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Emmanuel Bigand (Autre)Barbara Tillmann (Autre)
EAN : 9782379310812
241 pages
humenSciences (16/09/2020)
3.96/5   13 notes
Résumé :
À quoi sert la musique ? Sans doute seriez-vous tenté de répondre qu'il s'agit d'un passe-temps agréable ou d'un art, mais rien de vraiment essentiel. Pour la première fois, un livre démontre le contraire. La musique est une nécessité biologique pour l'être humain : elle contribue à construire notre cerveau et a probablement joué un rôle décisif pour la survie de l'espèce. En racontant les découvertes scientifiques majeures de ces vingt dernières années, les auteurs... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique

La signification de la musique chez l'être humain, ce pourquoi de la musique: est-ce seulement un loisir, une fonction superfétatoire, ou bien alors une fonction indispensable à l'être humain, apparue chez Sapiens avant le langage, ce sont des questions qui m'intriguent depuis des années, au point que, depuis que je suis en retraite, c'est devenu un de mes « hobby- horses » shandéens.
Et j'ai pu employer mon temps libre à suivre des conférences, des cours en ligne, affublés de l'horrible acronyme de MOOC (massive open online courses, ne peut-on trouver des mots français équivalents?) et enfin, lire des ouvrages plus ou moins bons sur ce sujet passionnant.

Le dernier en date est celui-ci, publié par Emmanuel Bigand et Barbara Tillman, deux chercheurs de l'Université de Bourgogne, qui sont aussi des musiciens émérites.
Un ouvrage paru en 2020, remarquable, original par son approche, clair et bien construit.

Les auteurs y résument leurs recherches et de celles d'autres chercheurs depuis environ une trentaine d'années, qui permettent d'établir que la musique n'est pas un loisir, un luxe, une « bavaroise à la fraise » comme l'avait évoqué le chercheur S. Pinker, mais bien, comme l'avait pressenti le génial Charles Darwin dans son ouvrage La filiation de l'Homme et la sélection liée au sexe, « les sons musicaux offrent une des bases du développement du langage », la prédisposition à la musique existe depuis le début de la vie humaine, et surtout la musique contribue à la constitution des grandes fonctions psychologiques, cognitives, sociales ou affectives de l'être humain.
Partant du constat que l'on ne pourra jamais remonter le temps pour savoir si la musique a précédé l'apparition du langage chez Homo sapiens, mais du principe que l'on peut étudier les compétences musicales et leur rôle depuis la vie foetale jusqu'à l'âge adulte et la vieillesse, les chercheurs font l'hypothèse suivante:
« Si la musique est un loisir, une « drogue récréative » ou un dérivé tardif d'autres compétences psychologiques, la sensibilité des nourrissons envers la musique devrait être faible, et sa stimulation durant l'enfance ne devrait pas avoir d'impact marquant pour d'autres fonctions. Si, en revanche, il existe une prédisposition pour la musique et que cette prédisposition est stimulée durant l'enfance, alors la musique devrait faciliter le développement d'autres compétences psychologiques….
S'il existe une prédisposition pour la musique, tout un chacun doit pouvoir développer cette prédisposition dans la vie quotidienne sans avoir à suivre un long et fastidieux apprentissage explicite. La compétence musicale devrait être aussi répandue chez l'Homo sapiens moderne que la compétence linguistique. Enfin, si la musique est une aptitude ancienne qui contribue au développement de nombreuses autres, elle doit reposer sur un vaste réseau neuronal qui se déploie bien au-delà du cortex auditif, et l'on doit pouvoir l'utiliser lorsque certaines de ces fonctions sont détériorées par des lésions cérébrales. »

C'est ainsi que l'ouvrage nous fait le point des travaux qui montrent les stupéfiantes dispositions musicales qui apparaissent chez le foetus, qui sont présentes chez le nouveau-né, capable de reconnaitre les contours mélodiques et les intervalles musicaux.
Ces travaux scientifiques, exposés de façon claire et pédagogique, montrent aussi, et c'est sans doute le plus important, que la musique réalise tout naturellement une double stimulation des nourrissons : socio-affective d'une part, en renforçant l'attachement affectif réciproque entre l'enfant et sa mère, mais seulement, et cognitive d'autre part, en sollicitant des ressources neuronales d'intégration de l'information. Elle ouvre ainsi un cercle vertueux entre l'affect et la cognition.

Cette partie la plus novatrice et passionnante de l'ouvrage consacrée au foetus et au bébé, se poursuit avec le rôle de la musique durant l'enfance.

