AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,29

sur 200 notes
5
26 avis
4
22 avis
3
8 avis
2
4 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
.
" Nous devons être idéalistes — car ainsi nous nous retrouvons à être les vrais réalistes " *

Vous avez quatre heures !
J'ai mis quatre jours pour assimiler cet essai pantagruélique.
A l'heure actuelle , quand on prétend que " la plupart des gens sont bons ", mieux vaut avoir sérieusement potassé le sujet pour être crédible !
C'est ce qu'a fait Rutger Bregman .

S'appuyant sur les travaux d'éminents scientifiques , philosophes , anthropologues , historiens , psychologues , l'auteur présente un ouvrage sur l'évolution de l'humanité depuis l'apparition du vivant .
Il propose une synthèse d'une multitude de théories scientifiques et philosophiques tentant à expliquer la naissance de tous les maux des civilisations : tous seraient nés de la sédentarisation .

Il cite souvent Darwin et Rousseau mais il n'est pas d'idée émise sans que les sources ne soient mentionnées : les références sont d'une richesse impressionnante tout comme les thèmes d'ailleurs .
Dans le désordre, ceux qui me restent en mémoire : l'évolution de l'humanité , les retours vers la préhistoire et l'antiquité , l'esclavagisme , le comportement des gens lors des guerres ( sujet très approfondi ) , l'empathie , le progrès , la corruption , le terrorisme , les rapports de pouvoir entre les gens , les dirigeants etc...

Je retiens surtout les théories sur la manipulation de la pensée individuelle et collective . Les médias et les réseaux sociaux n'ont pas le beau rôle :
" Si nous croyons que la plupart des gens sont mauvais , c'est ainsi que nous allons nous traiter mutuellement . du coup , nous allons flatter chez chacun et chacune les plus vils instincts " ( p. 28 )

Pour présenter le livre , je souhaite éviter de noyer le billet de détails , le texte est si dense et si riche ! J'imagine que chaque lecteur absorbe les données selon ses propres convictions .
J'ai beaucoup apprécié de trouver ici une mise en mots claire de sentiments personnels diffus , de doutes , de suspicions .
Un livre qui stimule la réflexion , qui vous secoue les neurones !

Mais , cet ouvrage didactique reste une étude très ouverte à la pluralité des opinions .
La lecture est rendue vivante par l'alternance de données scientifiques , d'expériences et de récits , d'histoires vécues, de faits divers , d'anecdotes , de témoignages , d'illustrations aussi .
C'est bien écrit , aéré ,solidement étayé , parfois ludique même .
Passionnant .

En revanche , n'étant ni scientifique , ni philosophe encore moins historienne , je ne fais part ici que de mon ressenti de lectrice profane .

" l'heure est venue de changer notre vision de l'humanité . Place à un nouveau réalisme ." ( p.422 )
Une bouteille à la mer est lancée .

Voilà un livre que je n'aurais peut-être pas lu sans la proposition de Masse Critique Privilégiée . Je remercie grandement l'équipe de Babelio et les éditions du Seuil pour ce cadeau .

* p.273 Viktor Frankl (1905 -1997 )

Commenter  J’apprécie          685
Devons-nous croire en l'homo mignon ? Où devons-nous croire en la méchanceté de l'homme ?
Rutger Bregman s'est lancé dans un drôle de challenge, à une époque nous sommes surmédiatisés et où le sensationnel , le noir, l'anxiogène font recettes.
Pourtant à l'aide de nombreuses recherches, il va nous démontrer que les chercheurs, les philosophes, les exemples abondent dans son sens. Et quels exemples ! Des tests parfois dirigés dans un sens car certains scientifiques sont mauvais perdants, des exemples où les chiffres sont mal sélectionnées. Et puis une histoire à suspense avec de nombreux rebondissements ; celle de l'île de Pâques. Et vient le tour de la guerre, des combats avec un passage étonnant sur les tireurs d'élite. Tout est est passé au crible par Rutger Bregman et il nous affirme que l'homme est gentil.
Donc « L'humanité : une histoire optimiste » n'est pas un mythe, un mirage c'est bien réel, nous sommes des homo mignons. Seulement parfois un trop plein d'obéissance, d'empathie, de désir d'être comme les autres le rend capable du pire. C'est pourquoi l'auteur nous laisse un épilogue sous forme de préceptes afin de ne pas oublier notre vraie nature.
Si j'ai apprécié ce livre et y ai trouvé des réponses aux questions qu'il posait, je ne peux m'empêcher deux penser à deux citations que l'auteur à choisies et qui semblent se répondre.
« C'est un vrai miracle que je n'ai pas abandonné tous mes espoirs, car ils semblent absurdes et irréalisables. Néanmoins je les garde car je crois encore à la bonté innée des hommes. » Anne Franck (1929-1945)

