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« Je n'invente rien dans mes biographies. Je ne m'interdis pas le romanesque, mais je le tire de la vie de mes personnages. Je m'attache à leur magie. Je ne comble pas les vides qui sont inévitables pour le chercheur le plus appliqué et le plus aguerri. Je fuis les dialogues fictifs : quand les personnages parlent, ce sont les mots qu'ils ont prononcés ou écrits et dont j'ai retrouvé la trace. »

« le biographe se donne pour mission d'aller aussi loin que possible dans la découverte du personnage, dans son intimité profonde, cachée. Mais il demeure et demeurera toujours en deçà de l'inaccessible secret de chacun".

J'ai une attirance pour les biographies. Ce n'est pas du voyeurisme, enfin je ne le crois pas, ni le besoin de vivre par procuration, surement pas, mais c'est plutôt de l'intérêt pour les personnalités qui m'attirent, une façon de me les approprier, de pénétrer leur intimité, comme si je pouvais prétendre à faire partie de leur entourage. Je pousse une porte et je suis invitée à écouter, à partager le vécu comme l'inconnu même si cela n'est qu'illusoire.

Le risque d'une biographie, c'est qu'elle soit soporifique. Je garde un mauvais souvenir du Victor Hugo d'Alain Decaux alors que ce dernier était un passionnant conteur. Une biographie s'écrit avec le coeur, l'intellect vient au second plan pour ne pas faire barrage aux émotions.

L'enthousiasme, l'embrasement, doit présider au choix du personnage si l'on veut écrire son histoire. C'est ce que j'aime chez Dominique Bona, son écriture regorge d'amour, d'intérêt, de passion pour ses sujets. C'est une « jusqu'au-boutiste dans sa quête». J'aime son écriture que je trouve d'une grande sensibilité, à fleur de texte pourrais-je dire. C'est avec un respect et un art subtil qu'elle pénètre l'intimité de ses personnages sans jamais tomber dans le grossier. Il y a un petit moment que je la lis et j'ai l'impression que nous sommes devenues amies au fil du temps de la lecture.

Dans « Mes Vies Secrètes », outre une promenade et de beaux souvenirs dans le monde de l'édition, elle décrit parfaitement le travail titanesque d'un véritable biographe. Sa quête est assez impressionnante lorsque l'on mesure le temps et les démarches qu'elle consacre à ses sujets. Elle tient impérativement à rester au plus près de la vérité, ce qui lui demande une grande rigueur intellectuelle afin de ne pas se disperser, ceci au risque de perdre son lecteur. Mais que de moments intenses lui sont réservés lorsqu'elle fouille dans les boîtes à trésor d'où émerge toute une correspondance. Imaginez-vous tenir, entre vos mains, la lettre de Berthe Morisot qu'elle a eu la force d'écrire à sa fille Julie avant de mourir ! Dominique Bona commence ses confidences avec une déclaration d'amour à Romain Gary. IL ne m'en fallait pas plus pour me retrouver sous l'emprise de son écriture. Je la comprenais tellement. Nous étions sur la même longueur d'ondes une fois de plus. Dominique Bona chemine, pas à pas, sur les itinéraires suivis par ses personnages. Elle se rend dans leur maison, leur appartement, dans tous les lieux qu'ils ont visités. Elle possède les qualités d'un fin limier, elle hume les odeurs du passé, elle s'en imprègne de ces effluves, un peu comme une émanation qui pourrait lui donner une indication, lui avouer un secret. Elle tire un fil d'une pelote de souvenirs tissée d'amitié, d'amours, de personnages rencontrés comme Gala Dali qu'elle a connu à quinze ans à Cadaquès et elle s'aperçoit que tous ses sujets sont reliés entre eux, un peu comme une chaîne à travers le temps ou lorsqu'un ami vous présente un ami qui lui-même vous parle d'un autre ami.