C'est là que l'on apprend notamment que des séances musicales bienveillantes, sans excès (deux fois 45 min par semaine), où l'enfant est en attitude active et en groupe, renforcent les capacités d'acquisition du langage et de l'écriture, et même avec de meilleurs résultats qu'un entraînement phonologique spécifique. de nombreuses études ont été réalisées depuis les années 1990, et répétées dans différents pays, sur des enfants de fin de classe maternelle et de cours préparatoire avec les mêmes résultats positifs, et les auteurs s'étonnent, (mais pourquoi s'étonner, on sait depuis toujours que l'Education Nationale est une grande sclérosée), que ces découvertes n'aient pas eu d'impact sur les méthodes d'enseignement. Qui plus est, ces séances musicales se révèlent bénéfiques chez les enfants en retard scolaire, ceux issus de milieux défavorisés, notamment celles et ceux dont les parents ne parlent pas le français, et même chez les enfants dyslexiques. Parmi les résultats étonnants de l'apprentissage musical, il y a par exemple, les progrès dans d'autres disciplines scolaires telles les mathématiques.

Les chapitres suivants consacrés aux bienfaits de la musique chez les adultes, puis à ceux qui ont des fonctions défaillantes, notamment les sujets atteints d'aphasie suite à un AVC, les femmes et hommes atteints de la maladie d'Alzheimer, ont déjà été rapportés dans d'autres ouvrages. Plus intéressantes sont les études consacrées aux enfants sourds de naissance, chez lesquels ont été posés des implants cochléaires avant l'acquisition du langage, et chez lesquels on observe avec un apprentissage musical adapté, une meilleure acquisition du langage et de l'écriture.

En définitive, cet ouvrage passionnant nous montre que la musique est une nécessité biologique pour l'être humain car elle a contribué à transformer notre cerveau pour régler des problèmes adaptatifs nécessaires à la survie de l'espèce, et aussi qu'un de ses intérêts majeurs est de favoriser les connexions cérébrales entre les zones cognitives, celles des émotions et celles des interactions sociales.

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Les essais scientifiques ne sont pas du tout le genre de littérature auquelle je m'adonne d'habitude mais cet ouvrage m'a été chaudement recommandé par un ami mélomane. J'ai été curieuse de découvrir l'argumentaire des auteurs pour répondre à la question : pourquoi la musique est indispensable au cerveau ?

Il est clair que la position des auteurs est définie : en opposition à Steven Pinker, ils défendent la thèse selon laquelle la musique, dès le plus jeune âge, permet la mise en place de connections neuronales et de développer la communication. Pour le démontrer ils se sont appliqués à compiler un impressionnant nombre d'études et de recherches scientifiques sur le développement neuronal par la musique, qu'ils ont illustré par des exemples clairs et parlant. Nous ne pouvons que saluer ce travail titanesque.

Je ne résiste pas à en livrer la conclusion qui est le parfait résumé de cet essai, tout en étant son meilleur argument : "Cet ouvrage est un kaléidoscope d'arguments convaincants qui conduit à comprendre la musique comme une nécessité à multiples facettes, plutôt qu'une commodité agréable mais facultative".

C'est un livre qui devrait être recommandé aux jeunes parents, professionnels de la petite enfance, du secteur médical et de l'éducation nationale. Seul bémol, je le trouve par moment un peu difficile à comprendre pour un novice total en sciences ou en musique. Mais il donne envie de se lancer dans la pratique d'un instrument !
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La symphonie neuronale c'est le thème passionnant des effets de la musique sur le cerveau grâce aux apports des neurosciences.

Les auteurs s'enferment dans une posture en dévoilant directement leurs intentions : nous convaincre absolument que la musique est indispensable à l'"intelligence cognitive". Visiblement ils sont vexé comme des poux d'une déclaration à l'emporte pièce d'un vulgarisateur américain très publié, Steven Pinker, pour qui la musique n'est pas une nécessité biologique mais un agréable passe temps. le livre est une succession ennuyeuse de résumés d'études de l'impact de la musique sur les méninges qui devraient nous convaincre de la thèse de départ mais ne sont pas toujours très probantes et font naitre le doute chez le lecteur. Pourtant j'étais tout prêt à gober le premier postulat, mais visiblement même les auteurs finissent par admettre qu'ils ne peuvent pas prouver leur intuitions.

