Claire Bretécher a toujours été une artiste avant-gardiste. Elle a abordé des sujets comme l'avortement, la religion, l'écologie... en bousculant l'ordre établi. Même si elle ne s'est jamais revendiqué comme une féministe ou une personne engagée, cela transparaît dans son travail. Dans "
Le Destin de Monique" connu aussi sous le titre "Une saga génétique", elle aborde des sujets assez tabous pour 1983 et même encore aujourd'hui. On suit Brigitte Lemercier qui rêve d'avoir un grand rôle et un bébé de son amant qui est également son agent. Quand les deux arrivent, elle doit choisir. Pourquoi ne pas faire porter son bébé par sa femme de ménage portugaise? Comme ça, elle peut concilier les deux sans avoir de souci. Sauf que le mari de la femme de ménage est revenu et qu'elle a confié l'ovule fécondé à une institution spécialisée. Mais l'organisation a perdu l'échantillon. C'est un peu le zouc entre ceux des humains et des animaux. Tout part dans des dimensions extrême allant jusqu'à une vache accouche d'un bébé.
La bédéaste ose tout sans aucune limite de raison et de possibilité. Pourquoi se limiter à ça alors qu'on peut en rire? On retrouve d'autres choses typiques comme les façons de parler. Elle insiste sur l'accent de sa femme de ménage portugaise. On retrouve les clichés propres à cette époque. Est-ce que c'était si éloigné aussi? Elle s'amuse avec les fautes d'orthographe et des noms tel Victor Rugot. Les codes sont faits pour les déjouer et toutes les classes sociales en prennent pour leur grade. Elle a de l'audace à revendre. Par contre, cet état d'esprit ne séduit pas tout le monde tout comme son dessin libre et direct. Comment ne pas avoir envie de poursuivre la lecture ou relecture de cette artiste qui a revendiqué sa liberté de créer, de penser et de critiquer?