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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Le monde est en perpétuel changement. Il évolue, à l'image de ce que l'on en fait, mais aussi de ce que l'on montre... Cet essai est particulièrement intéressant, son message est fort et bienveillant : le monde est rempli de plus de positivité que ce que l'on croit, mais surtout de ce que l'on voit. Aujourd'hui, lorsqu'on allume les chaînes d'informations, le journal télévisé, en boucle, nous serine les événements traumatisants, appuyant sur la négativité ambiante de la société. Mais qu'en est il de toute la beauté que l'on ne montre pas ?

Il y a quelques années, j'ai fait le choix de ne plus regarder les informations. Je choisis les articles que je lis, fais en sorte qu'ils soient parfois à l'opposé les uns des autres, mais surtout, un oeil ouvert sur le monde : les avancées scientifiques, les actions sociales et courageuses, les actions écologiques, les connaissances sur le fonctionnement du monde ou du corps humain, partout dans le monde... Il y a une recherche de connaissance, mais il y a surtout le besoin de ne plus voir le monde en noir, mais avec toutes les nuances qu'il contient.

Nous avons la chance de vivre dans un pays sécurisé, nous avons accès à l'eau potable, nous nous lavons à l'eau potable, nous avons à manger, accès à la santé et à l'éducation. Attention, rien n'est parfait et nous pourrions confronter de nombreuses idées et suggestions totalement légitimes. Mais nous ne vivons pas dans un pays en guerre par exemple, il n'y a pas de catastrophes naturelles, d'éruption volcanique ou de tsunami tous les jours. Nous voyons les choses en noir, car les médias, la société s'attarde davantage sur cela.

Il y a un siècle, l'information, bonne ou mauvaise, circulait très lentement. À l'heure des réseaux sociaux, du sensationnel, de l'immédiateté, du "tout, tout de suite", des "buzz", Rutger Bergman nous propose ici une réflexion ouverte au monde : il nous plonge directement dans des événements sombres, mais pour mettre en lumière ce qui en est sorti de bon aussi. Il met en avant cette idée simple, avec dérision, mais grand sérieux, qu'il y a du bon en ce monde et les gens le portent bien.

En bref :

