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EAN : 9782234082656
176 pages
Stock (15/03/2017)
3.84/5   52 notes
Résumé :
Je suis né dans une famille shakespearienne. Entre un père courtisan du roi pendant quarante ans et un frère banni dans une geôle du sud. Il faut imaginer un palais royal effrayant et fascinant, où le favori peut être châtié pour rien, où les jalousies s’attisent quand la nuit tombe.
Un conteur d’histoires sait que le pouvoir est d’un côté de la porte, et la liberté de l’autre. Car, pour rester au service de Sa Majesté, mon père a renoncé à sa femme et ses en... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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L'auteur, né en 1959, peintre renommé au Maroc et aux Etats-Unis, sculpteur, romancier, et d'abord professeur de mathématiques, en est ici à son 10ème roman. le plus connu est «Les Étoiles de Sidi Moumen», prix du roman arabe 2010, traduit dans une dizaine de langues, adapté au cinéma, et primé à Cannes.
Comme le titre le laisse deviner, «Le Fou du roi» est l'histoire du conteur et amuseur facétieux d'un souverain, sorte de Rigoletto (Verdi) ou de Triboulet (Victor Hugo, «Le Roi s'amuse»). Ce souverain serait le Glaoui de l'époque du protectorat français (quand Mohamed V a été déposé et exilé), ici appelé Sidi. Quant au «fou», c'est le père de l'auteur, Mohamed ben Mohamed, à qui le livre est dédié, mais raconté à la première personne, et sans qu'on sache ce qui relève de la fiction et de la réalité.
Le narrateur, 70 ans, fait partie depuis 35 ans des proches courtisans, avec le médecin, le poète, le musicien, le nain, le devin et l'herboriste. Sidi est capricieux et imprévisible. Selon son médecin, il n'en a plus que pour deux jours ou deux (p. 13) et il ne verra plus refleurir les jacarandas (p. 168 et dernière). Entre ces deux pages: trois jours. L'auteur nous décrit la vie des courtisans avec des épisodes passés, beaucoup de lenteurs et peu d'action. le seul événement notable est la disgrâce passée du fils du narrateur, Abel, mêlé à un tentative de coup d'état, exilé, et dont tout le monde ignore le sort, mais qui reviendra à la fin du roman, après vingt ans d'absence, marqué par les mauvais traitements. Pour garder sa place à la cour, le narrateur n'a pas pris sa défense, et a malgré cela été en disgrâce pendant quelques mois. Sa femme, Mina, l'a quitté.
Ce livre est l'un des quatre finalistes du prix littéraire organisé par le Club Richelieu International Europe, qui sera décerné en 2019 à un écrivain dont la langue maternelle n'est pas le français, mais qui écrit en français.
Quatre passages:
«La cantine du palais était l'édifice le plus inhospitalier du palais. Je ne m'y restaurais que contraint et forcé en l'absence du roi. Autrement, je préférais attendre dans le vestibule que Sidi eût fini de manger pour me précipiter sur les reliefs de ses précieux repas» (p. 54).
«La corpulente princesse n'était nullement portée sur la chose. Sa chair dégoulinante de partout était un attentat manifeste à l'esthétique, excluant toute idée de batifolage» (p. 80).
Lorsque le roi, fait un raté monumental lors d'une partie de golf et que le narrateur l'applaudit, le roi lui dit «Tu ne vois donc pas que j'ai lamentablement raté mon coup». Réponse du courtisan: «Non Sidi, tu n'as rien raté du tout ! le trou n'était pas à sa place ! Ceux qui l'ont creusé au mauvais endroit devraient subir une flagellation exemplaire» (p. 127).
Un jour, le roi décide une marche verte pour reboiser le désert, mais «envoyer des centaines de milliers d'individus conquérir le désert, avec pour seules armes un Coran bon marché et un drapeau défraîchi, aurait de quoi déstabiliser n'importe qui» (p. 130).
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Quel étonnante histoire nous est contée ici par Mahi Binebine! Etonnante parce qu'elle nous paraît d'un autre âge, d'un temps où le roi tout-puissant régnait sur un pays. Et pourtant la vie de ce "fou du roi" , au service exclusif du roi du Maroc , est d'actualité! L'écriture poétique, soignée, très précise, m'a vraiment charmée. Ce père, abandonnant femme et enfants pour rester auprès de Sa Majesté, est décrit ici comme un homme sensible, doté d'une prodigieuse mémoire, entouré d'autres courtisans, tous vivant dans la terreur , tous ayant remis leur destin aux mains de leur souverain... C'est effrayant!
