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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Cette biographie de Ménie Grégoire, réalisée par sa petite fille, est présentée sous forme d'un roman vivant où s'entrecroisent les destins de plusieurs femmes.
J'ai aimé me replonger dans ces années 60 et 70 qui correspondent à l'éveil de ma féminité et aux interrogations qui l'accompagnent. Ménie Grégoire faisait partie du paysage sonore de mes débuts d'après-midi quand je n'avais pas cours. J'étais captivée par la voix chaleureuse de Ménie, sa capacité d'écoute, sans jugement, sa bienveillance, ses conseils.
Avec ce livre, je réalise à quel point elle a joué un rôle important dans l'information et l'émancipation des femmes, alors soumises à leur mari et confinées au foyer à élever leurs enfants pas toujours désirés.
J'ai découvert les travers que Ménie a dû affronter, déjà en tant que femme dans un monde fait par et pour les hommes, tant dans l'opinion publique de l'époque que dans sa propre famille. Quel courage il lui a fallu pour s'investir autant dans cette mission, essentielle pour elle, d'aider les femmes à prendre leur vie en main !
Merci Ménie !
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Coup de coeur pour se livre retraçant la vie d'une femme plongée dans la société masculine des années soixante.
Entre leçon d'histoire, roman et quête de succès, je vous recommande cette mise en lumière de la vie de menie Grégoire qui a oeuvré pour l'émancipation féminine.
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Avec « L'heure des femmes », Adèle Bréau ne baigne pas dans la fiction puisqu'elle évoque le destin de sa grand-mère, Menie Grégoire, qui a réellement existé, et à laquelle elle rend hommage. On a beau se dire que les années 60 ne sont pas si lointaines, elles prouvent que l'on ignorait encore beaucoup de choses concernant le fonctionnement d'un couple ou du mariage. Grâce en partie à Menie Grégoire, la condition féminine change d'aspect et les mentalités évoluent. Les femmes apprennent à prendre le pouvoir, à être plus autonomes. L'émission baptisée en fait « Allô, Ménie » sera présente sur les ondes de 1967 à 1981. En 1973, une seconde émission d'une demi-heure verra le jour : « Responsabilité sexuelle ».

Avant de lire le roman d'Adèle Bréau, je n'avais jamais entendu parler de Menie Grégoire pas même durant mes études. J'ai beaucoup appris. J'ai pu me plonger dans des années que je ne connaissais pas vraiment. J'ai découvert une femme audacieuse, bienveillante, qui a bouleversé le monde de la radio, et celui des femmes de façon plus générale. Un récit brillant qui mérite d'être mis sous les projecteurs, et qui a remporté le Prix Maisons de la Presse 2023.
Lien : https://commedansunlivre.fr/..
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1967, quartiers chics de Paris. Elle a plus de cinquante ans, a élevé plusieurs enfants, vouvoie son mari et ses parents et navigue entre le Paris chic, sa maison de campagne vers Saumur et le Midi de la France. Existence paisible, confortable. Un brin ennuyeuse peut-être ? Alors quand un responsable des programmes RTL la rencontre, c'est un vrai bouleversement qui s'annonce.

Elle, c'est Menie Grégoire (dont le vrai prénom, Marie, l'horripile et qui ne supporte pas qu'on mette un accent aigu sur son E!). Femme d'un homme important dans le monde politique. Elle a bien rempli ses fonctions de mère et d'épouse bourgeoise dévouée à sa famille.

Alors, quand subitement elle devient celle qui s'assoit devant un micro, en plein après-midi, juste avant la sortie des écoles, elle écoute, elle est attentive, bienveillante, utile. Et ce sont des déversements d'angoisse, de peur, de chagrin, de colère , de doute, qui submergent les ondes. Elle a créé un moment où les femmes ont - enfin - la parole. Mai 68 n'est pas encore passé, elle fait figure de précurseur parmi les défenseurs des droits des femmes. Dans très peu de temps, elles auront accès à la pilule anti-conception, plus tard à l'avortement. Veil, Halimi et d'autres seront passées par là.

