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EAN : 9782021392203
432 pages
Seuil (10/09/2020)
4.29/5   197 notes
Résumé :
Ce livre expose une idée radicale.
C’est une idée qui angoisse les puissants depuis des siècles. Une idée que les religions et les idéologies ont combattue. Une idée dont les médias parlent rarement et que l’histoire semble sans cesse réfuter.
En même temps, c’est une idée qui trouve ses fondements dans quasiment tous les domaines de la science. Une idée démontrée par l’évolution et confirmée par la vie quotidienne. Une idée si intimement liée à la nat... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (65) Voir plus Ajouter une critique
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" L'ouvrage de Rutger Bregman m'a fait voir l'humanité sous un nouveau jour", c'est la phrase prononcée par Yuval Noah Harari, auteur de Sapiens, Homo deus et 21 leçons pour le XXIe siècle, à propos du livre Humanité - Une histoire optimiste de Rutger Bregman. Je me joins complètement à son avis !
Dans le prologue, exemple est pris durant la deuxième Guerre mondiale. Gustave le Bon, l'un des intellectuels les plus influents de son époque dans son livre "Psychologie des foules", lu par Hitler, Mussolini, Staline, Churchill et Roosevelt, expliquait que dans les situations d'urgence, l'homme descend de plusieurs degrés sur l'échelle de la civilisation. Or, que ce soit lors du Blitz ou lors de la riposte des britanniques en Allemagne, les bombardements ont été un fiasco selon les scientifiques. Il n'y a eu aucune preuve d'abattement du moral des civils et une solidarité du voisinage s'est au contraire aussitôt mise en place. En fait, le peuple s'était précisément élevé de quelque degrés sur l'échelle de la civilisation.
Cet essai porte sur une idée qui va à l'encontre de ce que nous croyons : "La plupart des gens sont des gens bien" et l'auteur se demande pourquoi nous avons une vision aussi négative du monde.
À l'époque où nous vivons, où nous n'avons jamais été aussi riches, en sécurité et en bonne santé, les infos ne parlent que d'attentats, de violences, de catastrophes car plus un événement est exceptionnel et plus il a de chances de faire la une. " La part de bonté de l'être humain a donc le dessous dans les médias". Pas étonnant alors que nous pensions majoritairement que le monde va de plus en plus mal.
L'auteur va ressortir des expériences comme celles de Stanford ou de Stanley Milgram et la machine à électrochocs, des faits divers comme la mort de Catherine Susan Genovese (Kitty) morte, poignardée à New York, dont les conclusions donnaient une vision négative de l'humanité. Il va rechercher des témoins sur ces événements, enquêter, et réussir à montrer comment les conclusions qui en avaient été tirées qui étaient de véritables pièces à charge, étaient fausses.
Avec ces démonstrations très documentées et très étayées, en se basant également sur des exemples historiques, l'essayiste néerlandais met à mal de nombreuses idées préconçues dont la fameuse : L'homme est un loup pour l'homme.
Il rejoint Hannah Arrendt "L'être humain se laisse séduire par le mal qui prend le visage du bien ".
De même, Rutger Bregman développe l'évolution des comportements humains. Il apparaît que c'est depuis que l'être humain s'est fixé sur un territoire, a développé l'agriculture, a inventé la propriété privée que l'instinct de groupe a perdu de son innocence.
Stopper la progression du cynisme dans notre société et la possibilité de sauver la démocratie ne sont pas de vains slogans. Des exemples dont on ne parle jamais existent et l'auteur les décortique et les analyse.
De même, la confiance spontanée en l'autre, le contact peuvent améliorer significativement les rapports humains.
Rutger Bregman nous offre dans son épilogue dix préceptes que je vous laisserai le soin de découvrir en lisant Humanité - Une histoire optimiste et ne vous en citerai qu'un seul : "En cas de doute, partez du principe que l'autre vous veut du bien".
