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EAN : 9782911438783
190 pages
Diabase (20/10/2011)
4/5   6 notes
Résumé :
Une histoire de violences, d’amour et de paix
La rencontre de deux femmes : elles font exploser le cocon de leur vie, « mariée, un enfant, un chien, un appartement, une vie dans la norme ». Leur amour naissant est brutalement confronté à la maladie de l’une, dont la mère, Herta, juive allemande, est, de toute la famille, la seule rescapée des camps d’Auschwitz et de Birkenau.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
« Je voulais plus que la simple retranscription d'un témoignage, sans pour autant inventer ce qu'il s'était passé là-bas. Je voulais aborder la question du fardeau transmis à la seconde génération , comment on grandit et on vit avec ça. » disait Isabelle Blondet-Hamon en interview. « ça », sous sa plume, ce n'est autre que la Shoah, pensée dans toute la violence qu'elle impose aux corps, aux corps de ceux qui l'ont directement subie, mais aussi, plus insidieusement peut-être, aux corps des enfants de survivants, qui ne peuvent ignorer le poids d'une expérience qui investit insidieusement tout leur quotidien sans manquer de dépasser leurs capacités d'entendement. Ne leur reste alors qu'une vie parmi les disparus, autant de fantômes dont les photographies investissent le salon de la mère, conférant à celui-ci « l'atmosphère contemplative d'un musée ou d'un mémorial plutôt que d'un salon ». Ainsi, pour la jeune Mimi, « oncles, tantes et grands-parents allemands n'existaient qu'en photos noir et blanc, […], engloutis par les camps d'extermination » (p. 25). Sa mère elle-même ne cessera, par ses remarques faisant sans cesse état de sa chance, par exemple, de manger à sa faim, de la mener non vers la vie, mais vers l'indigence et la mort. Devenue adulte, elle pourra ainsi déclarer : « En fait, je suis née à l'envers. Je suis née dans la mort. Je dois renaître, mais dans la vie. » (p. 123). L'expérience du cancer auquel elle se trouve confrontée en devient l'occasion, l'occasion d'éprouver à son tour cette souffrance et, ce faisant, de mériter sa place dans une vie retrouvée. le parallèle est explicitement dressé entre les deux expériences extrêmes de destruction du corps qui lient désormais la mère et la fille : « « Saisit-elle que son parcours naguère surhumain, Arbeit Macht Frei, la promettant à la mort, ressemble aujourd'hui au tien, que ce poison nommé lymphome par les médecins a un goût de cendres et de chairs brûlées ? » (p. 68). La tonte, la douche avant de revêtir une autre tenue, de prisonnière dans un cas, de malade dans un autre, deviennent autant de rituels qui les rapprochent plus que ne pouvaient le faire les mots, tandis que les stigmates laissés par la maladie rappellent évidemment l'état que l'on sait avoir été celui des populations des camps : « Afficher des stigmates aujourd'hui visibles. Fonte musculaire, maigreur spectaculaire, crâne dénudé et regard indéfinissable de ceux qui ont entrevu les rivages du Styx sans les atteindre. ». Mimi, proprement, paraît éprouver ce qu'ont éprouvé ses ancêtres, et qui lui échappait tant. La compagne de cette jeune femme, qui sait son histoire, celle de sa mère dont elle découvre chaque jour un fragment supplémentaire grâce au visionnage de quelques vidéos qui font entendre sa voix de survivante, comprendra très vite que « le diagnostic est à trouver aussi bien dans les microscopes des laboratoires qu'au fond de ce coffre. Parmi les images de cette cassette, au coeur de leurs mots, comme autant de cailloux blancs traçant le chemin qui mène aux trous noirs de ton être. » (p. 41). Nous sommes loin, à cet instant, de cette « provocante indifférence » que Mimi opposait aux récits obstinés de sa mère sur son passé, et qui n'était donc que défense. Leur relation peut alors être réinterrogée, pour sortir de l'incompréhension et de la distance qu'elle instaure et qui prévalait, et permettre un rapprochement, tardif mais réel. Mimi s'exclamera ainsi, dans un moment d'intensité émotionnelle rare : « Maintenant je sais maman, j'ai vraiment compris, tu peux te laisser aller si tu veux, et ce mot maman que tu as prononcé plusieurs fois, vibrait avec une infinie tendresse dans ta voix qui s'étranglait par instants ». Mimi est devenue une autre, « une autre capable désormais de plonger dans les béances qui t'ont construite. de dessiner un arbre avec ses racines[…]. Cartographier vos trous noirs, vos meurtrissures sans plus vous blesser l'une l'autre. » (p. 127). Cette reconstruction de soi à laquelle elle se livre culminera, de façon logique, à Auschwitz-Birkenau, sur cette terre où les siens lui furent enlevés avant même qu'elles ne puissent les connaître. Malgré de fortes protestations contre la muséification des ces lieux de mémoire, ceux-ci deviennent pour Mimi un endroit où rencontrer ses morts, ses « ombres », « une tombe pour se réconcilier avec eux, évacuer les cauchemars et la haine qu'ils nous laissent parce que c'est tout ce qu'ils ont eu. » (p. 174-175). Ce n'est pas la mort qu'elle y trouve, mais la « paix », et tout le récit, c'est sa force, devient un hymne à la vie, pour cette femme que le « cancer-poison » a finalement « abîmé[e] autant qu'il [l']a sauvée » (p. 165). Son cadre, ce récit d'amour homosexuel dont les premières lignes disent déjà la vigueur, l'extrême attachement qui le caractérise, prend alors tout son sens : le Ciel de Birkenau devient un chant célébrant la façon dont l'amour inconditionnel, même et surtout s'il sort des cadres, de l'existence réglée et dans les normes, peut ramener à la vie, permettre d'investir un nouveau rapport au monde, fait de communion avec les autres et d'échange désormais devenu possible.
Lien : http://ecumedespages.wordpre..
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Deux femmes, qui viennent tout juste de faire voler en éclat leur vie de famille pour vivre au grand jour leur histoire d'amour, sont confrontées à la brutale et très grave maladie de l'une d'entre elles. Une lutte pour la vie se met en place, où toutes deux sont parties prenantes. Au fil des heures, une comparaison s'impose entre la lutte que mène la malade et celle que mena sa mère, autrefois, dans le camp de concentration dans lequel elle était détenue, à Auschwitz...