Et subitement, mon esprit me renvoie en 1967-68 : jeune mariée, il me fallait l'autorisation de mon époux pour travailler, pour avoir un compte en banque où serait versé mon traitement. 1968-1970 : lui seul avait le droit légal de juger de l'opportunité d'habiter ici ou là, toutes les décisions concernant nos enfants lui revenaient de droit. Je ré-entends la voix de la directrice de l'Ecole normale disant à ma mère : « veillez à ce qu'elle perçoive elle-même son salaire, ouvrez-lui un compte. »

J'ai l'impression de revenir d'une ère préhistorique...

Et Menie Grégoire écoutait, pilotait, conseillait les femmes pour des prises de décision pour lesquelles elles n'avaient aucune légitimité !

Précurseur, certes. Mais combien d'années se sont écoulées entre ce qui nous semble si « normal » depuis que c'est acquis et le phénomène Me-Too ? Combien de femmes violentées, maltraitées, battues, humiliées, utilisées au service de leurs conjoins avant qu'une résurgence politique ne vienne, tardivement, les protéger ? Et d'ailleurs...le sont-elles tant que cela ?

A l'écoute de la radio espagnole (bien plus sensible apparemment aux violences faites aux femmes que nos propres médias), j'entends aujourd'hui même qu'un homme qui vient de poignarder son ex-compagne en a emmuré une autre, en 2014, qu'on vient de découvrir, un bouquet de fleurs séchées sur la poitrine : qu'en aurait dit Menie Grégoire ? Je me demande même si cela aurait existé, et si c'était le cas, si RTL en aurait parlé à l'époque...

A l'époque, Menie Grégoire a été adorée et vilipendée avec la même ardeur : quelle était donc sa légitimité, ni psychologue, ni médecin ? Elle a juste un rempli un vide abyssal en terme d'écoute et d'empathie dont je me demande s'il n'existe pas encore aujourd'hui.

Un livre qui au-delà de ce qui peut sembler « ringard » (mais on est toujours le ringard de quelqu'un, non?) pose encore des questions utiles.

Et le plus touchant est que ce livre a été écrit par la propre petite-fille de Menie !
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Adèle Bréau avait une grand-mère célèbre: Ménie Grégoire, la femme la plus écoutée de France.
En effet, Ménie a animé une émission de radio à partir de 1967 qui a ouvert la parole aux auditrices de RTL pendant plus de 15 ans: Allo, Ménie.

Des destins sont alors bouleversés.
On y apprend que les auditrices ne connaissent pas leurs droits.
Mai 68 n'a pas forcément d'impact en province.
Le partage des tâches et le contrôle des grossesses sont complètement étrangers dans la plupart des foyers français.
Les femmes vivent un vrai calvaire, le plaisir est gâché par la peur d'être enceinte pour la énième fois mais il faut faire son devoir d'épouse.
Malgré la légalisation de la pilule, beaucoup de médecins et de pharmacies y sont opposés.
Les femmes n'osent même pas évoquer le sujet.

Adèle fait également un parallèle entre deux époques.
Elle met en miroir la condition des femmes d'aujourd'hui avec son personnage d' Esther, documentariste, qui subit la violence de son compagnon, et celle des femmes des 70's.
La parole se libère aujourd'hui comme elle s est libérée il y a 50 ans.

Vous l'avez compris, c est une lecture émouvante, enrichissante et instructive.
Une lecture qui me fait réaliser que grâce à toutes ces femmes qui ont eu le courage de jouer un rôle dans une société qui les enfermait dans leur foyer, je suis libre de mes décisions et je dispose de mon corps à ma guise.
Mais restons attentives ...
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Adèle Bréau signe un roman captivant se lisant avec une grande facilité.
Les chapitres courts rythment agréablement la lecture, rendant l'histoire encore plus addictive.
J'ai particulièrement apprécié la découverte de la personnalité de Menie Grégoire, une femme fascinante et avant-gardiste pour son époque.