« L'être humain deviendra meilleur lorsque vous lui aurez montré qui il est. » Anton Tchekhov (1860-1904)
Je veux y croire.
Merci aux éditions Seuil et à Babelio pour ces pages d'espoir.
Commenter  J’apprécie          555
Publier en 2020 une « histoire optimiste » de l'humanité prouve qu'il existe des auteurs aimant ramer à contre-courant. Une pandémie mondiale, une crise environnementale planétaire, une récession globale, des bruits de bottes qui redoublent un peu partout, etc : le futur s'effrite un peu plus chaque jour, et il faut vraiment se forcer pour garder le moral...
C'est pour cette raison que le livre de Bregman m'a tout de suite paru sympathique et que j'ai demandé à le recevoir dans le cadre de Masse Critique. J'espérais bien y trouver un regard différent sur notre monde, mais il me faut être sincère, j'étais également prêt à dégainer le lance-roquettes à l'idée de découvrir un préchi-précha de coaching feel-good à la con (pour parler en bon français).
Fort heureusement, rien de tout cela dans le livre, et je remercie vivement Babelio et les éditions Seuil de m'avoir permis la découverte de ce texte.

Peut-être faut-il commencer par se garder d'un malentendu : en dépit de son sous-titre, Humanité n'est pas un livre d'histoire. L'Histoire n'a pas à être optimiste ou pessimiste, elle doit seulement s'efforcer d'être objective et impartiale. Bregman, lui, n'est pas impartial et il ne s'en cache absolument pas : son essai est un livre à thèse.
Le postulat est le suivant : par une sorte de victoire de Hobbes sur Rousseau, on considère depuis deux siècles que l'Homme à l'état de nature est une créature malfaisante et égoïste, que seuls la civilisation et le « progrès » ont été capables de transformer, tant bien que mal, en animal social. Mais que survienne la moindre crise, et le vernis civilisationnel craque de toutes parts pour laisser reparaître la brute originelle qui sommeille en chacun de nous, libérant de la sorte nos pires instincts. Chaque être humain aurait ainsi une aptitude naturelle à faire le mal sans même y distinguer de problème moral. En d'autres termes, la planète serait peuplée de 7,5 milliards de mini-Eichmann en puissance.
Bregman explique qu'une large majorité d'individus considèrent cette assertion comme fausse pour eux-mêmes et leur entourage, mais vraie pour le reste de l'humanité, paradoxe qui devrait interroger tout misanthrope moderne. Or cette misanthropie, nous dit Bregman, est une construction culturelle, construction que son livre se propose précisément d'éclairer.
Sans prétendre à l'exhaustivité, l'auteur s'attache à quelques oeuvres célèbres et à certaines études de psychologie sociale dont l'impact a été retentissant dans la seconde moitié du XXème siècle. Il démonte aussi bien Sa Majesté des mouches, de William Golding, que la thèse de Jared Diamond sur la régression civilisationnelle de l'île de Pâque. Et le voici également qui s'attaque à la fameuse expérience de Zimbardo à l'université de Stanford, celle de Milgram à Yale, ou encore à la célébrissime affaire Kitty Genovese. Dans chaque cas, Bregman souligne l'importance de la contextualisation, pointe les incohérences, les interprétations discutables voire les bidonnages purs et simples.

