Ressusciter

Je ne sais pas si, comme je l'ai lu, ce n'est pas le « meilleur de Bobin » mais un livre n'est-il pas une auberge espagnole…. ?
En tout cas pour moi c'est une de mes premières bonnes rencontres en 2014, à l'instar d'un ami rencontré ou retrouvé et qui me veut du bien…
Personnellement, je m'y sens bien, j'y retrouve une foultitude de ces trop rares et brefs instants de lucidité, ces petites gorgées, non pas de bière, mais de lumière, où nous avons l'impression d'être pleinement vivant. Il me semble en effet que le propos de ce livre n'est pas de ressusciter, mais de rester vivant ou de batailler avec toutes les petites morts qui nous guettent.

Je dirai, en le parodiant, que chaque plongée dans ce livre me « désencombre un peu plus », faisant glisser les peines « de mes épaules, comme la neige, par plaques ».

Respect pour Christian Bobin et sa maîtrise de la pensée et du mot juste....Précieux pour nous ouvrir les yeux sur des choses que nous ne voyons plus....Je n'ai pas tout compris ou plutôt je n'ai pas été sensible à tout mais la lecture de ce petit livre m'a ramené 10 ans en arrière quand ma mère ,encore en vie à cette époque , m'avait parlé de Bobin et de ces livres. En lisant "Ressusciter" j'ai compris ce que ma mère appréciait chez Bobin; Un dieu très présent dans sa vie mais une distance avec l'église.
Petit clin d'oeil que j'adore: le petit chapitre sur Marciac....Dieu y vivrait d'après Bobin.....moi, j'y vis , en tous cas....

Aérien, subtile, profondeur des phrases caressées par la fulgurance des mots.
Une plume d écriture encrée de nuages.
Chacun de ses paragraphes est une porte ouverte par les couleurs de son regard et qui se referme doucement dans une chute aussi légère et inéluctable que "ses feuilles de tilleul", joliment soufflées par les battements d ailes de ses oiseaux, qu il n a eu de cesse d observer sa vie durant.
Oui, c est vrai, on ne raconte pas Bobin. On ne peut pas le juger. Il est comme Pascal Quignard dans leur profil intellectuel et poétique. Un monde dessiné entre chaque ligne. Un monde rêvé où les mots créent la beauté mais aussi la tristesse, la nostalgie, le temps qui passe, le coeur dépouillé de toute amertume.
Cet homme est parti un soir de novembre 2022, nous laissant orphelin d une littérature devenue trop rare.
Si seulement il avait l idée saugrenue d appliquer le titre de ce livre à son absence devenue trop silencieuse...

Tout peut recommencer par un jardin. Une saison, une chanson, une histoire, un mythe, tout peut commencer dans un jardin. On y s'aime, de la lumière, de la bonté, quelques morceaux du ciel, un oiseau en deux ailes, une enfance et puis l'homme apparaît.
L'enfant revient. C'est un peu de ressusciter que de lire ce livre là. Oui bien sur avec Maitre Bobin, Dieu n'est jamais très loin. Il est derrière tout cela. Clairs obscurs, en chaires disparues.
Une ange passe et la Grâce se pose , et vous vous faites face. Alors diables ou dieux, peu importe, qui que tu sois le miracle a bien eu lieu. Bonté divine que c'est bon t'entendre toutes ces belles choses que l'on se doit.
On marche entre les mots de Christian Bobin. On regarde. On s'arrête. On lit on se tait.
On respire ses simples . On plisse un peu les yeux. Pour voir mieux. On entend beaucoup mieux.
On approche du lointain. Dans ce jardin, vous reviendrez.

Astrid Shriqui Garain
Lien : https://dutremblementdesarch..

J'ai pour Bobin comme pour Pratchett une bosse dans mon âme, un trou profond dans sa trame le jour où j'ai appris leur mort.
Une tombe pour ses auteurs qui ont été vivants sur une parti de mon temps et que j'aurai pu croiser ailleurs que dans leurs livres. J'y passe en relisant leurs livres, émue par leur fulgurance, comme on dépose un bouquet de fleurs sur le lieux où sont enterrés nos morts aimés.
J'ai accompagné certains de mes proches au cimetière et j'aime me balader entre les tombes de ceux qui me sont étrangers mais je ne suis jamais revenue fleurir celles de ceux dont j'ai vécu la disparition. Ils n'y étaient déjà plus quand on a fermé leur cercueil, ce n'est pas là que je les célèbre.
Je porte leur tombe en moi comme dans la nouvelle de Buzati des bosses dans mon jardin interieur.
Celle de Bobin est de belle taille mais je m'y promène volontiers en randonné sur les chemins connus. J'en ai oublié tant de détails. La richesse de cet auteur est dans son foisonnement dénudé qui rentre différemment en résonnence au fil de mes pensées.
Je ne m'y baigne jamais dans le même fleuve de mots. Ceux qui me carressent sont pas les même que lorsque j'avais vingt ans et pourtant j'y lave mon âme aussi facilement qu'avant.
Merci à toi Monsieur Bobin, même et surtout si tu n'est pas cet homme là.

Parfois on a besoin de textes courts, une phrase en trois lignes. Ce petit recueil contient des petits trésors. Parfois j'en déguste quelques uns, j'essaye de le garder en bouche, puis je le croque trop vite. La saveur reste comme un goût que l'on a hâte de retrouver.

J'ai bien lu ce livre cinq ou six fois et toujours avec plaisir. Bobin y parle de son quotidien, de la mort, de l'absence, mais de la vie surtout, la plus simple, celle-là qu'il sait capter en même temps que l'invisible qui s'y cache. Ce sont des fragments, de petites anecdotes pleines de sens qui nous amènent plus loin que la vie elle-même. Les références à Dieu pourront agacer certains lecteurs, elles ne sont pas si nombreuses et il n'est qu'à remplacer le terme par les mots Invisible ou Lumière, mais se priver de cette lecture pour cela, ce serait perdre beaucoup. Il est des phrases qui frappent l'imagination et j'en ai aimé plusieurs comme celle-là : « Il y a une étoile mise dans le ciel pour chacun de nous assez éloignée pour que nos erreurs ne viennent jamais la ternir.»

Ce livre est un recueil de pensées diverses sur la vie, la mort, la vie après la mort, la vie avant la mort. C Bobin y fait part de son décalage avec notre monde moderne, de son amour pour la nature et les âmes purs. C'est assez inégal mais très agréable à la lecture, tant le trait peut être puissant et juste.
A conseiller si vous aimez médité ou contempler, ou si vous avez encore un compte à régler avec "cette vie là"

Ce livre ne me semble pas le meilleur de Bobin , tant il est fait de petites séquences , de pensées , de parcelles de sagesse , par exemple celle-ci : "Il y a une étoile mise dans le ciel pour chacun de nous , assez éloignée pour que nos erreurs ne viennent jamais la ternir ."
Rien que quelques lignes de cette eau sauvent le bouquin et me laissent admiratif devant tant de simplicité dans la sagesse ou tant de sagesse dans la simplicité . Mais enfin , même un livre de Bobin moyen est mille fois meilleur que les oeuvrettes de certaines et certains que je ne nommerai pas disons par charité !
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/