Un livre qui nous sort de notre zone de confort, donne une nouvelle lecture à la réflexion, d'autres perceptions du monde et qui fait du bien. Absorbons l'optimisme, nourrissons nous des bonnes nouvelles, mais sans occulter la noirceur du monde.
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Merci à Masse critique et aux éditions du Seuil pour cet essai plein d'optimisme !
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Dans son essai Humanité : Une histoire optimiste, Rutger Bregman propose une lecture du monde en général et de l'homme en particulier qu'on trouve en partie chez Rousseau, à savoir, en schématisant : l'Homme est naturellement bon et libre, c'est la civilisation qui le corrompt et le contraint. Comme beaucoup d'autres auteurs, il lui oppose la vision de Hobbes, à savoir, je schématise encore plus si c'est possible : l'Homme est un loup pour l'Homme, c'est la civilisation et un État fort qui l'empêchent de dévorer tout ce qui bouge autour de lui. Bregman part de l'idée qu'Homo sapiens a vécu une sorte de période idyllique grâce à certains facteurs (petite communautés, déplacements permanents, accueils des étrangers, responsabilité commune des enfants, etc.) Il a fallu que les chasseurs-cueilleurs deviennent sédentaires pour que ce monde idéal bascule : domestication des animaux, naissance de l'agriculture et de la propriété, besoin d'un chef, début de la corruption, guerres de pouvoir, etc. Bregman estime que Rousseau a raison : l'homme est naturellement bon. Il apportera des preuves pour présenter à son lecteur une image de ce qu'il appelle un Homo mignon infiniment sympathique : les hommes sont généreux altruistes, incroyablement serviables à condition qu'ils ne soient pas sous la coupe d'un leader négatif. Même (surtout ?) dans les situations de crise, les hommes livrés à eux-mêmes savent s'entendre, résoudre leurs conflits pacifiquement, s'entraider et prendre soin de leurs semblables. Notre vision du monde est erronée. Il faudrait revoir notre système en nous basant sur la bonté intrinsèque des individus.
***
Pour prouver ce qu'il avance, Bregman se base sur quantité d'anecdotes et d'histoires connues et moins connues qu'il choisit dans différentes parties du monde et à différentes époques. Par exemple, dès le prologue, après avoir décrit le courage, l'entraide, la résilience et l'humour des londoniens pendant le Blitz, il relate l'histoire vraie de six jeunes garçons naufragés dans les îles Tongas, dans les années 60. Ils vivront plus d'un an sur une île déserte, avec difficulté, mais en bonne entente. Il compare leur expérience positive avec les horreurs que raconte le roman de William Golding, Sa majesté des mouches, et se désole, sans doute avec raison, que l'on ne présente pas les deux versions aux jeunes. Dans les trois premières parties, l'auteur continue à enrichir sa thèse grâce à de nombreuses anecdotes qu'il me semble vain d'énumérer ici. Je me permets quand même de citer l'expérience de Milgram (une pensée nostalgique pour Montand dans I comme Icare), revue et corrigée efficacement ici… Dans la quatrième partie, Bregman refait le point sur les effets placebo et nocebo, et appelle à la rescousse de nombreux contemporains qui abondent dans son sens et partagent ses convictions. La cinquième partie nous emmène dans un monde « sirupeux » (c'est lui-même qui le dit, p. 334) : il nous présentera un héros et nous racontera la fameuse histoire de la trêve de Noël, dans les tranchées, pendant la Première Guerre mondiale. L'épilogue donne 10 préceptes pour mieux vivre, changer notre vision des choses, et pourquoi pas, changer le monde.
***
Je n'ai aucune formation d'historienne ni de philosophe ; beaucoup des noms que cite Bregman me sont totalement inconnus, surtout parmi les « modernes », et j'ai pourtant lu ce livre en quelques jours : ce n'est vraiment pas difficile d'accès. le sujet m'a intéressée, parfois amusée, et m'a poussée à remettre en question pas mal d'idées reçues. Pourtant, je dois avouer que plusieurs détails m'ont dérangée. La première chose que j'aurais aimé, tant en lisant cet essai qu'après l'avoir terminé, c'est une bibliographie ! Comment s'y retrouver dans une telle quantité de notes de bas de page : tous ces auteurs, articles de journaux, travaux universitaires publiés ou non, émission de télévision, entrevues à la radio, citation de citations, etc., sans une bibliographie en bonne et due forme. C'est un premier bémol. le deuxième concerne ce qui pourrait presque passer pour un tic d'écriture. Sur la pléthore d'auteurs cités, nombreux sont présentés ainsi : Machin Truc, le plus célèbre philosophe (historien, sociologue, anthropologue, etc.) de son époque, ou encore Bidule Untel, le professeur (etc.) le plus respecté… J'avoue aussi avoir été agacée par l'assimilation quasi permanente des réalistes aux cyniques, sans aucun doute parce que je suis souvent reconnue dans le portrait qu'il en fait ! Mais faites-vous votre opinion : lisez ce livre, il y a matière à réfléchir et certains passages tirent résolument vers un optimisme qui n'est pas béat, ce dont on a tous bien besoin, je crois.
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Un essaie très intéressant sur la nature humaine, dans lequel l'auteur part du postulat que l'Homme est profondément bon, mais que la société modèle et pervertit. Dommage que les redondances soient trop importantes. Arrivé au 2/3 on se lasse pour finalement lire en diagonal...
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Human kind (2020), ou Humankind, de Rutger Bregman, l'auteur du bestseller Utopies pour réalistes, est un bouquin passionnant mais aussi terriblement frustrant. le concept est simple : la civilisation moderne (c'est-à-dire les démocraties libérales et capitalistes, Bregman ne va pas du côté de la Chine par exemple) voit l'être humain comme une créature égoïste : c'est d'ailleurs la base du capitalisme. le propos de Bregman, c'est que non, la plupart des gens sont tout à fait bienveillants. Ça n'a l'air de rien à première vue car on ne réalise pas forcément à quel point cette vision de la nature humaine comme égoïste imprègne nos sociétés, mais l'auteur arrive partiellement à convaincre sur ce point. Selon lui, c'est finalement un paradigme qui s'accomplit lui-même, une prophétie auto-réalisatrice : quand on agit comme si les humains étaient des pécheurs, des égoïstes, on crée ce monde-là. (Fort discutable, mais bon, je passe les tergiversions sur la nature humaine.)

