Leurs deux visages malicieux, noircis, usés comme des sous, sont les seuls que je puisse lire, parce qu’à leur âge, mais à leur âge seulement, on retrouve cette liberté et cet abandon qui font ici tout le charme des vieux.
Il est temps que je reprenne mon sac pour aller vivre ailleurs
En apparence , il n'y avait que l'empereur , le drapeau, les tournois de sumo et l'odeur des watères qui n'avaient pas changé. Du Tokyo inquiet, désordonné et chaud qui m'avait séduit , plus trace.
Trois américaines mûres, solidement chapeautées, corsetées et équipées de caméras - de l'espèce qui vous digère en une journée une douzaine de temples et une ou deux résidences impériales sans même sentir leur estomac -, s'installent devant le fameux « Jardin de pierres », bien résolues à n'en faire qu'une bouchée.
LE CAHIER GRIS
Nœud ferroviaire
Que peut-on voir ici ?
Les ours, le bordel et la gare
murmurent quelques voix sous des parapluies
Mais comme dans l'Ouest américain d'autrefois
la grande affaire c'est encore le train
partout de hauts essieux rouillent sous les ombelles
et des locomotives à cloche de bronze
barbouillent ce dessin d'enfant bicolore
Entre les tas de tourbe deux étudiants
jouent aux cartes au bord d'une flaque
il faut bien traverser cet été
qui ressemble à l'automne ailleurs
Les champs, les guérets verts répètent :
" Un… deux… trois cents corbeaux… "
…
p.221
page 181 :" Nous sommes revenus ensemble vers la mairie.
Au bord de la route, une longue lignée de paysans se tenaient l'épaule et pissaient dans la rizière en s'exhortant civilement à ne pas tomber".
page 172 : "En une heure de marche : un écolier en drap noir, les joues rouges et le nez morveux, un blaireau, une porteuse de bois mort rétrécie par le froid et une camoinnette chargée de poisson sec dont l'odeur véhémente nous a suivis longtemps".
Celui qui ici n'accepte pas de commencer par faire l'apprentissage du moins est certain de perdre son temps.
Nous étions tous les deux aussi légers que la cendre.
A long terme c'est important: si l'on ne peut plus guère progresser aujourd'hui dans l'art de se détruire, il y a encore du chemin à faire dans l'art de se comprendre.