Quand elle relate sa visite à Salzbourg, sur les pas de Zweig, ses déambulations et ses rencontres en font un récit poignant et éloquent. C'est la biographie de Zweig qui m'a révélé cette académicienne discrète. Elle s'était tellement glissée dans la peau de Zweig que j'avais eu l'impression qu'elle était devenue Zweig. La citation que j'ai mise en ligne est particulièrement évocatrice. Il en est de même du chapitre qui relate sa démarche quant à Camille et Paul Claudel. C'est émouvant, douloureux. J'ai pensé à la maman de Charles Juliet dans Lambeaux.

Mais il y a des moments plus toniques, jouissifs comme les visites à Clara Malraux.

En compagnie de Dominique Bona, nous côtoyons du beau monde, Paul Valéry, Jean-Marie Rouart, Maurois, et tant d'autres.

J'ai eu le plaisir de lire certaines de ces biographies. de ce fait, « Mes vies secrètes » a revêtu un attrait supplémentaire à mes yeux. J'ai pu ainsi m'immerger voire assister à la manière dont Dominique Bona choisit, aborde, ses sujets, un peu comme une petite souris. Ma lecture n'en a été que plus attachante. Ce fut un agréable partage, une communion entre Dominique et moi dans la passion de la découverte de nos illustres semblables.

François Nourrissier « Dominique, la biographie…. C'est par là que vous nous livrez les secrets de votre coeur ».

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"(...) Pourquoi la biographie m'avait-elle arrachée au roman ?
Les biographies que j'aimais et qui étaient mes modèles, c'étaient les livres de Mauriac, de Maurois, de Zweig, de Troyat. Des récits vivants et généreux. Des portraits à l'encre sèche, incluant de belles analyses, mais privilégiant la synthèse de tous les éléments soigneusement rassemblés,
dirigés, orchestrés, pour le plaisir de lire et la joie de partager. Avant tout les livres de romanciers, mais des romanciers capables de respecter une vérité qui n'était pas romancée. "(p. 312)

Ravie de cette nouveauté du début d'année 2019... qui m'a fait m'immerger dans le rôle complexe du "BIOGRAPHE" ; Dominique Bona nous relate les multiples raisons, circonstances, rencontres qui l'ont mené sur les chemins de "la Biographie"...en délaissant le genre romanesque...cet ouvrage débute par sa rencontre ultime à 18 ans avec un romancier qui changera sa vie; il s'agit de Romain Gary, dont on lui offrira pour cet anniversaire "Les Racines du ciel"...qui sera un vrai coup de foudre... Des années après, elle débutera son travail de biographe en s'attaquant au Mystère Gary ! Une première aventure des plus émotionnantes !!

Je n'ai pas lu cet ouvrage très vivant de façon linéaire, mais en naviguant vers les personnalités qui m'attiraient le plus.... J'ai donc débuté par le chapitre dédié à Camille Claudel... Une histoire si tragique qu'elle me bouleverse chaque fois avec la même violence... Nous pouvons encore remercier Anne Delbée qui a sorti de l'ombre (dans les années 1980) cette artiste au destin fracassé, avec un premier texte "Une Femme"... Dominique Bona nous apporte de nouveaux éléments des coulisses de cette résurrection et sauvetage des sculptures de Camille, dont les
combats acharnés de sa petite-nièce, Reine-Marie Paris...grâce à qui il existe aujourd'hui un musée qui lui est consacré à Nogent-sur-Seine !

Une dernière longue partie "Les maisons fugitives" , très émouvante sur les maisons d'écrivains, d'artistes, leurs lieux de travail, qui en disent involontairement tant sur eux...

D'ailleurs Dominique Bona explique à quel point il lui est nécessaire à un moment donné d'aller sur les lieux, de sortir des archives, des recherches livresques... pour s'immerger dans les décors eux-mêmes ...pour mieux s'imprégner des vies qu'elle veut restituer, partager !