Grâce aux éditions du Seuil et à Masse critique de Babelio, j'ai ainsi plongé dans un livre étonnant qui va à l'encontre de toutes les idées reçues et qui met vraiment du baume au coeur. Cet essai m'a conquise, non seulement par le message qu'il véhicule : "les plus belles choses dans la vie sont celles dont on reçoit davantage à mesure qu'on les donne : la confiance, l'amitié, la paix", mais aussi par la rigueur dont a fait preuve l'auteur pour l'écrire.
Un livre qui réconcilie avec l'humanité.
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« le mal est puissant mais le bien est plus répandu. »
Par cette simple phrase, Rutger Bregman résume tout son livre : Humanité, une histoire optimiste, livre que j'ai eu la chance de lire grâce à Babelio (Masse critique) et aux éditions du Seuil.
Déjà, le titre de son précédent ouvrage était éloquent : Utopies réalistes. Ici, l'auteur qui est historien et journaliste, développe une brillante démonstration qui m'a fait beaucoup réfléchir au monde dans lequel nous vivons. Maintenant, dès que j'entends un bulletin d'informations, je réagis en disant : « Voilà encore des nouvelles tristes, terribles, tragiques ! » Celles-ci sont systématiquement mises en avant parce qu'on croit qu'elles excitent l'attention alors que les bonnes nouvelles seraient légion.
Il y a beaucoup de choses qui fonctionnent bien sur notre planète mais dont on ne parle jamais. Alors, Rutger Bregman, auteur néerlandais, plonge d'emblée son lecteur dans les bombardements de la Seconde guerre mondiale. Allemands et Alliés se sont acharnés à lâcher leurs bombes sur les populations civiles dans l'espoir de les démoraliser. C'est tout le contraire qui s'est produit. À chaque fois, les gens se sont serrés les coudes, démontrant une résistance typiquement humaine.
Jamais ennuyeuse, la lecture d'Humanité est truffée d'histoires, d'événements, d'enquêtes, tout cela étayé des références nécessaires. L'auteur, pour cela, a accompli un travail énorme de recherche, démontant souvent des conclusions hâtives, non vérifiées, destinées à frapper les esprits et à prouver toute la noirceur de l'être humain.
Pour lutter contre de tels a priori ou contre certaines expériences à succès comme les électrochocs de Milgram. Rutger Bregman ne ménage pas sa peine et c'est passionnant de pouvoir aller au fond des choses et retrouver enfin confiance en notre humanité.
Nos ancêtres chasseurs-cueilleurs sont à l'honneur et la civilisation en prend un coup mais c'est pour dégager ce qu'il y a de positif en nous. Cette prise de conscience est fondamentale, loin de tout angélisme. Plus nous nous tenons loin des gens, moins nous les comprenons et nous sommes donc prêts pour les haïr. Colonisations, esclavage, génocides, viols collectifs, meurtres, les exemples tragiques ne manquent pas mais l'auteur s'en empare et sa démonstration, si elle est longue, est convaincante.
Bien sûr, la pandémie actuelle pousse au repli sur soi mais attention aux infos et aux réseaux sociaux qui permettent à certains de déverser la haine dans l'anonymat. Rutger Bregman nous invite à faire le bien, cite un peu trop Jésus, mais son chapitre sur Nelson Mandela et les frères Viljoen, hélas méconnus, est admirable.
Il termine son essai par dix préceptes qui ont l'avantage de reprendre l'ensemble de sa démonstration. J'en dégagerai un seul qui m'a intrigué d'abord puis convaincu ensuite : « Tempérez votre empathie, entraînez plutôt votre compassion. » La distinction entre les deux est importante. Surtout, en cas de doute, il faut toujours penser que l'autre vous veut du bien.
Que ce soit dans les prisons ou dans les écoles, la carotte et le bâton, ça ne marche qu'un temps et cela donne toujours de désastreux résultats.
Faire émerger ce qu'il y a de mieux en chacun de nous, prouver que nous sommes d'abord faits pour donner du bonheur autour de nous, Rutger Bregman a parfaitement réussi à le démontrer et j'espère que son livre sera lu par le plus grand nombre.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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.
" Nous devons être idéalistes — car ainsi nous nous retrouvons à être les vrais réalistes " *

