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sur 423 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Sylvie se libère de ses chaînes

Avec Otages Nina Bouraoui a réussi l'adaptation de sa pièce de théâtre en roman. Autour du personnage de Sylvie Meyer, femme de 53 ans qui se retrouve seule, elle raconte toute la violence du monde, mais aussi la soif de liberté.

En exergue de ce roman Nina Bouraoui rappelle qu'elle a d'abord écrit une pièce de théâtre pour un festival dédié aux auteurs féminins. Otages sera d'abord montée en 2015 au théâtre des Mathurins – interprétée par Christine Citti – puis par différents théâtres et adaptations jusqu'en 2019. «Le destin de mon héroïne ne cessant de se raccorder au chaos du monde, j'ai écrit une nouvelle version, inspirée puis échappée du théâtre en hommage aux otages économiques et amoureux que nous sommes.» Si ce roman est une belle réussite, c'est sans doute parce qu'il délaisse les dialogues pour se concentrer sur la psychologie, sur l'évolution de la réflexion de Sylvie Meyer jusqu'à cet épilogue fracassant.
Mais commençons par faire la connaissance de cette femme de 53 ans, mère de deux enfants et qui se retrouve seule après le départ de son mari. Bien sûr il y eut des alertes, mais Sylvie reste tout de même sous le choc. Car elle a eu l'impression de toujours tout donner pour sa famille, quitte à s'oublier elle-même pour se fondre dans ce rôle de mère courage.
Il en va de même pour sa carrière professionnelle. Voilà plus de deux décennies qu'elle travaille à la Cagex, une entreprise de caoutchouc, où elle dirige la section des ajustements. Sans faire de vague, en bon petit soldat. Victor Andrieu, son patron, comprend tout le bénéfice qu'il peut retirer de cette nouvelle situation. Ses talents de manipulateur font merveille. Outre les heures supplémentaires qu'elle fait sans rechigner – pour ne pas se retrouver seule dans son appartement – il lui propose d'établir un classement des employés afin d'avoir toujours, en cas de licenciement, une liste des éléments à éliminer en priorité.
Le talent de Nina Bouraoui est incontestablement dans cette faculté de laisser instiller les choses, de nous faire comprendre que contre tous les poisons qu'on veut lui faire ingurgiter, elle commence à développer des anticorps. Que derrière le visage lisse, le bon petit soldat comprend qu'on joue avec lui. La colère gronde… «Les choses ne surviennent pas d'un coup. On dit qu'elles mûrissent, moi je pense qu'elles se rangent par strates. Il y a un ordre. Ce n'est pas fou, c'est organisé, comme la vie. Je crois en l'enchaînement logique des événements.» Après avoir laissé la violence tout envahir, il va falloir une réaction tout aussi forte pour ne pas sombrer.
La dernière partie du roman est admirable. Je vous laisse découvrir comment Sylvie, qui était devenue une moins que rien, de celles «qui profitent du malheur et qui en tirent satisfaction» va enrayer cette spirale infernale. Avec force et courage, avec une soif inextinguible de liberté. On peut, bien entendu, lire Otages comme un roman d'émancipation, mais ce serait un peu réducteur. Il y a en effet une dimension sociale, voire même politique, dans ces lignes. Sylvie devenant le grain de sable dans une machinerie qui est mise en place pour étouffer la contestation, pour broyer les sans-grades au profit de ceux qui sont tant avides de pouvoir qu'ils n'ont plus aucune éthique, aucune morale. L'heure de la révolte a sonné !


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Une rupture. Sans drames ni heurts. La fin d'une histoire, comme tant d'autres, si ce n'est que Sylvie bascule. Elle se noie dans le travail pour oublier et commet l'irréparable. Une révolte, un geste qui dit stop et enfin, donne un sens à sa vie. Banale. Simple. Modeste. Voire médiocre.
J'ai aimé ce portrait de femme, quelqu'un comme vous et moi, otage d'elle-même, la description de sa fragilité, ses failles et regrets palpables à travers les mots de Nina Bouraoui.
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Dès que j'ai eu connaissance du thème de ce roman j'ai voulu le lire car j'avais le sentiment qu'il parlait de situations que nous avons toutes (nous femmes mais peut-être aussi des hommes) plus ou moins connues. Travail, couple, existence etc.... tout ce que nous pouvons taire et qui a tout moment peut exploser.