"Il y a paradoxalement souvent plus de rêve et d'imagination qu'on ne croit dans les vraies vies qu'on raconte. certaines vies sont même si romanesques qu'elles passent les bornes de la crédibilité et qu'on serait gêné de les faire entrer dans un roman. Beaucoup de vies réelles sont un défi à la vraisemblance. Un exemple ? le jeune Malraux s'en allant piller le temple de Banteay Srei à dos de mulet, après avoir commandé une panoplie d'explorateur et des outils de terrassier à la Samaritaine !" (p. 310)

Une lecture des plus plaisantes qui nous plonge dans les affres de la création littéraire, des difficultés, ambiguïtés pour tout travail biographique....Je trouve le titre de ce dernier ouvrage de Dominique Bona, fort bien choisi: " Mes vies secrètes", l'existence de l'écrivain enrichie, augmentée de la vie des artistes qui l'ont inspirée, plongée dans des mystères, des secrets familiaux, amoureux, artistiques !

Réflexions, cheminement d'une biographe confirmée, reconnue prolongée
d'une promenade dans le monde de l'édition parisienne... Un fort joli portrait de la directrice du Mercure de France, Simone Gallimard
[ m'évoquant des souvenirs personnels de mon début de parcours en librairie, ma responsable m'emmenant aux soirées littéraires hebdomadaire de la Grande dame du Mercure... !], un portrait tout en finesse de Jean-Marie Rouart, lors de leur première rencontre,
dans le "nid de l'artiste", l'invitation du Docteur Naquet, gendre d'André
Maurois, pour les archives de son beau-père...

En sus des enthousiasmes premiers de Dominique Bona, il y eut bien sûr des rencontres impromptues, imprévues qui ont offert de nouveaux "sujets" de recherches..., des directions insolites, non préméditées....

Une lecture attachante, sincère d'une romancière et biographe... qui nous immerge dans son univers créatif et son parcours littéraire, humain, très riche !

"Combien de fois ne me suis-je pas dit que Pedro Otzoop [ à propos de Romain Gary ] avait raison, tellement raison : " Une biographie , quelle drôle d'idée ! " pourquoi s'intéresser à la vie des autres, plutôt qu'à la sienne ? Et pourquoi vivre par procuration des vies qui, pour être multiples, fascinantes, passionnées et passionnantes, ne sont pourtant pas la mienne ? "(p. 18)
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Ma vie reste cachée

Après avoir vivement apprécié la biographie de Stefan Zweig par Dominique Bona, je me suis précipitée sur ce livre.

Selon la quatrième de couverture, il était annoncé "Dominique Bona dévoile avec tendresse et humour les personnages de sa famille imaginaire : Romain Gary, Berthe Morisot, Gala Dali, Stefan Zweig, Camille Claudel, Colette…
Elle raconte la part cachée de ses livres, les enquêtes pleines de risques et d'embûches, les coupes de foudre, les hasards et les désillusions…"

Même si j'ai vraiment aimé le style de cette autrice, toujours aussi parfait, ce livre ne dévoile rien d'elle ; ici sont regroupés les biographies de tous ces artistes, ses voyages réalisés afin d'écrire au plus près.

Rien de nouveau, si ce n'est que j'ai eu l'impression d'un entre-soi parisien :
Elle dévoile très peu sur sa passion de la biographie historique, sur ses débuts d'écrivaine.
Simplement à la lecture, on sent, on devine la passion de cette autrice pour ses personnages, sa grande sensibilité, son empathie, son professionnalisme (allant jusque sur les endroits où ils ont vécu…).

L'auteure ne peut s'empêcher d'insérer les termes de "période noire", "années Terreur" dans cet ouvrage ! Je lui conseille fortement d'étudier la Révolution française et pourquoi pas de rédiger une biographie sur ces grands hommes (pas sur Olympe de Gouges dont la vie est romancée dans trop de biographies, mais sur Claire Combes, par exemple…)

Elle oublie (!) de préciser qu'elle est la fille de l'historien et homme politique Arthur Conte (1920-2013), Dominique Henriette Marie Conte est la soeur de Pierre Conte (directeur général adjoint du groupe Figaro), cela aide à se faire connaître dans le monde de l'édition…

Donc, un beau livre, très bien rédigé, mais qui n'apporte rien d'autre que l'envie de lire ces biographies historiques !
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L'académicienne Dominique Bona est la spécialiste française de la biographie de très grande qualité : .13 biographies, soixante-cinq ans d'émotions et de rencontres , tout cela fait le seul de son livre Mes vies secrètes qui vient de paraitre chez Folio .
Elle explique dans son livre Mes vies secrètes, sorte de mémoire personnelles mélangées à celles de ses céléibrités qu'elle a accompagné, combien la biographie peut parfois être un exercice complexe puisque contrairement à la fiction on est contraints par les épisodes réels et historiques de la vie de son sujet.

