssa Bey a mis deux années entière à écrire ce petit récit de 71 pages ! Mais quelle raconte finalement avec tellement de douceur et de délicatesse malgré la sensibilité du sujet ...
Personnellement je l'ai trouvé bouleversant et poignant !

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Un récit saisissant et poignant qu'on peut lire d'une seule traite tellement il tient en apnée.
La pesanteur du mal-être qu'il y a entre les personnages, les non-dits sont renforcés par ce huis-clos qui rend l'histoire magistrale. J'ai terminé le livre le souffle coupé, trop court et en même temps, en peu de page on en apprend tellement sur cette guerre qui ne dit pas son nom.
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