Vous avez quatre heures !
J'ai mis quatre jours pour assimiler cet essai pantagruélique.
A l'heure actuelle , quand on prétend que " la plupart des gens sont bons ", mieux vaut avoir sérieusement potassé le sujet pour être crédible !
C'est ce qu'a fait Rutger Bregman .

S'appuyant sur les travaux d'éminents scientifiques , philosophes , anthropologues , historiens , psychologues , l'auteur présente un ouvrage sur l'évolution de l'humanité depuis l'apparition du vivant .
Il propose une synthèse d'une multitude de théories scientifiques et philosophiques tentant à expliquer la naissance de tous les maux des civilisations : tous seraient nés de la sédentarisation .

Il cite souvent Darwin et Rousseau mais il n'est pas d'idée émise sans que les sources ne soient mentionnées : les références sont d'une richesse impressionnante tout comme les thèmes d'ailleurs .
Dans le désordre, ceux qui me restent en mémoire : l'évolution de l'humanité , les retours vers la préhistoire et l'antiquité , l'esclavagisme , le comportement des gens lors des guerres ( sujet très approfondi ) , l'empathie , le progrès , la corruption , le terrorisme , les rapports de pouvoir entre les gens , les dirigeants etc...

Je retiens surtout les théories sur la manipulation de la pensée individuelle et collective . Les médias et les réseaux sociaux n'ont pas le beau rôle :
" Si nous croyons que la plupart des gens sont mauvais , c'est ainsi que nous allons nous traiter mutuellement . du coup , nous allons flatter chez chacun et chacune les plus vils instincts " ( p. 28 )

Pour présenter le livre , je souhaite éviter de noyer le billet de détails , le texte est si dense et si riche ! J'imagine que chaque lecteur absorbe les données selon ses propres convictions .
J'ai beaucoup apprécié de trouver ici une mise en mots claire de sentiments personnels diffus , de doutes , de suspicions .
Un livre qui stimule la réflexion , qui vous secoue les neurones !

Mais , cet ouvrage didactique reste une étude très ouverte à la pluralité des opinions .
La lecture est rendue vivante par l'alternance de données scientifiques , d'expériences et de récits , d'histoires vécues, de faits divers , d'anecdotes , de témoignages , d'illustrations aussi .
C'est bien écrit , aéré ,solidement étayé , parfois ludique même .
Passionnant .

En revanche , n'étant ni scientifique , ni philosophe encore moins historienne , je ne fais part ici que de mon ressenti de lectrice profane .

" l'heure est venue de changer notre vision de l'humanité . Place à un nouveau réalisme ." ( p.422 )
Une bouteille à la mer est lancée .

Voilà un livre que je n'aurais peut-être pas lu sans la proposition de Masse Critique Privilégiée . Je remercie grandement l'équipe de Babelio et les éditions du Seuil pour ce cadeau .

* p.273 Viktor Frankl (1905 -1997 )

