Cet ouvrage se présente comme un périple autour et à l'intérieur de l'Homme. Les auteurs exposent la manière dont, à toutes les époques, le corps fut modélisé de manière à répondre à une vision du monde et même de l'univers tout entier. Ainsi, en Grèce antique, en Égypte ancienne ou encore au XVIIe siècle, les artistes mirent au point des systèmes de proportions qui évoluèrent selon les canons esthétiques. L'on prône tantôt l'idée d'un corps parfait en accord avec l'harmonie du cosmos – le Discobole de Myron –, tantôt une vision plus tortueuse que l'on retrouve chez les maniéristes et des sculpteurs comme
Michel-Ange. Au XXe siècle, c'est la déconstruction du corps qui devient la règle avec le cubisme. Mais l'enveloppe charnelle n'est que l'arbre qui dissimule la forêt car représenter le corps, c'est aussi s'intéresser aux organes et à ce qui les affecte, les maladies. Les squelettes fascinent ainsi les artistes tourmentés par le caractère éphémère de leur existence, tout comme le coeur ou le foie, organes hautement symboliques. Évocations vivantes de l'impuissance de l'Homme face à la volonté divine mais également curiosités esthétiques, les malades sont très régulièrement représentés. En témoignent La Parabole des aveugles de
Pieter Bruegel l'Ancien ou encore le Pied-bot de Jusepe de Ribera. À travers des synthèses thématiques et l'analyse d'un très grand nombre d'oeuvres, cet ouvrage offre un large panorama de la représentation du corps humain de l'Antiquité à nos jours et fournit des clés pour sa compréhension.
Par
Anna Urien, critique parue dans L'Objet d'Art 513, juin 2015