On se dira : mais qui est donc ce petit journaliste qui se permet de remettre ainsi en cause tant d'études fondatrices et des cas d'école si apparemment indiscutables ? En réalité, Bregman ne remet rien en cause : la déconstruction de ces mythes est déjà faite depuis des années. L'auteur se contente pour sa part de faire la synthèse de travaux universitaires qu'il cite et sur lesquels il s'appuie, un peu à la manière d'un Yuval Noah Harari. Et le vrai problème, nous dit Bregman, est que ces mythes continuent de perdurer pour le grand public, alors même que leur valeur scientifique est remise en question depuis longtemps. Son livre est sur ce point très efficace et profondément déstabilisant pour quelqu'un qui, comme moi, fait partie de ce grand public en matière de psychologie sociale.

Au-delà de ces différents cas, Bregman interroge les raisons pour lesquelles ce mythe de la malfaisance naturelle est encore entretenu. Son ouvrage prend ici une tournure incontestablement politique. Si Bregman accorde à l'être humain des qualités insoupçonnées de bienveillance, de solidarité et d'esprit de coopération, la bonté fondamentale de l'individu ne change malheureusement rien à l'affaire : L Histoire reste ce qu'elle est, à savoir un enchaînement impressionnant d'atrocités et de massacres au cours des siècles.
L'Homme fait donc le mal, soit, mais toujours en croyant sincèrement faire le bien. Bregman ne réhabilite pas Rousseau sur ce point, et il ne lui vient pas à l'idée de condamner la société pour glorifier l'état de nature. le problème, dit-il, vient de la structure du pouvoir et de la soumission volontaire de la personne à l'autorité : celle de l'État, celle de la religion, celle de l'idéologie, etc. La question principale est donc de déterminer qui exerce l'autorité et pour quelles raisons. Là-dessus, Bregman considère assez clairement que le simple fait qu'un individu cherche à exercer le pouvoir signale aussitôt qu'il n'est probablement pas apte à le faire pour le bien de la communauté. Vouloir le pouvoir, en effet, c'est déjà relever de la psychopathologie.

On ne saurait donner tout à fait tort à l'auteur quand on observe l'histoire du monde. Ce n'est pas d'aujourd'hui que l'humanité a été dirigée par les êtres les moins empathiques et les plus brutaux : les siècles ont toujours regorgé de monstres froids du type Xi Jinping, Poutine, Kim, Maduro, Hassad et autres Loukachenko, plus ou moins machiavéliques, plus ou moins mégalomanes, plus ou moins crédibles. Mais c'est une étrangeté de notre temps que de voir des citoyens confier librement leur destinée à des Trump, Bolsonaro, Orban, Modi, Johnson, Erdogan, Netanyahou, etc. Par quelle aberration le pouvoir peut-il en effet revenir à ceux qui sont non seulement les plus dénués de qualités humaine mais aussi dépourvus de qualités intellectuelles, certains évoluant même aux limites de la crétinerie irrécupérable ?
Bien sûr, j'écris ceci depuis mon petit bout de paradis français, car la France demeure malgré tout un paradis, même si ce n'est pas vrai pour tout le monde. En France, nous n'avons pas de monstres froids et pas trop de crétins de compétition. Comme partout, nous avons pourtant notre lot en matière d'arrivistes, d'opportunistes, d'incompétents, d'irresponsables et d'autoritaires bornés. Et ce ne sont pas les Macron, Véran, Blanquer et consorts qui pourraient me faire changer d'avis, hélas.
Le gouvernement par les pires, voilà en somme le mécanisme infernal auquel les peuples semblent condamnés. Bregman insiste dans la dernière partie de son livre sur la possibilité de briser ces chaînes et sur la façon de s'y prendre, et on n'est pas loin ici de l'anarchisme et de la désobéissance civile. On ne peut pourtant s'empêcher de mesurer honnêtement la distance abyssale qui nous sépare d'un tel retournement.

