BLOOD FEAST, puisqu’il est le premier du genre, pose les fondements du gore. Chaque scène de meurtre fait figure de bloc autonome à l’intérieur d’un tout ; le pré-générique est en cela révélateur étant donné sa place en dehors du film proprement dit: une première victime y apparaît prenant un bain avant de se retrouver équarrie par un inconnu. Si l’on pouvait s’attendre à un énième “nudie”, Lewis détourne cette attente par un cri – ce même cri qui peut faire office de jouissance ailleurs – qui fait basculer le film dans le répugnant. La nudité s’affiche en morceaux, ici une jambe, là une langue, un morcellement qui irrigue tout le film. L’intrigue n’avance pas (c’est d’ailleurs une simple coïncidence qui dirige les enquêteurs sur la piste de Fuad Ramsés) et comme pour mieux en rendre compte, les microcosmes filmiques que sont les scènes de mutilation ponctuent la “narration” sans la nourrir, presque en s’en excluant. On ne peut pas parler en outre de mécanisme de peur, puisqu’il semble évident qu’il faut choquer plus qu’effrayer – de plus, il n’y a pas de progression dans l’horreur : toutes les scènes se valent en répugnance, à part celle de la mort de Ramsés (broyé par une benne à ordures), qui clôt le film, filmée sans excès et à distance (faut-il y voir de la nonchalance de la part du réalisateur, un manque de moyen, ou une façon de mettre définitivement à distance un personnage qui ne mériterait pas d’être érotisé dans la mort ?).