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EAN : 9782410003055
420 pages
Editions Belin (12/05/2017)
4.25/5   4 notes
Résumé :
Détesté par les uns, adulé par les autres, Jean-Paul Marat est le plus controversé et le plus méconnu des grands acteurs de la Révolution française. Médecin et penseur au temps des Lumières, il subit l'hostilité ou l'indifférence de Voltaire et de Condorcet. Journaliste engagé, Marat illustre l'explosion de la presse d'opinion, le quatrième pouvoir, à travers son quotidien, l'Ami du Peuple, au fil de 685 numéros souvent censurés et publiés dans la clandestinité. Élu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
En 1960, Albert Soboul avait noté que "De tous les hommes de la Révolution, Marat, le plus décrié, demeure le plus méconnu".
La biographie de Jean Massin, publiée la même année, fut une étape importante dans la redécouverte de Marat, personnage central de la Révolution française. Mais il revient à Olivier Coquard d'avoir renouvelé en 1993 la biographie de Marat, en restituant son portrait d'homme des Lumières, et en situant la manière dont s'est opérée sa transformation en L'Ami du Peuple.

Serge Bianchi ajoute à sa synthèse de l'ensemble des apports scientifiques précédents une vue d'ensemble des travaux de chercheurs réunis autour de Jean-Claude Bonnet, d'abord sur les circonstances et les conséquences de la mort de Marat, puis à propos de la panthéonisation de l'ami du peuple, et enfin sur la formation des mythes, voire de légendes, à propos de la personnalité multiple de Marat, sous la forme d'une grande diversité de représentations.

Serge Bianchi se donne pour ligne de conduite de ne prendre en compte l'apport de tel ou tel chercheur que dans son lien avéré à l'archives, et de s'en tenir au plus près des évènements et des textes sans porter de jugements susceptibles d'influencer son lecteur.
La partie proprement biographique de l'ouvrage, retrace les efforts de Marat pour se faire connaître comme homme des Lumières, en appui sur son cosmopolitisme, sa qualité d'homme de lettre, sa proximité avec Rousseau et surtout sa volonté d'atteindre la renommée scientifique.
Les années 1788-1789 montrent Marat va sur le terrain de l'abbé Sieyès, et met sa plume au service d'une cause nationale. "L'aventure éditoriale hors norme de L'Ami du Peuple" en marque les étapes du parcours d'un journaliste d'abord modéré, puis radical - comme d'autres journalistes jacobins - mais avec une spécificité majeure, l'ancrage dans son quartier, le district des Cordeliers, devenu section du Théâtre-Français en 1790.
Serge Bianchi convient qu'il faut surtout suivre au plus près la ligne politique de Marat d'évènement en évènement, en la qualifiant là encore au plus près des textes. C'est ici que Marat se donne une image de sentinelle du peuple.

La description de la complexité de l'ascension de Marat, ses rapports difficiles avec les autorités, en particulier la municipalité de Paris et sa proscription à diverses reprises.

Le portrait croisé de Marat et Robespierre est très intéressant : leurs relations sont quasi inexistantes, en dehors de causes et de combats menés en commun. le partage entre le légalisme de Robespierre et la violence de Marat les sépare, ou les rapproche en fonction des évènements ; Marat considère que Robespierre le voit avec effroi, ce qui s'explique par le fait qu'il n'a pas "l'audace d'une véritable homme d'Etat" tout en étant un "vrai patriote". de son côté, Robespierre considère que Marat dit des "vérités utiles" face aux évènements majeurs, mais à l'aide de "propositions absurdes et violentes".

Reste bien sûr la question essentielle posée par Serge Bianchi : "Quelle est la place de Marat dans une Révolution font il est l'un des acteurs les plus controversés ?"
On peut en conclure que la singularité de Marat, la multiplication de ces rapports en positif ou négatif avec d'autres révolutionnaires, puis avec les historiens, le condamnent à des jugements extrêmes de ses contemporains jusqu'à nos jours.

Extraits de la critique de Jacques Guilhaumou dans les AHRF N° 393.
Lien : https://ser.hypotheses.org/1..
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Bien que très intéressé par la Révolution Française, je ne savais pas grand chose de Marat. Je suis très content que ce livre ait permis de combler mes lacunes. Ce personnage détonne : avant d'être le célèbre journaliste, Marat était un essayiste, un médecin, ou encore un scientifique. Ses idées, par exemple l'abolition de l'esclavage, l'ont éloigné de la scène publique des philosophes. Quant à sa carrière scientifique, elle a été coupée nette par ses disputes avec les pointures de son époque (Newton notamment, pas en personne mais ses théories). Pourtant Jean-Paul Marat était plutôt bien intégré, il a même réussi à devenir médecin du comte d'Artois (futur Charles X). Mais en 1789, à l'issue de ses différents revers, il est sans le sous, à Paris, et parle de se suicider. le déclenchement de la Révolution rallume sa flamme, son irrépressible envie de devenir célèbre, quitte à travailler de façon acharnée.

En effet Marat une bête de travail, un homme qui écrit sans discontinuer malgré ses multiples mises en état d'arrestation. Il a d'ailleurs plus rédigé en cachette qu'au grand jour... La suite est davantage connue : il écrit et publie « l'Ami du peuple », un journal dans lequel il colporte de nombreuses rumeurs, accuse de complot à tout va et demande la peine capitale pour ceux qui trompent le peuple. Il devient alors populaire pour avoir « prédit » de nombreuses trahison : Louis XVI, La Fayette, Dumouriez... Mais ses papiers sont à l'origine de la terrible lutte fratricide entre girondins et montagnards, les premiers lançant les hostilités en demandant dès l'ouverture de la convention de condamner le député Marat. La décapitation d'une centaine de députés et le discrédit de la cette assemblée a donc été le prix de la liberté de presse si on considère que c'est bien « l'affaire Marat » qui a lancé et radicalisé les oppositions entre girondins et montagnards.

L'auteur aborde ensuite la postérité du journaliste qui connaît, après son assassinat, deux années d'hommages, d'une légende dorée, suivies de deux siècles d'opprobre, d'une légende noire. Charlotte Corday a, naturellement suivi le chemin inverse.

Fait originale pour une biographie (à moins que cela soit spécifique à cette maison d'édition), elle se termine par 100 pages d'annexe, essentiellement des articles écrits par Marat aux différentes période de la Révolution. Ainsi, bien que l'ouvrage fasse 400 pages, il est relativement rapide à lire si on se passe des annexes et qu'on lit en travers le dernier chapitre sur ses représentations dans les romans, pièces de théâtres et divers films. Il faut quand même bien connaître la Révolution Française pour se plonger dedans.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Depuis son assassinat, sa panthéonisation, et sa dépanthéonisation, en février 1795, les mythes et les légendes l'ont souvent emporté sur les progrès de l'histoire érudite, fondée sur les documents d'archives. L'objectif essentiel du présent ouvrage est de construire une biographie de Jean-Paul Marat centrée sur les documents et les sources, pour tenter l'évaluer la distance entre le portrait "historique" et les interprétations des "maratistes" comme des "anti-maratistes", termes discutables mais commodes pour qualifier les partisans et les adversaires de celui qu'on nomme l'Ami du peuple".
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Rien de superflu ne saurait nous appartenir légitimement, tandis que d'autres manquent du nécessaire.

Marat
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Les relations avec Marat se tendent lorsque Fréron et Desmoulin lancent un journal commun en avril 1792 dont Marat se désolidarise rapidement : "L'aigle va toujours seul, et le dindon fait troupe."
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