Cette histoire de l'humanité n'est pas si optimiste, en fin de compte. Toutes les solutions sont là, entre nos mains, mais notre brave troupeau naïf continue d'obéir aux plus vindicatifs et aux plus imbéciles, en bêlant à qui mieux-mieux (ce que je fais d'ailleurs ici).
Le livre était censé me laisser le sourire aux lèvres. Il m'a plutôt mis l'amertume au coeur. Ce n'est sans doute pas inutile, après tout.
Commenter  J’apprécie          4716
Voici remis au goût du jour un débat qui court déjà depuis quelques siècles : L'Homme est-il naturellement bon ou mauvais ? La société l'a-t-il corrompu ou au contraire sauvé de ses funestes pulsions ? L'opposition, toujours aussi passionnante entre la thèse de Rousseau (l'homme est bon naturellement et c'est la société qui l'a corrompu) et Hobbes (l'homme est un loup pour l'homme) se voit ici développée à la lumière de notre modernité. Et pourtant, fondamentalement, les réflexions et les problématiques ne semblent pas avoir évoluées tant que cela…

« L'idée selon laquelle les gens seraient naturellement égoïstes, agressifs et portés à la panique est un mythe tenace. le biologiste Frans de Waal appelle cela la "théorie du vernis". La civilisation ne serait qu'une mince couche qui se craquellerait à la moindre anicroche. En réalité, c'est l'inverse : c'est précisément lorsque les bombes tombent du ciel ou lorsque les digues rompent que le meilleur en nous affleure à la surface. »

Rutger Bergman se lance dans un défi difficile : défendre la bonté naturelle de l'homme et en faire une des clefs pour sortir du marasme actuel (le délitement de nos démocraties, notre planète à bout de souffle, la gouvernance de quelques-uns aux dépens de tous les autres…) ;
Et ça marche ! Vous le suivez dans ses développements, et il vous embarque dans cette vision positive qui vous fait dire « oui, c'est possible ! ». Malheureusement, la réalité nous engagerait plutôt à penser l'égal opposé de ce que Rutger Bergman défend. Mais n'est-ce pas là tout l'enjeu de ce livre ? Nous faire appréhender nos difficultés, nos conflits, nos relations humaines... différemment, avec toujours une vision, une énergie positive.

J'ai beaucoup aimé cette lecture. L'auteur est clair et alimente son propos d'exemples qui ancrent sa pensée dans la réalité. Sa vision des médias et de leurs impacts négatifs sur nos vies et notre santé mentale est assez puissante et nous fait regretter d'autant plus le travail d'enquête et d'information qui devrait être le souci premier de tout journaliste.
Un grand merci à Babelio et aux éditions du Seuil pour l'envoi de ce livre !
Lien : http://page39.eklablog.com/h..
Commenter  J’apprécie          422
« L'être humain deviendra meilleur lorsque vous lui aurez montré qui il est. »
ANTON TCHEKHOV (1860-1904)

« le mal est plus puissant, mais le bien est plus répandu. le bien est contagieux. »

Beaucoup beaucoup de bon sens dans cet essai proposé par Rutger Bregman. J'avais entendu tellement de bien d'"Utopies réalistes", son précédent livre, que j'ai accepté sans hésiter la proposition de Babelio et des éditions Seuil de recevoir ce livre. Un grand merci à vous.
Et à Rutger Bregman, bien entendu, car cette lecture fut un très bon moment de lecture.
Ça fait du bien de lire sur l'évolution de l'être humain, de découvrir le résultat de recherches, d'études, d'expériences qui démontrent que l'humain n'est pas si mauvais que ça, de revenir au temps des chasseurs-cueilleurs, de prendre du recul sur le regard que l'on pose sur autrui, de l'analyser et de se dire que l'idée que l'on se fait de la mauvaiseté de l'homme est peut-être préconçue, de se faire conter des histoires de solidarité, des anecdotes sur des hommes bons, de penser positif, de penser OPTIMISTE. Oui ça fait du bien !
Cette lecture est arrivée à point nommé.
Ce livre est très riche, dense, très fouillé. Il va m'accompagner un moment, c'est certain, de même que les dix préceptes énoncés dans le dernier chapitre. Faire du bien naturellement, sans que la compétition rentre en jeu tout le temps, avoir confiance en son prochain, opter pour un scénario du gagnant-gagnant, ne pas laisser la haine et la rancune nous ronger ... ce sont plutôt de bonnes idées, non ?
« Ne fais pas aux autres ce que tu voudrais qu'ils te fassent ; leurs goûts peuvent être différents. » La règle platine. Ne pas présumer de ce que les autres ont besoin, c'est aussi une règle intéressante.