Malheureusement la forme est franchement pénible. Bregman ne s'en cache pas : il trouve les techniques de Malcolm Gladwell très efficaces. Et il les imite : son livre n'est qu'une successions d'anecdotes et d'histoires. Alors ça se lit bien, c'est sûr, mais ça ne fait pas très sérieux. N'importe qui pourrait sélectionner des histoires qui prouvent n'importe quelle idée. C'est encore pire à cause d'une certaine superficialité : Bregman se nourrit de livres d'une façon très transparente (je pouvais à l'occasion deviner de quel livre venait telle idée qu'il évoquait) et ses histoires sont parfois d'une affligeante banalité. Par exemple, il conclut son livre sur la trêve de noël sur le front en 1914. Sérieusement ? Il n'y a pas plus rabâché comme comptine d' « espoir ». de plus, son optimisme frise parfois le ridicule : par exemple, dans ce cas, comment choisir n'importe quel exemple tiré d'une guerre mondiale comme porteur d'espoir ? Pour se dépatouiller de tout ça, il affirme que si la plupart des gens sont très bien, ce sont les systèmes et hiérarchies modernes qui sont en cause et il défend une sorte de mélange entre les démocraties sociales nordiques et un idéal anarcho-communiste (sans clairement le nommer). Ainsi c'est le système qui va mal, il faudrait donc le réformer pour que tous les êtres humains puissent vivre dans la paix et l'amour. Attention, je ne veux pas ridiculiser son optimisme : je partage au moins en partie les idéaux sociétaux de Bregman et ils valent la peine qu'on les poursuive. Mais là où il accuse le système, j'aurais plutôt tendance à tourner mes yeux vers la civilisation. Et Bregman n'est pas bête, il le fait aussi : seulement, il est impossible d'être à la fois optimiste, plein d'espoir, et d'accuser la civilisation, alors il se fait réformiste, par obligation. Par exemple, quand il cite les mesures réellement progressistes et certainement bénéfiques de l'Alaska (collectivisation des revenus du pétrole) ou de la Norvège (système policier et pénitentiaire exemplaire), il ne dit pas que ces mesures ne sont possibles que grâce à l'extraction d'énergies fossiles (20% du PIB de la Norvège), extraction qui condamne potentiellement ce progressisme à long terme, car le progrès et la morale sont en bonne partie contextuels : il est plus facile d'être généreux quand on est riche (ou quand on vit dans des tribus d'une centaine d'individus comme dans un certain passé peut-être ou peut-être pas idéalisé, c'est-à-dire quand on connait personnellement tous les membres de sa société), or non seulement cette richesse est naturellement limitée, mais son exploitation risque fort d'entrainer un appauvrissement du futur. La collectivisation des revenus du pétrole de l'Alaska est aujourd'hui un bel exemple de justice sociale mais sans doute un coup de poignard donné au futur.

Bref. J'ai eu une relation assez conflictuelle avec ce livre. Il y a plein d'idées intéressantes, mais je n'ai pas le coeur à les noter ici comme j'essaie de le faire la plupart du temps quand je lis des essais. Bregman s'attaque à l'histoire de l'île de Pâques, à celle de l'expérience de la prison de Stanford, à l'expérience des chocs électriques de Milgram, et ces passages sont sans doute les plus intéressants car il arrive vraiment à convaincre que ces histoires devenues des mythes modernes censés prouver la nature corrompue de l'être humain sont frauduleuses. C'est déjà pas mal.

