Depuis mon canapé, je vois l'été qui s'enfuit petit à petit, les jours raccourcissent, la température devient plus supportable, des nuages chargés de pluie font des apparitions plus longues dans le ciel, le vent apporte quelques notes fraîches chargées d'humidité entre deux gémissements dans les branches qu'il dépouille de feuilles orangées... Bref. Il m'a semblé que c'était le bon moment pour se laisser bercer par la poésie automnale de Bradbury, pas vous ?
Que dire ? Par où commencer ? J'aime le style d'écriture de cet auteur bordel ! Jamais je n'ai lu de descriptions si belles que celles qui sortent de sa plume. Il réussit à insuffler la vie dans chaque objet, chaque paysage au point que ces derniers en paraissent au moins aussi vivants que les personnages. C'est beau.
De base, je ne suis pas spécialement adepte de nouvelles, c'est un exercice qui nécessite de passer rapidement et complètement d'un contexte à l'autre, pas forcément ce qu'il y a de plus évident. Nous faisons donc face ici à 19 nouvelles, 19 récits originalement publiés entre 1943 et 1954 et totalement déconnectés les uns des autres. Recueil classique donc, bien loin de l'atypie des
Chroniques Martiennes. Les récits sont de qualité assez inégale selon la sensibilité que vous allez avoir vis-à-vis de l'histoire développée et du degré de glauquitude que vous pouvez apprécier/endurer. Car oui, disons le sans emphase, le Pays d'Octobre est glauque. Parfois beau, mélancolique ou encore drôle, mais glauque, toujours. Je pense notamment aux nouvelles « Le bocal », « Le lac », « Le diablotin à ressort » et « Le collecteur ». Ces histoires figurent parmi mes préférées du recueil car elles arrivent à trouver un juste équilibre entre une situation particulièrement mélancolique/dérangeante et ce souffle de beauté distillé par l'auteur. D'autres comme « Le jeton de poker vigilant d'
Henri Matisse » n'ont pas du tout réussi à me toucher. Cette compilation de nouvelles se termine par une petite pépite nommée « La mort merveilleuse de Dudley Stone ». Dépourvue de quoi que ce soit de glauque ou macabre si ce n'est l'évocation de la mort dans le titre, cette nouvelle a particulièrement résonné en moi et est porteuse d'un joli message.
En conclusion, il ne s'agit peut-être pas du meilleur en ce qui concerne M. Bradbury, mais cela vaut tout de même assurément le coup d'oeil.