AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,93

sur 69 notes
5
3 avis
4
5 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis
« Quand nos noms ne signifieront plus rien, son nom continuera à briller, continuera à planer sur une littérature imaginaire appelée « littérature chilienne » »
Roberto Bolaño parle ainsi, dans sa nouvelle « Carnet de bal », à propos de Pablo Neruda, sans imaginer que cette phrase pourra s'appliquer à sa personne, 19 années après sa mort.

Ce recueil de 13 nouvelles peut se lire dans la lignée de ses « Détectives Sauvages », ou comme le présentent l'éditeur et la libraire babéliote MarianneL, en guise d'introduction à son oeuvre. J'aurais tendance à conseiller de ne pas commencer par ces nouvelles, mais son ouvrage a un tel pouvoir caméléon, reflétant singulièrement ce que chaque lecteur y projète, que je ne suis plus sûr de rien.

Explorant à nouveau et toujours cette fascination du vide, de l'oeuvre qui reste à créer, opposée à celle qui existe, avant qu'on ne l'ai oubliée ; du désespoir des déracinés, des fuites infinies, concluant que « quelqu'un qui a vécu sur terre ne peut être tranquille », Bolaño hésite sans cesse sur ce que la poésie, et plus généralement la littérature, peut encore apporter à l'humanité.

La putain prend ici tour à tour des airs de madone rédemptrice, de mère courage, et d'ange exterminateur, comme une vacuité de sens, au milieu de l'agitation humaine.

Et malgré tout, l'aventure continue.
Commenter  J’apprécie          742
Dans ce recueil de nouvelles, paru en 2001, Roberto Bolaño élargit encore, dans la mesure de son grand talent, le champ de ses thèmes. On l'y retrouve donc tel qu'en lui-même mais aussi surprenant. La nouvelle qui donne son titre au recueil, mais aussi « Préfiguration de Lalo Cura », « le retour » mêlent crime et sexe crapoteux, ce qui m'a semblé relativement inédit dans son oeuvre. Comme la nouvelle intitulée « Buba » qui rassemble football barcelonais et magie noire africaine (un mélange pas si saugrenu que ça si on en croit l'actualité footballistique récente).

Ceux qui préfèrent les déambulations de poètes sud-américains dans les années 1970, son thème majeur, seront aussi comblés. Poètes exilés, vivant de pas grand-chose dans la froide Europe dans « Vagabond en France et en Belgique ». « Photos » a pour fondation une anthologie de poésie réellement parue en 1973, « La Poésie contemporaine de langue française depuis 1945 », de Serge Brindeau ! Roberto Bolaño y évoque ce à quoi les photos de ces poètes lui font penser.

Le pouvoir de fascination de l'écriture de cet auteur ne s'affaiblit pas pour moi au fur et à mesure que je découvre son oeuvre. Je ne suis pas certain de comprendre comment il y parvient, mais ce n'est pas très important au fond. Il est inimitable.
Commenter  J’apprécie          280
C'est ma première rencontre ave Roberto Bolano. Je n'ai pas eu le courage de découvrir cet auteur avec un ouvrage fleuve tel que 2666. La 4è page de couverture indiquait que des "Putains meurtrières" était une bonne entrée en matière. Je me suis donc lancée. Bolano raconte à travers 13 nouvelles les errances d'un exilé chilien dans différents endroits du monde; parfois ses propres expériences. Eh bien j'ai beaucoup apprécié même s'il faut s'habituer au dédoublement entre auteur et personnages. "Le retour" est ma nouvelle préférée : un homme décède d'un arrêt cardiaque dans une discothèque à Paris et se rend compte qu'il y a une vie après la mort. Ce mort, qui parle et qui pense, va nous raconter une drôle d'aventure.
Commenter  J’apprécie          170
C'est la première fois que je découvre Roberto Bolaño en nouvelliste, si l'on excepte la lecture de "La littérature nazie en Amérique" qui, bien que constitué d'une compilation de textes, est davantage une anthologie -bien que fictive- qu'un recueil de nouvelles.

Inévitablement, certains textes m'ont touchée davantage que d'autres, quelques-uns m'ont paru un peu obscurs... ce qui est en tous cas curieux, c'est que deux semaines après cette lecture, je ne garde le souvenir précis que d'un petit échantillon d'entre eux, et qu'il ne s'agit pas forcément de ceux que j'ai préférés.

Ce qui en revanche m'est resté de ce moment passé avec, rappelons-le, l'un de mes écrivains préférés, est la sensation vague mais tenace d'une sorte de mélancolique désoeuvrement, allié à une violence latente, sourde, mais omniprésente. C'est étonnant, parce que lorsque je relis les notes prises lors de ma lecture, je me remémore que certaines des nouvelles relatent des anecdotes très sordides, et parfois explicitement violentes. En réalité, en tant que fervente adepte de Bolaño, je ne suis pas si surprise que j'ai l'air de vouloir vous le faire croire...

Ses romans parlent davantage à notre corps qu'à notre esprit. Ils laissent en nous une empreinte presque insaisissable, la réminiscence en effet quasiment physiologique d'une nostalgie chuchotée à notre oreille, et néanmoins intensément douloureuse.

Plus que le souvenir d'enchainements de faits, je garde la trace d'images, et surtout des émotions qui s'y sont rattachées... l'impression, due au caractère énigmatique de certains épisode, d'avoir parfois évolué, à l'instar des personnages, comme dans un rêve... d'avoir été confrontée à une réalité hoquetante et elliptique, lorsque l'auteur déroule son récit par séquences.
Me revient aussi à l'esprit cette admiration face à sa capacité à rendre perceptible la dimension à la fois tragique et dérisoire de son propos, même lorsqu'il évoque des événements a priori anodins.

