Mon papy perce-neige

Incontournable juin 2021 d'une librairie.

La littérature jeunesse s'intéresse beaucoup aux aînés ayant la maladie d'Alzheimer ces derniers temps et cet album-ci en fait parti.

Bout-de-chou nous raconte comment est son papi Kay, qui a une serre contenant 123 fleurs qu'il connait par leur nom latin, qui aime le café et les casse-tête de 1000 morceaux, qu'il assemble de la bordure au centre. Elle les fait d'ailleurs avec lui. Mais depuis quelques temps, papi Kay semble perdre des mots et ce, de plus en plus. Tranquillement, il perd le nom des fleurs, des objets du quotidien, ne sait plus faire ses casse-têtes. Bout-de-chou ramasse ces mots tombés qu'elle range dans une boîte alors que sa grand-mère, Gerda, ne comprend plus son époux. Un jour, alors qu'elles entre dans la serre, elles trouvent les plantes dans un piteux état. C'est ainsi que Gerda prend conscience de ce qui arrive à Kay et se met à voir elle aussi les mots tombés. Kay se retrouve même sur un banc, dehors, en pleins hiver et sans manteau, cherchant son lapin d'autrefois qui s'appelait aussi Bout-de choux. Depuis, c'est mamie Gerda qui s'occupe des plantes. Bout-de-chou organise même un mariage à eux trois, avec la robe de mariée de sa grand-mère, la musique et les jolis verres. En fin de compte, Bout de choux offre un lapin blanc au son papi, qui aura le même nom que celui de sa jeunesse. À ses pieds, le nom "kay" est tombé.

J'aime bien cette idée de "perdre des mots", un par un, puis plusieurs à la fois. C'est très concrêt comme illustration pour un enfant, on comprend tout de suite le problème. le mot "Kay" à la fin est particulièrement triste: ainsi l'homme ne connait même plus son prénom.

On est vite embarqué dans cette histoire émouvante, tout en douceur et en finesse. On assiste à la perte du nom des fleurs, puis de sa capacité de faire des casse-tête, puis de se repérer d'un point de vue spatial et ainsi de suite. Mais sa famille, au lieu de lâcher prise, s'adapte.

J'ai trouvé mignon cette idée de refaire le mariage, parce que Kay en est sans doute rendu là dans le retours vers sa jeunesse. Un moment qui a été important et positif.

La fameuse boîte de mots pourrait symboliser ce que nous gardons des êtres chers, ce qui les constituait en temps que personnes, les souvenirs, les habilités, tout ce qui porte un nom. Et d'ailleurs, c'est ce qui Bout-de-chou à la fin, qu'elle les conserve précieusement et qu'ils lui rappellent qui était son papi.

On notera aussi le passage des saisons: l'été au début, puis la chute des feuilles qui marque le déclin plus évident et finalement l'hiver, où il ne reste plus grand chose de papi Kay.

Il est difficile de décrire le ressenti qui a été le mien durant cette lecture, mais c'est évidement émotif. Il y a une si grande impuissance face à cette maladie et c'est déchirant de voir une personne qu'on aime devenir l'ombre de lui-même. Mais c'est un bon album en ce sens. En outre, bien que ce soit triste de part la dépersonnalisation lente et inéluctable de papi Kay, on a aussi un beau témoignage d'amour de la part de sa petite-fille et de son épouse, qui parviennent à lui témoigner soins et amour à travers la maladie, grâce aux fleurs, à cette petite fête et le petit lapin, attentives à ce qui peut le rendre heureux.

Une autre lectrice a fait un constat que je trouve pertinent: on ne cherche pas à cacher le fait que ce genre de situation est triste- forcément, il n'y a rien de positif là-dedans! En effet, pour un enfant, voir que le personnage récent une émotion similaire à la sienne est important pour qu'il puisse s'y retrouver, relater. L'espoir ets tout-de-même présent: pas l'espoir de gagner contre la maladie, mais en illustrant qu'il est possible pour la famille garde de bons souvenirs de la personne et trouve le tour de partager de beaux moment avec cette personne.

D'une certaine manière, cette histoire est aussi l'amorce d'un processus de deuil: en "ramassant les mots tombés" on ramasse un peu de cette personne pour avoir des souvenirs à chérir quand il ne sera plus là.

Un bel album où même les couleurs sont très douces et jouant un rôle important, la présence des fleurs et des petits mots tombés également.

Un album pour le premier cycle primaire, 6-7 ans en montant.

DIDIER JEUNESSE
2019
9782278100057
À PARTIR DE 7 ANS

: Un nouvel album sur l'Alzheimer.
Ça n'est évidemment pas un sujet facile, ni agréable à offrir aux jeunes lecteurs. Mais c'est utile, cela rassure et il est bon de trouver l'album qui corresponde à sa sensibilité.
Le plaisir avec cette littérature jeunesse, c'est de pouvoir y piocher tout autant des titres qui parleront de relation Grands-Parents et petits-enfants qui se passeront bien, histoire de créer l'équilibre, de ne pas craindre la vieillesse ou les albums qui en parlent.