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Ce livre n'est pas un livre ! Humanité une histoire optimiste de Rutger Bregman est un médicament, une thérapie de groupe, un remède de grand-mère contre la morosité ambiante.
Pensez donc : il repose, sur le postulat que la plupart des gens sont des gens bien ! Et à partir de cette proposition iconoclaste, l'auteur entraine le lecteur sur la route de la vraie nature de l'homme, débat philosophique jamais tranché, qui oppose encore aujourd'hui la vision hobbesienne et rousseauiste ; d'un côté, il a toujours été fondamentalement mauvais, égoïste, seul le carcan social contient ses penchants destructeurs, de l'autre, il nait bon, mais la société le corrompt.
Dans la première et deuxième partie de l'ouvrage, en partant de la période durant laquelle Homo Sapiens était un chasseur-cueilleur, l'auteur illustre, à partir de faits divers, d'évènements connus ou moins connus de notre histoire, comment la perception de la nature de l'homme est faussée par un biais cognitif entretenu par les élites dominantes, parce qu'il sert leur pouvoir de contrôle sur les masses, soutenu par les médias avides d'informations, de chocs des images, de poids larmoyants de témoignages, qui s'ils sont réels, n'en demeurent pas moins des récits exceptionnels ; par des chercheurs en sciences sociales ou en psychologie, qui furent sous les feux de la rampe à la fin du vingtième siècle, comme Zimbardo ou Milgram dont les résultats des expériences s'avèrent aujourd'hui avoir été bidonnés par leur désir de gloire et de reconnaissance. On pourrait rétorquer qu'il ne s'agit là, aussi, que de contre-exemples, mais leur saveur universelle a emporté ma raison vers l'argumentation de Rutger Bregman.
Il tente ensuite de nous expliquer pourquoi, si son postulat se vérifie, malgré tout, les mauvaises actions humaines perdurent en occupant trop souvent une place démesurée, — je n'ai pu m'empêcher de faire le parallèle avec la crise de la Covid-19 —, et quelle pourrait être une société qui s'appuierait sur la bonté plutôt que sur l'égoïsme libéral, sur l'épanouissement personnel plutôt que sur l'apprentissage de la compétition dès le plus jeune âge, sur la gestion démocratique et populaire des biens communs de la planète plutôt que par une élite endogame préoccupée uniquement de la maximisation des profits.
En refermant ce livre, j'ai eu envie d'y croire à nouveau. Et si un monde meilleur était vraiment possible !
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Publier en 2020 une « histoire optimiste » de l'humanité prouve qu'il existe des auteurs aimant ramer à contre-courant. Une pandémie mondiale, une crise environnementale planétaire, une récession globale, des bruits de bottes qui redoublent un peu partout, etc : le futur s'effrite un peu plus chaque jour, et il faut vraiment se forcer pour garder le moral...
C'est pour cette raison que le livre de Bregman m'a tout de suite paru sympathique et que j'ai demandé à le recevoir dans le cadre de Masse Critique. J'espérais bien y trouver un regard différent sur notre monde, mais il me faut être sincère, j'étais également prêt à dégainer le lance-roquettes à l'idée de découvrir un préchi-précha de coaching feel-good à la con (pour parler en bon français).
Fort heureusement, rien de tout cela dans le livre, et je remercie vivement Babelio et les éditions Seuil de m'avoir permis la découverte de ce texte.

Peut-être faut-il commencer par se garder d'un malentendu : en dépit de son sous-titre, Humanité n'est pas un livre d'histoire. L'Histoire n'a pas à être optimiste ou pessimiste, elle doit seulement s'efforcer d'être objective et impartiale. Bregman, lui, n'est pas impartial et il ne s'en cache absolument pas : son essai est un livre à thèse.
Le postulat est le suivant : par une sorte de victoire de Hobbes sur Rousseau, on considère depuis deux siècles que l'Homme à l'état de nature est une créature malfaisante et égoïste, que seuls la civilisation et le « progrès » ont été capables de transformer, tant bien que mal, en animal social. Mais que survienne la moindre crise, et le vernis civilisationnel craque de toutes parts pour laisser reparaître la brute originelle qui sommeille en chacun de nous, libérant de la sorte nos pires instincts. Chaque être humain aurait ainsi une aptitude naturelle à faire le mal sans même y distinguer de problème moral. En d'autres termes, la planète serait peuplée de 7,5 milliards de mini-Eichmann en puissance.
Bregman explique qu'une large majorité d'individus considèrent cette assertion comme fausse pour eux-mêmes et leur entourage, mais vraie pour le reste de l'humanité, paradoxe qui devrait interroger tout misanthrope moderne. Or cette misanthropie, nous dit Bregman, est une construction culturelle, construction que son livre se propose précisément d'éclairer.
Sans prétendre à l'exhaustivité, l'auteur s'attache à quelques oeuvres célèbres et à certaines études de psychologie sociale dont l'impact a été retentissant dans la seconde moitié du XXème siècle. Il démonte aussi bien Sa Majesté des mouches, de William Golding, que la thèse de Jared Diamond sur la régression civilisationnelle de l'île de Pâque. Et le voici également qui s'attaque à la fameuse expérience de Zimbardo à l'université de Stanford, celle de Milgram à Yale, ou encore à la célébrissime affaire Kitty Genovese. Dans chaque cas, Bregman souligne l'importance de la contextualisation, pointe les incohérences, les interprétations discutables voire les bidonnages purs et simples.