Menie Grégoire est dépeinte comme une pionnière, donnant la parole aux femmes et abordant des sujets tabous comme la sexualité, la contraception, et les violences conjugales.
Son engagement et sa détermination à améliorer la condition féminine sont admirablement racontés par sa petite-fille, Adèle Bréau.
Ce portrait rend hommage à une femme qui a véritablement contribué à faire avancer les droits des femmes en France.

Cependant, l'histoire d'Esther, située en 2000, bien que pertinente pour contextualiser et donner du relief à l'héritage de Menie, m'a parfois beaucoup moins intéressée, légèrement déconnectée du coeur historique du roman.

Malgré ce petit bémol, « L'heure des femmes » demeure un roman indispensable pour comprendre l'évolution de la condition féminine au cours des dernières décennies.
L'oeuvre est non seulement un hommage à sa grand-mère, mais aussi à toutes les femmes qui ont lutté pour leurs droits.
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Intéressant, surtout pour les nouvelles générations. Que les jeunes se rendent compte de la difficulté d'être une femme il y a seulement quelques décennies. Et l'importance qu'il y a de défendre ces droits chèrement acquis, ces changements dans la relation de couple. La nécessité de parler de l'emprise qu'exercent parfois hélas les hommes sur les femmes, et aussi l'inverse, de se respecter les uns et les autres, l'importance de ne pas confondre amour et enfermement. Merci Ménie. C'est sans doute grâce à vous si, en cachette de mes parents, j'ai pu accéder à la pilule contraceptive dans un planning familial.
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Ménie Gregoire est issue d'une famille bourgeoise , mariée avec un haut fonctionnaire et ils ont 3 filles.

En 1960, Ménie entre dans la cinquantaine, ses filles sont grandes et elle a du temps et beaucoup d'idées et deviendra chroniqueuse sur la radio RTL.

Elle mettra toute son énergie à l'émancipation de la femme.

Fini les femmes au foyer avec moult enfants la pilule faisant son apparition ainsi que ses détracteurs.

Par ce récit,Adèle Bréau rend hommage à sa grand-mère cette femme qui a passionné des milliers d'auditrices.

Note : 4 / 5
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“Il est 15h, ici Ménie Grégoire dans l'Heure des femmes sur RTL”.

Peut être que ce nom t'es familier, peut être que tu peux entendre la voix de Ménie en lisant ces mots.
Personnellement, j'ai été surprise de la découvrir. Surprise parce qu'elle a tant apporté à son époque qu'il me semble que j'aurai dû en entendre parler.
Seulement, on nous parle peu, finalement, des femmes.


" Madame, avec les femmes, vous n'allez intéresser personne.” Pourtant, Ménie, alors cinquantenaire en 1967, bourgeoise, femme de politicien, convainc RTL de lui céder du temps d'écoute l'après-midi:
“15h, c'est l'heure des femmes. La maison est propre, les enfants sont à l'école ou font la sieste, aussi des millions d'entre elles vont prêter une attention toute particulière à ce qui se dit dans le poste de radio.”


Il faut se rappeler qu'à partir du milieu du XIXe siècle, la situation d'une partie des femmes change sans précédant: l'avènement de la classe moyenne les place au foyer. On a tendance à penser que cela à toujours plus ou moins été le cas, mais en vérité, à moins d'être bourgeoises les femmes ont toujours travaillées.
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, dopé par le consumérisme des Trente Glorieuses, le statut de femme au foyer s'impose comme une promesse d'accomplissement personnel pour des générations de jeunes filles, convaincues de la noble mission de se dévouer entièrement à la famille. Mais sous le vernis de l'idéal valorisé par la pression sociale, au fil des années et de la quête d'autonomie des enfants qui grandissent, l'ennui engendré par la routine, le sentiment de mal-être et parfois la dépression rongent en silence beaucoup d'entre elles.

