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EAN : 9782916390093
64 pages
Cent pages (21/01/2009)
3.99/5   35 notes
Résumé :
Présentation de l'éditeur

Bécon-les-Bruyères est publié en avant-première dans la revue Europe en mai 1927. Le mois suivant, cette monographie tout aussi ironique que poétique d’un no man’s land de la banlieue parisienne, dédiée à Monsieur Eugène Coulon (un architecte de Courbevoie) et illustrée par un frontispice du peintre Maurice Utrillo, paraît chez Emile-Paul frères, dans la collection “Portraits de la France”. L’époque étant à la découverte, nom... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
https://ebooks-bnr.com/bove-emmanuel-becon-bruyeres/

Un texte qu'on doit absolument lire. Il décrit une banlieue mythique et, en même temps, son écriture est absolument modeste.
"C'est la banlieue absolue." (Peter Handke, Interview dans Les Nouvelles littéraires, octobre 1983.)
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pour la petite histoire :
{Pour sa collection "Portrait de France", l'édition "Émile-Paul Frères" passe commande de récits de voyage auprès de plusieurs écrivains.
34 volumes, verrons ainsi le jour, entre 1926 et 1931.
En vrac, on retrouvera :
_François Mauriac pour Bordeaux.
_Edmond Jaloux pour Marseille.
_André Maurois...Rouen
_André Beucler...la vallée du Doubs.
Puis... le Vercors ; le pays de Retz ; Toulouse ; la Haute-Provence...ect...

En 1926, Emmanuel Bove, encore jeune écrivain, choisi, de nous faire découvrir pour sa part... l'enlisement ; la routine ; l'ennui, par l'intermédiaire de Bécon-les-Bruyères, petite ville de banlieue parisienne quasi inexistante.}
C'est parti mon kiki !...

Bécon-les-Bruyères, coincée entre Asnières et Courbevoie.
Bécon et sa gare, avec St-Lazare en ligne de mire, Bécon et ses champs de bruyères, aujourd'hui disparus, recouverts de maisons à huit étages, ses rues inanimées, sans aucune distraction, ses cafés déserts, ses usines, la Seine, ses péniches et ses déchets qu'elle charrient...

Un peu comme ses personnages de romans, ici, la ville semble avoir baissé les bras, plombée depuis des lustres.
À première vue, c'est vrai, on pourrait penser : "pas très engageant comme lecture..."
Et pourtant !
Avec une certaine facilité et sa belle écriture, Emmanuel Bove nous promène, les yeux écarquillés devant le grand banal, fait éclore du presque rien une touche de poésie et arrive même, une fois les derniers mots lus, à nous faire ressentir une pointe de nostalgie.
70 pages, parfois, c'est bien trop court.

Allez tiens ! Si c'était pas si loin, j'irai prendre un café à Bécon, moi!

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En 1927, Emmanuel Bove écrit pour une collection de récits de voyage. Il choisit Bécon-les-Bruyères, ville sans historique et dénuée de tout pittoresque. Un ville qui n'est même pas une commune, juste un quartier partagé en trois communes.

