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Citations sur Chroniques martiennes (177)

- Que Dieu ait le sens le l'humour, voilà une chose à laquelle je n'avais jamais songé.
- Le Créateur de l'ornithorynque, du chameau, de l'autruche et de l'homme? Allons donc, s'esclaffa Père Peregrine.
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C'est l'histoire de la colonisation, du dépeuplement, de l'abandon et de la recolonisation de la la planète rouge par les hommes.
Le roman se présente sous forme de vingt-six chroniques, les unes assez longues, d'autres fort brèves, la plupart rattachées les unes aux autres par des liens assez lâches.
Certaines sont de purs chefs-d'oeuvre d'humour ("les hommes de la terre" qui relate la façon étrange dont lmes martiens accueillent les premiers terriens), de terreur macabre ("la troisième expédition" qui décrit le sort réservé à d'autres astronautes), de révolte contre la civilisation moderne ("et la lune toujours brillant
e" où l'on voit un des conquérants de l'espace devenir l'allié des martiens morts), de satire cruelle sur le sort des noirs américains ("à travers les airs"), ou, enfin, d'horreur sardonique ("Usher II").
J'arrête là l'énumération car il me faudrait citer presque tout le livre.
Comme dans la plupart de ses ouvrages, Bradbury, écrivain amer, cingle vigoureusement la culture de notre siècle et s'élève avec force contre les tabous venant du sommet de la pyramide.
N'imagine-t-il pas, dans un chapitre, que le gouvernement américain de la fin du XXème siècle a interdit les oeuvres de Poe, les contes de fées et même les populaires "nursery-rhymes" ?
Sous ce rapport, il est proche d'un George Orwell, ce qui lui a valu parfois des piques de la part de certains critiques orthodoxes d'outre-Atlantique.
C'est d'ailleurs une forte tête, un non-conformiste intégral qui, dans un pays de dictature connaîtrait le camp de concentration.
En formulant l'espoir qu'il ne lui arrive rien de tel, je ne puis que vous recommander ces "chroniques martiennes", spécimen parfait d'une SF intelligente, imaginative et admirablement contée.
(extrait de "Ici, on désintègre" la revue des livres - chronique du sixième numéro de la revue Fiction signée Igor B. Maslowski paru en mai 1954)
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La foi avait toujours donné réponse à tout. Mais elle avait été reléguée aux oubliettes avec Freud et Darwin. Nous étions et nous sommes encore des hommes perdus.
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On s'est mis à censurer les dessins humoristiques , puis les romans policiers, et naturellement, les films, d'une facon ou d'une autre , sous la pression de tel ou tel groupe, au nom de telle orientation politique, tels préjugés religieux ,telles revendications particulieres; il y avait toujours une minorité qui redoutait quelque chose, et une grande majorité ayant peur du noir, peur du futur, peur du passé, peur du présent, peur d'elle même et de son ombre.
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- Vous n'avez pas agi de façon particulièrement morale aujourd'hui, remarqua Wilder.
- Que pouvais-je faire? Discuter avec vous? C'est simplement moi contre toute cette saloperie vorace de machine à broyer que l'on a sur la Terre. Ils vont balancer leurs maudites bombes atomiques ici [sur la Lune], se battre pour des bases d'où ils pourront faire leurs guerres. Ne leur suffit-il pas d'avoir détruit une planète? Leur faut-il aussi polluer la mangeoire des autres? Pauvres baudruches sans cervelle. En arrivant ici, je ne me suis pas seulement senti libéré de leur prétendu culture, mais aussi de leur morale et de leurs coutumes. Me voilà hors de leur système de références, me suis-je dit. [...]
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« Père Peregrine, serez-vous jamais sérieux ?