C'est là qu'intervient Ménie. Elle leur offre la parole et surtout, surtout, elle les écoute. D'une certaine manière, j'ai eu l'impression que Ménie les autorisait à être… humaines. A compter.
« Tout le monde a besoin de ça. D'une oreille, sans jugement. de quelqu'un qui puisse tout entendre, qui puisse leur répondre qu'aucun vice, aucune douleur, aucune tragédie n'est solitaire. Quelqu'un qui explique aux femmes leur corps, aux jeunes filles les réalités du couple, aux hommes les besoins de leurs épouses. »
Ce roman témoigne des progrès sociaux que la sororité qui s'est formée grâce et autour de cette émission à permis.
On suit Ménie, sa carrière, les appels téléphoniques de plus en plus intimes, de plus en plus urgents. Plus elle ouvre la porte, moins les femmes ont de pudeur à raconter leurs problèmes.
On tombe des nues, parfois (comment peut-on atteindre 30 ans sans savoir comment ont fait les bébés ?). On grince des dents, souvent (ces pauvres femmes, leurs corps et leurs esprits ignorés).
Et enfin vient l'espoir, quand Ménie milite pour l'IVG, pour la pilule contraceptive et que l'on voit les femmes prendre enfin le contrôle de leurs vies, de leurs corps, de leurs voix.

Une seconde narratrice, contemporaine cette fois, permet la comparaison avec le statut actuel des femmes. Celle-ci interroge:
“- Vous ne trouvez pas bizarre que la voix des femmes se soit peu à peu tue ?
- Qu'est-ce que vous voulez dire ?
- Je ne sais pas. Avec MeToo, toutes ces accusations, tous ces actes qui attestent de la violence des hommes, d'inceste, on a l'impression que chacun redécouvre ce qui était déjà là il y a cinquante ans, Comment est-ce possible ? [...] Peut-être parce que, comme moi, il n'a pas de réponse à ça. Au fait qu'après cette période de sursaut, on ait voulu refermer la porte des foyers. Les femmes avaient obtenu la contraception, le droit d'avorter, celui de travailler. Elles avaient eu ce qu'elles voulaient, elles n'allaient pas continuer d'emmerder le monde. Maintenant, elles pouvaient la fermer.”


Honnêtement, le roman a des longueurs. Mais il explore avec sensibilité les aspirations individuelles et les pressions sociales d'hier et d'aujourd'hui.
A nous, maintenant, de prendre la parole.


“Menie est ailleurs. Elle pense à toutes ces filles qui naissent au moment où elles parlent. Qui débarquent dans cette époque insensée où on leur demandera peut-être davantage encore que durant les siècles passés. Mais qui auront la chance, elles, de refaire le monde si elles le désirent."


(Bechdel : 3 oui bien sûr.)
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Ce roman, distingué par le Prix « Maison de la presse 2023 », propose aux lecteurs de découvrir le parcours de Menie GREGOIRE, grand-mère de l'autrice et journaliste engagée pour la cause des femmes. Elle fut une pionnière des émissions d'éducation sexuelle en animant, de 1967 à 1982, "Allo, Ménie" sur RTL, recueillant, à l'heure de la sieste, la parole des auditrices.
Alors que la période est bouleversée par la libération des moeurs, Ménie, à l'aube de la cinquantaine, écoute, conseille, distille encouragements et courage pour inciter les femmes résolument soumises à leurs maris et peu informées sur le sexe et la contraception, à conquérir leur liberté.
Le texte d'Adèle BREAU est original dans sa construction en mêlant plusieurs trames narratives. Les lettres envoyées par les auditrices dépeignent le contexte social de l'époque tandis que l'histoire inventée des deux soeurs, Mireille et Suzanne, l'illustre parfaitement.
Cet aspect historique croise le récit de la vie chamboulée de Ménie avec la description du déferlement médiatique et les conséquences sur sa vie privée. Enfin, le parcours contemporain d'Esther, jeune documentariste qui prépare un ouvrage sur celle qui régna sur les après-midis de RTL, montre la reconstruction d'une femme sous emprise à l'ère post #MeToo
Dans cette fiction habile qui interroge la place des femmes dans la société, l'autrice explore les avancées, paradoxes et régressions de leur condition durant les cinquante dernières années.
C'est intéressant, surprenant et très émouvant. Je recommande absolument !
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