Ses personnages, latino américains répartis sur une large surface du globe, semblent inconsciemment hantés par une détresse lancinante, mais dissimulée, qui fait d'eux éternels errants en quête d'une paix dont il ignore la nature.

Le retentissement de l'exil sur les individus, la désillusion engendrée par le constat de l'omniprésence de la barbarie, la difficulté à trouver un sens à l'existence, sont autant de thématiques que Roberto aborde pourtant avec humour -même s'il est souvent grinçant- et poésie (peut-être l'une des seules consolations possibles à la douleur que procure le monde).

Il démontre une fois de plus, avec ce recueil, qu'il est un très grand !
Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
Commenter  J’apprécie          100
Si l'épaisseur de « 2666 » fait peur, « Des putains meurtrières » est une magnifique porte d'entrée dans le monde de Bolaño.

Ce recueil de treize nouvelles, publié en 2001 impressionne par la palette immense des talents de Bolaño.

Démultiplié en Bolaño, Belano, B, l'auteur nous plonge au fil des pages, à travers tous les genres, dans les thèmes qui lui sont chers - les vies brisées par la dictature chilienne, l'exil, les rêves, la désillusion et la tendresse pour l'Amérique latine, l'errance et le lent naufrage de la vie, la folie et le mal ; Bolaño explore sans cesse la relation entre fiction et réalité, et la question de la création littéraire comme miracle ou fruit du hasard.

Un seul exemple – car on aurait envie de parler de toutes les nouvelles :
« Derniers crépuscules sur la terre » exprime admirablement l'affection et le dégoût de Bolaño pour son continent natal, et le passage du temps. C'est le récit d'une semaine de vacances de B. à Acapulco avec son père. B lit une anthologie des surréalistes français ; il reste accroché à la photo de Gui Rosey, poète médiocre disparu pendant la seconde guerre mondiale dans des circonstances inexpliquées, tandis que son père cherche à l'entrainer dans les bars et les boites à putes. B se laisse finalement faire sans rien dire, et pressent un désastre.

« Ils vont nous voler tout l'argent, pense B. Ensuite il regarde les femmes qui à leur tour les regardent, avec une commisération palpable. Elles savent ce qui va nous arriver, pense B. Tu es soûl ? lui demande son père pendant qu'il attend une carte. Non, dit B., je ne le suis plus. Tu es drogué ? dit son père. Non, dit B. Alors son père sourit et demande une tequila et B se lève et va vers le comptoir et de là il observe avec des yeux de fous la scène du crime. A ce moment-là, B sait que c'est le dernier voyage qu'il fera avec son père. »

Ces nouvelles sont treize perles, toutes uniques, qui laissent une forte trace intérieure.
Commenter  J’apprécie          70
La première nouvelle de ce recueil fait frémir, c'est un des textes les plus oppressant que j'ai lu : un journaliste parti en Inde pour le compte d'un photographe réputé visite dans le cadre de sa mission un certain nombre de bordels. Dans l'un d'eux des petits garçons vendus par leur famille et émasculés sont prostitués.
Les autres nouvelles sont plus... ouf! ...respirables, mais pas franchement rigolotes non plus, d'autant que l'ombre de la première reste longtemps penchée sur elles.
Commenter  J’apprécie          50
Dans ce recueil de treize nouvelles, Roberto Bolano s'adresse aux exilés, comme lui, ceux qui ont fui le coup d'état de 1973, et passe en revue ces existences explosées aux quatre coins du monde, ceux qui continuent de poursuivre leurs rêves idéalistes. A travers ses treize « putains meurtrières », Bolano traîne son lecteur jusque dans les bordels d'Acapulco, s'amusant à l'égarer au milieu des conversations d'ivrognes, des jeux de cartes enfumés et des compagnies d'infortune (« Derniers crépuscules sur terre »), et se fait narrateur de l'anecdote, celle qui est un stigmate, une cicatrice (« L'Oeil Silva »). Il peint la souffrance, le désespoir et l'inertie de toute une génération d'égarés, par le biais d'une écriture dépouillée, voire minimaliste, et pose une grande question : que peut la Littérature ? Plus précisément, que peut cette littérature dite, « mineure », trop souvent oubliée, face au tumulte ? le personnage principal, souvent sans nom et appelé par une lettre, n'est plus qu'un oeil, un témoin de toutes ces âmes perdues ou dispersées ; il erre quelque part entre « le désespoir et l'ennui », pour reprendre une tournure de Schopenhauer.
Commenter  J’apprécie          20
La première nouvelle, sur l'affreuse coutume indienne découverte par l'Oeil Silva m'a pas mal traumatisé... Certaines autres, destinées à un public de "connoisseurs" latino-américains m'ont parues plus difficiles d'accès. La nouvelle qui concerne un cadavre, totalement déjantée, m'a fait plutôt rire, même si je ne suis pas certain que ce soit l'objectif. le style de l'auteur est très agréable, et cet ouvrage peut être une meilleure porte d'entrée dans son univers que 2666, que je trouve incroyable, mais qui peut être un peu intimidant au premier abord.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (153) Voir plus



Quiz Voir plus

Les classiques de la littérature sud-américaine

Quel est l'écrivain colombien associé au "réalisme magique"

Gabriel Garcia Marquez
Luis Sepulveda
Alvaro Mutis
Santiago Gamboa

10 questions
376 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature sud-américaine , latino-américain , amérique du sudCréer un quiz sur ce livre

{* *}