L'article sur mon blog :
Lien : http://lespagesdenomic.blogs..
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Je vais être honnête : en lisant ce livre, j'ai régulièrement été agacé par le ton pédant, la moralité du pasteur, l'unilatéralisme naïf. Ne vous méprenez pas : je trouve plutôt rafraîchissant que Bregman veuille contrecarrer la vision cynique et pessimiste de l'humanité et de la situation actuelle, une vision négative constamment alimentée par les médias d'information et en grande partie aussi par les médias sociaux. Mais il fait l'erreur de vouloir le prouver.
Son discours consiste principalement à remettre en question certains préjugés négatifs sur l'humanité, par exemple à travers une critique assez sévère d'expériments célèbres en sciences sociales telles que l'expériment de Milgram ou celle de la prison de Stanford, ou encore en démystifiant le mythe du meurtre de masse sur l'île de Pâques. Il décrit tout cela de manière très passionnante, comme s'il était le premier et le seul à réussir à révéler la vérité. Quod non : presque aucun aspect abordé par Bregman n'est original, encore moins le résultat de son propre travail de terrain. En plus de cela, la croisade de l'auteur implique beaucoup de sélection.
Peut-être que je suis trop dur et que je devrais simplement valider que Bregman remet fermement en question la soi-disant « théorie du placage », à savoir que la civilisation n'est qu'une fine couche qui se détache rapidement dans des situations de crise. de là à au preuve que « la plupart des gens sont bons » (comme le dit le titre original néerlandais) est une autre affaire. Je crains que le problème en question ne soit à jamais une affaire de « foi » : soit vous y croyez, soit vous n'y croyez pas. Car les exemples cités par Bregman, comme les prisons idylliques en Norvège ou les campagnes publicitaires censées mettre fin à la guerre des FARC en Colombie, ne sont pas entièrement convaincants.
Pourtant, je ne veux pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Ce livre contient quelques bonnes idées et propositions qui sont effectivement essentielles pour créer un monde meilleur. Par exemple, le fait que la confiance est un bien meilleur fondement que la haine, et que la confiance peut (et devrait) être au moins aussi contagieuse, est une idée précieuse. Pour terminer : c'est un cliché, je sais, mais il y a des gens qui penseront toujours que le verre est à moitié vide, et il y a d'autres comme Bregman qui optent résolument pour le verre à moitié plein. Par nature, j'appartiens à ce dernier groupe. C'est peut-être le mérite de ce livre qu'il n'ait pas ébranlé ma foi en ça.
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Rutger Bregman est à cheval sur deux propositions simultanées qu'il confond sans arrêt :
- Grand A « l'Homme est naturellement bon »
- Grand B « l'Homme n'est pas naturellement mauvais »

C'est à mi parcours du livre qu'on constate qu'il est incapable de prouver le premier postulat. Aucun faisceau de preuves n'est convaincant et rien n'est viable scientifiquement. Sujet à un bon vieux biais de confirmation il ne peut voir que les faits qui vont dans son sens et affirme des choses qu'il ne peut prouver en les justifiant par un pot pourri d'anecdotes indigestes tamponnées d'un "la Science le montre". À la longue cette collection est fatigante, on doit avoir une cinquantaine de paragraphes dans livre qui commencent par (attention, prendre un ton de docu Arte) "Le 3 Juin 1966 Sam Something allait découvrir quelque chose qui allait révolutionner notre perception de l''Homme".

La réelle entreprise du livre revient à démontrer la proposition B : « l'Homme n'est pas naturellement mauvais ». Plusieurs études célèbres censées prouver que nous sommes des grands méchants sont efficacement réfutées : expérience de la prison de Stanford, expérience de Milgram, l'étude de l'effondrement de l'écosystème de l'Île de Pâque par Jared Diamond, le meurtre de Kitty Genovese. Ça fait du bien je dois dire, mais ce qui est comique c'est que Bregman pointe du doigt chez les autres ses propres défauts d'argumentation. Une série d'anecdotes célèbres sont donc fausses ou efficacement attaquées (pas convaincu à 100% par la réfutation de l'expérience de Milgram qui a été reproduite). Tout ce que cela prouve c'est qu'il est aussi difficile de démontrer que « l'Homme est naturellement mauvais ».
On en est à 400+ pages pour l'instant, tout ça pour ça?

Pas tout à fait. Dans la dernière partie de l'ouvrage Rutger Bregman retourne sa veste de manière spectaculaire. Finalement il nous explique que les propositions « l'Homme est naturellement bon" ou « l'Homme est naturellement mauvais" sont des croyances auto réalisatrices : lorsqu'on croit dans l'une ou l'autre elles deviennent réelles. L'auteur n'est ni journaliste ni vulgarisateur et encore moins un scientifique, c'est un activiste qui prêche pour que nous croyons que l'homme est bon et continue de nous matraquer de faits divers allant dans ce sens. le bouquin se termine sur 10 commandements qui doivent servir de règles de vie et l'auteur cite abondamment la Bible dans cette conclusion. Plutôt sympathique et inoffensif mais en contradiction avec le permisse initial.