Dominique Bona, dévoile avec sincérité et passion la face cachée de ses livres, convoque les grandes figures sur lesquelles elle a écrit, et avec qui elle entretient une relation privilégiée : on a particulièrement aimé les passages sur Paul Valéry, et son grand amour Jeanne Voilier, Stefan Zweig, l'écrivain sans doute le plus secret et le plus mystérieux qu'elle ait jamais lu ou encore le parcours si tortueux de Camille Claudel et sa relation complexe avec frère Paul.

On comprend alors que Dominique Bona ait tant réussi à travers la vie des autres à mieux appréhender et comprendre la sienne.

Un ouvrage passionnant pour qui aime les secrets de fabrication et les petites et les grandes histoires de la grande littérature . Edité chez Folio depuis le 5 novrmbre 2020.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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"Curiosité malsaine ? Obsession Morbide du passé ? Fascination enfantine pour les secrets de famille ?" Dans Mes vies secrètesDominique Bona s'interroge sur son affinité à la rédaction de biographies. Elle en a publié un grand nombre. Un entretien avec François Nourissier la déstabilise. L'éminent critique lui pose la question d'emblée, en guise de salutation : pourquoi avoir abandonné le roman au profit de la biographie ?

Le roman, univers de l'imagination sans frontière, du rêve, de la chimère, genre majeur de la littérature quand la biographie doit se cantonner à la vérité, si ce n'est à l'exactitude. Quelle grandeur dans la restitution d'un parcours de vie, semble l'interroger François Nourissier ?

C'est à cette question que Dominique Bona tente de répondre dans ce très bel ouvrage : Mes vies secrètes. Une partie de la réponse est selon elle dans le choix des personnages qu'elle a fait pour en dresser la biographie. Car, nous fait-elle comprendre, il en est dont la vie est un véritable roman tant la réalité de ce monde semblait ne pas s'imposer à eux. Qu'ils aient été acteurs ou victimes de cette réalité, ils rayonnaient par leur talent à contrer la fatalité ou à composer avec elle. Laissant derrière eux l'illusion d'avoir leurré "les forces de la nuit."

Mes vies Secrètes c'est tout sauf une justification, c'est une biographie des biographies, une biographie de la séduction pour un personnage qui a présidé à chacune de ses entreprises. Avec à chaque fois, selon Dominique Bona, l'espoir d'identifier les ressorts qui ont animé la personne choisie pour qu'il devienne aux yeux du monde un personnage. L'espoir de détecter "ce qui est mystérieux dans une existence, ce qui est en dehors des champs du raisonnement, de la logique." Si "le roman cultive le mentir-vrai … la biographie ne peut pas mentir. Elle repose tout entière sur le vrai ou tente de s'en approcher … ce vrai est le diamant brut du genre, son trésor, son orgueil."

Rédiger une biographie s'apparente à l'art de la sculpture qui à partir du monolithe brut le débarrasse de ses scories, dégrossit, arrache les éclats, affine, polit les formes pour finalement offrir à la lumière les traits du personnage qui se cache au creux du bloc, et restituer ce que le temps à tendance à enrober de la gangue de l'oubli. Sachant bien qu'aussi figurative soit l'oeuvre, le sujet conservera toujours cette part d'ombre que chacun emporte avec lui dans l'au-delà.

Si j'en juge par la qualité de cet ouvrage intimiste de Dominique Bona, j'augure que les biographies de son cru, qu'il m'engage à découvrir, savent restituer plus que l'apparence des sujets qu'elle a choisis pour en dresser le portrait. J'augure qu'à l'instar des oeuvres d'une Camille Claudel - laquelle a fait partie de ses sujets, les biographies de Dominique Bona, plus que restituer le portrait de ses modèles, savent suggérer au lecteur une part de ce mystère qui habite tout un chacun, un mystère d'autant plus ensorcelant que le personnage a fait lui-même de sa vie une oeuvre.