Pourtant, avec son écriture poétique et ironique, l'auteur réussit à nous faire aimer ce non-lieu et ses habitants.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Il fut un temps où les collégiens, les commis voyageurs, les gendarmes, les étrangers comparaient tous les villages incommodes et malpropres à Bécon. C’était le temps où les grandes personnes savaient, elles aussi, combien de millions d’habitants avaient les capitales et la Russie ; le temps paisible où les statistiques allaient en montant, où l’on s’intéressait à la façon dont chaque peuple exécutait ses condamnés à mort, où la géographie avait pris une importance telle que, dans les atlas, chaque pays avait une carte différente pour ses villes, pour ses cours d’eau, pour ses montagnes, pour ses produits, pour ses races, pour ses départements, où seul l’almanach suisse Pestalozzi citait avec exactitude la progression des exportations, le chiffre de la population de son pays fier de l’altitude de ses montagnes et confiant à la pensée qu’elles seraient toujours les plus hautes d’Europe. Les enfants s’imaginaient qu’un jour les campagnes n’existeraient plus à cause de l’extension des villes.
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... il n’existe plus de bons enfants rue des Bons-Enfants, ni de lilas à la Closerie, ni de calvaire place du Calvaire, de même il ne fleurit plus de bruyères à Bécon-les-Bruyères. Ceux qui ne sont pas morts, des personnages officiels qui, en 1891, inaugurèrent la gare et des premiers joueurs de football dont les culottes courtes tombaient jusqu’aux genoux, se rappellent peut-être les terrains incultes où elles poussaient, les quelques cheminées d’usines perdues au milieu d’espaces libres, et les baraques de planches qui n’avaient pas encore les inclinaisons découvertes pendant la guerre. En retournant aujourd’hui en ces lieux, ils chercheraient vainement les drapeaux et les lampions, ou le vestiaire et les buts de leurs souvenirs. Bien qu’ils fussent alors adultes, les rues leur sembleraient plus petites. Bécon-les-Bruyères a grandi sans eux. La ville a eu du mal, comme le boute-en-train assagi, à se faire prendre au sérieux. Les témoins de son passé la gênent.
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Dans chaque ville il existe des gens étranges qui ne semblent habiter un lieu que provisoirement, qui viennent de pays inconnus, qui ont eu des aventures. Mais aucun d'entre eux ne réside à Bécon.
L'homme mécontent d'y vivre, l'homme sur dix mille qui dans les villes est fou, qui prétend qu'un rayon de soleil, en traversant le méconium, se transformera en or, qui a un brevet pour quelque invention, qui est recherché par la police, qui sera riche du jour au lendemain, ne se rencontre pas.
Il n'est point d'habitants mystérieux. Personne ne souffre.
Il n'est point de jeunes femmes qui, abandonnées par un homme, sont sur le point de se lier avec un autre, ni d'adolescents amoureux d'une amie de leur mère, ni de directeurs ruinés par une passion, ni de maîtresse d'un ministre.
Celui qui, à un moment de déchéance, échouerait à Bécon-les-Bruyères se sentirait tombé si bas qu'il en partirait aussitôt. Il ne pourrait même pas y vivre avec humilité.
Il n'est point encore de savants incompris, de grands hommes méconnus, de condamnés graciés.
Tout y est honnête et légal.
Tous vivent paisiblement.
Les changements sont lents à se faire. C'est deux ans à l'avance qu'une famille se décide à quitter la ville, des époux à divorcer.
Il n'y a de meurtres que dans les rues ou les cafés. Et les criminels ne sont jamais Béconnais.
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Les voyageurs de banlieue connaissent la gare Saint-Lazare dans tous ses recoins. Ils connaissent le bureau des réclamations, celui où l’on délivre les cartes d’abonnement, les unes avec photo, les autres plus communes, avec de simples coupons. Les premières donnent droit à autant de voyages que l’on désire dans le trimestre, ce qui a fait naître chez leur propriétaire le goût des cartes. Une carte qui ouvre devant soi toutes les portes, c’est une joie de la posséder. On finit même par ne plus la montrer, par s’exercer à passer avec hauteur devant les employés, certain que l’on est d’avoir le dernier mot, par s’imaginer que l’on n’a pas de carte, que ce n’est que son attitude qui intimide les contrôleurs, par en désirer d’autres, une pour les théâtres ou, ce qui est plus facile, pour tous les cinémas d’un même consortium, une pour les autobus et, si c’était possible, pour les taxis, les bureaux de tabac, les restaurants.
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Un jour peut-être, Bécon-les-Bruyères, qui comme un île ne peut grandir, comme une île disparaitra. La gare s'appellera Courbevoie-Asnières. Elle aura changé de nom aussi facilement que les avenues après la guerre ou que les secteurs téléphoniques. Il aura suffi de prévenir les habitants un an à l'avance. Il ne s'en trouvera pas un pour protester. Longtemps après, de vieux Béconnais, comme ces paysans qui, en été, vous donnent l'ancienne heure, croiront encore habiter Bécon-les-Bruyères, puis ils mourront. Il ne restera alors plus de traces d'une ville qui, de son vivant, ne figura même pas sur les plus gros dictionnaires. Les anciens papiers à en-tête auront été épuisés. Les nouveaux porteront fièrement Courbevoie-Asnières. Bécon aura rejoint les bruyères déjà mortes.

Aussi, en m'éloignant de Bécon-les-Bruyères pour toujours, ne puis-je m'empêcher de songer que c'est une ville aussi fragile qu'un être vivant que je quitte. Elle mourra peut-être dans quelques mois, un jour que je ne lirai pas le journal. Personne ne me l'annoncera. Et je croirai longtemps qu'elle vit encore, comme quand je pense à tous ceux que j'ai connu, jusqu'au jour où j'apprendrai qu'elle n'est plus depuis des années.
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