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Alain Clerval (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782070723850
224 pages
Gallimard (20/11/1991)
3.83/5   44 notes
Résumé :
Sous l’Occupation et le régime de Vichy, voici la tragédie d’un homme quelconque aux prises avec l’absurdité d’un pouvoir sans visage, qui frappe dans l’ombre faute d’être capable d’aller jusqu’au bout de sa logique totalitaire. Le drame de Bridet, gaulliste et résistant, est de ne pouvoir se battre à découvert contre un adversaire qui se dérobe. La souricière se met inexorablement en place autour de ce héros négatif dont on ne saura jamais les véritables mobiles.>Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
En refermant ce livre , je reste dans l'incompréhension : comment un écrivain aussi subtil , lucide , à la plume précise et forte en soubassement a-t-il pu glisser si rapidement dans l'oubli ?
....
Le piège , c'est la chute inexorable d'un Bridet , quidam sans prétention ,qui en septembre 1940 , juste après l'Armistice , contacte l'un de ses amis haut placé à la direction générale de la Police Nationale afin d'obtenir un sauf-conduit pour quitter la France et rejoindre de GAULE . Requête dont il masque bien évidemment le but final puisque s'adressant à un représentant de la France Pétainiste .

De cette première démarche dont on ne comprend pas exactement les objectifs réels , par un enchainement vertigineux , échappant à l'entendement , Bridet n'en ressortira pas vivant .
La machine admnistrative de Vichy effectuera son travail de sabotage , implacable , dans une éclatante absurdité décrite à la manière Kafkaienne .
A travers ce chemin menant à l'échafaud tout en méandres et soumis à la complexité du système arbitraire et insensé , Bridet n'aura de cesse d'osciller entre divers sentiments , jouet de forces obscures ,tour à tour aveuglé par sa naiveté et son optimisme confinant à une presque bêtise , sa capacité à croire en l'humanité pour basculer dans l'incompréhension et le doute grandissant , incapable d'appréhender la situation et ses racines maléfiques souterraines .
Se dégage un malaise de plus en plus oppression dans cette alternance d'état d'esprit . Les personnages gravitant autour de cet anti-héros souffreteux , pathétique dans sa faiblesse psychologique broyé lentement avec force machiavélisme d'un système totalitaire , jouet de la France de Vichy, apparaissent comme des pantins nébuleux , inquiétant ,sans fondement , aussi désincarnés que Bridet , comme si toute capacité de réflexion s'était évaporée loin de la surface de la terre , laissant des individualités"coquilles vides" , manipulées par une force destructrice irrationnelle et inévitable .
Le pessimisme de Bove dont j'avais eu un aperçu avec l'excellent roman le pressentiment agit comme une chape d'enfermement ,le lecteur se trouvant lui aussi oppressé , pris au piège lui même de cette lecture angoissante , dont il ne percevra que quelques contours obscurs , mouvants , sans assise franche où chaque personnage se définit par tout et son contraire enfermé dans le non-sens d'un système .
Un livre riche , à multiples facettes et interprétations qui n'est pas sans rappeler l'oeuvre de Camus , la pensée Sartrienne , le Procès de Kafka .
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Il existe des situations inextricables, dans lesquelles on s'empêtre, dans lesquelles on n'en peut mais: des pièges. Fraîcheur de la perspective. Timidité de l'optimisme.

Voilà un diable de roman, original mais sobre. Le contexte historique (les débuts de Vichy) est aussi passionnant que relativement peu traité. L'ambiance est au bricolage politico-administratif et c'est une ambiance pesante. Rien d'épique dans cette Seconde Guerre mondiale, pas de spectacle, pas d'effets spéciaux, mais le sens du devoir de l'administration est salué. C'est la grande histoire vraie.
Au total, dans ce roman la finesse psychologique est remarquable. Le propos mesuré accroît encore la tension. Kafka sans l'humour, avec plus de minutie.

L'auteur a du être un boa constrictor dans une vie antérieure.
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Peu après l'Armistice, en septembre 1940, Joseph Bridet, se rend de Lyon à Vichy, afin d'y rencontrer un de ses anciens amis, Basson, attaché à la Direction générale de la Police Nationale. Il souhaite obtenir de sa part un sauf-conduit pour quitter la France et rejoindre De Gaulle…. Bien sur, il ne précise pas l'objet réel de sa demande, mais se perd dans des explications plus ou moins crédibles….en se faisant passer pour un pétainiste convaincu….