J'ai bien aimé lire ce bouquin au second degré. Rutger Bregman est "l'intellectuel" moderne par excellence. Il me rappelle moi. Il me rappelle les gens de ma génération. Biberonné à internet, il a lu les grands bouquins de vulgarisation scientifique anglo-saxon, est capable de sortir des références de pop culture et s'appuie sur des conférences TED comme si cela devait faire autorité. Il a aussi été visiblement très marqué par son éducation catholique. de son côté à lui, il ne semble pas du tout gêné par l'absence de cohérence dans sa pensée et la pauvreté de son raisonnement. Il me fait penser à la métaphore de Zygmunt Bauman sur le monde liquide. C'est un intellectuel liquide, il peut prendre n'importe quelle forme, emprunter à tous le monde sans aucune conséquence pourvu que ça l'arrange. Heureusement ses idées ne sont pas particulièrement nocives.
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Très intriguant comme lecture si on est, comme moi, plutôt peu réceptif/ve à la théorie de "l'homme est bon".

Chaque exemple de bonté humaine présenté par l'auteur est décortiqué, expliqué, justifié, et on est à 2 doigts d'y croire mais... mais ... le naturel revient au galop et je me demande deux choses : n'a-t-il pas trié ses sources pour ne relever que les situations qui vont dans son sens ; comment expliquer telle ou telle autre atrocité (au choix racisme, esclavage, invisibilisation des femmes, crimes sur enfants, ...) ?

Je pense avoir pu absorber et comprendre certaines situations, le fait de ne pas réagir ou de réagir en présence de témoins lorsqu'on assiste à une situation catastrophique par exemple, ce qui me fait penser que je suis peut être au début d'une nouvelle vision de l'être humain. Faudrait-il relire le livre pour finalement adhérer au postulat de base que l'homme est réellement bon ?

Le livre est très bien sourcé et documenté, les exemples sont précis, on peut tout à fait approfondi les recherches sur les exemples les plus fous : entreprise FAVI, école Agona (que j'ai trouvé ahurissante), prison de Halden.

L'auteur nous dit "nous partons d'une conception erronée de l'être humain" ... Qui se trompe ? Lui, ou moi ? C'est définitivement un essai qui fait réfléchir !
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Humanité
Une histoire optimiste
Rutger Bregman
traduit du néerlandais par Caroline Sordia et PieterBoeykens
Seuil, 2020, 422p 