Mais au final, s'intéresser à la vie des autres n'est-ce pas se chercher soi-même dans le miroir de leur destinée ?
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"Pourquoi s'intéresser à la vie des autres, plutôt qu'à la sienne ? Et pourquoi vivre par procuration des vies qui, pour être multiples, fascinantes, passionnées et passionnantes, ne sont pourtant pas la mienne. (p19)"

Mes vies secrètes est la réponse à cette question : un récit autobiographique d'une biographe. le concept est original et m'avait séduit lors de sa sortie et sachant qu'elle avait "fréquenté" des auteur(e)s, artistes, peintres, sculptrice très intimement pour écrire ses biographies et comme c'est un thème, savoir qui se cache sous une plume, un pinceau, cela ne pouvait que m'intéresser.

Et tout commence par Romain Gary, l'Enchanteur, quel beau surnom pour un écrivain qui gardera toujours une part de mystère mais à qui elle voue un amour et une admiration infinis. Et puis elle navigue entre Manet, Camille Claudel, Colette,  Paul Valéry, Berthe Morisot, Stefan Zweig, Malraux à travers Clara , Dali et Gala, André Maurois et ce n'est là qu'un petit échantillon des vies qu'elle a explorées. Hommes et femmes habitent sa mémoire parce que certains hommes ont souvent une femme auprès d'eux qui a joué un rôle prépondérant dans leur carrière, et que certaines femmes ont su se faire une place dans un milieu masculin.

Elle évoque bien sûr ces vies célèbres et lève le voile sur non seulement son de travail de biographe, l'exigence qu'elle en a, par exemple de ne jamais inventer un détail qui transformerait la biographie en biographie romancée, de ses  recherches, rencontres, voyages sur les lieux et dans les maisons où vivaient ces sujets d'études pour conclure sur ce qu'est pour elle un travail de biographe

"Les biographies d'écrivains savent considérer la part de la nuit et c'est pourquoi je les aime, tandis que les biographies romancées, qui dénaturent les deux genres en tâchant de les associer, y entrent de plain-pied, avec une grosse lampe torche, et n'éclairent que les murs vides de leurs propres romances. (p326)"

mais c'est sa manière de lever le voile sur sa propre vie, ses rencontres (je pense à la famille Rouart en particulier qui est une mine de documents et possessions) qui lui ont permis de mener à bien son travail.  Cette femme discrète et trop timide, membre De l'Académie Française, préfère emprunter ces chemins détournés pour finalement parler d'elle sans le faire, pour n'apparaître qu'à travers ceux qu'elle aime et admire, se révéler à travers ceux qui ont peuplé sa vie, ses écrits et ne connaît d'autre moyen qu'à nouveau parler d'eux pour en dire plus sur elle.

Cela se lit comme un roman ou des petites tranches de vies, d'autant plus lorsqu'on est passionné par la littérature ou les arts. J'ai aimé retrouver Romain Gary et ses errances, Camille Claudel (une idole pour moi) et les questionnements de Dominique Bona pour la part d'ombre dans sa relation avec Rodin, Debussy, Paul (son frère) et la misère de la fin de vie mais ressentir également tout l'attachement qu'éprouve l'auteure vis-à-vis de Colette dont elle se sent très proche.

Comme elle le fait très justement remarquer en fin d'ouvrage, j'ai été particulièrement frappée que finalement beaucoup de personnages, de destins se croisaient et se recroisaient dans son oeuvre sans qu'elle en est forcément conscience au début. C'est comme une pelote de vies fil qui se déroule et qui devient un tissu où les existences s'enchevêtrent et rebondissent entre elles, comme des coïncidences qui n'en sont finalement pas, grâce aux liaisons amoureuses, conjugales, amicales et artistiques.