On se dira : mais qui est donc ce petit journaliste qui se permet de remettre ainsi en cause tant d'études fondatrices et des cas d'école si apparemment indiscutables ? En réalité, Bregman ne remet rien en cause : la déconstruction de ces mythes est déjà faite depuis des années. L'auteur se contente pour sa part de faire la synthèse de travaux universitaires qu'il cite et sur lesquels il s'appuie, un peu à la manière d'un Yuval Noah Harari. Et le vrai problème, nous dit Bregman, est que ces mythes continuent de perdurer pour le grand public, alors même que leur valeur scientifique est remise en question depuis longtemps. Son livre est sur ce point très efficace et profondément déstabilisant pour quelqu'un qui, comme moi, fait partie de ce grand public en matière de psychologie sociale.

Au-delà de ces différents cas, Bregman interroge les raisons pour lesquelles ce mythe de la malfaisance naturelle est encore entretenu. Son ouvrage prend ici une tournure incontestablement politique. Si Bregman accorde à l'être humain des qualités insoupçonnées de bienveillance, de solidarité et d'esprit de coopération, la bonté fondamentale de l'individu ne change malheureusement rien à l'affaire : L Histoire reste ce qu'elle est, à savoir un enchaînement impressionnant d'atrocités et de massacres au cours des siècles.
L'Homme fait donc le mal, soit, mais toujours en croyant sincèrement faire le bien. Bregman ne réhabilite pas Rousseau sur ce point, et il ne lui vient pas à l'idée de condamner la société pour glorifier l'état de nature. le problème, dit-il, vient de la structure du pouvoir et de la soumission volontaire de la personne à l'autorité : celle de l'État, celle de la religion, celle de l'idéologie, etc. La question principale est donc de déterminer qui exerce l'autorité et pour quelles raisons. Là-dessus, Bregman considère assez clairement que le simple fait qu'un individu cherche à exercer le pouvoir signale aussitôt qu'il n'est probablement pas apte à le faire pour le bien de la communauté. Vouloir le pouvoir, en effet, c'est déjà relever de la psychopathologie.

On ne saurait donner tout à fait tort à l'auteur quand on observe l'histoire du monde. Ce n'est pas d'aujourd'hui que l'humanité a été dirigée par les êtres les moins empathiques et les plus brutaux : les siècles ont toujours regorgé de monstres froids du type Xi Jinping, Poutine, Kim, Maduro, Hassad et autres Loukachenko, plus ou moins machiavéliques, plus ou moins mégalomanes, plus ou moins crédibles. Mais c'est une étrangeté de notre temps que de voir des citoyens confier librement leur destinée à des Trump, Bolsonaro, Orban, Modi, Johnson, Erdogan, Netanyahou, etc. Par quelle aberration le pouvoir peut-il en effet revenir à ceux qui sont non seulement les plus dénués de qualités humaine mais aussi dépourvus de qualités intellectuelles, certains évoluant même aux limites de la crétinerie irrécupérable ?
Bien sûr, j'écris ceci depuis mon petit bout de paradis français, car la France demeure malgré tout un paradis, même si ce n'est pas vrai pour tout le monde. En France, nous n'avons pas de monstres froids et pas trop de crétins de compétition. Comme partout, nous avons pourtant notre lot en matière d'arrivistes, d'opportunistes, d'incompétents, d'irresponsables et d'autoritaires bornés. Et ce ne sont pas les Macron, Véran, Blanquer et consorts qui pourraient me faire changer d'avis, hélas.
Le gouvernement par les pires, voilà en somme le mécanisme infernal auquel les peuples semblent condamnés. Bregman insiste dans la dernière partie de son livre sur la possibilité de briser ces chaînes et sur la façon de s'y prendre, et on n'est pas loin ici de l'anarchisme et de la désobéissance civile. On ne peut pourtant s'empêcher de mesurer honnêtement la distance abyssale qui nous sépare d'un tel retournement.

