Une bande-dessinée sur la campagne d'Égypte de
Bonaparte, le thème est accrocheur. Cependant, malgré tous les remerciement que j'adresse à Babelio et aux éditions pour cette oeuvre reçue par l'opération Masse critique, je vais livrer un avis un peu mesuré.
J'ai d'abord eu du mal à ressentir de l'empathie pour les personnages. Cela tient sûrement au choix du récit, Napoléon déchu, exilé à sainte-Hélène, raconte la campagne d'Égypte. Sainte-Hélène, le « roc hideux, débris des antiques volcans » pour citer
Victor Hugo et la résidence de Longwood House ne sont que des cadres, des décors. J'aurais aimé en savoir plus sur la vie dans l'exil de Napoléon. Ici, on le voit manger, boire, jouer aux échecs, se promener au bord de mer… La présence anglaise - « l'Angleterre accoudée sur ton dernier moment » « – n'apparaît qu'à peine, quelques silhouettes de soldats, un drapeau. Cependant, il y a bien une sensation d'enfermement par le
dessin, Sainte-hélène est tout petite au milieu de l'océan, la mer est une prison plus redoutable même que le « vautour Angleterre » :
« Toujours l'isolement, l'abandon, la prison ;
Un soldat rouge au seuil, la mer à l'horizon.
Des rochers nus, des bois affreux, l'ennui, l'espace,
Des voiles s'enfuyant comme l'espoir qui passe ».
Napoléon s'ennuie, loin de tout, loin de sa gloire, et raconte son passé pour s'occuper. Cependant, il parle à un de ses fidèles, qui était sur place. Il n'y a donc pas de suspense, on sait que les victoires vont avoir lieu, puisqu'il le dit lui-même, il l'annonce. Et on sait que l'Angleterre, malgré toutes ses ruses en Égypte et en Méditerranée triomphera, puisqu'il en est le captif.
Les personnages manque d'incarnation, seul Napoléon est véritablement caractérisé psychologiquement ; Bertrand n'est qu'un auditeur qui pose les questions pour relancer la discussion, et les soldats et officiers de la campagne d'Égypte sont à peine nommés. Je regrette à titre personnel que le général Dumas, le père d'Alexandre, ne soit pas évoqué.
En revanche, le récit remplit bien ses promesses documentaires, et même didactiques. Tout est bien expliqué, presque trop selon moi : les enjeux, les lieux, les relations avec les musulmans… Il ne manque rien des grands attendus, de la bataille des pyramides à la découverte de la pierre du rosette. Encore une fois, pour moi, il ne manque rien, ce qui fait que tout passe rapidement. Ainsi, Napoléon évoque bien l'épisode de la peste à Jaffa, mais sans que l'on voit des soldats souffrir. Ou lorsque l'armée traverse le désert, ce n'est qu'en une phrase que Napoléon, plus tard, suggère toutes les difficultés pour les soldats, sans qu'elles nous soient montrées.
Pour moi, connaissant beaucoup de choses sur la période, je n'ai pas découvert d'éléments. Néanmoins, c'est une oeuvre intéressante, accessible, claire, pour ceux qui souhaiteraient apprendre sur ces événements.