Le livre expose un fait intéressant, grosso modo la musique est bonne pour le développement du cerveau et améliore les performances cognitives sans réellement expliquer le pourquoi.
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Cet ouvrage apporte un regard nouveau sur la musique. Non seulement, celle-ci est agréable à écouter, mais elle dispose de nombreuses vertus. Emmanuel Bigand et Barbara Tillmann nous emmènent au coeur de leurs recherches, pour démontrer leur thèse : la musique de super pouvoirs ! Non seulement, elle participe au développement de l'enfant et améliore les performances scolaires, mais elle vient également au secours des nouveau-nés prématurés ou de personnes souffrantes ou âgées. Ce documentaire met également l'accent sur le rôle que revêt la musique sur les plans affectif et émotionnel.
La maison d'édition humenSciences veut rendre accessible ce qui se passe en laboratoire. le propos s'adresse toutefois essentiellement à un public averti ou très curieux. En effet, on ressent fortement la nature universitaire du travail : les deux auteurs sont des chercheurs. Pour une approche plus légère, je recommande le documentaire d'Arte « Les super pouvoirs de la musique », réalisé librement à partir de cet ouvrage. J'en ressors convaincue : la musique a un pouvoir extraordinaire sur le cerveau… Elle a « une importance dans l'évolution de l'humanité » et un impact tout au long de la vie.

Lire la suite en suivant le lien
Lien : http://www.scienceenlivre.or..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
L’hypothèse que la musique contribue à la constitution des grandes fonctions psychologiques, cognitives, sociales ou affectives, permet de faire des prédictions précises que l’on doit pouvoir vérifier scientifiquement. La première d’entre elles est évidente : s’il est impossible de parcourir à rebours l’histoire de l’humanité pour connaître quand et comment la musique a été inventée (phylogenèse), il est tout à faire possible de suivre le développement de cette aptitude à chaque fois qu’un enfant vient au monde (ontogenèse). Si la musique est un loisir, une « drogue récréative » ou un dérivé tardif d’autres compétences psychologiques, la sensibilité des nourrissons envers la musique devrait être faible, et sa stimulation durant l’enfance ne devrait pas avoir d’impact marquant pour d’autres fonctions. Si, en revanche, il existe une prédisposition pour la musique et que cette prédisposition est stimulée durant l’enfance, alors la musique devrait faciliter le développement d’autres compétences psychologiques. D’autres hypothèses peuvent être formulées dans le même esprit. S’il existe une prédisposition pour la musique, tout un chacun doit pouvoir développer cette prédisposition dans la vie quotidienne sans avoir à suivre un long et fastidieux apprentissage explicite. La compétence musicale devrait être aussi répandue chez l’Homo sapiens moderne que la compétence linguistique. Enfin, si la musique est une aptitude ancienne qui contribue au développement de nombreuses autres, elle doit reposer sur un vaste réseau neuronal qui se déploie bien au-delà du cortex auditif, et l’on doit pouvoir l’utiliser lorsque certaines de ces fonctions sont détériorées par des lésions cérébrales. C’est l’ensemble de ces prédictions que nous allons explorer, en commençant par le commencement : la musique à l’embryon de la vie.
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Des effets positifs d’interventions musicales sur le développement des enfants peuvent être obtenus à un moindre coût, si les programmes d’interventions sont élaborés en partant des besoins psychologiques des enfants, en fonction de leur âge et de ce que nous savons aujourd’hui sur la musicalité communicative.
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Toutes ces données soulignent l’importance des activités musicales dans les conduites d’attachement aux parents proches dans un premier temps, puis pour l’interaction sociale avec l’environnement extérieur. Elles sont compatibles avec l’hypothèse que la musique a pu faire l’objet d’une sélection adaptative parce qu’elle présente des avantages pour la prise en charge de nourrissons, leur survie et leur bon épanouissement psychologique. Elle crée un lien social sécurisant qui permet de réguler les états émotionnels des nourrissons, ce qui a un effet positif sur leur développement cérébral. Sa structure permet ensuite des jeux musicaux qui sont cognitivement stimulants pour le cerveau car ils renforcent les processus d’intégration syntaxique de l’information et la formation des attentes perceptives. Enfin, le développement de ces capacités cognitives enrichit les interactions avec l’adulte, ce qui permet de faire évoluer la nature des jeux musicaux et renforce la complicité mutuelle. Un cercle vertueux s’établit ainsi entre cognition et émotion.
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La musique réalise tout naturellement une double stimulation des nourrissons : socio-affective d’une part, en renforçant l’attachement affectif réciproque, et cognitive d’autre part, en sollicitant des ressources neuronales d’intégration de l’information. Elle ouvre un cercle vertueux entre l’affect et la cognition.
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La musique est une forme de mathématique sonore qui est entièrement au service du sensible et de la relation à l'autre.
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Vidéo de Emmanuel Bigand
Colloque de rentrée 2008 : Aux origines du dialogue humain : Parole et musique Conférence du vendredi 17 octobre 2008 : L'émotion dans le langage musical
Intervenant(s) : Emmanuel Bigand, CNRS, Université de Bourgogne
Retrouvez la présentation et les vidéos du colloque : https://www.college-de-france.fr/site/colloque-2008
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