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Je ne saurai mieux présenter ce livre que ce que nous propose le quatrième de couverture. Oui, l'auteur nous soumet son histoire, et je dois dire que j'ai trouvé ce livre particulièrement prenant, donc particulièrement réussi, j'ai eu du mal à le reposer avant de l'avoir fini.
Le terme « fou du roi » apparaît comme désuet pour moi. Je l'associe à Rigoletto, de Verdi, ou à Triboulet, fou de Louis XII puis de François Ier qui lui servit de modèle. Que ce soit pour l'un ou pour l'autre, la tragédie point sous le masque de la comédie.
L'action se passe à une époque contemporaine, nous pourrions être fort loin dans le passé. Les moeurs semblent figées, avec les esclaves présents à la cour, l'étage des femmes où il ne faut surtout pas se rendre, les courtisans de tout bord, les artistes qui gravitent autour du roi. Personne ne veut encourir sa disgrâce.
Nous sommes pourtant à notre époque, comme le prouve la technologie utilisée. Nous entendons un homme dont le seul but est de faire plaisir au roi : Voyez, le but suprême de ma drôle d'existence n'est rien d'autre que de rendre heureux le roi. Je ne vis que pour cela. Et rien ne me procure autant de joie, autant de satisfaction que le visage illuminé de Sidi.

Cette citation est aussi un exemple du style de l'auteur qui, par sa musicalité, sa métrique, se rapproche davantage du poème en prose que du roman proprement dit. La narrateur montre à la fois son dévouement pour son roi, mourrant, et le délaissement de sa famille. En des retours en arrière, il retrace la vie des courtisans dont il fut le plus proche. Est évoqué aussi l'emprisonnement de son fils aîné, presque à la fin du livre. Parce que cette emprisonnement, dans un lieu dont peu sont revenus – et dans quel état – est ce qui a engendré l'incompréhension des membres de sa famille, pour ne pas employer des termes plus forts, plus définitifs. Ce que je retiens de cette dernière partie, aussi, est la force morale de l'épouse du « fou », qui ne douta jamais du retour de son fils aîné, et ne l'imagina jamais ainsi.
J'aurai maintes raisons de vous recommander ce livre : en savoir plus sur le Maroc contemporain, se retrouver au coeur de la cour du roi, lire une oeuvre très bien écrite. Je ne dirai qu'une chose : c'est un très bon livre qui passe un peu trop inaperçu.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Le narrateur, Mohamed ben Mohamed, est conteur d'histoires, proche du roi, Sidi, et employé à le distraire par ses propos humoristiques et ses poèmes.
Il fait parti des courtisans avec Saher, le musicien, Boudda, le nain, Bilal, le voyant et le toubib, Dr Mourra qui chacun à leur manière cherche à plaire du roi...
Sidi est mourant ainsi son fou fait le bilan de sa vie à son service dans l'ombre, à la fois protégée et laminée... Les jours et les années ont passées laissant leur blessures...
Malgré l'emprisonnement de son fils, condamné au bagne par le roi, Mohamed reste un serviteur fidèle du roi... on se croirait presque dans une tragédie grecque...

Etant tombée sur ce livre par hasard, j'ai cru lire une histoire d'un autre temps... le style est vivant, alerte, de lecture plaisante... quant à l'histoire elle est surprenante... car contemporaine.
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Un roman envoûtant, qui va et vient comme l'imagination du conteur et qui, mine de rien, passe au crible la micro-société que constituent les courtisans à la Cour marocaine, en plein XXe siècle : amitiés sincères ou opportunistes, méfiance, secrets, ... et ce qui les réunit tous, la crainte de la colère du Seigneur, la peur de ses décisions brutales qui peuvent entraîner la disgrâce ou même la mort.
C'est aussi le portrait d'un homme qui se voue corps et âme au bien-être de son Maître, un habile stratège, fin connaisseur du caractère changeant du souverain, un homme qui acceptera l'incompréhension de sa famille et de la société extérieure pour essayer de sauver les siens.
Un sujet original, des lieux et une vie hors du temps, une écriture raffinée, bref, un excellent moment de lecture.