Les Editions du Seuil espèrent que je passerai un bon moment de lecture, je les en remercie, je lis le livre sans préjugé aucun, le titre me plaît, la quatrième de couverture est enthousiasmante. Si un livre peut sauver le monde, bien sûr que je le lis et que je fais en sorte d'être, avec d'autres, un sauveur.
Eh bien ce livre, j'ai vraiment eu du mal à le lire. C'est une oeuvre de très grande vulgarisation, et le ton m'a parfois déplu. Un exemple : le créateur d'une école sans contraintes, Sfej Drummen, qui pense que l'homme aime avant tout jouer au sens noble du terme, à savoir être libre de suivre sa curiosité, gare sa voiture -il est joueur- sur une piste cyclable, c'est amusant non ? Plus profondément, Bregman a analysé de nombreux rapports qui voulaient faire croire que les hommes étaient mauvais, mais ces rapports colportaient des faussetés, parce que le mal se vend bien, les journaux en étaient friands, les sociologues voulaient se faire un nom, cela servait les intérêts des politiques qui avaient ainsi la main mise sur des gens qu'il fallait maîtriser. Si on relisait bien les rapports, on constatait qu'ils étaient incomplets, que l'ensemble des rapports était plus nuancé, parfois ils étaient pervertis du tout au tout. Démonstration : l'île de Pâques et la prétendue disparition dans le sang des Pascuans. Au départ, l'île perd ses forêts à cause des rats. Il est donc indispensable de cultiver des terres. C'est une période d'aisance. Rendre un culte aux moai est un passe-temps collectif, rien de mieux que de réunir des gens pour favoriser le contact et la sociabilité. Un aventurier, Jacob Roogeven, qui cherche la terre australe, tombe sur l'île de Pâques. La rencontre provoque quelques morts, guère plus, mais elle suscite le culte des bateaux, dans lesquels les « dieux » étrangers apportent des choses agréables, comme des chapeaux, aussi faut-il les faire revenir. Ils reviennent vers 1860, ce sont les négriers. Les gens meurent d'épuisement, d'inadaptation. Ceux qui subsistent attrapent la variole pendant le voyage de retour, ils succombent. Telle est la réalité et non cette histoire selon laquelle les Pascuans s'étaient entre-dévorés.
L'idée de départ du livre, c'est l'opposition entre deux points de vue philosophiques, celui de Hobbes (XVII°)pour qui l'homme étant méchant de nature a besoin de quelqu'un de cruel, d'un souverain absolu, pour le diriger et le sauver, lui qui a peur de la mort et d'autrui, un monstre qu'il nomme Léviathan, et celui de Rousseau (XVIII°) pour qui l'homme est naturellement bon, et que la civilisation corrompt. le sous-titre laisse entendre le point de vue de Bregman convaincu et persuadé que la majorité des gens sont des gens bien. Et il me plaît à moi aussi d'adopter ce point de vue. Pour lui, c'est une idée radicale. le livre de Golding, Sa Majesté des mouches, rend impossible une telle idée ainsi que La psychologie des foules de Gustave le Bon, un des intellectuels les plus influents de son époque, et que tous les gouvernants ont lu. Selon lui, dans une situation d'urgence, l'homme descend de plusieurs degrés sur l'échelle de la civilisation. Il panique. Il use de violence. Il révèle sa vraie nature. Il a tort. Il s'appuie sur ce préjugé qui veut que le peuple soit ordinaire, lâche, enclin à la panique. Il faut en finir avec ce mythe.
La preuve : Dresde. Les Anglais veulent que la population civile soit bombardée, pour faire perdre le moral. Au contraire, la population résiste et s'entraide.
Pour le dire vite, les choses vont bien pour les chasseurs-cueilleurs jusqu'à la période de sédentarisation, et avec elle la notion de propriété. Ils mènent une vie détendue, 30h de travail par semaine, ils ont une vie sexuelle décontractée. Sédentaires, ils font la guerre aux autres, ils se méfient de l'étranger, hommes, canards, cochons, leur transmettent la grippe, et les vaches la rougeole. Comme la population s'accroît, il n'y a plus assez de bêtes sauvages pour tous, l'agriculture devient indispensable. La monnaie est inventée à seule fin de toucher l'impôt, et l'écriture pour établir des listes de dettes. En Chine, la grande muraille est une prison à ciel ouvert.
Les gens se sauvaient dans les forêts pour retrouver leur liberté. Ce qui veut dire que quand le maître est méchant, l'homme veut lui échapper. Ainsi, il est prouvé que dans les guerres le soldat ne tire pas sur un ennemi qui est près de lui. C'est pourquoi on a changé la formation militaire, on ne tire plus sur des cibles en carton mais sur des représentations de personnes réelles, on entretient l'agressivité, et comme cela ne suffit pas, on shoote les soldats.
Cependant il y a eu Auschwitz.
Shérif Muzafar veut étayer sa théorie des conflits réels. Il monte des enfants les uns contre les autres, ça ne marche pas, les enfants restent copains. Qu'à cela ne tienne. Il falsifie les faits pour obtenir les résultats qu'il voulait. Stanley Milgram invente sa machine à électrochocs et affirme que 65°/° de ceux qui sont aux commandes sont capables de lancer des décharges à plus de 450 volts contre ceux qu'ils interrogent, ce qui expliquerait que des camps de concentration aient été possibles. Là encore, falsification des faits.Je note que pour beaucoup de gens bien , il y a pas mal de falsificateurs quand même, qui plus est qui ont une très grande audience. Il faut donc se méfier dans les premiers temps des résultats d'une analyse. Que le temps et de nombreuses vérifications les mettent à l'épreuve.