La malade souffre depuis toujours, plus ou moins inconsciemment, du poids de son histoire familiale. Elle se sent coupable d'avoir eu une existence heureuse et sans souffrance et refuse d'évoquer le sujet de la Shoah avec sa mère. Quand ele tombe malade et souffre le martyre, la jeune femme peut enfin extérioriser la douleur qui la hante. Soutenue par son amie, elle fait face, enfin, au passé familial et chemine parallèlement vers la guérison.

J'ai acheté ce roman l'an passé, au festival du livre de Carhaix, un peu au hasard. La couverture, en noir et blanc, me plaisait beaucoup. J'ai mis un an à me décider à le lire, craignant, je l'avoue, la comparaison scabreuse entre maladie et camp de concentration. J'avais tort de douter car le livre est magnifique, très bien écrit et d'une grande délicatesse. Plusieurs sujets se croisent : la Shoah et sa répercussion sur les descendants des survivants, la maladie, l'amour entre deux femmes, les relations mère-fille....

Un très beau premier roman.

Lien : http://sylire.over-blog.com/
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un livre surprenant, lumineux, une histoire de transmission, de lutte mais aussi d'espoir, un hymne à la vie. un livre que l'on ne quitte pas de si tôt...
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Un roman entêtant, hypnotique, fascinant, porté par une écriture travaillée comme un joyau. Inoubliable et bouleversant.
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Un roman fort sur des sujets douloureux : la maladie, les camps de concentration. Un roman sur l'espoir, l'amour, porté par une écriture magnifique .
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation

Tu es déjà là.
Je distingue au loin ta silhouette, postée, immobile, sous un panneau indicateur, à tes pieds, le contour informe d'un petit sac.
Prends un sac léger, m'avais-tu dit, juste pour quelques jours, la destination, c'est une surprise...
 
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La jeune femme respectait le chagrin d'Emma parce que le chagrin est un jardin privé.
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