Égal à lui-même,
Jean-Marie Biette m'a emmené une nouvelle fois dans une folle aventure, sur les pas de son héros favori : le commissaire Rochard.
Celui-ci est un fameux amateur de rhum et un formidable client des meilleurs restaurants, ceux qui servent une excellente nourriture, locale de préférence.
Après le palpitant
Mort à bout de course,
Jean-Marie Biette, dans
Rhum amer, démontre encore sa parfaite connaissance de la mer et des voiliers.
En effet, après le Tour du monde en solitaire, c'est la Route du Rhum qui débute très fort à Saint-Malo. Dans la catégorie Class40, les voiliers monocoques, loin des « formules 1 » de la mer, sont, j'ai envie de dire les bateaux les plus authentiques. Donc, dans cette catégorie, deux Antillais sont favoris : Médélice Lenclume, sur Caraïbes Immobiler, et Malo Belloiseaux qui défend les couleurs de la rhumerie Belloiseaux. Si Malo est blanc, Médélice, la bien nommée, est une métisse aux yeux bleus.
Au passage, l'auteur n'oublie pas de me remettre en mémoire la disparition d'Alain Colas, en mer, lors de la première Route du Rhum, en 1978. C'est l'occasion de rappeler la chanson d'
Alain Chamfort, paroles de
Serge Gainsbourg, Manureva (oiseau de voyage en tahitien), le nom du bateau du trimaran d'Alain Colas.
Passé cet hommage, ce polar est lancé avec la découverte du cadavre du père de Malo, Jean-François Belloiseaux, le patron de la rhumerie Belloiseaux qui prospère là-bas, aux Antilles où l'arrivée de la Route du Rhum est fixée, à Pointe-Noire.
Aussitôt, voilà la commissaire Rochard sur le pont avec le lieutenant Agnès Vézin. L'assassinat du père de Malo révèle un mystère de plus : son visage porte les marques du kenbwa, un rite vaudou.
Si l'enquête piétine, la course prend le dessus puisque Malo décide de prendre quand même le départ donné par un coup de canon. Ces navigateurs au courage et à la volonté incroyables, forcent l'admiration.
Après quelques anecdotes savoureuses, voici une nouvelle victime, un certain Lionel Richaud. Cela oblige la police à reprendre l'enquête à zéro. Rochard et Vézin reçoivent le renfort d'un flic dépressif, Désiré Capesterre, d'origine antillaise.
La course en mer prend le dessus et
Jean-Marie Biette m'apprend pas mal de termes techniques complétés par des références historiques.
Les trois enquêteurs suivent la progression de Malo et Médélice et se retrouvent à l'arrivée, à Pointe-Noire, en Guadeloupe. À partir de là, l'auteur me fait visiter les petites îles, les plages les plus isolées et même l'île de la Dominique, entre Guadeloupe et Martinique.
Sur place, le commissaire Rochard abandonne son fameux THB (tartare de Thon + Huîtres + vin Blanc) pour le APCC (Acras + Punch + Colombo de Cabri).
Fidèle à son habitude,
Jean-Marie Biette mitonne des dialogues savoureux au cours desquels Rochard aime avoir le dernier mot.
À part ça, l'enquête piétine, est relancée, surprend et j'avoue que je m'y perds un peu dans cette galerie de personnages. Mais l'essentiel n'est pas là car l'auteur réussit à me plonger dans la vie des Antillais tout en complétant mes compétences géographiques. Il m'apprend que le plus haut sommet de toutes les Antilles, les Diablotins (1450 mètres) se trouve sur l'île de la Dominique.
Compromissions, goût du pouvoir et de l'argent, certains personnages sont sans foi ni loi. Heureusement,
Jean-Marie Biette réussit à glisser quelques rencontres amoureuses dans cet imbroglio. Si Capesterre retrouve avec bonheur ses racines, il se révèle un fameux enquêteur, laissant Rochard avaler pas mal de rhum dont l'un titre 59 degrés ! Pour lui, le rhum n'est jamais amer alors que certains protagonistes confirment le titre bien approprié de ce polar :
Rhum amer.
Au fait, cette fameuse Route du Rhum, organisée tous les quatre ans, partira de Saint-Malo ce 6 novembre 2022. 6562 km séparent Saint-Malo de Pointe-à-Pitre. Elles et ils seront 138 concurrentes et concurrents sur la ligne de départ.
Après
Rhum amer de
Jean-Marie Biette, il va sans dire que mon intérêt pour cette course en solitaire sera grand et que je ne pourrai pas m'empêcher de penser à Médélice Lenclume et à Malo Belloiseaux, les deux sympathiques héros de
Jean-Marie Biette que je remercie ainsi que les éditions Ouest-France.
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