Et pourquoi ne pas se dire que « [...] la naïveté d'aujourd'hui peut être la lucidité de demain. » ?
Tout comme les outils que proposent la sophrologie, les idées de Rutger Bregman demandent à mon avis de l'entrainement avant de se les approprier. Mais ça en vaut la peine.

« La plupart des gens sont bons. », j'ai envie d'y croire. C'est sûr que quand on vient de lire Et toujours les forêts de Sandrine Collette, on a moyennement confiance en l'être humain ;-)
Mais bon, je suis de nature déjà plutôt optimiste, et même si je ne suis pas tout à fait (encore) à 100% d'accord avec l'auteur, j'avoue que j'ai envie d'y réfléchir ! Et continuer à rester le plus possible éloigner des journaux télévisés, ça oui !
Un livre à chérir, à lire/relire, à conseiller, à offrir, bref un livre à mettre entre toutes les mains !
Lien : https://seriallectrice.blogs..
Commenter  J’apprécie          278
Les humains ont une certaine fascination pour les pires de leurs semblables : les tueurs en série sont bien étudiés que les saints, les faits divers violents ont toujours la cote dans les journaux (papier et télévisés), et encore tout récemment on jubilait à l'idée de voir nos voisins se battre à mort pour un rouleau de papier toilette. Aussi la proposition de Rutger Bregman semble d'une naïveté navrante à première vue ; l'être humain serait bon par nature, et ne ferait le mal que par ignorance, ou par accident.

Une fois la surprise passée cependant, il faut bien reconnaître que la démonstration semble tenir la route : l'auteur apporte des éléments issus de l'éthologie (l'étude du comportement animal), de l'histoire, et la psychologie, … pour mettre en évidence les comportements altruistes. Il apporte également un éclairage nouveau sur d'autres expériences (de Milgram, de Stanford, …), en soulignant leurs biais et les nombreuses critiques qui leur ont été adressées (sans que ces critiques n'atteignent jamais la popularité des expériences …)

Seulement, à la longue, on se rend compte qu'il y a des trous dans la défense. L'auteur sélectionne les faits qui vont dans le sens de ses idées, mais botte en touche pour le reste. Il contourne soigneusement le sujet de la Shoah, après avoir pourtant déclaré que c'était « la question fatidique ». À un moindre niveau, on ne parlera non lus, par exemple, du harcèlement scolaire, qui met quand même un sacré coup à l'angélisme des enfants. Certains arguments vont même à contresens, comme le fait que la plupart des terroristes ne seraient pas des idéologues fanatiques, mais voudraient seulement s'assurer le respect de leurs proches : à titre personnel, ça me paraît bien pire !

J'ai apprécié ce livre dans l'ensemble, pour sa volonté de dépoussiérer les vieux mythes et d'apporter des éléments neufs, et sans doute plus fiables. Je n'ai pas de doutes sur la véracité des faits que l'auteur présente, mais le biais de sélection est plus gênant. J'ai rapproché un moment ce livre de « L'entraide » de Kropotkine : agacé par le darwinisme social omniprésent dans la société, il avait compilé dans un livre tous les faits possibles qui mettaient à mal cette idée. Mais l'auteur russe avait clairement expliqué sa démarche, et reconnu dès le départ que la vérité se situait vraisemblablement à mi-chemin. Les choses sont moins claires avec Humanité : une histoire optimiste.