Venons-en au procès Eichmann : il serait un homme ordinaire, ce qui voudrait dire qu'un nazi sommeille en chacun de nous. Non. Hannah Arendt , qui croit que l'homme est bon, dit qu'Eichmann suivait par conformisme les idées des nazis, qu'il voulait s'attirer les bonnes grâces de Hitler, qu'il était persuadé que tuer des Juifs servait une bonne cause. Eichmann ne savait pas se mettre à la place des autres. Ca fait beaucoup de choses en fin de compte. Faire le mal viendrait du fait que l'homme est paresseux ou qu'il se fait une idée fausse de lui-même. En effet, si l'homme est mauvais, à quoi sert-il de lutter contre sa nature ? Mais s'il est bon, il doit apprendre à s'engager et à résister contre le mal. On en vient à l'admirable exergue du livre, à la citation de Tchekhov (XIX°) : L'être humain deviendra meilleur lorsque vous lui aurez montré qui il est. L'homme n'est donc pas bon de nature, mais il lui faut un apprentissage, non pour être dressé comme le pensent les puissants, qui étant égoïstes ou le pouvoir les faisant devenir tels, croient que les autres le sont aussi, mais parce que nous devenons ce que nous enseignons, et pour qu'il agisse en accord avec sa nature. Il est donc réaliste, parce que c'est idéaliste -Nous devons être idéalistes -car ainsi nous nous retrouvons à être les vrais réalistes, Victor Frankl (XX°) et que c'est anti-cynique, d'avoir une vision plus positive de l'être humain. Pour cela, il faut enseigner le contact. Deux communautés se détestent parce qu'elles ne se connaissent pas. Qu'elles apprennent à se connaître et elles s'aimeront. Mandela, dans ses longues années de prison, a réfléchi, s'est informé sur l'Afrikaner, ses coutumes, sa manière de penser. Mais le contact ne suffit pas. Il faut avoir une grande maîtrise de soi. Il faut lutter contre les préjugés, la facilité de croire à ce que dit la majorité majoritaire parce qu'elle parle. Les parties opposées finissent par se parler, se comprendre et s'entendre. Cela ne vient pas en un seul jour. Il faut persévérer, s'accrocher. Il ne suffit pas d'avoir de l'empathie pour les gens, on a de l'empathie pour eux parce qu'on les voit, ils nous sont proches, et les autres alors ? Il faut avoir de la compassion, pour ressentir la souffrance de tous les autres. Il faut traiter chacun comme un être humain, et lui faire confiance.
Ainsi dans les prisons quand gardiens et détenus travaillent et se détendent ensemble. le détenu se sociabilise et sera prêt pour une réinsertion dans la société.
Ainsi avec les terroristes vers qui il faut aller, car ils se radicalisent faute d'une trop grande solitude.
Ainsi avec les enfants qui ont du mal avec la discipline de l'école. Un enfant qui suit sa propre motivation fera des progrès à force d'encouragements, c'est l'effet Pygmalion. le voici dans une école sans murs, sans salle de classe, organisant son propre parcours scolaire, et se choisissant des équipiers qui lui permettront d'atteindre son but. le jeu libre de toute contrainte et ouvert au risque est bon pour la santé physique et morale des enfants. L'enfant sait aussi qu'on attend beaucoup de lui. S'il décide seul, il a quelques comptes à rendre et évolue dans une ambiance propice à la réalisation d'un projet. Il est laissé libre, parce qu'on ne peut enseigner la créativité, on peut seulement la laisser s'épanouir, dit Peter Gray, mais il doit prouver que cette liberté est constructive.
Et qu'en est-il de nous, les plus âgés ?Qu'on ne lise plus les journaux, ni ne regarde les infos. On sait que l'homme de Néandertal avait un cerveau bien plus performant que le nôtre, mais que nous le surpassions grâce à notre sociabilité, à nos rencontres avec les autres de qui on apprenait. On accumulait les connaissances nouvelles. On devenait plus doux, avec des traits plus féminins et juvéniles. Mûrir nous demandait plus de temps. Et surtout nous rougissions, parce que nous étions sensibles au regard et au jugement de l'autre. Alors foin de l'introspection, tous à l'extrospection, à la construction d'un monde meilleur commun tous ensemble.
Russell, le grand monsieur de Bregman, propose la volonté de douter, étant donné qu' aucune de nos croyances n'est tout à fait vraie ; elles sont toutes nimbées quelque peu de flou et d'erreur. Et moi j'ai été agacée par le nombre incroyable de rapports falsifiés, ce qui conduirait facilement à douter des dires de Bregman ; je suis comme celui dont parle Bregman, prête à "dégobiller" devant ce qui paraît être un miracle, la réussite scolaire d'un enfant qui n'arrivait à rien dans une école traditionnelle. Car les faits, et ils sont nombreux, contredisent ce qui est affirmé dans ce livre, je pense aux violeurs, au désespéré qui a crashé son avion contre une falaise, au snipper de Clint Eastwood, au personnage du père dans My Absolute Darling. Comment faire pour que chacun ait la force et la chance d'apprendre, à connaître les autres, devenir ce qu'il est, combattre la haine et les préjugés, s'élever, même seul, contre ce qui ne va pas ?
Cependant j'ai lu le livre. le travail commence.
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