Dans " Mon papy Perce-neige", l'illustratrice Anna Margrethe Kjaergaard nous charmera de ses belles couleurs pastels, de ses fonds d'aquarelle et de leurs éléments décoratifs retravaillés. le ton de l'auteure Betina Birkjaer sera également très tendre. Les deux auteures amèneront doucement le problème du Grand-père dont les mots commenceront à lui échapper.
C'est sa petite fille, surnommée " Bout de chou", qui les verra tomber, au sens littéral du terme, signe que le phénomène attirera son attention chez son papy.
Nous serons dans la curiosité du phénomène avec l'enfant tandis que sa Grand-mère commencera à prendre sur elle. Comment cet adulte si solide, rassurant et pleins de savoirs, peut-il se retrouver plus fragile qu'une enfant?

Ce procédé visuel et poétique sera délicat et évitera que les jeunes lecteurs se fassent une idée qui les emmènera dans la tête des Grands-parents, qu'ils s'en fasse un fantasme plus douloureux.
Notre pauvre personnage du Grand-père perdra progressivement ses couleurs avec sa raison, il s'étiolera, perdra sa vigueur, comme une plante qui gèle en hiver.
Le récit est touchant, nous préservant d'une certaine distance avec la maladie grâce aux attentions très touchantes de la famille.
La vie va continuer, intégrer les absences du papy et maintenir le petit " Bout de chou" rayonnant, câline, présente pour le papy comme pour la mamy-qui a grand besoin de réconfort-. le surnom du titre suggère une résistance du papy face à la maladie.
La fin est merveilleuse et émouvante, proposant d'entretenir une petite étincelle, aussi petite soit-elle, rendant les futurs moments très précieux forcément.
On a aimé.

Une petite-fille rend régulièrement visite à ses grands-parents, qu'elle adore et qui le lui rendent bien. Son  papy aime les fleurs, qu'il bichonne et dont il connaît même les noms latins, sa grand-mère les mots croisés. Bout-de-chou, comme il l'a surnommé, passe du temps avec son papy, fait des puzzles avec lui, l'écoute parler de son lapin d'enfance. Mais peu à peu  elle s'aperçoit qu'il "perd" des mots. Quelques-uns au début, puis de plus en plus...

***

Un album très touchant qui aborde la maladie d'Alzheimer. le thème est sensible, et traité ici avec beaucoup de délicatesse. J'aime beaucoup cette image de mots "perdus", égarés petit à petit. On ne peut qu'aimer cette enfant qui garde précieusement ces mots, espérant ainsi conserver avec elle une partie de son papy.

Mon papy perce-neige, c'est aussi une très belle histoire de complicité entre une petite-fille et son grand-père. Un partage de doux instants, mais aussi une présence lors des moments difficiles. Beaucoup de tendresse et d'émotion, qui ressortent aussi grâce aux délicates illustrations d'Anna Margrete Kjærgaard. Celles-ci, de couleurs pastel, contiennent beaucoup de bleu pâle et de nombreuses nuances de rose, et magnifient cette belle relation enfant - grands-parents.

Une lecture qui nous a émus, et qui a donné lieu à de belles discussions sur le temps qui passe et les traces qu'il laisse.

Mon Papy perce-neige 🌸

Bout-de-chou adore son Papy; il connait le nom des 123 fleurs qui poussent dans sa véranda, et en latin ! Ensemble, ils sentent l'odeur du café et passent des heures à réaliser des puzzles. Avec Mamy Gerda ils aiment jouer aux mots croisés. Mais un jour, Papy perd ses mots. Alors sa petite fille Bout-de-Chou les ramasse et les garde précieusement dans une boîte...
Elle s'y attèle du matin au soir, mais Papy Kay se fane de jour en jour. Elle va alors chercher un moyen de lui redonner le sourire.

Un bel album émouvant aux douces couleurs pastel qui évoque la complicité d'une petite fille et son grand-père et leur quotidien avec l'arrivée de la maladie. Anna a adoré le lire avec son Papido qui aime lui aussi les fleurs, le café, les puzzles et les mots fléchés.

🤍 La belle idée : une partie des recettes du livre est reversée à l'association France Alzheimer.

Betina Birkjaer et Anna Margrethe Kjaergaard
Éditions Didier Jeunesse
À partir de 6 ans

Sortez les mouchoirs… Mon papy perce-neige aborde et explique la maladie d'Alzheimer aux enfants, avec beaucoup de poésie. J'ai beaucoup aimé l'image des mots qui tombent par terre, c'est très beau, très touchant. Cette petite, qui s'acharne à les ramasser, avec beaucoup de tendresse pour son grand-père, est absolument désarmante ! La souffrance que la maladie engendre n'est pas éludée, que ce soit pour le vieil homme mais aussi pour ses proches. N'oublions pas ces illustrations si douces, pour lesquelles j'ai eu un gros coup de coeur ! En résumé, c'est un album profondément émouvant, dont une partie des bénéfices est reversée à l'association France Alzheimer.