Un livre à conseiller aux personnes qui ont désespérément besoin d'une bonne bouffée d'optimisme, ou aux lecteurs prêts à remettre en question leurs a priori, mais avec un esprit critique bien aiguisé.
Commenter  J’apprécie          190
J'aborde cet auteur avec un oeil neuf car je n'ai pas lu son précédent ouvrage Utopies réalistes. Je remercie tout d'abord les éditions du Seuil qui m'ont envoyé ce gros volume d'un auteur néerlandais qui m'était encore inconnu. Babelio, ou plutôt Masse Critique, m'ayant sélectionnée pour en faire un commentaire, j'ai lu ce livre avec beaucoup d'attention, en deux semaines – contrairement à mon habitude car ce n'est pas un livre qu'on peut lire rapidement. Si je devais le comparer à un autre essai de difficulté similaire, ce serait Sapiens de Yuval Noah Harari.
Rutger Bregman part d'une idée toute simple : pour lui, la plupart des gens sont bons. L'humanité est peuplée d'une espèce qu'il nomme Homo mignon, transformée en homo oeconomicus mais aussi en homo cooperans et pour finir en homo ludens. Une mutation sans nul doute de l'homo sapiens tel qu'il nous a été enseigné à l'école.
Pour étoffer son propos, l'auteur nous sert de nombreuses histoires – dont la plupart m'étaient inconnues. En particulier, celles qui traitent d'un huis-clos qu'il soit naturel comme dans l'expérience de la caverne aux voleurs, qu'il soit insulaire comme dans Sa Majesté des Mouches de William Golding, expérimental comme à l'université de Stanford ou de type carcéral comme l'expérience menée par Stanley Milgram à Yale.
Pour celle qui m'a le plus frappée, c'est en 1971, l'expérience faite à l'université de Stanford en Californie où l'étude du professeur Philip Zimbardo n'était pas seulement un peu douteuse, c'était carrément un hoax, je reprends ses propres termes. En 2017, ce psychologue publie un livre L'effet Lucifer. Un peu avant la BBC a cherché sans succès à en faire un sujet de télé-réalité. J'aurais aimé qu'il évoque l'intéressant livre La Vague de Todd Strasser mais il ne l'a pas fait, sans doute parce qu'il ne rentrait pas dans le moule.
J'ai remarqué qu'à part J.J. Rousseau, nulle part il est mentionné d'autres penseurs français. Dommage car personnellement ce sont ceux que je connais le mieux et cela m'aurait permis de bien cadrer sa brillante démonstration de l'homo mignon.
Cet essai fourmille de très bonnes idées. J'en prends une au hasard qui m'a interpellée : « L'économie de partage est, hélas, bien trop souvent une économie de filoutage. » (page 338). Et évoquant l'oeuvre d'Elinor Ostrom (qui m'est inconnue) il dit qu'elle était ni une optimiste, ni une pessimiste mais une possibiliste. « Elle pensait qu'on pouvait faire autrement. Pas parce qu'elle était partisane d'une théorie abstraite, mais parce qu'elle l'avait vu de ses propres yeux. »
Ce livre m'a intéressée car il contient beaucoup de citations de philosophes divers et surtout étrangers. Il n'y a pas Sartre, très certainement démodé, ni Camus qu'on nous a ressorti récemment comparant La Peste avec cette pandémie qui nous affecte. J'ai aimé le lire mais je ne partage pas son idée sur la bonté humaine, pensant que ce sont des idées inculquées par notre religion – quoi qu'il se dise agnostique ! Je ne me sens ni bonne, ni mauvaise. J'existe, c'est tout. Cartésienne sans doute. Et vous ?
Commenter  J’apprécie          160
Tout d'abord un grand merci à Babelio pour m'avoir fait découvrir ce magnifique essai sur la bonté humaine. Je tiens à préciser que je suis une grande pessimiste et que l'être humain, pour moi, avant de lire ce livre, tenait plus du démon que de l'ange. Que de remises en question pendant la lecture de ce livre !

Très bien écrit – c'est la première chose que je tiens à dire. En effet, Rutger Bregman s'est décidé pour un style d'écriture accessible à tous. Il ne nous présente pas son idée comme un cours magistral barbant, mais comme son propre cheminement – un peu comme si nous le suivions depuis le début, depuis la pensée de Hobbes, jusqu'à ce qu'on arrive à une pensée plus proche de celle de Rousseau. On retrace ses recherches, sa motivation de vouloir prouver l'homo mignon et ses arguments contre les expériences « pessimistes » de l'Histoire (Milgram, Zimbardo, les 38 témoins, ect).

Il est très intéressant de voir la face cachée de ces expériences qui ont modélisé la psychologie humaine telle que nous la connaissons aujourd'hui. Je suis agréablement surprise des sources que Rutger cite afin d'appuyer ses arguments. En revanche, je garde une partie de doute sur ces derniers, comme les sources sont rarement publiques et donc pas forcément « prouvables » pour nous lecteurs, profanes.

