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Critiques filtrées sur 1 étoiles  
François Bon vit une époque formidable : depuis son premier Atari 1040 acheté en 1988, il n'a de cesse de cumuler les "expériences utilisateurs" : imprimante à aiguilles autoalimentée, Sony PRS-600, Système 9 d'Apple, puis Mac Os, iPhone, iPad, voilà un homme de son temps. Il se souvient de la date de création de sa "bibliothèque numérique" (en 1996) et de celle de la réception de son Windows commandé "par correspondance", ou de l'achat de son PowerBook 45 à la FNAC. Un vrai geek. Il ne nous passe aucun détail de ses petites manies, des appareils qui trônent sur son bureau à l'émerveillement des multliples fonctions de son smartphone, et nous apprend au passage que "cela fait bien longtemps que je n'emporte plus de réveille-matin en voyage". Quelle modernité ! Quelle joie !

Les pensionnaires des maisons de retraite et des prisonniers enfermés avant 1980 (s'il y en a encore) seraient enchantés d'en apprendre autant sur le monde extérieur, mais pour les autres, on s'ennuie ferme.
Nous avons tous eu un éclair d'émerveillement le jour où nous nous sommes rappelés notre premier modem 14,4k ou l'utilisation de Windows 3.1. Mais passé les trois minutes de "séquence souvenir" avec un ami ou un membre de la famille, on ne savait plus quoi dire. François Bon, lui, fait durer le plaisir sur des dizaines de pages et ne se lasse pas de tous ces fantastiques souvenirs. En complément de revenus, il serait avisé de proposer ses services à Amazon en tant qu'"utilisateur final" pour tester son nouveau "Kindle", à moins qu'il ne préfère engranger des "vues" sur YouTube avec une petite vidéo ( façon j'ai testé pour vous le nouveau Windows 10, franchement, il est top...) ?

Tout cela est bien naïf, narcissique et risible... à moins qu'il ne s'agisse d'un roman, et, dans ce cas, c'est admirable. L'écriture file à une vitesse ahurissante qui dépasse toute capacité humaine de "scrolling", d'innombrables parenthèses s'insinuent dans le texte et, comme des pop-up et des publicités intempestives, dérangent la lecture, les noms de marques sont innombrables, comme dans les romans et "produits culturels" de masse contemporains, l'enthousiasme est enfantin, le langage oral, les phrases sont lacunaires, la ponctuation en surnombre, les phrases hachées et averbales ou composées de propositions infinitives seulement, les sujets manquent, les citations sont hétéroclites (de César à Quinard, de Saint Augustin à Rabelais, de Nietzsche à Balzac) et s'amoncèlent sans ordre comme une suite de clics sur Wikipédia, on fait le tour du monde en quelques pages (Londres, New-York, la Provence, Lyon, Berlin..) : c'est simple, on dirait un langage de blog...

Le tour de force de notre Otaku est ni plus ni moins d'avoir su démontrer que l'on peut faire du web sur du papier. Mais on se demande toujours à la fin du livre comment on fait du papier sur écran... L'informatique a sans doute parmi les fonctionnalités supérieures au papier la recherche automatique et l'ajustement du texte à la page, mais le papier semble en avoir une autre : la capacité à raconter une histoire...

En conclusion, "Les livres numériques que je lis plutôt sur tablette ou liseuse s'y synchronisent automatiquement à la dernière page lue" s'émerveille notre touche-à-tout... s'il savait que les grandes compagnies qui fournissent le "contenu" remontent, par cette fonctionnalité, les informations sur le temps de lecture par page, les passages qui bloquent, les heures et les durées de lecture, tout cela pour qu'un "écrivain" puisse pondre demain une "oeuvre" calibrée pour les futurs "lecteurs-consommateurs"... (cf les Echos du 8-9 juillet 2016 qui, pour des raisons économiques, s'en émerveillent...).
Ah la réalité est parfois cruelle... de mon côté, je vais aller emprunter quelques bouquins dans ma bibliothèque de quartier, pour 10 euros par an, ou moins de dix centimes le livre, qui seront aussi bien là où je les donne que dans la poche de Google...
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