Otages : otage d'une vie professionnelle où elle croyait s'épanouir, se sentir valorisée jusqu'au jour où la situation dans laquelle elle se trouve  devient insupportable, otage d'une vie familiale sans heurt qui a volé en éclat, otage d'une vie où elle n'a pas le sentiment d'avoir eu à faire des choix, une vie qu'elle a subie plus qu'elle ne l'a vécue. le jour où Victor Andrieu, son employeur lui confie une mission pour laquelle sa conscience se réveille. de l'obéissance elle va passer à la révolte et cette prise de conscience va être l'occasion de mettre à jour les blessures et violences de sa vie.

Ce récit est l'histoire d'un parcours féminin, d'une vie ordinaire, dont on écrirait normalement pas un roman mais qui est très juste dans la restitution faite par l'auteure des situations et souvenirs de son héroïne : enfant, adolescente, épouse et employée. En apparence une vie sans aspérités et puis soudain le vernis craque et enfin elle avoue, elle assume, elle se délivre, elle est.

J'ai trouvé le ton très juste, très vrai, sans réelle violence physique car la violence ici est plus dissimulée, plus morale et a débuté il y a bien longtemps car à y réfléchir elle est le fruit d'une accumulation de petits indices, de petits faits qui ont construit la femme qu'elle est devenue mais qui ont également abîmé l'image qu'elle a d'elle, de l'amour, de l'existence et son acte de rébellion est salvateur. D'ailleurs certains maux ne viennent pas facilement, ils sont effleurés, suggérés avant d'être enfin exposés.

Une femme ordinaire, une vie ordinaire mais une écriture qui vous entraîne, douce, délicate et précise, ciselée pour aller à l'essentiel, à l'image de cette femme que rien ne prédestinait à la rébellion, au vrai, au vécu, à l'urgence, au rythme des pensées, en suivant leur cheminement. Nina Bouraoui s'attache à démontrer finalement la force cachée de Sylvie soumise depuis tant d'années, c'est la confession d'une femme à l'aube d'une nouvelle vie au prix d'un acte qu'elle assume, qu'elle revendique presque, une confession salvatrice.

J'ai beaucoup aimé.
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Une lente descente au enfers. Mais quand commence-t-on réellement à descendre ?

Ce livre à la construction très réussie pose la rupture comme point de départ, la prise en otage de son patron par une de ses employée. Mais était-ce le début ? Puis, au fil du récit, se dévoile une part sale de la violence des hommes, de leur besoin de dominer, de leur impunité. Et finalement, une question : qui sont les otages ?
Lien : https://www.noid.ch/otages/
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On a toutes en nous un peu de Sylvie Meyer, cette mère de famille de 53 ans, plaquée par son mari, qui travaille en tant que cheffe des ouvrières à la Cagex, une entreprise de caoutchouc.

NINA BOURAOUI signe un roman fort et engagé. Elle réussit à nous faire partager la révolte de cette femme qui refuse de se laisser contaminer par l'inhumanité de son patron.

J'ai découvert une écriture à la fois suave et caustique mais avec des mots toujours justes.

J'ai trouvé que ce roman était particulièrement bien écrit.

Ce fut pour moi une belle découverte.
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Au fond de mon fauteuil, assis confortablement, bien au chaud, je me délectais de commencer le nouveau Nina Bouraoui. En effet, retrouver sa plume délicate, un dimanche après-midi, est un plaisir des plus réconfortants. Non pas que ces romans soient à l'eau de rose ou faits de bons sentiments mais cette auteure a le don de traiter des thèmes difficiles avec humanité et douceur. Elle crée du plaisir de lecture en passant des messages forts et c'est toujours agréable.

Dans ce court roman, elle nous emmène dans les pas de Sylvie, femme sans histoires, dont le destin bascule le jour où elle décide de ne plus subir. Elle sort complétement de son quotidien banal, pour mettre fin à une spirale destructrice. le livre traite donc des différentes violences que subissent les femmes et de la situation d'infériorité dans laquelle elles se retrouvent assez souvent, dans leurs relations aux hommes. La société, les moeurs, les mentalités, tout tend à mettre la gente féminine sous l'emprise du sexe opposé.

Grâce à cette histoire intime, on explore aussi l'impact du passé sur la vie des gens. Tout élément traumatique de notre jeunesse peut devenir un acteur important de notre vie d'adulte. Alors que la mémoire s'étiole avec le temps, le corps, lui, ne semble pas pouvoir véritablement oublier. Et il suffit alors d'une étincelle, pour rallumer le feu qui sommeillait en nous.