Je crois que je suis entrée dans ce qu'il appelle la « volonté de croire » plus que de raison. En effet, comme expliqué plus haut, je suis une grande pessimiste par rapport à l'être humain mais je ne demande qu'à être convaincue du contraire. Ce que j'ai bien aimé dans ce livre, c'est aussi qu'il nourrit ma complotiste intérieure qui ne demandait qu'à démonter ces grandes expériences que tout le monde connaît. Quel plaisir de lire que les 38 témoins ne sont qu'une invention purement médiatique (je résume très grossièrement) ou que l'expérience de Zimbardo a été dictée dès le début comme une pièce de théâtre. Reste maintenant à savoir si les arguments de Rutger sont véridiques.

Remettre en question les courants de pensée reste, à tout le moins, une étape cruciale pour l'évolution de la société et je pense que ce livre est un début de remise en question. le lire m'a fait du bien, tout bêtement, et m'a écartée de ce sombre nuage de pessimisme que je gardais en permanence dans ma tête. Par ailleurs, je trouve que les préceptes, à la fin du livre, sont des points intéressants pour la vie de tous les jours. En effet, je garderai dorénavant à l'esprit qu'il faut partir du principe que l'autre ne me veut pas forcément du mal. Je crois que ce point-là en particulier pourrait faire du bien à la société telle que nous la connaissons si d'avantage de personnes y croyaient.

Je recommande, ne serait-ce que pour changer les idées et se détourner des infos médiatiques biaisées :)
Commenter  J’apprécie          110
L'homme est un loup pour l'homme. Un adage pour résumer une idée largement répandue : nous serions plus prompts à la méchanceté qu'à la gentillesse, il suffit d'analyser l'histoire des conflits, des préjugés et des violences humaines pour s'en convaincre.

Pourtant, si tout cela était faux ? Si intrinsèquement nous étions plus doués pour la gentillesse, la compassion que ce que l'on veut bien nous faire entendre habituellement ?

Tel est le parti pris de l'auteur qui a décidé d'offrir un essai fondé sur une vision plus optimiste de l'humanité. Il examine l'histoire de l'homme, en confrontant deux théories fondamentales, celles de Hobbes et de Rousseau, avant d'analyser pourquoi nous avons une vision de l'humanité aussi pessimiste. Il nous propose aussi des exemples de bienveillance efficace et offre enfin des pistes de réflexion pour une nouvelle approche dans nos sociétés.

Autant l'avouer tout de suite, je n'ai pas entamé après la lecture de cet ouvrage, une véritable révolution de mon point de vue.

Je reste persuadée que l'être humain est capable du pire dans de nombreuses circonstances et je ne trouve pas que les arguments de l'auteur dans l'autre sens soient exempts de critiques.

Pour autant, il serait bien faux de qualifier cet ouvrage de naïf ou de farfelu. Les études dont il fait état notamment sur les prisons me paraissent fondées.

Je reste aussi convaincue que si l'on connaît l'autre, différent de nous par essence, l'on est moins raciste. Que lorsque l'on voyage, que l'on se confronte à d'autres cultures on apprend que le terme différent n'entraîne pas de jugement de valeurs.

Pour autant, l'histoire fourni de nombreux exemples où ce sont des
voisins qui se sont entretués.

Comme tout essai, il s'agit du parti pris d'un auteur aussi ce dernier se concentre sur les éléments qui vont dans son sens.

Mais il est vrai que dans nos sociétés anxiogènes, cette analyse à contre-courant fait du bien au lecteur.

Ainsi au final, malgré des réserves, je trouve cette approche novatrice et plutôt inspirante.
Commenter  J’apprécie          110
En 2020, lire cet ouvrage offre un grand bol d'air. Merci à cet auteur néerlandais. Et tant pis pour les grincheux cyniques qui trouveront forcément à redire.
Ce livre démontre que dans son ensemble, l'humanité a du coeur. L'envie de bien faire. Des idées. Une vraie générosité. Preuves et chiffres à l'appui.
À lire absolument pour cesser de dire que le problème vient toujours des autres. Regardons-nous différemment et faisons-nous confiance. Ce serait un début. Une belle entrée en matière pour mieux écrire l'avenir. Une vision optimiste de l'humanité qui nous réconcilie.
Lien : https://twitter.com/SWANNBLUE
Commenter  J’apprécie          100




Lecteurs (616) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
853 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}