Cette histoire de l'humanité n'est pas si optimiste, en fin de compte. Toutes les solutions sont là, entre nos mains, mais notre brave troupeau naïf continue d'obéir aux plus vindicatifs et aux plus imbéciles, en bêlant à qui mieux-mieux (ce que je fais d'ailleurs ici).
Le livre était censé me laisser le sourire aux lèvres. Il m'a plutôt mis l'amertume au coeur. Ce n'est sans doute pas inutile, après tout.
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critiques presse (1)
NonFiction
01 juillet 2021
L’auteur, dans son deuxième livre, propose [...] l’histoire des représentations des êtres humains à eux-mêmes, polarisées par l’axe du « bon » et du « mauvais ». Il relève que la grande majorité des décisions, des lois, des agissements, des récits que nous partageons en Occident sont empreints de l’idée selon laquelle l’homme est mauvais.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (103) Voir plus Ajouter une citation
L'extrême pauvreté, le nombre des victimes des guerres, la mortalité infantile, la criminalité, la faim, le travail des enfants, les décès dus aux catastrophes naturelles et le nombre de crashs aériens ont tous chuté au cours des dernières décennies. Nous n'avons jamais été aussi riches, en sécurité et en bonne santé.
Pourquoi nous l'ignorons ? C'est bien simple : parce que les infos ne parlent que des exceptions. Attentats, violences, catastrophes : plus un événement est exceptionnel, plus il a de chances de faire la une.
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L'idée selon laquelle les gens seraient naturellement égoïstes, agressifs et portés à la panique est un mythe tenace. Le biologiste Frans de Waal appelle cela la "théorie du vernis". La civilisation ne serait qu'une mince couche qui se craquellerait à la moindre anicroche. En réalité, c'est l'inverse : c'est précisément lorsque les bombes tombent du ciel ou lorsque les digues rompent que le meilleur en nous affleure à la surface.
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Parfois, ce sont les marchés qui fonctionnent le mieux ; parfois, c’est l’État qui a la bonne solution ; mais, au bout du compte, nous avons surtout besoin d’une base sociale solide, de citoyens qui avancent main dans la main.
L’avenir des communs est encore incertain. D’un côté, ils connaissent un regain de popularité, mais de l’autre, ils sont menacés. Pensez aux multinationales qui achètent des réserves d’eau et apposent des brevets sur les gènes, aux gouvernements qui privatisent tout ce qui bouge et aux universités qui bradent leurs connaissances.
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Nos lointains ancêtres ont rarement mis l'individu sur un piédestal. Les chasseurs et cueilleurs du monde entier, des toundras glacées aux déserts brûlants, croyaient que tout était lié. Ils concevaient l'être humain comme faisant partie d'un tout beaucoup plus vaste, comme étant relié à tous les animaux, à toutes les plantes ainsi qu'à la Terre-Mère.
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Au cours des dernières décennies, les centres-villes ont été défigurés les uns après les autres par d'énormes panneaux publicitaires. Si quelqu'un recouvre votre maison de graffitis, on appelle cela du vandalisme. Mais lorsqu'il s'agit de publicité, on peut sans problème en barbouiller l'espace public. les économistes parlent alors de "croissance".
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