Début d'un long parcours au sein des bureaux, au sein d'une nasse qui va se refermer sur lui….des personnages troubles, des amis qui n'en sont peut-être pas, « Il sentait un grouillement confus autour de lui. Des papiers le concernant circulaient de bureau en bureau. Pourquoi ? Comment se faisait-il qu'on ne lui disait rien ? C'était de plus en plus inquiétant. L'attitude de Basson était bizzare. Il avait été cordial, et tout à coup, il avait changé. Et ce rapport ? Un rapport de qui et sur quoi ? » (P. 73)
Un homme baladé de services en services, sa femme qui par ses interventions ne l'aide peut-être pas. Au contraire ne l'enfonce t-elle pas encore plus? Un homme oscillant en permanence entre l'optimisme soufflé par certains et le pessimisme né de réflexions ou de l'attitude d'autres interlocuteurs, né de longues et vaines attentes, de fausses preuves ….Des interlocuteurs de l'administration du régime de Vichy soufflant le chaud et le froid….une connivence voulue de ces hommes au service d'un totalitarisme qui ne dit pas son nom
Une « souricière » décrite avec réalisme et minutie, un sentiment d'accablement et d'impuissance qui accable ce pauvre homme, qui malgré tout espérera…jusqu'à la fin et qui, confronté à des personnages glauques, se débat dans une atmosphère oppressante,
Une description sinistre du régime de Vichy …à découvrir
Un livre noir et angoissant, peu connu, d'un auteur, considéré avant-guerre comme l'un des principaux écrivains français ! Un auteur décédé en 1945 peu de temps après la parution de ce livre et la Libération.
Un vrai coup de coeur pour ce livre et pour cet auteur que je souhaite mieux découvrir
Lien : http://mesbelleslectures.com..
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Emmanuel Bove (1898/1945) était considéré avant-guerre comme l'un des principaux écrivains français. son oeuvre, rapidement tombée dans l'oubli à la Libération, est longtemps restée indisponible avant d'être rééditée à partir des années 1970.(information wikipédia).
Le Piège a été publié en 1945, année du décès de l'auteur.

En 1940, après l'armistice, Joseph Bridet semble vouloir rejoindre De Gaulle en Angleterre. Il a l'idée surprenante de se rendre à Vichy pour demander un sauf-conduit en se faisant passer pour pétainiste. Il pense naïvement duper ses interlocuteurs. C'est le contraire qui se produit. Il est balloté entre différents responsables de service en service. Victime de l'absurdité d'un pouvoir, il finira interné dans un camp. Les allemands s'y rendront pour choisir des otages...

Roman surprenant, écriture "blanche, atone", ambiance kafkaïenne.
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Il s'agit d'un roman très kafkaïen où Bidet, un fervant gaulliste voulant participer à la Résistance et rejoindre De Gaulle en Angleterre, se voit forcer d'affronter la bureaucratie vichyste pour obtenir son laissez-passez. Ne pouvant s'avouer gaulliste, il se proclame pétainiste haut et fort; beaucoup trop fort selon l'administration collaborationniste. Alors qu'on l'assure que son départ hors du pays n'est qu'une question de jours, Bridet s'enfonce dans l'incertitude et la paranoïa : le piège se referme sur lui. Bove est un auteur très méconnu, oublié après la guerre et qui mérite d'être lu.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Jusqu’à présent tous les fonctionnaires à qui Bridet avait eu affaire, avaient affecté de le traiter avec beaucoup d'égards. pour la première fois, il n'en fut pas de même, Keruel ne prononça pas un mot.
- Je vous dérange ? demanda Bridet qui tenait encore, mais bien faiblement à garder l'apparence d'un visiteur ordinaire.
- Pas le moins du monde, répondit sèchement Keruel.
Il s'assit à son bureau, puis sans regarder Bridet :
-M Saussier m'a chargé de vous voir...
Cette parole glaça Bridet. Rien ne lui était plus pénible que d’avoir affaire continuellement à des gens nouveaux. C'était effrayant.

p. 98/99
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- Je vais te dire une chose, tu ne te froisseras pas. Tu es grotesque, absolument grotesque. Tu es comme ces gens qui s'imaginent que parce que les Boches sont là, on va les arrêter. Ils n'ont rien fait et ils longent les murs. Ils veulent se rendre intéressants. Personne ne les connaît, personne ne s'occupe d'eux et ils se cachent, et ils font toutes sortes de simagrées. Un homme intelligent comme toi, tomber dans ce travers, c'est quand même malheureux. Et le plus drôle est qu'on finit par les arrêter vraiment. (p.140)
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Rien ne dévoile mieux nos intentions qu’une longue impuissance. À toujours demander sans obtenir, on finit par donner de soi l’idée qu’on ne réussira jamais, qu’on appartient à cette catégorie un peu ridicule d’hommes dont les désirs sont trop grands pour leurs possibilités.
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C'est peut-être la chose la plus désagréable qui puisse arriver à un homme orgueilleux que de dépendre d'un ami qu'il a négligé, auquel il n'a jamais cru et à qui les événements, en mettant notre sort entre ses mains, semblent donner raison contre nous. (p.14)
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Il avait la coquetterie de se vieillir en laissant tomber les cendres de sa cigarette sur lui.
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Vidéo de Emmanuel Bove
Courte vidéo autour de l'auteur de Mes amis, Emmanuel Bove, un pilier de L'Arbre vengeur.
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