L'écriture de Nina Bouraoui est toujours aussi belle et lui permet d'être incisive sans être jamais hystérique. Elle utilise cette poigne de fer dans un gant de velours pour marquer les esprits. L'exagération ne sert pas forcément le propos et elle l'a très bien compris. Elle continue son exploration de l'âme humaine face aux obstacles qui façonnent son identité. Encore un beau roman de cette auteure qui ravit à chaque fois mes yeux, avec son talent d'écrivaine, engagée mais bienveillante !
Lien : http://leslivresdek79.com/20..
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En 2015, Nina Bouraoui écrit Otages, une pièce de théâtre, qui sera interprétée et mise en scène à plusieurs reprises, en 2015, 2016 puis 2019. Elle décide de reprendre son texte et d'y apporter quelques modifications, plus attachées aux changements de notre monde.

L'histoire, c'est celle de Sylvie Meyer, une femme d'une cinquantaine d'année, mère de deux enfants, récemment séparée de son mari, elle travaille comme dirigeante de la section ajustement d'une entreprise de caoutchouc. En somme, une vie tout à fait banale, jusqu'à ce que son patron lui demande de faire la liste d'effectifs à licencier. C'est à partir de ces choix, cruciaux pour l'entreprise mais cruel pour elle et le personnel, que la vie de Sylvie et sa façon de voir son quotidien vont basculer à tout jamais.

À travers le portrait de Sylvie, c'est le portrait de millions de femmes qui sera dépeint : des femmes seules, courageuses, victimes de la misogynie des hommes, victimes de leur condition de femme, de la solitude, du regard des autres. La femme est l'otage de la société, l'otage des hommes, l'otage de ses fonctions sociales, retenue par ses obligations familiales, par la nécessité de subvenir au besoin de ses enfants. Sylvie, tout comme l'ensemble des femmes, tout comme moi, tout comme vous peut-être, sommes des otages consentantes. Une analyse glaçante de réalisme, qui m'a fait me questionner sur bon nombre de sujets de société.

Le récit en lui-même aurait pu sembler simple, si ce n'est que l'écriture de Nina Bouraoui, pure, violente, percutante, émouvante, fait l'ensemble de l'oeuvre. J'avais à peine lu deux pages que j'avais les larmes aux yeux. L'auteure a réussi à me toucher en plein coeur avec la puissance de ses mots.

Otages, c'est le portrait bouleversant d'une femme qui se révolte. Un texte incisif et percutant, qui vous touchera en plein coeur.
Lien : https://analire.wordpress.co..
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Texte court sur les violences faites aux femmes tout au long de leurs vies, dans le cadre de la famille, au cours de leurs vies amoureuses, au travail, partout.
Sylvie nous représente toutes, plus ou moins. C'est une femme lambda qui fait de son mieux dans sa vie. Mais un jour, elle va se révolter.
Nina Bouraoui a écrit un texte fort, dans un souffle, toujours très juste. Pour moi, elle rejoint les combats d'Annie Ernaux. Un livre que je n'oublierai pas et un auteur que je vais suivre désormais.
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C'est l'histoire d'une femme mûre que son mari a quitté après presque un quart de siècle de vie commune et en lui ayant fait deux enfants. Elle s'est réfugiée dans le travail mais l'époque change et même cela n'est plus satisfaisant. Elle veut prendre sa revanche sur ce monde qui l'a malmenée et accomplit une action anti-sociale : la prise d'otage de son patron. Même si ce geste est absurde, il l'a libérée d'une certaine tristesse qu'elle traîne depuis son adolescence. A la fin du livre, j'ai compris son désespoir et même si je ne cautionne pas son geste, il est excusable au vu de son passé. C'est la revanche d'une femme ordinaire sur son destin et c'est superbement écrit.
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Otages, un roman court et poignant qui donne à réfléchir ..
Au début, j'ai eu l'impression que le noeud était défait et que la suite n'allait rien apporter de plus. On apprend dés les premières pages que le mari de Sylvie l'avait quittée après tant d'années de monotonie et d'endurance au sein d'un mariage ayant perdu l'essentiel sur lequel il devrait être bâti : La présence de l'un pour l'autre.. Celle-ci, accablée par le travail et ses conditions finit par jeter l'éponge et s'en prendre à son patron qu'elle juge responsable de son désarroi.
Sylvie sera donc punie ..
Personnellement, je ne m'attendais pas à un rebondissement tel que la révélation faite par la suite qui met l'accent encore une fois sur l'atrocité de la vie et de l'homme et les répercussions de quelques minutes affreuses et offensantes sur le restant d'une vie car le futur n'est que le reflet du passé, quoique l'on puisse faire pour le modifier, il nous rattrape quand on s'y attend le moins ..

Je me contente de ces quelques phrases pour décrire ce livre qui m'a, du moins que l'on puisse dire, marqué pour ne pas révéler la fin à ceux qui ne l'ont toujours pas lu et que j'invite à le faire :)
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