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critiques presse (1)
Bibliobs
25 octobre 2017
Le talentueux peintre marocain Mahi Binebine raconte, dans "le Fou du roi", la vie de son père à la cour d’Hassan II. Il figure sur la liste du prix Renaudot.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Le ciel m'a doté d'une mémoire d'éléphant peu commune chez les bipèdes, qui aspire le moindre souffle effleurant mes oreilles. Tout. Absolument tout. Je pourrais décrire par le menu et avec une précision diabolique une discussion anodine que j'aurai eue cinquante ans auparavant avec une vague connaissance. Quant aux livres que j'ai lus - et j'en ai lu beaucoup-, je suis en mesure des les réciter à la virgule près, préface comprise. Croyez le ou non, Dieu m'a attribué cette surprenante faculté que d'aucuns pourraient qualifier de don. Ce qui n'est vrai qu'en partie parce que je retiens le meilleur comme le pire. [....] Parce qu'il y a une part d'oubli dans le pardon. Forcément. Autrement c'est difficile, voire impossible. Quand les détails d'une blessure surgissent et que la précision des souvenirs leur souffle dessus comme sur des braises, ils phagocytent toute la part d'humanité susceptible de pardon. Difficile de fermer les yeux et de tourner la page. Mais cela est une autre histoire.
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"- Dites-moi, maître, comment un homme de votre stature dont la culture islamique est connue de tous peut-il boire du vin? Au jour du jugement dernier, ce chapelet que vous égrenez témoignera devant Dieu que vous avez bu du vin!
Le poète éleva son chapelet sans quitter des yeux l'importun et plongea lentement les perles dans le verre. Nous le regardâmes, interloqués.
- Lui témoignera que j'ai bu du vin, et moi je témoignerai qu'il a nagé dedans!"
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Ah ! La disgrâce. Voilà un mot que seuls peuvent concevoir pleinement ceux qui ont mangé dans la main d'un tyran.(...) Limoger un proche est plus charitable que de le suspendre pour une durée indéterminée, c'est-à-dire une soirée, une semaine, un mois, un an... ou la vie entière ; l'abandonner dans le doute ; laisser l'incertitude lui ronger cœur et entrailles est la pire des sanctions ; une dent gâtée qu'on ne soigne pas, qu'on n'arrache pas non plus, qui vous empêche de dormir et dont le harcèlement incessant vous rend fou.
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oilà, j’ai commencé par vous dépeindre le meilleur du panier de crabe où j’ai eu à passer une partie substantielle de mon existence. De même que la proximité du pouvoir engendre des monstres, il lui arrive aussi d’enfanter des êtres supérieurs que, dans un autre temps, on aurait qualifiés de Saints. En dehors du musicien Saher et de l’irremplaçable docteur Moura, l’entourage de Sidi comptait une nuée d’individus sans foi ni loi, des créatures d’une intégrité et d’une humanité contestable (…). Cependant pour une question de survie, je devins à mon tour opportuniste. Plus de scrupules à exploiter les impairs de mes confrères pour briller. Et l’offre était conséquente tant ils rivalisaient de sottises (…)Que de fois j’ai voulu me payer le nain féroce qui jouissait les faveurs du souverain… ce reste de pâte noire dont la jalousie mesquine, la malveillance, la mauvaise foi absolue faisait de lui l’élément le plus détestable du groupe. Une peste qui crache son venin partout. Un fagot d’épines qui terrorisait l’Assemblée entière et qu’un simple souffle aurait envoyé au tapis. Pour être honnête, et j’en ai honte, si je nourrissais à son égard une haine cordiale, il m’arrivait aussi de le trouver drôle et même hilarant quand, avec ses crochets de vipère, il s’acharner à dépecer un individu désarmé, penaud, riant jaune. Difficile de se défendre contre la dérision quand on a le public contre soi.
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Une information capitale, monnayable à prix d’or, qu’il pouvait divulguer, ou bien taire, c’est selon en quittant les appartements de Sidi sous les regards anxieux des gradés, soit le caïd Moha, souriait en opinant du chef, signifiant qu’on pouvait aborder le roi sans risquer sa peau ou à tout le moins son emploi, soit il levait son index retroussé en queue de scorpion, auquel cas il était fort recommandé à ces messieurs de remballer au plus vite leur paperasse et de remettre au lendemain l’urgence de leur visite. Conscients de leurs propres vulnérabilité et des redoutables atouts du valet, les gradé rivalisaient de gentillesse à son égard, le voyait ostensiblement, affectant à qui mieux mieux des familiarités dont il n’était pas dupe. Tous étaient bien entendu prêt accordé de larges faveurs, pourvu que le caïd Moha daignât lever le petit doigt si besoin !
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Video de Mahi Binebine (2) Voir plusAjouter une vidéo

Mahi Binebine : Cannibales
Depuis un café de la banlieue de Fes au Maroc, Olivier BARROT présente "Cannibales" de Mahi Binebine, la destinée funeste de candidats à l'exil vers l'Europe.
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