C'est toujours avec beaucoup d'émotion que je relis cette biographie car notre exemplaire (édition Plon 1935) appartenait à l'une de nos tantes qui l'avait annoté ... et qui est morte pour la France à l'été 1944.
ll existe de nombreuses biographies du Capitaine de Bournazel tombé le 28 février 1933, un an avant la pacification complète du Maroc, mais Henry Bordeaux a eu le privilège de connaitre la famille du Capitaine et d'aller sur place rencontrer les officiers et les hommes du Gouverneur du Talifalet ce qui contribue à la qualité de son ouvrage.
C'est un magnifique témoignage sur ce grand soldat et son adversaire coriace et chevaleresque mais c'est aussi une étude intéressante sur le Maroc post Lyautey et sur la colonisation.
On juge l'arbre à ses fruits ... dix ans après la mort du cavalier rouge, les tirailleurs marocains se couvraient de gloire à Monte Cassino puis libéraient la Provence et une grande partie du territoire sous le commandement d'officiers profondément inspirés par l'exemple de Bournazel.
Cette biographie fait écho à "la Vie héroique de Guynemer - le chevalier de l'air", autre chef d'oeuvre d'Henry Bordeaux, écrivain aussi injustement oublié qu'Anatole France. Hélas.
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Le capitaine de Bournazel, recueillant le dernier soupir du lieutenant Bureau, avait dit : « Une balle au front. Ne pas souffrir. Ce qu'il y a de mieux.... » Humainement, c'est là une belle mort pour un soldat. Mais au fond de l’homme gît la marque divine. Se redresser mourant pour dépasser son devoir, regarder la mort en face, pour l'accepter, pour accepter ce qui est pire qu'elle, la souffrance qui la précède et l'annonce, se servir de toutes deux et les asservir pour achever l'œuvre de sa vie en rachetant ses erreurs ou ses fautes, confesser ses fautes, à défaut d'un prêtre, à un camarade, comme le font dans les Chansons de geste les preux d'autrefois, connaître l’horreur et l'humiliation, quand on a été le prince de l’élégance sous l’uniforme, des souillures inévitables de la guerre au moment suprême, transformer le sang qui coule en libation offerte au Seigneur, achever l’action en prière, et de la fin naturelle composer le surnaturel holocauste, n'est-ce pas mieux encore, mon capitaine ?...
Les Maîtres du mystère - L'Intruse d'après le roman d'Henry BORDEAUX