J'ai aimé ses confidences, ses ressentis, ses interrogations parfois quand les réponses n'existaient pas, les visites dans les "maisons fugitives" si importantes pour connaître une personne, s'en imprégner (je confirme), sa narration légère de ce qui pourrait être ennuyeux, rebondissant d'un personnage à une rencontre, d'un événement à un autre.

D'autres vies que la mienne pour vous parler de moi, la biographe, et l'on ressent toute l'exigence qu'elle insuffle à son travail, n'hésitant pas à consulter des montagnes de documents, à se rendre sur les lieux pour s'imprégner de celles-ci mais également des fantômes de ceux qui y ont vécu, qui s'y sont aimés ou affrontés et ces vies sont finalement devenues sa vie, ses Vies secrètes.

J'ai beaucoup aimé et j'ai très envie de découvrir son Romain Gary.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Pas vraiment convaincue de l'intérêt ( à mes yeux) d'un tel bouquin, un hybride, mi-bio, mi-autobio, qui oscille, hésite, s'éparpille .... et épuise.
Mme Bona a t-elle voulu montrer la face cachée, ombrée, gommer le côté lisse, académisé de sa personnalité ? ( naturisme chez Gary, incursion chez Louÿs )
nous faire entrevoir la difficulté, dans cette entreprise, d'ouvrir de précieux sésames ( en cela bien aidée par son statut et milieu privilégiés )
nous montrer le danger d'être tentée de faire naître une liaison supposée mais non avérée ( Debussy avec Camille Claudel, Berthe Morisot avec Edouard Manet )
nous faire prendre conscience du travail de "fine limière", de fourmi et de petite souris que cela requiert
ce qui n'est pas inintéressant en soi, certes, mais cela ne méritait pas toutes ces redites inutiles.
Ceci dit, je n'ai pas boudé mon plaisir devant ces quelques beaux portraits dressés, avec tendresse, délicatesse, finesse pour Berthe Morisot, Camille Claudel, Clara Malraux , et avec admiration (partagée) pour Zweig bien évidemment !
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Autrice d'un grand nombre de biographies, Dominique Bona passe en revue l'ensemble de celles qu'elle a écrites, en décrivant les circonstances de leur émergence de sa plume, les contextes, et les faits saillants de leur contenus. C'est une approche intéressante de son univers d'autrice et des relations qu'elle a pu entretenir avec de nombreuses personnalités du vingtième siècle.
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Ca commence par une scène de naturisme un peu comme dans " Sérotonine" ... puis continue par une évocation de photos de jeunes femmes ne cachant vraiment rien de leur intimité... Diable ! Dominique Bona de l'académie française, romancière et surtout biographe, a-t-elle décidé de fendre l'habit vert en nous livrant les nombreux souvenirs de ses longues recherches dans l'univers de celles et ceux dont elle a évoqué la vie ? Rassurez-vous, après ce démarrage très dévêtu, la suite retrouve les allées gracieuses de l'élégance et de l'érudition qui font le sel de ses écrits.
Romain Gary, Berthe Morizot, les soeurs Hérédia, Gala, Camille et Paul Claudel, Stefan Sweig se retrouvent compilés dans cette évocation qui allie autant leur vie ( ici juste évoquée) que l'impact qu'ils ont eu sur l'auteure. Sans entrer réellement dans les coulisses de la création d'une biographie, " Mes vies secrètes" conte avec délicatesse les émotions que Dominique Bona a ressenties pour cerner au mieux les personnages sur lesquels elle dirigeait son projecteur empli d'affection mais aussi de fine psychologie. Ces rencontres ont pu être, réelles, avec les descendants de ces personnalités, de papier ( travail d'archive) ou architecturales en visitant les maisons ou châteaux qui ont abrité les créations ou les amours de ces êtres souvent d'exception. Elle se plaît à noter qu'elle croisa certains plusieurs fois au gré des différentes biographies. Elle y voit un joli clin d'oeil de la vie... comme ceux d'une deuxième famille de papier qui se retrouve ainsi parfois réunie. Pour le lecteur, cette charmante bienveillance procure un joli moment de lecture, de bon ton, de bon goût. Toutefois, en filigrane, ne peut s'empêcher d'apparaître une certaine littérature de l'entre-soi.
Dominique Bona, dans ses biographies, a principalement narré les vies d'artistes de la première moitié du 20 ème siècle. Qu'ils soient peintres, sculpteurs ou écrivains, ils se sont tous plus ou moins croisés, aimés, épousés, trompés avec la soeur de l'un, le mari de l'autre. Notre auteure, se plaît à retrouver quelques personnalités secondaires qui apparaissent dans plusieurs de ses biographies, parfois dans un lit en amant ou maîtresse, plus souvent dans un cercle mondain. Elle s'émerveille de ces retrouvailles, de ces petits liens que beaucoup entretenaient. le lecteur perçoit surtout que ces riches créatifs ( pour la plupart) ne sortaient pas de leur milieu, habitaient tous dans le 16 ème et s'ils allaient à la campagne, c'était en groupes bien choisis puis bien cachés dans une grande demeure. Cette impression se renforce d'autant plus que dans la partie contemporaine de son récit où, Dominique Bona, en fille de bonne famille, raconte tout à fait innocemment ses amitiés avec pas mal d'écrivains bien introduits dans le milieu littéraire, Michel Mohrt, Jean-Marie Rouard, François Nourrissier, ..., académiciens dont la production littéraire un peu poussiéreuse servit ( ou sert) surtout à emplir les colonnes du Fig Mag. Une petite distance affleure, comme si le lecteur faisait intrusion dans un dîner où il n'était pas vraiment convié. Cependant, la belle écriture de Dominique Bona, le joli recul qu'elle a sur son travail et la douceur avec laquelle elle accepte d'entrebâiller ces monde feutrés et confortables, font que l'on passe, malgré tout, un agréable moment en remarquable compagnie.
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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Attention, INTENSE coup de coeur !