— Pas question tant que notre bon Seigneur ne l’est pas. Allez, ne prenez pas cet air scandalisé ! Notre Seigneur n’est pas sérieux. En fait, il est assez difficile de savoir au juste ce qu’il est excepté amour. Et l’amour n’est pas sans rapport avec l’humour, non ? Car pour aimer quelqu’un, il faut le supporter. Et comment supporter constamment quelqu’un sans pouvoir rire de lui, hein ? Nous ne sommes sans doute que de ridicules petits animaux qui nous vautrons dans l’absurdité, et Dieu doit nous aimer d’autant plus que nous répondons à son sens de l’humour.
— Que Dieu ait le sens de l’humour, voilà une chose à laquelle je n’avais jamais songé.
— Le Créateur de l’ornithorynque, du chameau, de l’autruche et de l’homme ? Allons donc ! » s’esclaffa Père Peregrine.
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"Comment ai-je pu penser que vous connaissiez ce cher Mr. Poe ? Il y a une éternité qu'il est mort - avant Lincoln. Tous ses livres ont été brûlés dans le Grand Incendie. Il y a trente ans de cela en 2006.
- Ah, fit Mr Bigelow d'un air entendu. Il faisait partie du lot !
- Oui, du lot en question, Mr Bigelow. En compagnie de Lovecraft, Hawthorne, Ambrose Pierce, de tous les contes fantastiques et de terreur et, tant qu'on y était, de tous les récits de science-fiction, il a été brûlé. Sans pitié. Au nom de la loi votée pour la circonstance. Oh, ça a commencé en douceur. En 1999, ce n'était qu'un grain de sable. On s'est mis à censurer les dessins humoristiques, puis les romans policiers, et naturellement, les films d'une façon ou d'une autre, sous la pression de tel ou tel groupe, au nom de telle orientation politique, tels préjugés religieux, telles revendications particulières ; il y avait toujours une minorité qui redoutait quelque chose, et une grande majorité ayant peur du noir, peur du futur, peur du passé, peur du présent, peur d'elle-même et de son ombre.
- Je vois.
- Peur du mot "politique" (qui était, paraît-il, redevenu synonyme de "communisme" dans les milieux les plus réactionnaires, un mot qu'on ne pouvait employer qu'au péril de sa vie). Et avec un tour de vis par-ci, un resserrage de boulon par là, une pression, une traction, une éradication, l'art et la littérature sont devenus une immense coulée de caramel mou, un méli-mélo de tresses et de noeuds lancés dans toutes les directions, jusqu'à en perdre toute élasticité et toute saveur. Ensuite les caméras ont cessé de tourner, les salles de spectacle se sont éteintes, et les imprimeries d'où sortait un flot niagaresque de lecture n'ont plus distillé qu'un filet inoffensif de produits "épurés". Oh, le mot "évasion" aussi était extrémiste, faites-moi confiance.
- Vraiment ?
- Et comment ! Chacun, disait-on, devait regarder la réalité en face. Se concentrer sur l'Ici et le Maintenant ! Tout ce qui ne s'y conformait pas devait disparaître. Tous les beaux mensonges littéraires, tous les transports de l'imagination devaient être abattus en plein vol ! Alors on les a alignés contre un mur de bibliothèque un dimanche matin de 2006 ; on les a tous alignés, le père Noël, le Cavalier sans Tête, Blanche-Neige, le Petit Poucet, Ma Mère l'Oie - oh, quelles lamentations ! - et on les a abattus. On a brûlé les châteaux en papier, les grenouilles enchantées, les vieux rois, tous ceux qui "vécurent toujours heureux" (car naturellement, il était bien connu que personne ne vivait toujours heureux !) et "Il était une fois" est devenu "Plus jamais". On a dispersé les cendres de Rickshaw le Fantôme ainsi que les décombres du pays d'Oz ; on a désossé Glinda la Bonne et Ozma, fait voler la polychromie en éclats dans un spectroscope, et meringué Jack Tête de Citrouille pour le servir au bal des biologistes ! La tige du haricot magique est morte étouffée sous les ronces de la bureaucratie ! La Belle au Bois dormant s'est réveillée au baiser d'un scientifique pour expirer sous la piqûre fatale de sa seringue. Ils ont fait boire à Alice une potion qui l'a fait rapetisser au point qu'elle ne pouvait plus s'écrier : "De plus-t-en plus curieux", et d'un coup de marteau ils ont fracassé le Miroir et chassé tous les Rois rouges et toutes les Huîtres !"
Il serra les poings. Dieu ! c'était encore tellement près ! Le visage congestionné, il s'efforçait de reprendre sa respiration.