J'ai lu le livre de Dominique Bona début janvier. J'ai tellement adoré qu'il m'a été dur d'en parler de suite, de résumer la richesse de ce trésor en une chronique succincte. Mais aujourd'hui, je me lance. Ce serait terrible de ne pas évoquer une de mes plus fabuleuses joies livresques de ce début d'année.
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Dominique Bona est biographe. Dans Mes Vies Secrètes, elle raconte les coulisses de ses enquêtes sur Romain Gary, Berthe Morisot, Gala Dali, Stefan Zweig, Camille Claudel, Colette, et beaucoup d'autres. Sous la forme d'un récit intime, elle évoque les rencontres, coups de foudre et hasards qui l'ont conduite vers ces figures tutélaires, et qui ont construit sa véritable identité.
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Ce livre est une mine d'anecdotes historiques, de bons mots, de mille petits faits frappants ou émouvants qui sont un véritable délice. Ils font revivre les protagonistes de l'histoire artistique dans des portraits plus vrais que nature :
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“Quand [Berthe Morisot] mourut à l'âge de cinquante-cinq ans, Renoir qui peignait aux côtés de Cezanne, en Provence, se précipita à la gare, oubliant canne et chapeau : il tenait à être à son enterrement. Il eut ce mot, devant sa tombe : “je suis seul, dans un désert”.”
.
Dominique Bona met à jour les réseaux souterrains, les filiations inattendues pour dresser par touches successives à la manière d'un impressionniste, un tableau qui livre la vraie couleur de la vie intellectuelle des 19e et 20e siècles..
.
“Les hasards de la vie [...] ont réuni par devers moi les personnages de mes livres. Sans que je l'ai voulu ou programmé, sans même que je l'aie souhaité, comme pour mieux illustrer et confirmer d'occultes pouvoirs, ils ont fini par former une chaîne et se donner la main.”
.
Nous sommes fait des autres. Avec ces vies qu'elle a aimées et poursuivies, elle a construit les briques de sa propre maison, et élargi son territoire.
.
“A force de chercher une maison partout, en France et dans le monde, et de ne l'avoir jamais trouvée, ce qui est un de mes rêves inassouvis, j'ai fini par adopter celles des personnages dont je racontais la vie. Ils m'ouvraient la porte et me laissaient les clefs.”

A lire d'urgence.
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