(pages 210 à 212 de la nouvelle Usher II)
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— Est-ce là le paradis ? demanda Hinkston.
— Absurde. Non. C’est un monde où l’on a une deuxième chance. Personne ne nous a dit pourquoi. Mais personne ne nous a dit pourquoi nous étions sur la Terre, non plus.
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Août 2033 - Rencontre nocturne

Il y avait dans l’air comme un odeur de Temps. Il sourit et retourna cette drôle d’idée dans sa tête. Il y avait là quelque chose à creuser. A quoi pouvait bien ressembler l’odeur du Temps? A celle de la poussière, des horloges et des gens. Et si on se demandait quel sorte de bruit faisait le Temps, ce ne pouvait qu’être celui de l’eau ruisselant dans une grotte obscure, des pleurs, de la terre tombant sur des couvercles de boîtes aux échos caverneux, de la pluie. Et en allant plus loin, quel aspect présentait le Temps?

Je m’appelle Tomas Gomez.

- Je m’appelle Muhe Ca. ”

Ni l’un ni l’autre ne comprit, mais ils avaient accompagné leurs paroles d’une petite tape sur leur poitrine et tout devint clair.
Alors le Martien éclata de rire. “Attendez!” Tomas eut l’impression qu’on lui touchait la tête, mais nulle main ne l’avait touché. “Là! dit le Martien dans la langue de Tomas. C’est mieux comme ça!
- Avec quelle vitesse vous avez appris ma langue!
- Un jeu d’enfant!”
Gênés par un nouveau silence, ils regardèrent le café qui n’avait pas quitté la main de Tomas.
“Nouveau?” dit le martien en lorgnant Tomas et le café – et en se référant peut-être aux deux.
“Puis-je vous offrir quelque chose à boire? proposa Tomas.
- Volontiers.”
Le Martien glissa à bas de sa machine.
Une deuxième tasse fut produite et remplie de café fumant. Tomas la tendit.
Leurs mains se rencontrèrent et – comme de la brume – se traversèrent.
“Bon sang!” s’écria Tomas. Et il lâcha la tasse.
“Par tous les dieux! s’exclama le Martien dans sa propre langue.
- Vous avez vu ça? ” murmurèrent-ils ensemble.
Ils étaient soudain glacés de terreur.
Le martien se baissa pour toucher la tasse mais n’y parvint pas.
“Sapristi! fit Tomas.
- C’est le mot.” Le Martien essaya encore et encore de saisir la tasse. Peine perdue. Il se redressa, réfléchit un moment, puis tira un couteau de sa ceinture.
“Hé là!” cria Tomas.
- Vous vous méprenez, attrapez!” Et le Martien lui lança le couteau. Tomas mit ses mains en coupe. Le couteau tomba à travers la chair et heurta le sol. Tomas se baissa pour le ramasser, mais il ne parvint pas à le toucher. Il recula, parcouru de frissons.
Il regarda alors le Martien qui se découpait sur le ciel.
“Les étoiles! dit-il.
- Les étoiles!” dit le Martien en regardant Tomas à son tour.
Les étoiles étaient visibles, nettes et blanches, à travers la chair du Martien, dans laquelle elles semblaient cousues telles des paillettes en suspension dans la fine membrane phosphorescente de quelque créature marine gélatineuse. On les voyait scintiller comme des yeux violets dans le ventre et la poitrine du Martien et comme des bijoux à travers ses poignets.
“Je vois à travers vous! dit Tomas.
- Et moi à travers vous!” dit le Martien en reculant d’un pas.
Tomas tâta son propre corps et, percevant sa chaleur, se sentit rassuré. Je suis bien réel, se dit-il.
Le Martien se toucha le nez et les lèvres. “Je sens ma chair, dit-il presque à haute voix. Je suis vivant.”
Tomas regarda fixement l’étranger. “Et si je suis réel, c’est que vous devez être mort.
- Non, vous!
- Un spectre!
- Un fantôme!”
Ils se désignèrent mutuellement du doigt, la lumière des étoiles constellant leurs membres comme autant de dagues, de glaçons et de lucioles. Puis ils se remirent à examiner leur corps, et chacun de se trouver intact, brûlant, en émoi, stupéfait, intimidé, alors que l’autre – ah oui, cet autre, là – était dépourvu de réalité, ne pouvait être qu’un prisme fantomatique réfléchissant la lumière accumulée de mondes lointains.
Je suis ivre, se dit Tomas. Ne surtout pas parler de tout ça à quelqu’un demain, oh, non!
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Ils avaient la peau cuivrée , les yeux pareils à des pièces d’or , la voix délicatement musicale des vrais martiens .
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